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Havelock
Ellis - Études de
psychologie sexuelle
-
Éd. Mercure de
France 1964 (1°éd.
1935) - Huit volumes
- H. Ellis, médecin anglais,
né en 1859 et
décédé à 80 ans en 1939, a
accumulé les observations sur les coutumes et les moeurs,
études biologiques, psychologiques, culturelles. Il s'est
attaché aux aspects conscients de la sexualité
alors
que Freud - qu'il a connu - débusquait l'inconscient
après Charcot.
- Beaucoup de faits relevés ont
disparu de nos jours mais
expliquent certaines idées culturelles et le comportement
des
personnes âgées nées avant 1935.
LA
VISION
La vision, chapitre I
- La
vision, chapitre
II - La
vision, chapitre
III - La
vision, chapitre
IV - La vision, chapitres
V
Tome
II -
Chapitre II 26 pages
Les notes de
bas de page ont été placées en fin
de texte.
NDA = note de
l'auteur
en 1935 ; NDÉ : note de l'éditeur en 1964
Primitivement la beauté consiste en une certaine
mesure dans une exagération des caractères
sexuels. - Les organes sexuels. - Mutilations, ornements et
vêtements. - L'attrait sexuel est l'objet originel de ces
pratiques. L'élément religieux. - Le
caractère inesthétique des organes sexuels. -
L'importance des caractères sexuels secondaires. - Le pelvis
et les hanches. - Stéatopygie.
Obésité. - Démarche. - La femme
enceinte comme type de beauté au Moyen Âge. - Les
idéals de la Renaissance. - Les seins. - Le corset. - Son
but. - Son histoire. - Les cheveux. - La barbe. -
L'élément du type national ou racial dans la
beauté. - La beauté relative des blondes et des
brunes. - L'admiration européenne
générale pour les blondes. - Les facteurs
individuels dans la constitution d'une idée de la
beauté. - L'amour de l'exotique. - Dans
la constitution de notre idéal de la beauté
masculine et féminine, il était
inévitable que les caractères sexuels, depuis une
période très ancienne de l'histoire de l'homme,
formassent un élément important. D'un point de
vue primitif, une personne sexuellement désirable et
attrayante est une personne dont les caractères sexuels
sont, soit naturellement prononcés, soit
accentués d'une manière artificielle.
- La femme belle
est une femme qui possède, comme le dit Chaucer, un large
derrière et des seins ronds et grands :
With buttokes brode and brestës rounde and hye.
- C'est-à-dire que c'est la femme qui
est visiblement le mieux conformée pour produire des enfants
et pour les allaiter.
- Ces deux caractères physiques, qui
représentent l'aptitude aux deux actes essentiels de la
maternité, devaient nécessairement tendre
à être regardés comme beaux chez tous
les peuples et dans toutes les phases de la civilisation,
même à des degrés
élevés de civilisation, lorsque des
idéals plus délicats et plus pervers commencent
à trouver faveur.
- À Pompéi,
dans une décoration du côté oriental du
Purgatoire du Temple d'Isis, nous
trouvons une représentation de Persée allant au
secours d'Andromède.
- Cette dernière y est
montrée comme une femme ayant une tête
très petite, des mains et des pieds petits, mais un corps
très développé, de grands seins et des
fesses larges qui font saillie(1).
- À un
certain degré -et comme nous allons le voir à un
certain degré seulement- les caractères sexuels
primaires sont des objets
d'admiration chez les peuples primitifs.
- Dans les danses primitives de plusieurs peuples, et ces
danses ont souvent une importance sexuelle, l'exhibition des organes
sexuels par les hommes autant que par les femmes est souvent un
élément essentiel.
- Même jusqu'au Moyen Âge, les
vêtements des hommes en Europe permettaient parfois de
laisser voir les organes sexuels.
- Dans
certaines parties du monde, on pratique aussi l'élargissement
artificiel des organes sexuels féminins, et, ainsi
agrandis, ces organes passent pour un élément
important et attrayant de la beauté.
- Sir Andrew Smith informa Darwin que
les lèvres allongées (ou le "tablier
hottentot") trouvées chez les femmes de certaines
tribus de l'Afrique australe étaient
autrefois très admirées par les hommes (2). Cette formation est
probablement, chez les femmes de cette race, une
particularité naturelle qui est ensuite
exagérée par une manipulation intentionnelle, due
à l'admiration qu'elle soulève.
- Le missionnaire Merensky a
signalé la présence
générale de cette pratique chez les Basouto,
et les faits anatomiques semblent prouver son caractère
partiellement artificiel (3).
- Dans la région Jabou, Baie de
Benin, en Afrique occidentale, on trouvait
décoratif d'allonger artificiellement les lèvres
et le clitoris ; de petits poids étaient suspendus au
clitoris, et ces poids étaient graduellement
augmentés (4).
- Chez les Bawenda du nord du Transvaal,
dit le missionnaire Wessmann, c'est la coutume que
les jeunes filles depuis l'âge de huit ans passent chaque
jour quelque temps à tirer les grandes
lèvres pour les allonger.
- En choisissant une femme, les jeunes hommes
attachent une grande importance à cette
élongation, et la jeune fille dont les lèvres
sont le plus longues est la plus recherchée
(5).
- Dans
plusieurs parties du monde, des
mutilations et des opérations sur l'organe sexuel des hommes
et des femmes sont pratiquées, pour des raisons
qui sont imparfaitement connues (6).
- Il arrive, le plus souvent, que les gens qui
pratiquent ces opérations sont incapables d'en donner une
raison, ou bien ils invoquent une raison qui n'est manifestement pas
celle qui, à l'origine, avait conduit à cette
pratique. L'excision du clitoris, par exemple, qui
est pratiquée en différentes parties de l'Afrique
orientale, et dont on suppose fréquemment qu'elle
sert à émousser le sentiment sexuel (7), semble ne pas reposer sur cette
raison, car les femmes y consentent d'elles-mêmes.
- « Toutes les femmes sobo (de
la côte du Nigéria) ont leur
clitoris enlevé ; si elles ne le font pas faire, elles sont
regardées comme des femmes esclaves, qui ne sont pas
coupées ; aussitôt qu'une femme sobo a
économisé assez d'argent, elle se rend chez une
femme qui pratique cette opération et elle paye pour se
faire exciser (8).
»
- Le comte de Cardi a
étudié cette pratique dans le delta du Niger:
- «J'ai questionné des
hommes et de jeunes indigènes, pour essayer d'obtenir leur
raison de ce rite, mais la réponse presque universelle
à mes questions fut : c'est la mode de notre
pays.»
- Un homme âgé raconta
à cet auteur que c'était pour favoriser la
continence ; plusieurs vieilles femmes expliquèrent qu'une
fois, les femmes du pays ayant souffert d'une espèce
particulière de folie, ce rite les avait guéries (9).
- De la même manière, on
suppose souvent que la subincision de l'uretère (l'opération
mica de l'Australie) doit servir
à prévenir la conception (10),
mais cela est très douteux et un autre auteur trouve que des
indigènes subincisés avaient souvent de grandes
familles (11).
- Un passage de la Chronique de Mayence
pour 1367 (12)
démontre qu'en ce temps les tuniques des hommes
étaient faites de telle façon que les organes
sexuels étaient toujours visibles lorsqu'on marchait ou
qu'on était assis.
- Pourtant cette insistance sur les organes sexuels nus
comme objets d'attraction est relativement rare, et limitée
à des peuples arrivés à un
degré supérieur de culture.
- Ce qui est beaucoup plus répandu, c'est
un effort pour les embellir, pour fixer l'attention sur eux, par le tatouage
(13),
par l'ornementation, et par des particularités
remarquables des vêtements.
- La tendance à accepter la
beauté des vêtements en remplacement de la
beauté du corps apparaît de bonne heure
dans l'histoire de l'humanité et elle est, comme nous le
savons tous, acceptée absolument dans la civilisation (14).
- « Nous nous écrions, dit Goethe,
quels beaux petits pieds, quand nous n'avons rien vu qu'un beau soulier
; nous admirons une taille charmante, lorsque nos yeux n'ont rien
rencontré qu'une ceinture élégante.
»
- Nos
réalités et nos idéals traditionnels
sont en désaccord d'une manière
désespérée.
- Les Grecs représentaient
leurs statues sans poils pubiques, parce qu'ils
avaient adopté dans la vie réelle la coutume
orientale d'enlever ces poils.
- Nous obligeons nos sculpteurs et nos peintres
à produire des représentations identiques, bien
qu'elles ne correspondent plus ni à des
réalités, ni à nos propres
idées de ce qui est beau et approprié dans la vie
réelle.
- Nos artistes sont eux-mêmes
également ignorants et confus, et comme Stratz l'a
démontré à plusieurs reprises, ils
reproduisent constamment en toute ingénuité les
déformations et les caractères pathologiques de
modèles défectueux. Si nous étions
francs, nous ferions comme le petit garçon devant le tableau
du jugement de Pâris : comme la mère de ce petit
garçon lui demandait laquelle des trois déesses
il trouvait la plus belle, il répondit : « Je ne
peux pas le dire, car elles ne portent pas de vêtements.
»
- Mais la dissimulation actuelle
n'était pas recherchée au début,
à ce qu'il semble. Plusieurs auteurs ont réuni
des preuves pour démontrer que le but primitif principal des
ornements et des vêtements chez les sauvages n'est pas de
cacher le corps, mais d'y attirer l'attention et de le rendre plus
attrayant.
- Westermarck, surtout, a
réuni nombre d'exemples d'ornements sauvages, qui servent
à attirer l'attention sur les parties sexuelles des hommes
et des femmes(15).
- Il affirme aussi que le but primitif pour
lequel plusieurs peuples sauvages pratiquent la circoncision et
d'autres mutilations semblables est réellement d'assurer
l'attraction sexuelle, quelque signification religieuse qu'elles
puissent avoir acquise parfois ultérieurement.
- Une opinion plus récente
représente l'influence magique de l'ornement et de la
mutilation comme primaire, comme un procédé pour
sauvegarder et isoler des fonctions corporelles dangereuses.
- Frazer, dans Le
Rameau d'or, est le champion le plus habile et le plus
brillant de cette théorie, qui sans doute contient un grand
élément de vérité, bien
qu'elle ne doive pas être acceptée à
l'exclusion absolue de l'influence de l'attraction sexuelle. Ces deux
éléments sont très
entremêlés (16).
Il y a en effet une tendance générale des
fonctions sexuelles à assumer un caractère
religieux (17) et des
organes sexuels à devenir sacrés, à
une période de culture très reculée.
