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 Havelock Ellis - Études de psychologie sexuelle

Éd. Mercure de France 1964 (1°éd. 1935) - Huit volumes

H. Ellis, médecin anglais, né en 1859 et décédé à 80 ans en 1939, a accumulé les observations sur les coutumes et les moeurs, études biologiques, psychologiques, culturelles. Il s'est attaché aux aspects conscients de la sexualité alors que Freud - qu'il a connu - débusquait l'inconscient après Charcot.

Beaucoup de faits relevés ont disparu de nos jours mais expliquent certaines idées culturelles et le comportement des personnes âgées nées avant 1935.

LA VISION

La vision, chapitre I - La vision, chapitre II - La vision, chapitre III - La vision, chapitre IV - La vision, chapitres V

Tome II - Chapitre I  20 pages

Les notes de bas de page ont été placées en fin de texte. 

NDA = note de l'auteur en 1935 ; NDÉ : note de l'éditeur en 1964

La primauté de la vision chez l'homme. - La beauté comme attrait sexuel. - L'élément objectif de la beauté. - L'idéal de la beauté féminine dans plusieurs parties du monde. - Les femmes sauvages sont parfois belles d'un point de vue européen. - Les sauvages admirent souvent la beauté européenne. - Le sentiment de la beauté est, à un certain degré, commun à l'homme et aux animaux.

• La vision est le canal principal par lequel l'homme reçoit ses impressions.
  • Peu à peu, la vision a dans une certaine mesure pris la place de tous les autres sens. Son terrain est pour ainsi dire illimité ; elle nous montre des mondes distants, elle nous permet de comprendre les menus détails de notre propre structure. La vision est appropriée à l'usage le plus abstrait ou le plus intime, et son champ intermédiaire est d'un usage universel. Elle fournit la base sur laquelle nombre d'arts se présentent à nous, et tandis qu'elle est ainsi le plus esthétique des sens, elle est en même temps le sens dans lequel nous avons la plus grande confiance en exerçant la fonction animale de la nutrition. 
  • Pour cette raison, il n'est pas étonnant que, du point de vue de la sélection sexuelle, la vision soit le sens suprême, et que les pensées amoureuses des hommes aient été de tout temps une méditation perpétuelle de la beauté(1).
• Ce n'est pas ici le lieu de faire un examen comparatif des origines de nos idées de beauté.
  • C'est une question qui appartient à l'esthétique et non à la psychologie sexuelle (2), et c'est une question sur laquelle les esthéticiens ne sont pas tout à fait d'accord. Nous n'avons même pas besoin de nous préoccuper de savoir si l'idéal de beauté sexuelle s'est développé sous l'influence de lois plus générales et plus fondamentales, ou bien si nos conceptions plus générales de beauté sont basées sur l'idéal sexuel. Pour autant qu'il s'agisse de l'homme et de ses ancêtres immédiats, les facteurs sexuels et extra-sexuels de la beauté ont été en effet entremêlés dès le début.
    • L'objet sexuellement beau doit avoir exercé une influence sur les aptitudes fondamentales et physiologiques de réaction. L'objet généralement beau doit avoir participé du tressaillement causé par l'objet sexuellement beau. Il y a eu une action et une réaction inévitables sur toute la ligne. De même que nous avons trouvé les influences sexuelles et non sexuelles des odeurs agréables mélangées dans toute la nature d'une manière inextricable, de même elles le sont avec les motifs qui rendent beau à nos yeux un objet (3).
• L'élément sexuel dans la constitution de la beauté est bien reconnu même par les auteurs qui s'occupent seulement de la conception esthétique de la beauté ou de son rapport avec la civilisation.
  • Le côté sentimental tout entier de notre sensibilité esthétique, sans lequel elle serait plutôt perceptive et mathématique qu'esthétique, est dû à notre organisation sexuelle, qui est excitée à distance...
    • Quelqu'un qui voudrait représenter un être avec une grande sensibilité à la beauté ne pourrait inventer un instrument plus approprié à ce but que le sexe.
      • Les individus, qui n'ont pas besoin de s'unir pour la naissance et l'éducation de chaque génération, pourraient conserver une indépendance sauvage.
        • Il ne leur serait pas nécessaire qu'aucune vision ne les vînt fasciner, ou qu'aucune langueur ne vînt adoucir la cruauté curieuse de l'oeil.
      • Mais le sexe donne à l'individu un instinct muet et puissant, qui continuellement rapproche son corps et son âme l'un de l'autre, et qui fait que c'est l'un des plaisirs les plus forts de sa vie que de choisir et d'obtenir une compagne ou un compagnon. Cet instinct ajoute le plaisir le plus vif à la possession, la rage la plus furieuse à la rivalité, et à la solitude une mélancolie éternelle. Que faudrait-il de plus pour baigner le monde dans la signification et la beauté les plus profondes? L'attention est fixée sur un objet bien défini, et tous les effets produits dans l'esprit sont facilement considérés comme des pouvoirs ou des qualités de cet objet...
  • Jusqu'à un certain degré, cette sorte d'intérêt trouvera son centre dans l'objet même de la passion sexuelle, et dans les caractères spéciaux du sexe opposé. Nous trouvons ainsi que la femme est l'objet le plus adorable pour l'homme, et que l'homme est l'objet le plus intéressant pour la femme, si la pudeur féminine veut l'avouer.
    • Mais les effets d'une telle réaction fondamentale et primitive sont beaucoup plus généraux. Le sexe n'est pas l'objet unique de la passion sexuelle.
• Lorsque l'objet spécifique de l'amour lui fait défaut, lorsque l'amour ne se comprend pas encore soi-même, ou lorsqu'il a été sacrifié à un autre intérêt quelconque, nous voyons le feu réprimé éclater dans toutes les directions...
  • Alors 1a passion déborde et elle inonde visiblement les régions voisines que jusque-là elle avait toujours irriguées en secret. Car cette même organisation nerveuse, que le sexe implique, avec ses branches et ses associations dans le cerveau qui sont nécessairement étendues, doit être partiellement stimulée par d'autres objets que son objet propre et ultime.
    • Cela est surtout vrai chez l'homme, qui, différent de certains animaux inférieurs, n'a pas des instincts clairement distincts et intermittents, mais toujours partiellement actifs, et jamais actifs lorsque isolés. Nous pouvons dire, par conséquent, que pour l'homme la nature entière constitue un objet secondaire de passion sexuelle, et que la beauté de la nature est en grande partie due à ce fait (4).
      • Non seulement le fait général de l'attraction sexuelle est un élément essentiel de la contemplation esthétique, mais nous devons aussi reconnaître que l'émotion sexuelle spécifique entre à son tour dans le champ esthétique.
    • Groos a démontré qu'il est tout à fait erroné de dénier à l'émotion sexuelle une valeur esthétique. Au contraire, elle a tout autant de valeur esthétique que les émotions de la terreur ou de la pitié. Mais une telle émotion doit être proprement subordonnée à l'effet esthétique total (5).
• « L'idée de beauté, dit Rémy de Gourmont, n'est pas une idée pure ; elle est intimement unie à l'idée de plaisir charnel. Stendhal a obscurément perçu ce raisonnement quand il a défini la beauté "une promesse de bonheur". La beauté est une femme, et pour les femmes elles-mêmes, qui ont poussé la docilité envers l'homme jusqu'à adopter cet aphorisme, qu'elles ne peuvent comprendre que dans l'extrême perversion sensuelle...

