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La vision, chapitre I - La vision, chapitre II - La vision, chapitre III - La vision, chapitre IV - La vision, chapitres V
Chapitre V  3 pages

Résumé des conclusions qu'on peut maintenant formulersur la nature de la beauté et sa relation avec la sélection sexuelle.

• L'étude de la vision nous a conduits dans une région où, d'une manière plus définie et plus précise que dans le cas d'aucun autre sens, nous sommes à même d'observer la sélection sexuelle chez l'homme et où nous sommes même en droit d'espérer mesurer cette sélection.
• Dans la conception de la beauté féminine, nous possédons un instrument d'une étendue universelle, grâce auquel il semble possible de mesurer la nature et le degré de cette sélection et la manière dont elle est exercée par les hommes sur les femmes. Mais cette conception, qui nous a servi de point de départ, n'est pourtant ni assez précise ni assez utilisable pour conduire à des conclusions solides.
• Il est vrai que la beauté n'est pas, comme on l'a supposé, une pure question de caprice. Elle se fonde :
  • - 1° d'abord sur une base objective de caractère esthétique, qui en relie toutes les variétés et qui assure une analogie remarquable de tous les idéals de beauté féminine conçus par les hommes les plus intelligents de toutes les races.
    En plus de cette base générale objective, nous trouvons :
  • - 2° que les caractères spécifiques de la race ou de la nation ont une tendance à causer de la divergence dans les idéals de beauté car, souvent, on considère comme beauté le développement extrême de ces caractères anthropologiques raciaux ou nationaux.
    • Il semble en effet que le plein développement des caractères de la race indique en même temps le plein développement de la santé et de la vigueur.
      Nous avons ensuite à considérer que :
  • - 3° dans la plupart des pays il y a un élément de beauté important et parfois essentiel constitué par l'accentuation des caractères sexuels secondaires et tertiaires.
    • C'est la nature des cheveux, des seins, des hanches de la femme, et mille autres qualités, mais possédant toutes leur importance au point de vue de la sélection sexuelle.
      Ensuite nous avons :
  • - 4° le facteur du goût individuel, qui est la conséquence de l'organisation spéciale, et des expériences particulières de l'individu, qui affectent sans exception son idéal de beauté.
    • Souvent ce facteur individuel a pris des formes collectives, et ainsi se sont constituées des modes passagères ; des influences qui normalement n'affectent que l'individu deviennent alors assez puissantes pour affecter un grand nombre d'individus.
      Enfin :
  • - 5° dans des conditions de civilisation élevée et chez les individus de ce tempérament agité et nerveux qui est commun dans la civilisation, il y a une tendance à l'introduction d'un élément exotique dans l'idéal de beauté.
    • Au lieu d'admirer le type de beauté qui s'approche le plus du type de leur propre race, les hommes commencent à être agréablement affectés par des types qui dévient plus ou moins de celui qui leur est le plus familier.
• Alors que nous rencontrons ces éléments divers, et jusqu'à un certain point contradictoires, dans l'idéal masculin de la beauté féminine, la question se complique davantage par le fait que la sélection sexuelle chez l'espèce humaine n'est pas uniquement le choix d'une femme par l'homme, mais aussi le choix d'un homme par la femme.
  • Nous découvrons alors que l'étalon est tout à fait différent, que plusieurs des éléments de la beauté de la femme aux yeux de l'homme sont complètement absents et qu'un élément entièrement nouveau et prépondérant s'impose : l'admiration pour la force et pour la vigueur. Ce n'est pas un caractère visuel pur, mais un caractère de pression tactile traduit en termes visuels.
• Mais une fois l'idéal sexuel déterminé, nous sommes encore loin d'avoir posé le problème tout entier de la sélection sexuelle humaine.
  • L'idéal vers lequel on aspire est, en grande partie, non pas le résultat de l'expérience, et il n'est même pas nécessairement l'expression du tempérament et de l'idiosyncrasie de l'individu. Il petit être largement le résultat de circonstances fortuites, d'attractions accidentelles pendant l'enfance, de traditions acceptées, consacrées par la lecture des romans. Dans les contacts réels de la vie, l'individu découvrira, dans ce cas, que son impulsion sexuelle est excitée par des stimuli sensuels qui sont autres que ceux de l'idéal qu'il avait nourri et qui peuvent même en être absolument le contraire.
• Nous avons des raisons de croire que des facteurs d'un caractère biologique fondamental, et peut-être plus profonds que tous ces éléments psychiques, entrent dans le problème de la sélection sexuelle.
  • Certains individus font preuve d'une plus grande énergie et aboutissent à un plus grand succès que les autres en s'appariant au sexe opposé, et cela sans qu'il soit question de savoir s'ils sont eux-mêmes les plus appropriés soit idéalement, soit en réalité. Ces individus possèdent une plus grande vigueur constitutionnelle, physique et mentale, qui leur assure le succès dans les affaires pratiques en général, et qui probablement aussi augmente leurs activités philogamiques spécifiques.
• Le problème de la sélection sexuelle humaine est l'un des plus compliqués qui soient.
  • En réunissant les quelques faits d'une nature précise qui nous sont accessibles, nous apprenons que la signification précise de ces faits n'est pas encore très claire, bien que ces faits concordent d'ordinaire avec les résultats vers lesquels nous sommes conduits par les témoignages d'une nature non quantitative.
    • En général, il semble que, dans notre choix sexuel, nous sommes portés à chercher la parité des caractères raciaux et individuels, en même temps que la disparité des caractères sexuels secondaires. Il faudrait un nombre beaucoup plus grand de séries d'observations d'un caractère varié et obtenues sous des conditions différentes. Ces observations viendront sans doute s'accumuler maintenant que leur nature est définie et que leur utilité est manifeste.
    • En attendant, nous sommes en droit d'affirmer, même en ne possédant que les faits actuels, que le sens réel de la sélection sexuelle est très clair et que son efficacité dans l'évolution humaine ne saurait plus faire l'objet d'aucun doute.

Les notes de bas de page de l'auteur et de l'éditeur.
N.D.A. = Note de l'Auteur ; datent de la première édition en 1935.
N.D.É. = Note de l'Éditeur ; datent de 1964.

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