- La génération,
la force reproductive de l'homme, des animaux et des plantes,
étaient pour le primitif des faits de première
importance, qu'il symbolisait par les organes
sexuels de l'homme et de la femme.
- Ainsi ces organes arrivèrent
à une solennité tout à fait
indépendante de toute intention d'attrait sexuel.
- Le culte
phallique est un phénomène presque universel ; on le rencontre même chez des
races d'une culture supérieure, chez les Romains de l'Empire
et les Japonais actuels. Certains auteurs ont même
cherché dans le phallus l'origine de la croix.
- « On trouverait difficilement un objet,
remarque Richard Andree, qui ait
été aussi universellement
représenté ; le phallus, pour tous les peuples,
est le symbole de la force procréatrice ; il est en Orient
un objet de vénération. Dans
le Baal Peor moabitique, dans le culte de Dionysos,
partout, sauf en Perse, nous rencontrons des
représentations priapiques et la
vénération de l'organe
générateur. Il est superflu de mentionner la
grande importance du Linga puja, l'organe
procréateur du dieu Siva dans l'Inde, le
dieu hindou auquel on a consacré plus de temples
qu'à aucune autre divinité de l'Inde. Nos
musées témoignent combien les
représentations phalliques sont communes en Afrique,
en Asie orientale, dans l'Océan Pacifique, et
souvent en rapport avec le culte religieux (18).
»
- Même dans l'Europe moderne,
on peut encore retrouver des survivances du culte phallique.
- Les femmes
n'ont pas d'organe générateur
extérieur apte comme le phallus à jouer un grand
rôle dans la vie sous forme de symbole. Il
y a pourtant quelques raisons d'admettre que le triangle soit
un tel symbole.
- Lejeune
(19) soutient
ainsi, avec des faits, que la région triangulaire couverte
de poils du mons veneris a eu une grande importance
sous ce rapport ; il reproduit plusieurs images primitives à
l'appui de sa thèse.
- En dehors des
propriétés religieuses et magiques qui sont si
universellement accordées aux caractères sexuels
primaires, on peut expliquer autrement pourquoi ces organes n'ont pas
toujours été revêtus d'une grande
importance en tant qu'objets d'attrait sexuel. Ils sont à
cet effet inutiles et incommodes.
- L'attitude droite de l'homme lui donne un avantage que
peu d'animaux possèdent. Il est extrêmement rare,
chez les animaux, que les caractères sexuels primaires
deviennent attrayants pour le regard du sexe opposé, bien
qu'ils soient souvent agréables au sens de l'odorat. Les
régions sexuelles constituent un endroit
particulièrement vulnérable, et ils continuent
d'être cela chez l'homme. Le besoin de protection se trouve
ainsi en contradiction avec la tendance à l'exhibition,
nécessaire comme attrait sexuel. Ce but est atteint beaucoup
plus effectivement, avec plus d'avantage et moins de
désavantage, en concentrant les marques principales de
l'attraction sexuelle sur les parties supérieures et plus
visibles du corps. Cette méthode est universelle chez les
animaux et chez l'homme.
- Il y a une autre raison pour laquelle les organes
sexuels devraient être éliminés comme
objets d'attrait sexuel, raison qui s'impose toujours comme finalement
décisive quand un peuple avance en culture. Ces organes ne
sont pas beaux d'un point de vue esthétique. Il est
fondamentalement nécessaire que l'organe
extérieur du mâle et l'organe réceptif
de la femelle gardent leurs caractères primitifs. Pour cette
raison, ces organes ne peuvent pas subir de grandes modifications par
la sélection sexuelle ou par la sélection
naturelle, et le caractère excessivement primitif qu'ils
sont ainsi obligés de conserver peut rarement être
regardé comme beau d'un point de vue esthétique,
tout désirables et attrayants que deviennent ces organes
d'un point de vue sexuel, pour le sexe opposé, sous
l'influence de l'émotion.
- Dans la sphère de l'art,
les organes sexuels offrent une tendance à diminuer de
grandeur, et dans aucun pays civilisé, l'artiste n'a jamais
donné à ses représentations de
l'idéal de la beauté masculine un organe en
érection. C'est surtout parce que le caractère
inesthétique de la région sexuelle de la femme
est presque invisible, dans toute position ordinaire et normale du
corps nu, que la forme féminine constitue un objet plus beau
de contemplation esthétique que la forme masculine.
À part ce caractère, nous sommes probablement
obligés de considérer la forme mâle
comme plus belle, d'un point de vue esthétique (20). La
forme féminine dépasse d'ailleurs souvent en peu
de temps le climax de sa beauté et ne le conserve maintes
fois que pendant quelques semaines.
- La communication suivante d'un de mes correspondants
démontre assez clairement les divergences de sentiment
à ce sujet :
- « Vous écrivez que les organes
sexuels, dans une condition d'excitation, ne peuvent pas être
considérés comme esthétiques. Mais je
crois qu'ils sont, pour nombre de gens, une source de
curiosité, d'étonnement, et même des
objets d'admiration. Je connais un homme, très intellectuel
et très cultivé, qui est ravi de se coucher entre
les cuisses de sa maîtresse et de contempler longuement le
vagin dilaté. Je connais un autre homme marié, et
non intellectuel, qui regarde toujours tendrement l'organe de sa femme
en pleine lumière, avant d'avoir des rapports avec elle et
qui l'embrasse là et sur l'abdomen. Bien que la femme soit
assez amoureuse, elle déclara à une autre femme
qu'elle ne pouvait pas comprendre l'attraction (21).
- D'autre part, deux hommes mariés m'ont
dit que l'aspect des parties génitales de leurs femmes les
dégoûterait, et qu'ils ne les avaient jamais vues.
- « Si les parties sexuelles ne peuvent
pas être appelées esthétiques, elles
possèdent néanmoins un grand charme pour beaucoup
d'amants passionnés des deux sexes, bien que, je crois,
rarement chez les gens peu imaginatifs et non
éduqués, qui sont plutôt
portés à ridiculiser ces organes ou à
les regarder avec répulsion. Plusieurs femmes confessent
qu'elles sont indignées à la vue de la
nudité complète même de leurs maris,
bien qu'elles ne soient pas indifférentes à
l'étreinte sexuelle. J'estime que la faute stupide de la
nature de faire servir les organes générateurs
à soulager la vessie est un facteur important de cette
répulsion. Mais certaines femmes de tempérament
érotique se plaisent à regarder le
pénis de leur mari ou de leur amant, à le
manipuler et à l'embrasser. Les prostituées font
cela comme un acte accessoire de leur profession; certaines
épouses chastes et passionnées agissent ainsi de
pleine volonté. On peut difficilement dire que cela soit
morbide, car la plupart des espèces de mammifères
se sentent et se pourlèchent les organes génitaux
les uns aux autres. Probablement l'homme primitif faisait la
même chose. »
- Brantôme (22) fait
quelques observations semblables sur la différence entre les
hommes, dont certains n'éprouvent pas de plaisir
à voir les parties génitales de leur femme ou de
leur maîtresse, tandis que d'autres admirent ces organes et
sont enchantés de les embrasser.
- Je dois ajouter que, quelque naturelle ou
légitime que soit l'attraction des parties sexuelles pour
les deux sexes, la question de la beauté purement
esthétique de ces parties demeure non résolue.
- Dans une
étude sur l'élément
esthétique dans la beauté sexuelle,
Rémy de Gourmont considère que
l'invisibilité des organes sexuels est le fait
décisif qui rend les femmes plus belles que les hommes.
- « Le sexe, qui est parfois un profit, est
toujours une charge et toujours une tare ; il est fait pour la race, et
non pour l'individu. Chez le mâle humain, et
précisément à cause de son attitude
droite, le sexe est l'endroit sensible par excellence et l'endroit
visible, point d'attaque dans les luttes corps à corps,
point de mire pour le jet, obstacle pour l'oeil, soit comme
rugosité sur une surface, soit comme brisure au milieu d'une
ligne. L'harmonie du corps féminin est donc
géométriquement bien plus parfaite, surtout si
l'on considère le mâle et la femelle à
l'heure même du désir, au moment où ils
présentent l'expression de vie la plus intense et la plus
naturelle. La femme alors, tous ses mouvements étant
intérieurs, ou visibles seulement par l'ondulation de ses
courbes, garde sa pleine valeur esthétique, tandis que
l'homme, semblant tout à coup régresser vers les
états primitifs de l'animalité,
apparaît réduit, dépouillant toute
beauté, à l'état simple et nu d'organe
génital (23). »
- Mais, plus loin, Rémy de Gourmont
démontre que l'homme prend sa revanche esthétique
pendant la grossesse de la femme, et que, de plus, les proportions du
corps masculin sont plus belles que celles du corps féminin.
- Par conséquent, les caractères
sexuels primaires de l'homme et de la femme n'ont jamais
joué un rôle très grand dans l'attrait
sexuel.
- Avec le progrès de la civilisation, les
méthodes mêmes qui avaient
été adoptées pour appeler l'attention
sur les organes sexuels furent, par un développement
ultérieur, utilisées dans le but de les cacher.
- Dès le début,
les caractères sexuels secondaires ont constitué
une méthode beaucoup plus répandue d'attrait
sexuel que les caractères sexuels primaires, et dans la
plupart des pays civilisés ces caractères
secondaires continuent de nos jours à constituer les plus
attrayantes de ces méthodes pour la majorité de
la population.
- Les principaux
caractères sexuels secondaires de la femme et le type qu'ils
présentent chez des personnes belles et bien
développées sont résumés
par Stratz, qui, dans son livre sur la beauté du corps
féminin, expose les raisons de ces caractères :
- Structure
délicate des os. Des formes et des seins arrondis. Bassin
large. Chevelure longue et abondante. Limite basse et
étroite des poils pubiques. Peu de poils aux aisselles. Pas
de poils sur le corps. Peau délicate. Crâne
arrondi. Face petite. Orbites grandes. Sourcils hauts et minces.
Mâchoire inférieure basse et petite. Transition
douce de la joue au cou. Cou arrondi. Poignet mince. Main petite avec
index long. Épaules arrondies. Clavicule petite et droite.
Thorax petit et long. Taille mince. Sacrum creux. Fesses
proéminentes et arrondies. Des plis sacraux. Des cuisses
rondes et fortes. Arche pubique basse et obtuse. Contour doux du genou.