  • « La beauté est sexuelle à tel point que les seules oeuvres d'art incontestées sont celles qui montrent simplement le corps humain dans sa nudité. Par sa persévérance à rester purement sexuel, l'art statuaire grec s'est placé pour toujours au-dessus de toute critique. Il est beau parce qu'il représente un beau corps humain, un corps avec lequel tout homme ou toute femme désirerait s'unir pour la perpétuation de la race...

  • Ce qui incline à l'amour semble beau ; ce qui semble beau incline à l'amour. Cette union intime de l'art et de l'amour est en effet la seule explication de l'art. Sans cet écho génital, l'art ne serait jamais né et ne se serait jamais perpétué. Il n'y a rien d'inutile dans ces profondeurs humaines ; tout ce qui a subsisté est nécessaire.
    • L'art est complice de l'amour. Lorsque l'amour est écarté, il n'y a pas d'art ; lorsque l'art est écarté, l'amour n'est rien qu'un besoin physiologique (6). »
    • La beauté, telle qu'elle est incarnée dans le corps féminin, est devenue à un certain degré le symbole de l'amour pour les femmes mêmes.
      • Colin Scott trouve qu'il est commun, parmi des femmes non inverties, que la beauté féminine, soit sur la scène, soit dans l'art, éveille l'émotion sexuelle plus fortement que la beauté masculine.
• Scott considère que la beauté féminine est devenue le type de la beauté idéale et que, de cette manière, elle a tendance à produire un effet émotionnel sur les deux sexes également.
  • Il est certainement rare de rencontrer chez les femmes une admiration esthétique des hommes, sauf chez des femmes qui ont eu une certaine éducation artistique. Il paraît qu'en cette matière la femme adopte passivement l'idéal de l'homme.
  • « Les objets qui excitent le désir d'un homme sont souvent, sinon généralement, les mêmes que ceux qui affectent la femme. Le corps féminin a un effet sexuel stimulant sur les deux sexes. Les statues de formes féminines sont plus capables que les statues de formes masculines d'avoir un effet stimulant sur les femmes autant que sur les hommes. Les témoignages de nombreuses expressions littéraires semblent démontrer que, sous l'influence de l'excitation sexuelle, une femme considère son corps comme destiné au plaisir de l'homme et que c'est cette émotion complexe qui forme la phase initiale, au moins, de son propre plaisir. Le corps de la femme est le symbole de la joie et de la satisfaction mutuelles de la femme et de son compagnon. Pour la femme, son propre corps est ce symbole indirectement, à cause de l'admiration que ce corps inspire à son amant (7). »
• Mais il ne faut pas perdre de vue que la beauté et la conception de la beauté se sont développées sur une base plus large que la seule impulsion sexuelle, et aussi que nos conceptions du beau, même pour ce qui concerne la forme humaine, sont, à un certain degré, objectives, et peuvent par suite être en partie réduites à des lois.
  • Stratz a insisté, dans ses livres sur la beauté féminine(8), sur l'élément objectif de la beauté.
  • Papillault, en examinant les lois de la croissance et la beauté du visage, affirme que la beauté des lignes du visage est objective, et non une création de l'imagination, parce qu'elle est associée avec les fonctions supérieures morales et sociales des hommes.
    • Il fait remarquer le contraste entre l'homme préhistorique de Chancelade, délicatement fait, au visage élégant et au front haut : - cet homme qui créa la grande civilisation de La Madeleine - et son prédécesseur apparemment beaucoup plus fort, mais moins beau, l'homme de Spy, aux muscles énormes et aux fortes mâchoires(9),
• Le caractère largement objectif de la beauté est encore démontré par le fait que la beauté est dans une mesure considérable une expression de santé.
  • Un corps bien et harmonieusement développé, des muscles tendus, une peau élastique et d'un ton fin, des yeux brillants, la grâce et la vivacité de la marche, tous ces caractères essentiels de la beauté sont des conditions de santé.
    • On n'a pas démontré qu'il existe une corrélation entre la beauté et la longévité, et la preuve ne serait pas facile à donner. Mais il est bien probable qu'une telle corrélation existe, et plusieurs indications appuient cette supposition.
      • Un des plus délicieux tableaux d'Opie est le portrait de Pleasance Reeve (plus tard Lady Smith), à l'âge de dix-sept ans. Cette brune singulièrement belle et vive a atteint l'âge de cent-quatre ans. La plupart des gens connaissent probablement des cas, moins marqués peut-être, d'une tendance analogue.
  • L'extrême importance sexuelle de la beauté, pour autant, en tout cas, qu'il s'agit d'expérience consciente, est bien illustrée par le fait que trois autres sens jouent souvent un rôle important pour constituer l'attrait sexuel d'une personne, l'élément tactile étant fondamental, mais que, néanmoins, dans presque toutes les descriptions détaillées d'individus attrayants, ce sont les éléments visuels qui sont le plus souvent accentués.
    • Chez les sauvages les plus inférieurs tout comme dans la civilisation la plus élevée, le poète et le conteur qui veulent décrire une femme idéalement belle et désirable insistent surtout, et souvent exclusivement, sur les caractères qui font impression sur l'oeil.
      • Le mot très surchargé de "beauté" est une synthèse d'impressions complexes, obtenues par un sens unique ; et les impressions reçues par les autres sens sont si simples et relativement si vagues qu'aucun d'eux ne peut nous fournir un mot correspondant.
• Avant d'essayer une analyse de la conception de beauté considérée comme un appel sexuel à l'esprit humain, il n'est pas inutile de réunir quelques descriptions suffisamment typiques d'une femme belle, telle que se la représentent les hommes chez divers peuples.
  • Dans un conte populaire australien, recueilli il y a environ soixante ans des lèvres d'un indigène (mais évidemment non rapporté dans les termes exacts de cet indigène), nous rencontrons la description d'une "beauté" australienne :
    • « Un homme prit pour sa femme une jeune fille très belle avec une chevelure longue et brillante qui pendait autour de son visage et sur ses épaules, qui étaient grosses et rondes. Sa figure était ornée d'argile rouge, et sa taille était enveloppée dans une grande peau d'opossum, fixée par une épingle formée d'un petit os de pied de kangourou, et encore par une ficelle attachée à un sac fait de jonc adroitement tressé et dont l'intérieur avait été écorché après avoir été exposé à la chaleur d'un feu. Ce sac était suspendu sur son dos ; la ficelle passait sous un bras et à travers la poitrine; elle tenait la douce fourrure dans une position fantaisiste d'une élégance admirable. Elle savait bien comment montrer sa figure de reine à son plus grand avantage, lorsqu'elle marchait avec son bâton de jonc poli dans une de ses petites mains, et ses pieds mignons apparaissant sous le bord de la fourrure(10). »
  • Dans une description malaise de la beauté féminine, nous lisons :
    • « Son visage (de l'Hélène malaise, pour laquelle mille batailles désespérées ont eu lieu, dans des romances malaises) est comme la lune vieille d'un jour ; ses sourcils ressemblent à des nuages animés, et sont courbés comme l'éperon (artificiel) du coq batailleur ; sa joue ressemble à une tranche de mango ; son nez est un bouton de jasmin qui s'ouvre ; ses cheveux sont comme les inflorescences ondulantes du palmier-arec; son cou est frêle, avec une triple rangée de fossettes ; son sein est mûrissant ; sa taille est souple comme le pédoncule d'une fleur ; sa tête est parfaitement ovale (littéralement : de la forme d'un oeuf d'oiseau); ses doigts sont comme des brins d'herbe ou comme les piquants du porc-épic; ses yeux ont la splendeur de la planète Vénus; et ses lèvres sont comme la fissure d'une grenade (11) »
  • Dans un conte japonais, une jeune fille de seize ans, d'une beauté incomparable, est décrite ainsi :
    • « Elle n'était ni trop grasse, ni trop maigre ; ni trop grande, ni trop petite. Sa face était ovale, comme une graine de melon, et son teint était beau et blanc. Ses yeux étaient étroits et clairs ; ses dents étaient petites et égales ; son nez était aquilin, et sa bouche était délicatement formée, avec des lèvres admirablement rouges. Ses sourcils étaient longs et fins. Elle avait une grande quantité de cheveux longs et noirs. Elle parlait modestement, avec une voix douce ; et lorsqu'elle souriait, deux jolies fossettes se dessinaient sur ses joues. Dans tous ses mouvements, elle était gentille et délicate (12). »
    • La belle Japonaise d'autrefois, remarque le docteur Nagayo Sensai (13), avait une figure blanche, une gorge et un cou longs et grêles, une poitrine étroite, des cuisses, des mains et des pieds petits.
    • Baelz parle aussi du caractère éthéré de l'idéal japonais de la beauté féminine : elle devait être délicate, pâle, grêle ; presque anormale.
    • Stratz a traité en détail le sujet de la beauté japonaise (14).
  • Les Cingalais sont de grands connaisseurs en beauté et un Kandyen a donné au docteur Dosy l'énumération suivante des traits de beauté d'une femme :
    • « Sa chevelure doit être volumineuse comme la queue d'un paon, longue, tombant jusqu'aux genoux et se terminant en ondulations gracieuses ; ses sourcils doivent ressembler à l'arc-en-ciel, ses yeux au saphir bleu et aux pétales de la fleur bleue de la manille. Son nez doit être comme le bec d'un faucon ; ses lèvres doivent être claires et rouges, comme le corail ou comme les jeunes feuilles de l'arbre de fer. Ses dents doivent être petites, régulières et très rapprochées les unes des autres, et elles doivent ressembler aux boutons du jasmin. Son cou doit être grand et rond, ressemblant au berrigodea. Sa poitrine doit être large ; ses seins fermes et coniques, comme la noix de coco jaune, et sa taille petite, presque assez petite pour être entourée d'une main. Ses hanches doivent être larges, ses membres élancés, les plantes de ses pieds sans aucun creux, et la surface du corps en général douce, délicate, lisse et arrondie, sans que les aspérités des os et des tendons fassent saillie (15). »
  • Les auteurs hindous décrivent la Padmini ou femme de lotus comme le type de la beauté féminine la plus parfaite.
    • « Celle-là qui présente les signes et les symptômes suivants est appelée une Padmini. Sa figure est charmante comme la pleine lune ; son corps, bien couvert de chair, est doux comme le shiras ou la fleur de moutarde ; sa peau est fine, tendre et claire comme le lotus jaune ; jamais sa peau n'est de couleur foncée. Ses yeux sont clairs et beaux comme ceux d'un faon, de bonne forme et avec des coins rougeâtres. Son sein est dur, plein et haut; elle a une belle nuque ; son nez est droit et beau, et elle a trois plis à la hauteur de la région ombilicale. Son yoni (vulve) ressemble à un bouton de lotus qui s'ouvre ; et sa semence d'amour est parfumée comme le lis qui vient d'éclore. Elle se promène avec la marche d'un cygne (ou plus exactement d'un flamant), et sa voix est basse et musicale comme celle du kokila (le coucou de l'Inde). Elle se plaît aux vêtements blancs, aux bijoux et aux costumes luxueux. Elle mange peu, dort légèrement, et parce qu'elle est aussi respectueuse et religieuse qu'elle est intelligente et affable, elle ne manque jamais d'adorer les dieux et elle aime la conversation du Brahmane. Ainsi est la Padmini ou femme de lotus (16). »
  • L'idéal hébraïque de la beauté féminine est décrit en plusieurs endroits du Cantique des Cantiques. Ce poème est assez connu et il suffira d'en citer un seul passage :
    • « Fille de prince, que ta démarche est belle, avec ta chaussure ! Tes hanches sont comme des joyaux travaillés de la main d'un excellent ouvrier.
      « Ton nombril est comme une tasse ronde, toute comble de breuvage ; ton ventre est comme un tas de blé entouré de lis.
      « Tes deux mamelles sont comme les deux faons jumeaux d'une chevrette.
      