Mollets arrondis. Cheville mince. Doigts des pieds petits. Le second
doigt du pied long et le cinquième court. Dents incisives du
milieu larges (24).
- Nous trouvons
ainsi, chez la plupart des peuples de l'Europe, de l'Asie et de
l'Afrique et autres continents, que les grandes hanches et les grosses
fesses des femmes sont communément regardées
comme un facteur important de la beauté. Ce
caractère sexuel secondaire représente la
différence structurale la plus prononcée entre le
type féminin et le type masculin, différence
exigée par la fonction reproductive des femmes. Dans
l'admiration évoquée par cette
déviation, la sélection sexuelle correspond donc
à la sélection naturelle.
- Mais on ne peut pas dire que ce caractère
sexuel a toujours été
considéré en rapport aussi avec les exigences
d'une beauté purement esthétique, sauf
à un degré très
modéré.
- L'artiste européen s'efforce
souvent d'atténuer les protubérances des hanches
féminines au lieu de les accentuer. Il convient de
mentionner que les Japonais aussi regardent les hanches petites comme
belles. Mais presque partout ailleurs les hanches larges et les fesses
fortes passent pour une marque de beauté, et l'homme moyen
est de cette opinion même dans les pays les plus artistes. Le
contraste de cette exubérance avec la forme mâle
plus étroite, la force d'association et le fait
incontestable qu'un tel développement est la condition
nécessaire d'une maternité saine, ont servi de
base à un idéal d'attraction sexuelle,
idéal qui s'impose à presque tous plus fortement
qu'un idéal esthétique plus étroit,
qui assume inévitablement un caractère quelque
peu hermaphrodite.
- Les hanches larges, qui
impliquent un bassin large, forment nécessairement un
caractère des races humaines supérieures, parce
que les races avec les têtes les plus grandes ont besoin, en
même temps, du plus grand bassin afin de permettre aux
grosses têtes de faire leur entrée dans le monde.
- D'après Bacarisse, la
race blanche possède le sacrum le plus large, ensuite vient
la race jaune, et en dernier lieu la race noire. On dit aussi que la
race blanche présente la plus grande courbure du sacrum,
ensuite la race jaune, tandis que la race noire présente le
sacrum le plus plat (25). La
race noire possède donc le bassin le moins
développé, le plus étroit et le plus
plat.
- Ce n'est sans doute pas par
coïncidence que l'admiration de la
stéatopygie chez les races supérieures
se rencontre précisément dans la race noire. La
stéatopygie est un développement
énormément exagéré de la
couche de graisse subcutanée, qui couvre normalement les
fesses et les parties supérieures des cuisses chez les
femmes et qui, sous cette forme extrême, constitue une sorte
de tumeur grasse.
- D'après Deniker,
on ne peut pas parler de stéatopygie avant que la projection
des fesses excède 4 % de la hauteur de l'individu ; cette
projection s'élève souvent à 10 %. La
stéatopygie véritable n'existe que chez les
femmes Bochimanes et Hottentotes,
chez les peuples consanguins. Pourtant on trouve aussi un
développement extraordinaire des fesses chez les Wololfs
et plusieurs autres peuples de l'Afrique (26).
- Il n'est pas douteux que chez les peuples
noirs de l'Afrique en général, la
stéatopygie véritable y existant ou non, le
développement glutéal extrême est
regardé comme une marque très importante, sinon
la plus importante de la beauté.
- Burton rapporte qu'un homme Somali
choisit sa femme en plaçant plusieurs femmes en rang, et en
cherchant celle qui dépassait le plus (27).
Il faut ajouter qu'en Europe les
vêtements permettent de dissimuler cet
élément de beauté. Même,
chez certains peuples de l'Afrique, on a
donné au développement postérieur une
apparence plus grande encore par l'emploi de coussins. En Italie
pendant la Renaissance et en Angleterre au XVIe siècle,
nous trouvons la même pratique bien en évidence.
- Les dramaturges de l'ère de la
reine Élisabeth parlent du « bumroll »,
qui est devenu dans des temps plus modernes le « bustle
» et la « queue », artifices qui
témoignent de la tendance persistante à
suggérer le désir que « la
moitié la plus belle de l'espèce humaine soit
pourvue de queues », comme a dit le peintre Watts (28).
- Nous voyons qu'il y a là en
réalité une tendance, non à simuler un
caractère animal, mais à accentuer le plus humain
et le plus féminin des caractères sexuels
secondaires, qui est pour cette raison, du point de vue sexuel, un
trait de beauté (29).
- Parfois l'admiration pour ce caractère est
associée à l'admiration pour la grande
obésité en général,
et on est en droit d'affirmer qu'un degré quelconque
d'embonpoint constitue encore un caractère sexuel secondaire
chez la femme. Cette admiration est surtout grande chez plusieurs
peuples noirs de l'Afrique, et pour devenir une beauté, une
femme doit boire, chez ces peuples, de grandes quantités de
lait, afin de devenir grasse.
- Sonnini a observé
qu'on trouvait, dans une certaine mesure, la même chose chez
les femmes musulmanes de l'Égypte de son
temps. Après les yeux clairs et la peau douce, glabre et
brillante, ce qu'une femme égyptienne désirait le
plus c'est obtenir de l'embonpoint. Les hommes admiraient les femmes
grasses, et les femmes s'efforçaient de le devenir. Quand on
pense en Europe à une femme très grasse, ajoute
Sonnini, on s'imagine presque toujours la chair molle, l'effacement de
la forme, et l'absence d'élasticité dans les
contours. On se tromperait en se représentant de cette
manière les femmes de Turquie en
général, où toutes s'efforcent
à devenir grasses. Il est certain que les femmes d'Orient,
plus favorisées par la nature, préservent plus
longtemps que les autres la nature ferme de la chair, et cette
propriété précieuse, jointe
à la fraîcheur et la blancheur de leur peau, les
rend très agréables. Il faut ajouter qu'en aucune
partie du monde la propreté n'est poussée aussi
loin que par les femmes de l'Orient (30).
- Le caractère spécial des
hanches et des fesses féminines devient visible lorsque les
femmes marchent, et il peut s'accentuer encore davantage par
la manière spéciale de marcher. Les femmes de
certains pays méridionaux sont fameuses pour la
beauté de leur démarche.
- « La déesse se
révèle dans sa démarche »,
dit Virgile.
- Parmi les pays européens, c'est surtout
en Espagne que la démarche donne une
expression très notable aux hanches et aux fesses.
L'épine dorsale est très courbée en
Espagne et produit ce qu'on appelle "l'ensellure", ce qui communique
une grande flexibilité au dos, une proéminence
des régions glutéales, et parfois un faible
degré de stéatopygie. Le mouvement vibratoire,
qui est naturellement produit par la marche et qui parfois est
artificiellement rehaussé, devient ainsi un trait de
beauté sexuelle. En dehors de l'Europe, cette vibration des
flancs et des fesses est exhibée et cultivée plus
ouvertement comme un attrait sexuel.
- On dit que les Papous
admirent ce mouvement vibratoire des fesses de leurs femmes. Les
jeunes filles reçoivent des leçons de leurs
mères à cet effet, dès
l'âge de sept ou huit ans, et ces leçons durent
parfois des heures. La jeune fille papoue marche ainsi lorsqu'elle se
trouve en présence d'hommes et elle s'avance d'une
démarche plus simple lorsqu'il n'y a pas d'hommes autour
d'elle.
- Dans certaines parties de l'Afrique tropicale,
les femmes marchent de cette manière, qui est aussi connue
des Égyptiens, et qui chez les Arabes
porte le nom de ghung (31).
- Mantegazza observe que c'est
le caractère essentiellement féminin de cette
démarche qui en fait une méthode d'attrait
sexuel. Il ne faut pas perdre de vue que cette démarche
repose sur les traits anatomiques féminins, et que la
démarche naturelle d'une femme de développement
féminin doit inévitablement différer
de la démarche d'un homme.
- Dans son examen élaboré
de la beauté des mouvements, Stratz
résume ainsi les caractères spéciaux
de la démarche des femmes :
- « La marche d'une femme se
distingue surtout de celle d'un homme par les pas plus courts, le
mouvement en avant, plus accentué, des hanches, la plus
grande durée de la phase de repos par rapport à
la phase de mouvement, et par le fait que les mouvements compensatoires
des parties supérieures du corps sont moins puissamment
supportés par l'action des bras et davantage par le
pivotement des flancs. La marche d'un homme a plutôt un
caractère poussant et actif ; celle d'une femme un
caractère roulant et passif. Tandis qu'un homme semble
chercher à rattraper son équilibre qui s'en va,
une femme semble s'efforcer de conserver l'équilibre qu'elle
a atteint... La marche d'une femme est belle, lorsqu'elle
présente le caractère féminin et
roulant défini, avec la plus grande prédominance
du moment de l'extension sur le moment de la flexion (32).
»
- La tendance
à regarder la femme enceinte comme le type le plus beau
constitue un développement occasionnel de l'idée
de la beauté sexuelle en relation avec les hanches
développées.
- Stratz cite la remarque que lui fit
un jour une femme artiste, disant que la maternité
étant le but final de la femme, et la femme atteignant sa
période de pleine floraison dans la grossesse, elle devrait
être la plus belle tant qu'elle est enceinte. Stratz
répliqua que cela serait vrai si la période de sa
pleine floraison physique correspondait par chance avec les premiers
mois de la grossesse, car la grossesse augmente le
métabolisme, les tissus deviennent actifs, le teint de la
peau devient plus doux et plus clair, les seins deviennent plus fermes,
et le charme de la floraison complète est
augmenté jusqu'au moment où l'expansion de
l'utérus commence à détruire
l'harmonie des formes.
- Il y a eu pourtant une période de la culture
européenne - en un temps et chez un peuple qui
n'étaient pas très sensibles aux sensations
esthétiques les plus exquises - où
l'idéal de la beauté a même
assumé le caractère de la grossesse
avancée. Les tableaux de ce temps nous prouvent que dans
l'Europe du Nord, pendant les siècles
précédant immédiatement la
Renaissance, l'idéal de la beauté
était la femme enceinte, avec un abdomen
proéminent et le corps plus ou moins rejeté en
arrière. Cela est surtout visible dans les tableaux de Van
Eyck : l'Éve du Musée de Bruxelles et la femme
d'Arnolfini dans le groupe de portraits d'un bel exemplaire de la
National Gallery de Londres. Même les vierges du grand
chef-d'oeuvre de Van Eyck, dans la cathédrale de Gand,
représentent le type de la femme enceinte.
- « Pendant tout le Moyen
Âge, jusqu'à Dürer et
Cranach, remarque fort justement Laura
Marholm (33), nous trouvons un type très
particulier qu'on a à tort regardé comme un type
de caractère ascétique. Il représente
des visages calmes, paisibles et joyeux, pleins d'innocence ; des
figures hautes, élancées et jeunes ; les
épaules toujours étroites ; les seins petits ;
les jambes minces, sous les vêtements ; autour de la partie
supérieure du corps, des vêtements
serrés presque jusqu'à la constriction. La
ceinture vient directement sous le sein, et dès ce point les
larges jupes à plis permettent à la partie la
plus féminine du corps féminin le mouvement et
l'expansion sans aucune entrave. Le ventre féminin,
même chez les saintes et les vierges, est très
prononcé dans la pose et clairement protubérant
sous les vêtements. C'est la fonction maternelle, autant dans
les figures sacrées que dans les figures profanes, qui
marque le type entier de la femme, et en fait sa conception tout
entière. »
- Pendant une courte période, cette mode a
fait sa réapparition au XVIIIe siècle, et
les femmes portèrent des coussinets ou d'autres accessoires
afin d'augmenter le volume de leur abdomen.
- Avec la Renaissance, cet idéal
de beauté disparut de l'art. Mais dans la vie
réelle il semble que nous pouvons toujours en trouver des
survivances dans la mode de cette classe de vêtements qui
implique une vaste expansion sous la ceinture, expansion qu'on atteint
par des cercles en baleine ou d'autres moyens similaires. Le vertugadin
du temps de la reine Élisabeth
était un tel vêtement.
- C'était une invention d'origine
espagnole, comme l'indique le nom (de verdugardo, pourvu de cercles),
et ce vêtement arriva en Angleterre de France.
Nous trouvons cette mode à son point extrême dans
les vêtements élégants de l'Espagne au
XVIIe siècle, comme Velasquez les a
immortalisés. En Angleterre, les cercles disparurent pendant
le règne de George III, mais ils furent remis en usage,
pendant quelque temps, un demi-siècle plus tard, dans la
crinoline de l'ère de Victoria
(34).
- Nous devons
placer les seins immédiatement après le bassin et
ses téguments, en tant que caractère sexuel
secondaire de la femme (35).
Chez les peuples barbares autant que chez les civilisés, la
beauté des seins est d'ordinaire grandement
estimée. Chez les Européens
l'importance de cette région est à tel point
reconnue que les règles générales sur
l'exposition du corps sont abrogées en sa faveur. Les seins
sont l'unique partie du corps, à proprement parler, qu'une
dame européenne, complètement
habillée, puisse dévoiler plus ou moins. De plus,
à différentes périodes et, notamment
au XVIIIe siècle, des femmes mal
partagées par la nature sous ce rapport ont parfois eu
recours à des bustes artificiels, faits en cire.
- Les sauvages aussi témoignent parfois de
l'admiration pour cette partie du corps, et dans les contes
populaires des Papous, par exemple, la seule marque
distinctive d'une très belle femme, c'est que ses
seins se dressent (36).
- D'autre part, plusieurs peuples sauvages semblent
même taxer de laideur le développement
des seins, et ils adoptent des expédients pour
aplatir cette partie du corps (37).
Le sentiment qui détermine cette pratique n'est pas inconnu
dans l'Europe moderne, car on dit que les Bulgares
regardent les seins développés comme laids. Dans l'Europe
du Moyen Âge, l'idée
générale de la sveltesse féminine
s'opposait aux seins développés, et les
vêtements s'efforçaient à les
comprimer. Mais, à un degré de civilisation
élevé, ce sentiment est inconnu, comme du reste
il est inconnu à la plupart des barbares, et la
beauté des seins, et de tout objet naturel ou artificiel qui
suggère les courbes gracieuses de la poitrine, constitue une
source universelle de plaisir.
- La vue accidentelle des seins d'une jeune fille peut
évoquer chez le jeune homme le plus chaste une perturbation
étrange (38).
Nous ne sommes pas obligés d'attribuer à cette
sensation une origine purement sexuelle ; en addition à
l'élément esthétique, elle est
probablement fondée en une certaine mesure sur une
réminiscence des associations les plus anciennes de la vie (39). Cet
élément d'association précoce a
été très bien compris, il y a
longtemps déjà, par Érasme
Darwin :
- « Lorsque le bébé,
bientôt après sa naissance dans ce monde froid,
est mis au sein maternel, il sent d'abord une chaleur
agréable. Ensuite son sens olfactif est ravi par l'odeur du
lait et le goût est satisfait par la saveur de ce lait. Puis,
les appétits de faim et de soif trouvent du plaisir dans la
possession de leur but, et par la digestion subséquente de
l'aliment. En dernier lieu, le sens tactile est charmé par
la douceur et la tendresse de la fontaine lactée, source
d'une telle variété de délices. Toutes
ces sortes différentes de plaisir s'associent à
la fin avec la forme du sein maternel, que l'enfant embrasse de ses
mains, presse de ses lèvres et regarde de ses yeux. Ainsi
l'enfant obtient des idées plus correctes sur la forme du
sein que sur l'odeur, la saveur, la chaleur qu'il perçoit
d'autres parties du corps. Il en résulte qu'à un
âge plus mûr, lorsqu'un objet quelconque de vision
se présente à nous, dont les lignes onduleuses ou
spiralées offrent quelque similitude avec la forme du sein
féminin, que ce soit dans un paysage avec des gradations
douces de surfaces qui montent et descendent, ou bien dans les formes
de certains vases antiques, ou dans les oeuvres du pinceau ou du
ciseau, nous ressentons une chaleur générale de
délices, qui semble influencer tous nos sens. Si l'objet
n'est pas trop grand, nous éprouvons le désir de
l'embrasser de nos lèvres, comme nous le faisions dans notre
première enfance du sein de notre mère (40) »
- L'admiration
générale accordée tant aux seins
développés (41) qu'au bassin
développé est témoignée par
une pratique qui, sous la forme du corset, est presque universelle dans
plusieurs pays d'Europe, et dans les pays extra-européens habités par la race blanche.
Sous une forme ou sous une autre, cette pratique n'est
nullement inconnue aux peuples d'autres races.
- Le serrement de la ceinture
était pratiqué par les Grecs
de la période minoenne en Crète,
mais était peu connu des Grecs à leur
apogée. Les fascioe, tout en supportant
les seins, ne serraient pas la taille. La coutume fut
pratiquée par les Grecs de la décadence et fut
par eux transmise aux Romains. La
littérature latine contient nombre d'allusions à
cette pratique, et les médecins de
l'Antiquité s'élevèrent contre elle
comme le font les médecins modernes.
- Pour autant qu'il s'agit de l'Europe
chrétienne, il semble que le corset a
été inventé pour satisfaire un idéal
d'ascétisme plutôt que pour servir
d'attrait sexuel.
- Dans le haut Moyen Âge, le
corsage enfermait et comprimait les seins et tendait ainsi
à effacer le caractère spécifiquement
féminin du corps d'une femme. Mais graduellement le corsage
descendit et finalement son but fut de rendre les seins plus
visibles au lieu de les effacer.
- Non seulement le corset rend les seins plus
visibles, mais il a encore pour but de déplacer vers le haut
l'activité respiratoire des poumons. Du point de vue du
désir sexuel, il en résulte l'avantage que
l'attention est plus concentrée sur la poitrine, par le fait
de ce mouvement respiratoire. Cet effet respiratoire artificiel est
tellement marqué et constant, sous l'influence de la
compression de la taille commune aux femmes civilisées, que,
jusqu'à ces derniers temps, on supposait
généralement qu'il y a une différence
fondamentale entre la respiration de l'homme et de la femme, celle du
premier étant considérée comme
abdominale et celle de la seconde étant
considérée comme thoracique. On sait maintenant
que, sous des conditions saines et naturelles, cette
différence n'existe pas, mais que les hommes et les femmes
respirent d'une manière exactement identique.
- On peut donc considérer le corset
comme l'instrument principal de l'attrait sexuel que l'arsenal des
costumes fournit à la femme, car le corset lui permet en
même temps d'augmenter ses deux caractères sexuels
secondaires les plus importants, les seins en haut, les hanches et les
fesses en bas. Nous ne pouvons pas nous étonner que toutes
les démonstrations scientifiques du monde qui s'attachent
à faire ressortir le mal du corset demeurent impuissantes
non seulement à entraîner son abolition, mais
même à assurer l'adoption
générale de modifications relativement
inoffensives.
- On a écrit plusieurs livres sur
l'histoire du corset.
- Léoty (42) accepte les phases de Bouvier,
par lesquelles le corset a passé :
- 1° les rubans ou fascioe des
dames grecques et romaines ;
- 2° période de
transition pendant la plus grande partie du Moyen Âge; les
traditions classiques subsistent toujours ;
- 3° à la fin du Moyen
Âge et au début de la Renaissance, on faisait
usage de corsages serrés ;
- 4° la période des
corsages à baleines, depuis le milieu du XVIe
siècle jusqu'à la fin du XVIIIe
siècle;
- 5° la période du
corset moderne.
- Homère parle
déjà de ceintures brodées.
Pourtant, même à Rome, les
fascioe n'étaient pas d'un usage
général, et servaient surtout soit à
supporter les seins, soit à comprimer leur
développement excessif, et dans le dernier cas on les
appelait mamillare. La zona était une
ceinture, portée ordinairement autour des hanches,
spécialement par les jeunes filles. Le corset moderne est
une combinaison de la fascia et de la zona.
- C'est à la fin du XIVe siècle
qu'Isabeau de Bavière introduisit la coutume
de montrer les seins nus, et c'est à ce moment que
le mot "corset" fut employé pour la première fois
(43).
- Il faut ajouter que les personnes qui portent des
corsets ne se rendent pas compte elles-mêmes, d'ordinaire, de
la compression que cause ce corset.
- Rushton Parker et Hugh Smith ont
découvert, au cours de deux séries
indépendantes de mensurations, que la
circonférence de la taille était en moyenne de 5
centimètres moindre sur le corset qu'autour du corps nu. La
grande majorité des personnes mesurées semblait
tout à fait ignorante de ce fait. Dans un cas, la
différence s'éleva à 125
millimètres 44.
- Les hanches
développées et les seins caractérisent
les femmes et constituent des indications qu'elles sont
appropriées à leurs fonctions. En
même temps ces caractères servent d'attrait
sexuel.