      « Ton cou est comme une tour d'ivoire, tes yeux sont comme les viviers qui sont à Heshbon, près de la porte de Bath-rabbim ; ton visage est comme la tour du Liban, qui regarde vers Damas.
      « Ta tête est sur toi comme le Carmel, et les cheveux les plus fins de ta tête sont comme de la pourpre. Le roi est lié par tes tresses.
      « Que tu es belle, e1. que tu es agréable, mon amour et mes délices ! « Ta stature est semblable à un palmier, et tes seins à des grappes de raisin.
      « J'ai dit : Je monterai sur le palmier, et je prendrai ses branches ; et tes seins me seront maintenant comme des grappes de vigne, et l'odeur de ton visage, comme l'odeur des pommes ;
      « Et ton palais comme le bon vin qui coule droit à mon bien-aimé, et qui fait parler les lèvres de ceux qui dorment. »
      Et l'homme est décrit de la manière suivante dans le même poème :
      « Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; il porte l'étendard au milieu de dix mille.
      « Sa tête est un or très fin ; ses cheveux sont crépus, noirs comme le corbeau.
      « Ses yeux sont comme ceux des colombes sous les ruisseaux des eaux courantes, lavés dans du lait, et comme enchâssés dans des chatons d'anneau.
      « Ses joues sont comme un parterre de plantes aromatiques, et comme des vases d'odeurs ; ses lèvres sont comme du muguet, elles distillent la myrrhe fraîche.
      « Ses mains sont comme des anneaux d'or, où il y a des chrysolithes enchâssées ; son ventre est d'ivoire bien poli, couvert de saphirs.
      « Ses jambes sont comme des piliers de marbre, fondés sur des soubassements d'or fin ; son port est comme le Liban, il est exquis comme les cèdres (17).
      « Son palais n'est que douceur, tout ce qui est en lui est très désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem (l8). »
  • « La vierge dont la beauté inspire les expressions les plus passionnées à la poésie arabe est celle qui est célèbre pour sa taille élancée », dit Lane (19).
    • « Elle est comme le roseau parmi les plantes, et elle est élégante comme une branche de saule oriental. Son visage est comme la pleine lune, et présente le plus fort contraste avec la couleur des cheveux, qui sont du noir le plus profond, et tombent jusqu'au milieu du dos (les femmes arabes attachent une importance extrême à la possession d'une chevelure pleine et longue). Du rouge est étendu au centre de chaque joue ; et un grain de beauté est considéré comme un charme additionnel. Les Arabes sont particulièrement extravagants dans leur admiration du grain de beauté, qui, suivant sa place, est comparé à une goutte d'ambre sur un plat d'albâtre ou à la surface d'un rubis. Les yeux d'une beauté arabe sont d'un noir intense (20), ils sont grands et oblongs, de la forme d'une amande. Les yeux sont très brillants, mais adoucis par des cils soyeux et longs, qui donnent une expression tendre et languissante, qui est pleine de charme et qui n'a presque pas besoin d'être améliorée à l'aide d'un trait de kohol. La belle en met plutôt parce que la mode l'exige que par nécessité, car elle possède ce que les Arabes appellent du charbon naturel. Les sourcils sont minces et courbés ; le front est large et blanc comme l'ivoire ; le nez est droit; la bouche petite ; les lèvres sont d'un rouge brillant; et les dents ressemblent à des perles enchâssées dans du corail. La forme des seins est comparée à deux grenades; la taille est mince, les hanches sont larges et fortes ; les mains et les pieds petits ; les doigts effilés et leurs extrémités colorées en orange vif, par le henné. »
    • Le même auteur ajoute encore une analyse plus détaillée, par un auteur inconnu cité par El-Ishâkî :
      «Quatre choses chez une femme doivent être noires :
      