- Un autre
caractère sexuel important qui appartient à
l'homme, et qui n'est pas l'indice d'une fonction, est fourni par la
barbe.
- On peut regarder la barbe comme un ornement purement
sexuel, et comme tel on peut la comparer à des
développements assez semblables sur la tête des
mâles de nombreuses espèces animales.
- De ce point de vue, l'histoire de la barbe est
intéressante, car elle témoigne de la tendance,
avec le progrès de la civilisation, non seulement
à éliminer l'attrait sexuel des organes sexuels
primaires, mais encore à déconsidérer
les appendices qui paraissent s'être
développés uniquement pour servir d'attrait
sexuel.
- Le culte de la barbe appartient en
particulier aux races barbares. Chez ces races, la barbe est
fréquemment considérée comme la partie
la plus sacrée et la plus belle de l'individu, comme un
objet sur lequel on prête serment, comme un objet auquel la
moindre insulte serait taxée de mortelle. Dans ces
conditions, la barbe devait sans doute agir comme un attrait sexuel.
- « Allah a spécialement
créé un ange au ciel, dont l'unique occupation
est de chanter les louanges du Créateur, pour donner la
barbe aux hommes et la chevelure longue aux femmes », lit-on
dans les Mille et Une Nuits.
- Le caractère sexuel de la barbe est
indiqué d'une manière significative par le fait
que l'esprit ascétique dans la
chrétienté a toujours cherché
à diminuer ou à cacher les cheveux.
- Mais entièrement à part de
cette influence religieuse, la civilisation a une tendance à
s'opposer à la croissance de cheveux sur le visage de
l'homme et spécialement à la barbe. Cela se
rattache à la tendance bien marquée de la
civilisation à abolir les différences sexuelles.
Nous rencontrons cette tendance générale chez les
Grecs et les Romains
et, avec certaines variations et fluctuations, aussi dans l'Europe
moderne.
- Schopenhauer mentionne souvent
cette disparition de la barbe comme un signe de civilisation, comme
«un baromètre de la culture (45)».
- L'absence de poils sur le visage augmente la
beauté esthétique de la forme, et on n'en ressent
pas la perte d'une attraction sexuelle substantielle.
- Les Égyptiens déjà
regardaient la barbe comme une marque de beauté et comme un
objet de vénération, car leurs prêtres
portaient la barbe longue et la coupaient par affliction (46).
- Le respect dont la barbe était
entourée par les anciens Hébreux
est indiqué par le récit de David,
qui envoie ses domestiques au roi Hanun, lequel
fait raser la moitié de leurs barbes. Ils furent trop
honteux pour oser retourner dans de telles conditions, et ils
demeurèrent à Jéricho,
jusqu'à ce que leurs barbes fussent repoussées
(47).
- Un passage d'Orderic Vital (48) est intéressant
autant comme information sur les coutumes du XIIe
siècle qu'à cause des sentiments dont Orderic
était animé. Parlant des hommes de son temps, il
dit :
- « Le devant de leur tête est
chauve à la manière des voleurs, tandis que sur
le dos ils ont de longs cheveux comme des courtisanes. Autrefois, selon
la coutume, les pénitents, les prisonniers, les
pèlerins ne se rasaient pas ; ils portaient une longue
barbe, comme signe extérieur de leur pénitence,
de leur captivité ou de leur pèlerinage.
Maintenant, presque tout le monde porte des cheveux frisés
et des barbes, en montrant sur le visage le signe de leur
sensualité ordurière, comme des boucs puants. Les
mèches sont frisées à l'aide de fers
rougis et au lieu de porter des casquettes on se couvre la
tête de filets. Rarement un chevalier apparaît en
public la tête nue et proprement rasé, suivant le
précepte apostolique (49).
»
- Nous avons vu qu'il y a de bonnes raisons d'admettre une
certaine tendance fondamentale, suivant laquelle les peuples
les plus divers du monde, en tout cas dans la personne de
leurs membres les plus intelligents, reconnaissent un
idéal commun de beauté féminine.
On peut donc dire que la beauté repose, en une certaine
mesure, sur une base objectivement esthétique.
- Nous avons aussi appris que cet idéal
esthétique humain s'est modifié, et
même qu'il s'est modifié d'une manière
très diverse dans les différents pays, et
même dans un même pays à des
périodes successives. Cette modification était
due à une tendance à accentuer ou même
à réprimer l'un ou l'autre des principaux
caractères sexuels secondaires du corps. Cette tendance,
à son tour, a été
déterminée par une impulsion sexuelle et non
nécessairement en harmonie avec des règles
esthétiques.
- Nous abordons
maintenant une autre tendance, plus apte encore à limiter la
culture de l'idéal purement esthétique de la
beauté : les influences du type national ou racial.
- Pour l'homme moyen de chaque race, c'est ordinairement
la femme qui incarne le plus complètement le type de cette
race qui est considérée comme la plus belle.
- Humboldt a
démontré il y a longtemps que les mutilations et
les déformations ont souvent leur origine dans l'effort pour
accentuer le type de la races (50).
- Les femmes d'Orient sont
douées par la nature de grands yeux, et elles cherchent
à accentuer davantage ce caractère par des moyens
artificiels. Les Ainos sont la race la plus poilue, et il n'y a rien
pour eux de plus beau que les cheveux. Il est difficile
d'être sexuellement attiré par des personnes qui
sont fondamentalement différentes de nous-mêmes en
constitution raciale (51).
- Il arrive souvent que cette admiration pour les
caractères de la race amène à
l'idéalisation de traits qui sont bien
éloignés de la beauté
esthétique. Le sein ferme et rond est sans doute un trait de
beauté, mais chez nombre de peuples noirs de
l'Afrique les seins tombent dès la jeunesse, et alors nous
pouvons observer que les seins pendants sont admirés comme
beaux.
- Les Baganda de l'Afrique, dit
J. Roscoe (52),
admirent les seins pendants à un tel degré que
leurs jeunes femmes attachent les seins vers le bas pour
accélérer l'arrivée de cette
condition.
- Le trait de beauté le plus remarquable en Orient,
écrit Sonnini, est d'avoir de
grands yeux noirs, et la nature en a fait un trait
caractéristique des femmes de ces pays. Mais non contentes
de cela, les femmes d'Égypte désirent que leurs
yeux soient toujours plus grands et plus noirs.
- Pour y atteindre les musulmanes, les juives et les
chrétiennes, les riches comme les pauvres, se colorent les
paupières de galène. Elles
noircissent aussi les cils (comme Juvénal
nous conte que faisaient les dames romaines), et elles marquent le coin
de l'oeil pour faire paraître la fente plus large (53). Le noir est donc seulement
employé par les femmes qui possèdent ce que les
Arabes appellent du "noir naturel".
- Flinders Petrie a
découvert que les femmes de ce qu'on appelle "la race
nouvelle", entre les sixième et dixième
dynasties, se servaient de kohl et de malachite
pour peindre leurs visages.
- Les femmes juives du temps des
prophètes avaient la coutume de se noircir les
yeux, comme le font encore les femmes hindoues de nos jours.
- « Les Ainos ont une
grande affection pour leur barbe. Ils la regardent
comme un signe de virilité et de force, et ils la
considèrent comme spécialement belle. Ils la
regardent, en effet, comme un grand et précieux
trésor (54).
»
- On a proposé plusieurs théories
pour expliquer la mode chinoise de comprimer
et de déformer les pieds. Les Chinois admirent
beaucoup le pied féminin, et ils font preuve d'une
sensibilité sexuelle extrême par rapport
à ce pied. Par nature les femmes chinoises
possèdent des pieds très petits, et la principale
raison pourquoi elles les lient doit être
cherchée, probablement, dans le désir de les
rendre encore plus petits (55).
- Une question
intéressante, qui trouve ici son explication partielle, et
qui a une importance considérable du point de vue de la
sélection sexuelle, est l'admiration relative qui est
montrée pour les blondes ou pour les brunes.
Ce n'est pas, il est vrai, une question qui se décide
entièrement par des caractères de race. On peut
dire quelque chose sur cette question du point de vue objectif des
considérations esthétiques.
- Stratz démontre dans un
chapitre sur la beauté du teint chez les femmes que les
cheveux blonds sont plus beaux parce qu'ils s'harmonisent plus avec les
contours de la femme, et on peut ajouter : parce qu'ils sont plus
brillants et plus voyants.Un objet doré semble plus grand
qu'un objet noir. Stratz considère aussi
que les poils de l'aisselle doivent être de couleur claire.
Les poils pubiques, au contraire, doivent être plus noirs,
pour accentuer la largeur du bassin et l'obtusité de l'angle
entre le mons veneris et les cuisses. Les cils et les sourcils doivent
aussi être noirs pour augmenter la grandeur apparente des
orbites.
- Stratz ajoute que, sur plusieurs
milliers de femmes, il n'en a vu qu'une seule qui, avec une forme
parfaite sous d'autres rapports, possédait en même
temps ces mérites au plus haut degré. Elle avait
un teint mat et égal, la chevelure blonde, très
longue et lisse, des poils axillaires clairsemés, blonds et
ondulés. Mais alors que ses yeux étaient bleus,
les sourcils et les cils étaient noirs, ce qui
était aussi le cas pour les poils du pubis, qui
n'étaient pas trop développés (56).
- Nous pouvons admettre comme un fait assez certain que,
pour autant qu'un étalon de beauté
esthétique soit reconnaissable, cet
étalon implique la suprématie du type des femmes
blondes. Cette suprématie dans la
beauté a d'ailleurs été aussi
confirmée par le fait que, dans la plupart des pays de
l'Europe, la caste dominante, la classe aristocratique, qui est
arrivée à la domination par son
énergie supérieure, est un peu plus blonde que la
population moyenne.
- La cause principale qui détermine le
degré relatif d'admiration qu'on accorde en Europe aux
blondes et aux brunes réside dans le fait qu'il faut
regarder la population de l'Europe comme blonde d'une
manière prédominante, et que notre
conception de la beauté féminine, quant aux
couleurs, est influencée par un désir instinctif
de rechercher ce type dans ses formes les plus accomplies.
- Dans l'Europe du Nord la
prédominance du type blond est au-dessus de tout doute, mais
dans certaines parties du Centre, et spécialement
au Midi, il y a lieu de localiser le problème.
- Mais il faut ne pas perdre de vue que la
population blanche qui occupe les bords de la
Méditerranée a immédiatement au sud
d'elle les peuples noirs de l'Afrique. La race blanche y est
entrée en contact avec la race noire et le contraste ne l'a
pas seulement amenée à se rendre mieux compte de
sa propre blancheur, mais l'a encore conduite à
apprécier davantage les individus les plus blonds, qui
représentent le type le plus éloigné
du nègre.
- Il faut ajouter que l'homme du Nord qui vient
dans le Midi est porté à surestimer la couleur
foncée du méridional, à cause du teint
clair prononcé de son propre peuple. Mais les
différences sont beaucoup moins extrêmes que nous
ne sommes portés à croire ; il y a plus
de gens à cheveux noirs dans le Nord que nous ne le
supposons ordinairement, et plus de personnes blondes dans le Midi.
- En regardant par exemple l'Italie, nous
trouvons, dans sa partie la plus blonde, à Venise, qu'il y
a, d'après Raseri, 8 % de communes où les cheveux
blonds dominent, 81 % où la couleur brune domine, et
seulement 11 %où la couleur noire l'emporte.
- En nous dirigeant vers le Sud, les cheveux
noirs deviennent plus abondants. Mais dans la plupart des provinces
italiennes il y a quelques communes où les cheveux blonds ne
sont pas seulement fréquents, mais même dominent.
- La même chose à peu
près est vraie pour les yeux clairs, qui
sont aussi les plus abondants à Venise, et qui
diminuent vers le Sud.
- Il est possible que les cheveux blonds aient
été autrefois plus répandus dans le
midi de l'Europe. Chez les Berbères de l'Atlas,
qui sont probablement apparentés aux habitants de l'Europe
méridionale, il paraît qu'on trouve une proportion
assez considérable d'individus blonds (57). D'autre part, il y a des
raisons de croire que les cheveux blonds disparaissent sous l'influence
de la civilisation autant que des climats chauds.
- Il est en tout cas certain que l'admiration
européenne pour les cheveux blonds remonte à la
plus haute antiquité.
- Il paraît que, chez Homère,
les hommes et les dieux sont fréquemment décrits
comme blonds (58). Vénus
est presque toujours blonde, comme l'Éve de Milton.
- Lucien fait allusion
à des femmes qui colorent leurs cheveux.
- Les sculpteurs grecs
doraient les cheveux de leurs statues, et les figurines ont souvent des
cheveux blonds (59).
- La coutume romaine de
donner artificiellement aux cheveux une couleur claire ne
dérivait pas du désir de ressembler aux Germains
blonds, et à la chute de Rome, il semble que la coutume ait
persisté et qu'elle ne soit jamais tombée en
désuétude : Anselme, qui
vécut au début du XIIe siècle, la
mentionne (60).
- Dans la poésie
populaire italienne, il est beaucoup question de brunes; mais
même là on préfère les
blondes. Si nous nous tournons vers les peintres et les
poètes de l'Italie, et vers les esthéticiens,
puis la Renaissance, l'admiration pour les cheveux blonds est
indéniable, bien qu'on ne rencontre pas une admiration
unanime correspondante pour les yeux bleus.
- Angelico et la
plupart des préraphaélites
représentent généralement les femmes
avec des cheveux couleur de lin ou or pâle,
et cette couleur se transforma souvent en brun chez les
peintres de la Renaissance.
- Firenzuola dit, dans
son admirable dialogue sur la beauté féminine,
que la chevelure d'une femme doit être comme de l'or, ou du
miel, ou comme les rayons solaires.
- Luigini aussi dit
que les cheveux doivent avoir la couleur de l'or.
- Pétrarque et
l'Arioste étaient du même avis.
- Mais il n'y a pas, chez ces
auteurs, une prédilection correspondante pour les yeux
bleus. Firenzuola désire des yeux bruns, mais non pas noirs.
Luigini les exige brillants et noirs.
- Niphus avait
déjà déclaré que les yeux
doivent être « noirs comme ceux de Vénus
», et la peau comme l'ivoire, ou même un peu brune
; il mentionne qu'Avicenne avait loué les
yeux mélangés ou gris (61).
- En France et dans les
autres pays du Nord, l'admiration pour les cheveux
très blonds est tout aussi marquée qu'en Italie
et date des premiers temps dont l'écho soit parvenu
jusqu'à nous.
- « Même avant le
XIIIe siècle, dit Houday dans son
intéressante étude sur la beauté
féminine au Moyen Âge dans le nord de la France,
et pour l'homme autant que pour la femme, les cheveux blonds
constituaient une condition essentielle de la beauté ; on
compare presque sans exception les cheveux à de l'or (62).
Il note que les Acta Sanctorum rapportent comment
saint Godelive de Bruges qui, à part cela,
était beau, avait les cheveux et les sourcils noirs et
reçut pour cette raison l'épithète
méprisante de "corbeau".
- Dans la Chanson de Roland,
et dans tous les poèmes français du Moyen
Âge, les les yeux sont sans exception vairs.
- Cette
épithète est vague. Le mot,
dérivé de varius, signifie
"mélangé", ce que Houday
regarde comme une indication d'irradiations variées, la
même qualité qui plus tard fit naître le
terme iris pour désigner la membrane pupillaire (63). Vair
ne se rapporterait donc pas autant à la couleur de l'oeil
qu'à ses qualités brillantes et
étincelantes. Il est possible que Houday ait eu raison, mais
il demeure probable que l'oeil décrit comme vair
était supposé en même temps de couleur
variée. Ce terme s'appliquerait donc à l'oeil que
nous appelons ordinairement gris, c'est-à-dire bleu dans un
cercle de pigment brun, faiblement tacheté. Ces yeux sont
assez typiques pour le nord de la France, et ils sont souvent beaux.
Que tel ait été le cas, cela semble
résulter clairement du fait, mentionné par Houday
lui-même, que, quelques siècles plus
tard, l'oeil vair était considéré
comme vert, et que les yeux verts étaient
célébrés comme les yeux les plus beaux
(64).
L'étymologie était fausse, mais une
étymologie fausse ne suffit point à changer un
idéal. À la Renaissance, Jehan Lemaire,
décrivant Vénus comme le type
de la beauté, parle de ses yeux verts, et un peu plus tard, Ronsard
chante :
Noir je veux l'oeil et brun le teint,
Bien que l'oeil verd toute la France adore.
- Au début du XVIe siècle,
Brantôme cite un adage courant en France,
en Espagne et en Italie, et suivant lequel une femme doit
avoir la peau blanche, mais les yeux et les sourcils noirs, et Brantôme
ajoute qu'il est personnellement d'accord avec l'Espagnol «
qu'une brune est parfois égale à une blonde (65)».
- Mais il y a dans la littérature
espagnole aussi une admiration bien évidente pour
les yeux verts ; non seulement les yeux sont verts
dans la description typique d'une beauté espagnole dans Celestina
(acte II, mais lorsque Cervantes par exemple fait
allusion aux beaux yeux d'une femme, il les appelle souvent verts, et Marie
d'Agreda attribua des yeux verts à la Vierge
Marie, Il paraît donc que dans l'Europe
continentale, en général, du sud au nord, il y a
une uniformité d'opinion assez grande sur le type
pigmentaire de la beauté féminine.
- La variation qui existe semble impliquer un
plus grand degré de couleur foncée pour la
beauté méridionale, en harmonie avec le
caractère plus foncé des races du Midi. Mais les
variations évoluent dans des limites étroites ;
le type extrêmement foncé est presque toujours
exclu, et il semble que la même chose serait vraie pour le
type de couleur extrêmement claire, car en
général les yeux bleus n'ont pas
été considérés comme
appartenant au type admiré.
- Si nous passons maintenant en Angleterre,
nous n'avons pas besoin de modifier beaucoup cette conclusion. La
beauté y est toujours blonde. En effet,
le mot anglais fair signifie "clair" et "blond" en
même temps que "beau".
- Il ressort d'un passage de Burton
qu'au XVIIIe siècle on
considérait généralement comme
essentiel qu'une beauté fût blonde.
- « La chevelure dorée a
été de tout temps très en faveur
», dit Burton, et il en cite nombre d'exemples dans la
littérature classique et plus moderne
(66). Que tel fut toujours le cas est suffisamment
prouvé par le fait que, sur la scène anglaise, le
ballet et le choeur portent des perruques jaunes et
l'héroïne de la scène est blonde, tandis
que la femme méchante du mélodrame est une brune.
- Cette admiration des cheveux blonds comme marque de
beauté domine sans doute en Angleterre. Mais je ne crois pas
qu'on puisse dire - comme on peut le dire probablement de la France,
pays voisin et très apparenté - que les femmes
les plus belles appartiennent au groupe le plus blond de la
communauté.
- Dans presque toutes les parties de l'Europe, le
type plébéien grossier et non beau a tendance
à être très foncé : en
Angleterre, ce type a tendance à être blond.
Pourtant l'Angleterre est en général un peu plus
blonde que la plupart des pays européens.
- On peut donc dire qu'une très belle
femme en France ou en Espagne peut appartenir à la section
la plus blonde de la communauté, mais une très
belle femme en Angleterre, tout en étant blonde au
même degré que sa soeur continentale,
n'appartiendra pas à la section blonde extrême de
la communauté anglaise.
- De cette manière, il arrive qu'au
nord de la France, des yeux gris, un teint très blanc sans
tache, des cheveux bruns, des traits finement dessinés et
une expression du visage très mobile se combinent pour
constituer un type plus beau que tous ceux que nous rencontrons en
France, et qui appartient à la section la plus blonde de la
population française.
- Mais de l'autre côté de la
Manche on ne peut espérer trouver un type aussi beau et
aussi délicat dans la section la plus blonde de la
communauté, sauf si on le cherche dans un district "celtique".
La femme belle en Angleterre peut être blonde, mais point
très blonde, et d'un point de vue anglais il est
même possible qu'elle semble parfois un peu brune (67).
- Lorsque j'ai
déterminé ce que j'ai appelé l'indice
de pigmentation - ou le degré de couleur foncée
des yeux et des cheveux - de plusieurs groupes de la National
Portrait Gallery à Londres,
j'ai vu que les "beautés fameuses" (abstraction faite de mon
critérium personnel de beauté) étaient
un peu plus proches de la couleur foncée que de la couleur
claire (68).
- Si nous examinons des exemples pris au hasard
de beautés anglaises célèbres, elles
ne sont pas de couleur extrêmement claire.
- Au début du XVIIe
siècle, lady Venetia Stanley, plus tard
la femme de Sir Kenelm Digby, avait un teint quelque peu
foncé, avec des cheveux et des sourcils bruns.