      - les cheveux de la tête, les sourcils, les cils et la partie obscure des yeux ;

      quatre blanches :
      

      - le teint de la peau ; le blanc des yeux, les dents et les jambes ;

      quatre rouges :
      

      - la langue, les lèvres, le centre des joues et la gencive ;

      quatre rondes :
      

      - la tête, le cou, les avant-bras et les chevilles ;

      quatre longues :
      

      - le dos, les doigt,s, les bras et les jambes ;

      quatre larges :
      

      - le front, les yeux, la poitrine et les hanches ;

      quatre fines :
      

      - les sourcils, le nez, les lèvres et les doigts ;

      quatre épaisses :
      

      - le bas du dos, les mollets, les cuisses et les genoux ;

      quatre petites :
      

      - les oreilles, les seins, les mains et les pieds. »
  • Un traité persan sur les termes figurés concernant la beauté dit :
    • « que les cheveux doivent être abondants, noirs et onduleux, les sourcils noirs et courbés. Les cils aussi doivent être foncés et ressembler à des flèches sorties des arcs des sourcils. Mais on n'insiste pas sur la couleur foncée des yeux. On parle de quatre variétés d'yeux : les yeux gris foncé (les yeux de narcisse) ; les yeux étroits et allongés des beautés turques ; les yeux languissants ou enivrés d'amour ; les yeux couleur de vin. On insiste beaucoup sur leur brillant. Le visage est parfois décrit comme brun, mais le plus souvent comme blanc ou rosé. Le duvet sur les lèvres est fréquemment mentionné ; on l'appelle verdâtre (parfois bleuâtre) et on le compare à des herbes. Ce duvet, ainsi que le duvet des joues, et les cheveux éparpillés à l'entour des oreilles étaient considérés comme de grands caractères de beauté. Un grain de beauté sur le menton, sur la joue ou ailleurs, était aussi très admiré et évoquait nombre de comparaisons poétiques. La bouche devait être très petite. Une femme belle devait être de haute taille et de stature droite, comme le cyprès ou le pin maritime. Tandis que les Arabes admiraient les jambes et les cuisses rosées, les Persans insistaient sur des jambes blanches, qu'ils comparaient à l'argent et au cristal (21). »
    • Dans l'histoire de Kamaralzaman, dans les Mille et Une Nuits, El-Sett Budur est ainsi décrite :
      • « Sa chevelure est si brune qu'elle est plus noire que la séparation entre des amis. Et lorsque cette chevelure est arrangée en trois tresses qui pendent jusqu'à ses pieds, il me semble que je vois trois nuits en même temps.
        « Son visage est blanc comme le jour lorsque des amis se retrouvent. Lorsque je regarde ce visage à l'époque de la pleine lune, je vois deux lunes en même temps.
        « Ses joues sont formées d'une anémone divisée en deux corolles ; elles ont le teint pourpre du vin, et son nez est plus droit et plus délicat que le glaive le plus merveilleux.
        « Les lèvres sont colorées comme l'agate et le corail ; sa langue sécrète l'éloquence ; sa salive est plus précieuse que le jus des raisins.
        « Mais son sein, que le Créateur soit béni, est une séduction vivante. Ses deux seins sont du plus pur ivoire ; ils sont arrondis et on peut les tenir dans les cinq doigts d'une seule main.
        « Son ventre a des plis pleins d'ombre et arrangés avec l'harmonie des caractères arabes sur le sceau d'un scribe copte de l'Égypte. Et de ce ventre, sort la taille élastique et finement modelée.
        « À la pensée de ses flancs, je tressaille, car c'est une masse si volumineuse que la personne à qui ces flancs appartiennent est obligée de s'asseoir lorsqu'elle s'est levée et de se lever lorsqu'elle est couchée.
        « Tels sont ses flancs, et de là descendent, comme du marbre blanc, ses cuisses glorieuses, solides et droites, unies en haut sous leur couronne. Puis viennent les jambes et les pieds minces, si petits que je m'étonne qu'ils puissent porter un poids si considérable. »
  • Une stèle égyptienne du Louvre chante les louanges d'une belle jeune femme, une reine, qui mourut vers l'an 700 avant notre ère :
    • « La bien-aimée au-dessus de toutes les femmes, la fille de roi qui est douce en amour, la plus belle des femmes, une vierge dont personne n'a vu l'égale. Plus noire est sa chevelure que les ténèbres de la nuit, plus noire que les haies du mûrier sauvage (?). Plus dures sont ses dents (?) que les cailloux devant la faucille. Une couronne de fleurs est chacun de ses seins, qui se trouvent tout près de ses bras. »
    • Wiedemann, qui cite ce texte, ajoute :
      • « Pendant toute la période classique de l'histoire égyptienne, avec très peu d'exceptions (comme par exemple sous le règne de ce grand novateur, Aménophis IV), l'idéal pour le corps de l'homme, aussi bien que pour celui de la femme, était une forme élancée mais peu développée. Sous le régime éthiopien et pendant la période ptolémaïque en Égypte, nous voyons pour la première fois les déesses représentées avec des contours charnus et bien développés. L'examen des momies nous apprend que l'idéal antérieur était basé sur des faits réels, et que dans l'Égypte ancienne les hommes autant que les femmes se distinguaient par des formes élancées. Il est probable que les mariages entre des races différentes et la vie des harems se sont combinés ensuite pour transformer le type physique, et pour changer ainsi en même temps l'idéal de beauté (22).»
        • En commentant les idées de Platon sur la beauté, dans Le Banquet, Émeric-David cite des passages de la littérature grecque qui démontrent que, dans la Grèce antique, une belle femme devait être grande, son corps souple, ses doigts longs, ses pieds petits et légers, ses yeux clairs et modérément grands, ses sourcils faiblement courbés et se rencontrant presque, son nez droit et ferme, presque (mais non pas tout à fait) aquilin, son haleine douce comme le miel (23).
  • À la fin de l'antiquité classique, probablement au Ve siècle, Aristénète décrit ainsi, dans sa première Épître, sa maîtresse Laïs :
    • « Ses joues sont blanches, mais mélangées d'une imitation des splendeurs de la rose ; ses lèvres sont minces, séparées des joues par un espace étroit, plus rouges ; ses sourcils sont noirs et divisés au milieu ; son nez est droit et proportionné aux lèvres étroites ; les yeux sont grands et brillants avec des pupilles très noires, entourées du blanc le plus clair, et chaque couleur devient plus brillante par le contraste. Ses cheveux sont ondulés par la nature et, comme dit Homère, ils sont comme l'hyacinthe. Son cou est blanc et proportionné au visage, et sans ornements il est déjà remarquable pour sa délicatesse. Mais il est entouré d'un collier de bijoux, où son nom est inscrit avec des pierres précieuses. Elle est de haute taille et elle porte des vêtements élégants, adaptés à son corps et à ses membres. Habillée, elle est une belle apparition ; déshabillée, elle est toute beauté. Sa marche est lente et calme ; elle ressemble à un cyprès ou à un palmier secoué par le vent. Je ne peux décrire comment les seins gonflés et symétriques soulèvent la robe qui les comprime, ni combien ses membres sont délicats et souples. Et lorsqu'elle parle, quelle mélodie n'y a-t-il pas dans sa voix! »
  • Renier a étudié l'idéal féminin des poètes de Provence, des troubadours de Languedoc :
    • « Ils évitent toute description du type féminin. Les indications font le plus souvent allusion à l'apparence svelte, droite, fraîche du corps et aux couleurs blanches et roses. Après la personne en général, ce sont les yeux qui reçoivent la plus grande part d'éloges ; ils sont doux, amoureux, clairs, souriants et brillants. La couleur des yeux n'est jamais mentionnée. La bouche est riante et vermeille ; en souriant d'une manière charmante, cette bouche montre les dents blanches et évoque l'idée des délices du baiser. La figure est claire et fraîche, les mains sont blanches et les cheveux sont constamment blonds. Les troubadours parlent rarement du reste du corps. Pierre Vidal est une exception, et son allusion aux seins bien formés peut être rapprochée d'une allusion de Bertran de Born. En général, la lyrique amoureuse de Languedoc fait l'impression d'être très conventionnelle. Il semble qu'il n'y eût aucun salut en dehors de certaines phrases et épithètes. Les femmes de Provence ont été chantées par centaines, mais il semble qu'elles aient été toutes composées de lait et de rose, que toute femme ait été une poupée blonde de Nuremberg (24). »
    • L'idéal conventionnel des troubadours est encore décrit de la manière suivante :
      • « Elle est une dame dont la peau est blanche comme lait, plus blanche que la neige, d'une pureté particulière en sa blancheur. Ses joues, où n'apparaissent que des taches vermeilles, sont comme le bouton de rose au printemps, lorsqu'il ne s'est pas encore épanoui complètement. Ses cheveux, presque toujours ornés de fleurs, ont invariablement la couleur du lin et sont doux comme la soie et brillent avec l'éclat de l'or le plus pur (25). »
  • Renier remarque que, dans les plus anciennes romances espagnoles, les indications définies de la beauté physique sont faibles. Les cheveux sont "d'or pur" ou simplement blonds (rubios, ce qui est synonyme de blondos, mot d'introduction plus récente). Le visage est blanc et rose ; la main molle, blanche et d'odeur suave ; dans un passage nous trouvons une allusion aux seins découverts, qui sont plus blancs que le cristal. Mais ordinairement les anciennes romances castillanes ne mentionnent pas ces détails. Le poète se contente de constater qu'une dame est la femme la plus douce au monde, la mas linda mujer del mundo (26).
  • Dans une étude détaillée et bien documentée, Alwin Schultz décrit les caractères de la belle femme telle que la concevaient les auteurs allemands des XIIe et XIIIe siècles.
    • Elle devait être de stature moyenne et svelte. Ses cheveux devaient être blond doré, longs, brillants et ondulés. Les cheveux d'un homme ne devaient pas dépasser les épaules. Les cheveux foncés ne sont que rarement mentionnés et n'étaient pas admirés. La raie des cheveux devait être blanche, mais non pas trop large, Le front devait être blanc, brillant et bombé, mais sans plis. Les sourcils devaient être plus foncés que la chevelure, courbes, et pas trop larges, comme s'ils étaient tracés au crayon ; l'espace entre les sourcils ne devait pas être trop grand. Les yeux devaient être brillants, clairs, étincelants, ni trop grands ni trop petits ; rien de défini n'était dit sur la couleur ; mais les yeux étaient le plus souvent bleus. Le nez devait être de grandeur moyenne, droit et non courbé. Les joues devaient être blanches, tachetées de rouge ; si le rouge naturel était absent, les femmes se servaient de couleur artificielle. La bouche devait être petite, les lèvres devaient être minces, blanches et égales. Le menton devait être blanc, arrondi, aimable et avec des fossettes. Les oreilles devaient être petites et belles ; le cou de grandeur moyenne, doux, blanc, sans tache ; les bras petits; les mains et les doigts longs ; les attaches petites ; les ongles blancs, brillants et bien entretenus. La poitrine devait être blanche et large; les seins hauts et arrondis, comme des pommes ou des poires, petits et doux. Le corps devait être généralement svelte et agile.
      Les parties inférieures du corps sont très rarement mentionnées ; plusieurs poètes sont même trop pudiques pour mentionner les seins. Un seul poète dit que les fesses doivent être arrondies, les cuisses blanches et molles, le meinel (mons) brun. Les jambes devaient être droites et minces, les mollets pleins, les pieds petits, étroits et cambrés. En général, le teint de la peau devait être clair et rose (27).
  • Adam de La Halle, le trouvère d'Artois du XIIIe siècle, décrit sa maîtresse dans une pièce : Li Jus Adam ou de la feuillie, où il se met lui-même en scène.
    • « Sa chevelure avait le brillant de l'or, et était enroulée en boucles rebelles. Son front était très régulier, blanc et égal; ses sourcils, délicats et égaux, étaient deux courbes brunes, qui semblaient tracées au pinceau. Ses yeux, brillants et de belle forme, étaient gris et pour moi pleins de caresses ; ils étaient grands en bas, et leurs paupières, comme de petites faucilles, chacune ornée d'un pli, voilaient ou dévoilaient suivant sa volonté son regard amoureux. Entre ses yeux descendait le canal de son nez droit et beau, mobile lorsqu'elle était gaie ; des deux côtés étaient les joues arrondies et blanches, dans lesquelles le rire faisait naître des fossettes et qu'on pouvait voir rougir sous son voile. Sous le nez, s'ouvrait une bouche avec des lèvres fleuries ; cette bouche, fraîche et vermeille comme une rose, révélait les dents blanches, arrangées avec régularité ; sous le menton, le cou blanc commençait et descendait plein et rond jusqu'aux épaules. La nuque, forte et sans aucuns cheveux éparpillés, sortait un peu des vêtements. À ses épaules tombantes étaient attachés des longs bras, gros ou minces aux endroits où cela convient. Que dirai-je de ses mains blanches, avec leurs longs doigts, dont les articulations étaient sans noeuds et qui finissaient délicatement par des ongles roses, liés à la chair par une seule ligne définie? J'arrive à sa poitrine avec ses seins fermes, courts et haut pointés, qui recélaient la vallée d'amour entre eux ; à son ventre rond ; à ses flancs arrondis. Ses hanches étaient plates, ses jambes rondes, ses mollets grands ; elle avait la cheville mince, le pied maigre et courbé. Ainsi elle était comme je la vis, et ce que sa chemise cachait n'était pas de moindre valeur (28). »
  • Dans l'histoire d'Aucassin et Nicolette, du XIIe siècle,
    • Nicolette allait une chevelure blonde, délicate, ondoyante ; ses yeux étaient gris (vairs) et souriants ; son visage était admirablement formé. Son nez était haut et bien placé. Ses lèvres étaient petites et plus vermeilles que la cerise ou la rose en été. Ses dents étaient petites et. blanches. Ses petits seins fermes soulevaient ses vêtements comme l'eussent fait deux noix. Sa taille était si svelte qu'on pouvait l'enlacer des deux mains, et les fleurs de marguerite qu'elle écrasait en marchant les pieds nus semblaient noires comparées à ses pieds et ses jambes, tellement elle était blanche. Sa chevelure était divisée en une tresse double, dit Alain de Lille, au XIIe siècle, qui était assez longue pour atteindre le sol ; la raie, blanche comme le lis et oblique, séparait ses cheveux, et cette absence de symétrie, loin de nuire à sa figure, était, au contraire, un des éléments de sa beauté. Un peigne d'or maintenait ces cheveux abondants, dont le brillant rivalisait avec le peigne, ce qui faisait que l'oeil fasciné pouvait à peine distinguer l'or de la chevelure de l'or du peigne. Le front large avait la blancheur du lait et rivalisait avec le lis ; ses sourcils clairs brillaient comme de l'or, ils n'étaient pas hérissés comme une brosse, et, sans être trop étroits, ils étaient arrangés d'une manière régulière. Les yeux sereins et brillants, dans leur lumière bienveillante, semblaient deux étoiles jumelles ; ses narines, embaumées de l'odeur de miel, n'étaient ni trop abaissées, ni trop prononcées, mais de forme distinguée; le nard de sa bouche offrait à l'odorat une richesse de parfums suaves, et ses lèvres mi-ouvertes invitaient à un baiser. Les dents semblaient taillées en ivoire; ses joues roses illuminaient gentiment son visage et étaient. tempérées par la blancheur transparente de son voile. Son menton, plus poli que le cristal, montrait des reflets argentés, et son cou mince séparait délicatement la tête des épaules. La rondeur ferme des seins attestait la pleine expansion de la jeunesse ; les bras, charmants et tendus vers vous, semblaient appeler des caresses; la courbe régulière de ses flancs bien proportionnés complétait sa beauté. Tous ces traits visibles de son visage et de sa forme disaient suffisamment ce que devaient être les charmes que le lit seul connaît (29).
  • Dans une légende irlandaise (30) nous lisons :
    • « La jeune femme apparut avec vingt poignards et glaives brillamment polis, ainsi que sept tresses pour les morts, en or pur, dans sa main droite. Un vêtement tacheté, de fond vert, attaché par un lacet au sein, sous son beau visage vermeil, enveloppait ses formes. Ses dents étaient si brillantes et si régulières qu'on eût dit des perles, artistement enchâssées dans la gencive. Ses lèvres étaient comme les baies du sorbier ; sa voix était plus douce que le son des cordes de la harpe touchée par les doigts les plus agiles, et jetant la mélodie la plus charmante. Sa peau était plus blanche que la neige d'une nuit, et ses vêtements, qui touchaient ses pieds aux ongles brillants, étaient beaux à voir. Des tresses épaisses de cheveux dorés pendaient devant, tandis que d'autres balançaient derrière et atteignaient ses mollets.»
    • Un héros de l'ancienne Irlande est ainsi décrit :
      