- Un peu plus tard, au même
siècle, Mme Overall, qui
était originaire du Lancashire et devint la femme du doyen
de la cathédrale de Saint-Paul, était,
d'après Aubrey, « la plus
grande beauté de son temps en Angleterre », bien
qu'elle fût un peu capricieuse. Elle avait « les
yeux les plus charmants qu'on ait jamais vus » et, si nous
pouvons nous fier à une ballade par Aubrey, elle avait un
teint foncé et des cheveux noirs.
- Les Gunnings, les
célèbres beautés du XVIIIe
siècle, n'avaient pas une couleur trop claire, et lady
Hamilton, le type le plus caractéristique d'une
beauté anglaise, avait des yeux bleus tachetés de
brun et des cheveux châtains.
- La coloration n'est qu'un seul des
éléments de la beauté bien qu'elle
soit un élément important. Si les autres facteurs
sont présents, la femme la plus blonde est la plus belle.
Mais il est un fait acquis que, chez les races de l'Angleterre, les
autres facteurs de beauté font souvent défaut, et
que la femme la plus blonde n'est pas la plus belle, malgré
la conviction qui s'est greffée sur la langue en donnant au
mot "fair" le sens de "blond", et en même temps celui de
"beau". Pourtant l'influence des couleurs brillantes est magique
à tel point qu'elle suffit pour conserver dans l'opinion
populaire une foi inébranlable dans l'évangile
européen commun de la beauté des blondes.
- Nous avons vu
que la conception de la beauté, et plus
spécialement la beauté des femmes telle qu'elle
se présente à l'homme, repose au moins sur trois
éléments fondamentaux.
- Il y a d'abord la beauté
générale de l'espèce telle
qu'elle tend à culminer chez les peuples blancs d'origine
européenne.
- Il y a ensuite la beauté due au
plein développement et même à
l'exagération des caractères sexuels et plus
spécialement des caractères sexuels secondaires.
- Il y a enfin la beauté due
à l'incarnation complète du type racial ou
national particulier (69).
- Pour
compléter l'analyse, il faut ajouter au moins un autre
facteur : l'influence du goût individuel.
- Tout individu, en tout cas dans la phase
civilisée, édifie un idéal
féminin personnel, dans certaines limites
étroites. Il édifie cet
idéal en partie sur la base de sa propre organisation
spéciale et des exigences de cette organisation ; il
l'édifie en partie sur les attractions
éventuelles qu'il a réellement
éprouvées. Il n'est pas nécessaire de
chercher des preuves de l'existence de ce facteur, dont il faut
toujours tenir compte dans chaque étude de la
sélection sexuelle chez l'homme civilisé. Mais
les variations en sont nombreuses et, chez des amants
passionnés, il peut même conduire à
l'idéalisme des traits qui sont, en
réalité, le contraire de la beauté. On
peut adapter à maints hommes ce que d'Annunzio dit
du héros de son Trionfo della Morte par
rapport à la femme qu'il a aimée.
- « Il se sentait lié
à elle par les qualités réelles de son
corps, et non seulement par celles qui étaient les plus
belles, mais spécialement par celles qui étaient
les moins belles. » (C'est le romancier qui a mis ces mots en
italiques.) Ainsi l'attention du héros était
fixée sur les défauts de la femme et il
accentuait ces défauts, éveillant ainsi en son
for intérieur un état de désir
impétueux. Mais sans même invoquer des
défauts, il y a une infinité de variations
personnelles, qui toutes entrent dans les limites de la
beauté ou du charme possibles.
- « Il n'y a pas deux femmes, remarque Stratz,
qui remettent en place une mèche de cheveux rebelle avec
exactement le même geste, il n'y en a pas deux qui, en
saluant, se tiennent exactement de la même
manière, il n'y en a pas deux qui relèvent leur
jupe en marchant avec des mouvements absolument identiques (70). »
- Parmi la multitude des différences infimes,
et qui pourtant sont visibles et appréciables, le spectateur
est attiré ou repoussé diversement, suivant
sa propre idiosyncrasie individuelle conformément
à la manière dont s'effectuent les
opérations de la sélection sexuelle.
- Un autre facteur dans la
constitution de l'idéal de beauté, mais qui se
rencontre peut-être exclusivement sous des conditions
civilisées, est le goût pour
l'extraordinaire, l'étrange, l'exotique. On dit
assez souvent que dans la beauté on admire la
rareté. Cela n'est pas tout à fait vrai, sauf
pour autant qu'il s'agit de combinaisons et de caractères
qui ne diffèrent du type généralement
admiré qu'à un degré très
faible. Comme le dit Publilius Syrus : Jucundum
nihil est quart non reficit varietas.
- Cette tendance, qu'on rencontre assez souvent chez
les hommes de génie artistique, est accrue par l'agitation
nerveuse et la sensibilité accentuée de la
civilisation. On peut citer l'admiration profonde de Baudelaire pour le
type de beauté mulâtre
(71).
- Dans chaque grand centre de civilisation,
l'idéal national de beauté présente
une tendance à se modifier quelque peu dans des directions
exotiques. On préfère des idéals
étrangers, aussi bien que des modes
étrangères à ceux et celles du pays.
Un fait bien illustratif de cette tendance s'est produit il y a
quelques années à Paris.
- Un journal exposa, dans sa salle des
dépêches, les portraits de cent trente et une
actrices, etc., et demanda l'opinion du public pour décider
laquelle était la plus belle. Aucune des trois
femmes qui obtinrent le plus grand nombre de votes n'était
française. Cléo de Mérode,
qui est d'origine belge, vint première
avec plus de trois mille voix, suivie d'une
Américaine de San Francisco, Sybil
Sanderson et d'une Polonaise.
.../...
- Les notes de bas de page de l'auteur et de
l'éditeur.
N.D.A. = Note de l'Auteur
; datent de la première édition en 1935.
N.D.É.
=
Note de l'Éditeur ; datent de 1964.
- - 1. Reproduction chez Mau, Pompei,
p. 174.
- - 2. Darwin, La Descendance de l'homme, chap. XIX.
- -
3. N. D. A. :
Ploss et Bartels, Das
Weib, t. l, sect.
VI, étudient longuement le tablier hottentot.
- - 4. W.-F. Daniell, Topography of the Gulf of Guinea, 1849, pp. 24, 53.
- - 5. Zeitschrift für Ethnologie, 1894, fasc. 4, p. 363.
- -
6. N. D.
É. : Sur
la fonction du clitoris dans la maturation
sexuelle de la femme et la signification des rituels d'excision, cf.
Freud : Trois
contributions à la théorie de la
sexualité ,
t I, Totem et tabou.
- «
Il faut bien
voir que les termes "masculin" et "féminin", dont la
signification ordinaire semble si peu équivoque, sont en
fait les plus complexes de la science. On peut en fragmenter le sens
dans au moins trois directions différentes :
activité-passivité, signification biologique,
signification sociologique. La première est la plus
essentielle et la seule utilisable en psychanalyse. Elle est en accord
avec la désignation masculine de la libido, car la libido
est toujours active, même quand son but est passif. La
seconde, signification biologique, est celle qui permet la
détermination la plus claire. Ici, masculin et
féminin sont caractérisés par la
présence du sperme ou de l'ovule et des fonctions qui en
émanent... La troisième, signification
sociologique, reçoit son contenu de l'observation des
individus, mâles et femelles, existant en fait.
- Le résultat de
tout cela chez l'homme est qu'il n'y a pas de masculinité ou
de féminité pures, ni au sens biologique ni au
sens psychologique. Au contraire, tout individu présente un
mélange de caractères biologiques des deux sexes,
d'activité et de passivité : il en est ainsi pour
les traits psychologiques biologiquement
déterminés ou sociologiquement
déterminés », (Freud, Trois Contributions à la
théorie de la sexualité)
- L'excision clitoridienne a
pour but de rendre la femme plus féminine que la nature ne
l'a faite.
- - 7. J. S. King, Journal of the Anthropological Society, Bombay, 1890, p. 2.
- - 8. Journal Anthr. Inst., août-novembre, 1898, p. l17.
- - 9. Journal Anthr. Inst., août-novembre, 1899, p. 59.
- - 10. Comparez la
description de l'opération, chez J.-G. Garson, Medical Press, 21 février 1894.
- - 11. Intercolonial Quarterly Journal of Medicine and
surgery, 1894.
- - 12. Cité par
Schultz, Das
höfische Leben,
p. 297.
- - 13. N. D. A.
: Un indigène de Lukunor dit à l'explorateur
Merlens : «Cela a le même but que vos
vêtements, c'est-à-dire de plaire aux
femmes».
- - 14. N. D. A.
: « Les plus grandes provocations au désir
proviennent de nos parures », dit Burton, Anatomy of Melancholy, part. 3, sect. II, et il explique cette
proposition d'une manière éminemment savante. -
De son côté, Stanley Hall, American Journal of Psychlogy, t. IX, part. 3, pp. 365 sq., donne quelques
observations intéressantes sur les différentes
influences psychiques des vêtements. - Comparez : Bloch, Beiträge, etc., t. Il, pp. 330 sq.
- - 15. N. D. A.
: Westermarck, History
of human marriage,
chap. IX, surtout p. 201. Nous avons en Europe un exemple frappant et
relativement moderne d'une pièce de vêtement qui
sert à attirer l'attention sur la sphère sexuelle
dans la braguette (« codpiece » en anglais), que
nous connaissons par les tableaux des XVe et XVIe siècles et
de nombreuses allusions chez Rabelais et chez les auteurs du temps
d'Elizabeth. Au début, c'était une
boîte métallique, destinée à
protéger les organes sexuels dans la guerre : plus tard,
cette boîte devint un sac en cuir, porté par les
classes inférieures seulement ; enfin, cet ornement se
transforma en un article élégant de parure
distinguée, souvent fabriqué en soie,
orné de rubans, et même d'or et de bijoux. Cf.
Bloch, Beiträge, etc.,t. I, p. 159.
- - 16. N. D. A.
: Un correspondant de Ceylan me fait savoir que, sur les statues
hindoues de Bouddha, de Vichnou, de déesses, etc., le
collier couvre toujours les mamelons. Un ornement sexuellement
attractif devient ainsi en même temps le gardien des orifices
du corps. - Crawley, The
Mystic Rose, p.
135, considère les mutilations comme étant de la
même nature que les amulettes ou les charmes permanents
- - 17. N. D. É. : Frazer, comme Ellis, est longuement
cité par Freud dans Totem
et Tabou.