      « Ils virent un grand héros qui approchait ; c'était le plus beau de tous les héros du monde ; il était plus grand et plus haut qu'aucun homme; plus bleu que la glace était son oeil ; plus rouges que les baies fraîches du sorbier étaient ses lèvres ; plus blanches que des avalanches de perles étaient ses dents ; plus claire que la neige d'une nuit était sa peau. Il se protégeait d'un bouclier bordé d'or, et dans ses mains il portait deux lances de guerre. Un glaive à poignée d'ivoire (de dents de cheval marin), et orné d'or, se trouvait à son côté. Il n'avait pas d'autres attributs d'un héros que ceux-là; sur sa tête il avait des cheveux dorés, et son visage était beau et rose (31).»
  • L'idéal féminin des poètes italiens ressemble de près à celui des poètes du nord des Alpes.
    
    La Laure de Pétrarque, décrite dans le Canzoniere, est blanche comme la neige ; ses yeux, il est vrai, sont noirs, mais il est constamment dit avec insistance que ses cheveux sont blonds. Ses lèvres sont roses, ses dents sont blanches. ses joues sont roses, ses mains blanches et frêles, son sein est plein de jeunesse. D'autres poètes insistent sur le corps long, blanc et délicat ; la chevelure dorée ou blonde ; les yeux clairs ou étincelants (sans mentionner des couleurs) ; les sourcils courbés, bruns ou noirs ; le nez droit, la bouche petite, les lèvres minces et vermeilles, les seins petits et fermes (32).
  • Marie de France, qui écrivait au XIIe siècle, et qui passa une grande partie de sa vie en Angleterre, décrit dans son Lai de Laval une femme belle en ces mots :
    • « Son corps était beau, ses hanches basses, sa nuque plus blanche que la neige, ses yeux gris (vairs), sa face blanche, sa bouche belle, le nez bien placé, les sourcils bruns, le front beau, la chevelure ondulée et blonde ; l'éclat d'un fil d'or était moins brillant que ses cheveux au soleil. »
  • Hortis (33) a réuni les traits de l'idéal de Boccace de la beauté féminine. C'est un idéal voluptueux, si on le compare à l'idéal ascétique du Moyen Âge, qui avait prévalu jusqu'au temps de Boccace. Hortis décrit aussi les vêtements superbes et presque classiques dont Boccace dans ses oeuvres habilla les femmes.
    • Boccace admirait la chevelure blonde, abondante et ondulée, les sourcils foncés et délicats, les yeux bruns ou même noirs. Ce n'est que deux siècles plus tard que la femme idéale de Boccace fut représentée par un peintre, par le Titien.
  • Le type de la Renaissance en France, spécialement celui de l'école de Fontainebleau, a été bien décrit par Gaillard (34).
  • La première description précise d'une belle femme célèbre fut écrite au XVIe siècle par Niphus (35). La dame décrite est Jeanne d'Aragon, la plus grande beauté de son temps, dont le portrait par Raphaël (ou plus probablement par Giulio Romano) se trouve au Louvre. Niphus, qui était le philosophe de la cour pontificale et l'ami de Léon X, décrit ainsi cette princesse que, en sa qualité de médecin, il avait eu l'opportunité d'observer de près :
    • « Elle est de stature moyenne, droite et élégante. Elle montre une grâce qui ne peut plus provenir que d'un ensemble de qualités dont chacune est déjà parfaite. Elle n'est ni grasse ni osseuse, mais en bon point, sa couleur n'est pas pâle, mais blanc taché de rose ; ses longs cheveux sont dorés ; ses oreilles sont petites relativement à la grandeur de sa bouche. Les sourcils bruns sont semi-circulaires, pas trop touffus, et les poils séparés sont courts. Les yeux sont bleus (coesius), plus brillants que des étoiles radieuses de gaieté sous les cils brun foncé, qui ne sont pas trop longs. Le nez, régulier et de grandeur moyenne, descend perpendiculairement d'entre les sourcils. La petite cavité qui sépare le nez de la lèvre supérieure est divinement proportionnée. La bouche, qu'on est incliné à appeler petite, est toujours agitée par un doux sourire ; les lèvres, plutôt épaisses, sont de miel et de corail. Les dents sont petites, pures comme l'ivoire, et arrangées avec symétrie ; l'haleine a l'odeur des parfums les plus suaves. Sa voix est celle d'une déesse. Le menton est divisé par une fossette ; le visage entier s'approche d'une rondeur virile. Le cou, long et droit, blanc et plein, s'élève gracieusement sur les épaules. Sur la poitrine large, qui ne révèle aucune indication d'os, se montrent les seins arrondis, de forme égale et de grandeur appropriée, et qui exhalent l'odeur des pêches, auxquelles ils ressemblent. Les mains, un peu replètes, au dos comme la neige, à la paume comme d'ivoire, ont exactement la longueur du visage ; les doigts pleins et ronds sont longs et se terminent par des ongles ronds et courbés de couleur douce. La poitrine en général a une forme de poire renversée, mais un peu comprimée, et avec sa base attachée au cou d'une manière admirablement bien proportionnée. Le ventre, les flancs et les parties secrètes sont dignes de la poitrine ; les hanches sont fortes et arrondies ; les cuisses, les jambes et les bras sont de proportion juste. La largeur des épaules aussi est dans le plus parfait rapport avec les dimensions des autres parties du corps. Les pieds, de longueur moyenne, se terminent par des orteils très beaux (36). »
  • Gabriel de Minut, qui publia en 1587 un traité sans grande importance, De la Beauté, a aussi écrit, sous le titre de La Paulegraphie, une description très élaborée (couvrant 60 pages) de Paule de Viguier, dame gasconne de bonne famille et de vie vertueuse, qui habitait Toulouse.
    • Minut était l'admirateur dévoué de cette dame et il lui adressa un poème enflammé, peu de temps avant qu'il ne mourût. La dame avait soixante-dix ans lorsque le récit élaboré de sa beauté fut écrit. Elle avait les yeux bleus et les cheveux blonds, bien qu'elle appartînt à une région où la couleur foncée prédomine.
  • Ploss et Bartels (37) ont réuni une multitude de citations d'auteurs de différents pays qui décrivent leur idéal de beauté. Je n'ai pas puisé à cette source de documentation.
• Si nous considérons, dans ses grandes lignes, l'idéal de beauté féminine conçu par des peuples divers, il est intéressant d'observer que toujours il y a des traits qui coïncident avec les goûts esthétiques de l'Européen moderne, et que bien souvent l'idéal de beauté ne contient aucun trait qui heurte visiblement le code du bon goût de l'Europe.
  • On peut même affirmer que l'idéal de certains sauvages nous inspire plus de sympathie que l'idéal de certains de nos propres ancêtres du Moyen Âge.
    • En effet, des voyageurs européens ont rencontré, dans toutes les parties du monde, des femmes qui étaient gracieuses et agréables à voir, assez souvent même belles dans le sens strict du mot, au point de vue de l'étalon européen. On a rencontré des individus pareils jusque chez les races les plus réputées pour leur laideur. Même chez un peuple aussi primitif et aussi éloigné que les Australiens, on rencontre parfois la beauté au sens européen.
      • « En deux occasions j'ai vu, parmi les femmes du Queensland occidental, ce qu'on pourrait appeler des beautés, affirme Lumboltz. Leurs mains étaient petites, leurs pieds élégants et bien formés, avec un tarse si haut qu'on se posait la question où elles avaient acquis cette marque aristocratique de beauté. Leur figure était au-dessus de toute critique, et leur peau était douce comme le velours, comme c'est ordinairement le cas chez les jeunes femmes. Lorsque ces filles noires d'Éve souriaient et montraient leurs belles dents blanches, et lorsque leurs yeux jetaient des regards coquets, sous la chevelure ondoyante, qui pendait sur leurs fronts suivant la mode la plus récente, on se rendait compte que, même dans ce pays, les femmes puissent exercer l'influence que Goethe a attribuée aux femmes en général (38). »
  • On a écrit aussi beaucoup sur la beauté des Amérindiens (39).
  • Il y a même beaucoup dans la négresse qui produit une impression de beauté à un Européen.
    • « J'ai rencontré nombre de négresses, remarque Castellani (40), qui pourraient dire avec orgueil, avec le Cantique des Cantiques : Je suis noire, mais je suis belle. Beaucoup de nos campagnardes n'ont ni la même grâce, ni la même peau délicate que certaines femmes indigènes du Kassaï ou de la Sangha. Pour ce qui concerne la couleur, j'ai vu sur le continent africain des créatures d'or pâle, ou même couleur de cuivre rouge, dont la peau fine et satinée rivalisait avec les peaux blanches les plus délicates. On peut, en effet, trouver des beautés parmi les femmes de l'ébène le plus foncé. »
  • Les citations très nombreuses de voyageurs parlant des femmes de tous les pays qui sont données par Ploss et Bartels (41) suffisent amplement à démontrer avec quelle fréquence on rencontre un certain degré de beauté même chez les races humaines les plus inférieures (42).
  • Le fait que l'Européen moderne, dont on peut supposer que la civilisation l'a rendu spécialement sensible à la beauté esthétique, est néanmoins capable de trouver des beautés parmi les femmes de races sauvages, peut illustrer la constatation déjà faite que la beauté est à un très grand degré une question objective, quelles que soient les influences modificatrices qu'on puisse admettre. L'existence de cet élément objectif dans la beauté est confirmée par le fait qu'on trouve parfois que les hommes des races inférieures admirent plus les femmes européennes que leurs propres femmes. Il y a des raisons de croire que c'est chez les hommes les plus intelligents d'une race inférieure - c'est-à-dire chez ceux dont les sentiments esthétiques sont le plus développés - qu'on a le plus de chances de rencontrer l'admiration pour les femmes blanches.
    • « Mr Winwood Reade, dit Darwin, qui a eu assez d'occasions d'observer, non seulement les nègres de la Côte Occidentale de l'Afrique, mais encore ceux de l'intérieur qui n'ont jamais été en rapport avec les Européens, est convaincu que leurs idées de beauté sont, en général, pareilles aux nôtres. Le Dr Rohlfs m'écrit dans le même sens : dans le Bomou et les régions habitées par les tribus Peuls, Mr Reade découvrit qu'il était d'accord avec les nègres sur leur opinion concernant la beauté des jeunes filles indigènes, et que leur appréciation de la beauté des femmes européennes correspondait à la nôtre... Les Fuégiens considéraient les femmes européennes comme extrêmement belles, m'apprend un missionnaire qui a longtemps résidé parmi eux... Je dois ajouter qu'un observateur très habile, le capitaine Burton (sir R. Burton), croit que les femmes que nous appelons belles sont admirées dans le monde entier (43). »
    • Mantegazza cite une conversation entre un chef indigène de l'Amérique du Sud et un Argentin, qui lui avait demandé ce qu'il préférait : les femmes de son propre peuple ou les femmes chrétiennes ; le chef répondit qu'il admirait le plus les femmes chrétiennes, et lorsqu'on lui demanda pourquoi, il déclara qu'elles étaient plus blanches et de plus haute taille, qu'elles avaient une chevelure plus fine et une peau plus douce (44).
    • Nordenskjöld, cité par Ploss et Bartels, constate que les Esquimaux regardent leur propre type comme plus laid que celui produit par un croisement avec les blancs, et, d'après Kropf, les Cafres Kosa admirent et recherchent les métisses de teinte plus claire, de préférence à leurs propres femmes de race pure (45). Il semble qu'il existe une admiration très répandue pour la couleur plus claire, chez les peuples foncés. Les Papous du détroit de Torrès admirent les hommes blonds (46). L'usage très général de la poudre chez les femmes des peuples à peau foncée témoigne aussi de l'existence de ce même idéal.
  • Stratz soutient que l'idéal de la beauté est au fond le même dans le monde entier, et que les personnes les plus cultivées chez les races inférieures admirent et cherchent à atteindre le type qui n'est trouvé communément et à la perfection que chez les peuples blancs de l'Europe.
    • Au Japon, cet auteur trouva que, parmi les nombreuses photographies de beautés japonaises qui étaient exposées partout, son interprète, un Japonais de classe inférieure, indiquait comme les plus belles celles qui montraient le type japonais très accentué, avec les yeux étroits et le nez large. En demandant l'opinion d'un photographe japonais, qui se disait artiste et qui avait un certain droit à ce nom, celui-ci choisit comme les plus belles trois jeunes Japonaises qui, en Europe également, auraient été considérées comme belles.
    • À Java, aussi, où Stratz choisit parmi de jeunes filles quelques-unes qui méritaient d'être photographiées, il s'étonna de voir qu'un médecin javanais lui indiqua comme les plus belles celles qui s'approchaient le plus du type européen (47).
    • Stratz reproduit (48) une représentation de Kwan-yin, la déesse chinoise de l'amour divin, et il cite quelques remarques de Borel sur la grande variété des représentations de cette déesse, type de la beauté gracieuse selon l'idéal chinois. Stratz reproduit encore l'image d'une déesse bouddhique de Java (aujourd'hui au musée d'archéologie de Leyde), qui représente un type de beauté correspondant à l'idéal européen le plus délicat et le plus classique.
• Il n'y a pas seulement un élément objectif fondamental dans la beauté à travers l'espèce humaine, mais c'est probablement un fait important que nous puissions trouver un élément semblable à travers le monde animé tout entier.
  • Les choses qui, pour l'homme, sont les plus belles dans toute la nature sont celles qui sont le plus intimement liées au processus sexuel et à l'instinct sexuel ou qui en dépendent.
    • C'est le cas dans le monde végétal.
    • C'est aussi le cas presque partout dans le monde animal, et, comme le dit le professeur Poulton en parlant de ce fait qui reste souvent sans explication et même sans être observé,
      • «le chant ou la plume qui excite l'impulsion à l'accouplement chez la poule plaît aussi à l'homme lui-même, dans un grand nombre de cas. En outre, dans leur histoire passée, pour autant qu'on l'a tracée (c'est-à-dire dans le développement des dessins caractéristiques des mâles du paon et du faisan argus), ces traits sont devenus pour nous de plus en plus agréables, tout comme ils ont agi comme des stimuli de plus en plus forts pour la poule (49)».