- - 18. R. Andree, Amerikanische Phallus- Darstellungen, Zeitschrift
für. Ethnologie,
1895, fasc. 6, p. 678.
- - 19. Lejeune, La Représentation sexuelle en religion,
art et pédagogie,
Bulletin de la Société d'Anthropologie, 3 octobre
1901.
- - 20. N. D. A.
: Mantegazza, tout en étant un admirateur ardent de la
beauté féminine, décide, en traitant
cette question, que la forme féminine n'est pas en
général plus belle que celle de l'homme. Fisiologia della Donna, appendice au chap. IV.
- - 21. N. D. É. Le fantasme si commun du vagin denté,
dangereux, dévorant, castrateur, peut (en partie au moins)
expliquer un tel plaisir éprouvé à la
contemplation du vagin accueillant (cf. Gessain, La Psychanalyse, 3, pp. 247-295, Paris, P.U.F., 1957.
- - 22. Vie des Dames galantes, discours II.
- - 23. Rémy de
Gourmont, Physique
de l'Amour, pp.
69-70.
- - 24. N. D. A. : Stratz, Die Schönheit des weiblichen
Körpers,
14e éd., 1903, p. 200. Ces affirmations coïncident
sur la plupart des points avec ma propre exposition des
caractères sexuels secondaires : Man and Woman, 4e éd., revue et
augmentée, 1904.
- - 25. Voir pour
l'anthropologie du pelvis féminin : Ploss et Bartels, Das Weib,
1. 1, sect. VI.
- - 26. Ploss et Bartels Das Weib
; - Deniker, Revue
d'Anthropologie, 15
janvier 1889, et Races
of Man, p. 93.
- - 27. Darwin.
- - 28. G. F. Watts, On taste in dress, Nineteenth Century, 1883.
- - 29. N. D. A.
: Depuis le Moyen Âge il y a eu une tendance à
traiter la région glutéale avec
dédain. Cette tendance est bien marquée dans le
langage et dans les coutumes des classes inférieures de
l'Europe contemporaine, mais on n'en découvre pas facilement
des traces dans l'antiquité classique. Dühren, Das Geschlechtsleben in England, t. II, pp. 359 et suiv., cite des
esthéticiens et d'autres auteurs qui s'occupent de la
beauté de cette partie du corps.
- - 30. Sonnini, Voyage,
etc., t. I, p. 308.
- - 31. Ploss et Bartels, Das Weib,
t. I, sect. III; - Mantegazza, Fisiologia
della Donna, chap.
II.
- - 32. Stratz, Die Schönheit des weiblichen
Körpers,
14° éd. p. 275.
- - 33. Citée par
Bloch, Beiträge, etc., t. I, p. 154.
- - 34. N. D. A : Bloch, Beiträge, etc., t. J, p. 156, réunit plusieurs
documents intéressants sur le vertugadin et la crinoline. Il
affirme que ces objets ont été sans doute
inventés par des prostituées, comme la plupart
des autres modes féminines.
- - 35. N. D. A.
: Les variations raciales dans la forme et la nature des seins sont
grandes, et il y a même des variations
considérables chez les Européennes.
Même pour l'Europe, l'état de notre connaissance
est encore très vague et incomplet. Ploss et Bartels ont
réuni les faits connus, Das Weib,
t. I, sect. VIII. - Stratz, Die
Schönheit des weiblichen Körpers, chap. x, étudie aussi ce sujet.
- - 36. N. D. A. : Cambridge Anthr. Exp. to Torres Straits, t. V, p. 28. 37. On trouve chez Ploss et Bartels
la description et des dessins de ces procédés.
- - 38. N. D. A. : Voir un passage typique dans un des premiers
chapitres de Marcelle Tinayre,
La Maison du péché.
- - 39. N. D. É. : Le sein en tant que premier objet d'amour,
objet exclusif pendant les premiers mois de la vie, est un
thème central des travaux de la psychanalyste
Mélanie Klein et de son école, très
développée en Angleterre. Cf. un de ses
principaux ouvrages traduit en français, La Psychanalyse des enfants, Paris, P.U. F., 1959.
- Cette relation avec le sein,
perçu comme bon ou mauvais suivant les réactions
de satisfaction ou de frustration et d'agressivité qu'il a
déclenchées, peut être
considérée comme le modèle et le
prototype de nombreuses relations ultérieures.
- - 40. E. Darwin. Zoönomia,1800. I, p, 174.
- - 41. N. D. É. : Ainsi, plus d'un siècle avant Freud,
Érasme Darwin décrivit admirablement le
symbolisme sexuel présent dans l'amour de la nature,
mère de tout homme.
- - 42. Léoty, Le Corset à travers les âges, 1893.
- - 43. N. D. A.
: Stratz, Frauenkleidung, pp. 366 sq., et Schönheit des weiblichen Körpers, s'occupe aussi du corset et fait ressortir les
résultats de la compression sur le corps. Pour un
résumé des témoignages sur la
différence de respiration chez l'homme et chez la femme, et
pour les causes et les résultats de cette
différence, voir Ellis, Man and Woman, 4e éd., 1904, pp. 228-244. Sur
l'influence probable du corset et des vêtements
serrés en général pendant la jeunesse
pour empêcher le développement des glandes
mammaires, ce qui cause l'empêchement d'allaiter les enfants
et fait augmenter la mortalité infantile, voir une
étude du professeur Bollinger, dans Korrespondenzblatt Deutsch. Anthr. Ges., octobre 1899.
- - 44. British medical Journal,15 et 22 septembre 1900.
- - 45. N. D. A. :
Schopenhauer, Parerga
und Paralipomena,
t. I, p. 189, et t. Il, p. 482. - Moll, Beiträge, etc., t. I,
pp. 384 sq., a aussi examiné ce point.
- - 46. Hérodote, Euterpe,
chap. XXXVI.
- - 47. Il Samuel,
chap. X.
- - 48. Ordericus Vitalis,
liv. VIII, chap. X.
- - 49. I. Corinthiens, chap II, vers. 7 et 14.
- - 50. N. D. A.
: En parlant de certaines tribus sud-américaines, il
remarque qu'elles ont autant d'antipathie contre la barbe que les
peuples d'Orient l'ont en vénération. «
Cette antipathie est dérivée de la même
source que la prédilection pour les fronts plats, qu'on voit
d'une manière si singulière aux statues des
héros et des divinités des Aztéques.
Les nations attachent l'idée de beauté
à toute chose qui caractérise
particulièrement leur propre conformation physique, leur
physionomie naturelle. » Humboldt, Travels,
trad. anglaise, 1814, 1. III, p. 236. - Voir aussi Westermarck, History of human marriage, p. 261 ; - Ripley, Races of Europe, pp. 49, 202, attache une grande importance
à la sélection sexuelle fondée sur une
telle tendance.
- - 51. N. D. A. : «
Les différences de race sont irréductibles, et
entre deux êtres qui s'aiment, elles ne peuvent manquer de
produire des réactions exceptionnelles et instructives. Dans
la première ébullition superficielle d'amour,
rien d'extraordinaire ne s'est peut-être
manifesté, mais dans un délai assez court, les
deux amants, qui sont hostiles par nature, en s'efforçant de
s'approcher l'un de l'autre, se heurtent à une
barrière invisible qui les sépare. Leurs
sensibilités sont divergentes ; toute chose dans chacun
d'eux choque l'autre ; même leur conformation anatomique,
même la langue de leurs gestes ; tout est
étranger. » Abel Hermant, Confession d'un enfant d'hier, p. 209.
- - 52. Journ. of the Anthr. Inst., janvier- juin 1902, p. 72.
- - 53. Sonnini, Voyage,
etc., t. I, p. 290.
- - 54. Batchelor, The Aino and their Folklore, p. 162.
- - 55. Stratz, Die Frauenkleidung, 1904, p, 101.
- - 56. Straiz, Die Schönheit des weiblichen
Körpers,
14e éd., chap. XII.
- - 57. Voir : Sergi, The Mediterranean Race, pp. 59-75.
- - 58. N. D. A. :
Sergi, op. cit. chap. I, analyse les épithètes de
couleurs chez Homère et en conclut qu'il y est rarement
question de couleurs claires. Cette tentative ne paraît pas
réussie. La plupart de ces épithètes
sont vagues et impliquent toute une série de couleurs
possibles.
- - 59. N. D. A. :
L'étude de Lediat sur les nombreuses statues
coloriées d'une manière réaliste et
qu'on a découvertes en Grèce démontre
qu'avec très peu d'exceptions les cheveux sont blonds.
L'étude de Lechat est résumée dans le Zentralblatt für Anthropologie, 1904, fasc. I, p. 22.
- - 60. N. D. A.
: Renier, Il Tipo
estetico, pp. 127
sq. - Dans un autre livre,
Les Femmes blondes selon les peintres de l'École de Venise, par deux Vénitiens (un de ces
"Vénitiens" était Armand Baschet), sont
réunis beaucoup de documents sur la
préférence pour les blondes dans la
littérature, avec un grand nombre de recettes autrefois en
usage pour rendre les cheveux blonds.
- - 61. Luigini, Libro della bella Donna.
- - 62. Houday, La Beauté des femmes dans la
littérature et dans l'art du XIIe au XVIe siècle, 1876, pp. 32 sq.
- - 63. Houday, op. cit. pp.
41 sq.
- - 64. Houday, op. cit. p. 83.
- - 65. Brantôme, Vie des Dames galantes, Discours 2.
- - 66. Burton, Anatomy of Melancholy, part. III, sect. Il.
- - 67. N. D. A.
: Il est significatif que Burton (op. cit.), qui loue la chevelure
dorée, dit aussi que les yeux bruns sont les plus
agréables.
- - 68. N. D. A. :
Relative
abilities of the fair and the dark, Monthly Review, août 1901. - Comparez
: Havelock Ellis, A
Study of British Genius,
p. 215.
- - 69. N. D. É. : La signification phallique de la
beauté féminine a été
à diverses reprises soulignée dans des
études publiées par le Journal International de
la Psychanalyse.
- - 70. Stratz, Die Schönheit des weiblichen
Körpers,
p. 217.
- - 71. N. D. A. :
Bloch, Beiträge, etc., t. Il, pp. 26 sq., réunit
quelques faits relatifs à l'admiration qu'on
éprouve pour les négresses à Paris et
ailleurs.
- Éditique : Dr Lucien Mias - juin 2009
La vision, chapitre I
- La
vision, chapitre
II - La
vision, chapitre
III - La
vision, chapitre
IV - La vision, chapitres
V
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