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Les notes de bas de page de l'auteur et de l'éditeur.

- 2. N. D. É. : Cette distinction ne serait pas admise par la plupart des psychanalystes, et, en fait, Ellis, dans les lignes qui suivent, montre combien elle serait mal fondée sur le plan génétique.

- 3. N. D. A. : « Il est possible que toutes les parties visibles de l'organisme, même celles d'un but physiologique défini, fassent une impression sur le sens esthétique du sexe opposé », remarque Poulton, en parlant, en premier lieu, des insectes; mais ces paroles s'appliquent encore davantage à l'espèce humaine. - E. Poulton, The Co/ors of anima/s, 1890, p. 304.

- 4. N. D. É. : G. Santayana, The Sense of beauty, pp. 59-62. Cette page magnifique contient en germe l'essentiel des conceptions freudiennes et en particulier du concept de sublimation.
- 5. Groos, Der Aesthetiche Genuss, p.151.

- 6. Rémy de Gourmont, La culture des idées, p. 103 et Mercure de France, août 1901, pp. 298 sq.

- 7. Colin Scott, Sex and Art, American Journal of Psychology, t. VII, n° 2, p. 206 et lettre privée.

- 8. Surtout dans Die Schônheit des weiblichen Körpers.

- 9. Bulletin de la Société d'Anthropologie, 1899, p. 220.

- 10. W. Dunlop, Australian folklore stories, Journal of the Anthropological Institute, août et novembre 1898, p. 27.

- 11. W. W. Skeat, Malav Magic 1900 p 363

- 12. Mitford, Tales of old Japan, t. I p. 215.

- 13. Lancet, 15 février J890.

- 14. Stratz, Die Körperformen in Kunst and Leben der Japaner, 2e éd., 1904.

- 15. J. Davy, An Account of the Interior of Ceylan, 1821, p.110.

- 16. The Kama Sutra of Vatsyayana, 1883, p. 11.

- 17. Cantique des Cantiques, VII, 1-9.

- l8. Cantique des Cantiques, V 10-16.

- 19. E. W. Lane, Arabian society in the Midle Ages, 1883, pp. 214-216.

- 20. N. D. A. : « En général, dit Lane, les Arabes ont un préjugé contre les yeux bleus, et on prétend que ce préjugé a son origine dans le fait qu'il y avait un plus grand nombre de personnes à yeux bleus chez certains de leurs ennemis du Nord. »

- (21). Anis'El-Ochchâq, par Cherif-Eddin Romi, traduction de Huart, Bibl. de l'École des Hautes Études, Paris, fasc. 25, 1875.

- 22. A. Wiedemann, Popular literature in Ancient Egypt, p. 7.

- 23. Emeric-David, Recherches sur l'art statuaire, Éd. nouvelle, 1863, p. 42.

- 24. R. Renier, Il Tipo estetico della donna del medioevo, 1885, pp. 1-24.

- 25. J.-F. Rowbotham, The Troubadours and Courts of love, p. 228.

- 26. R. Renier, op. cit., pp. 68 sq.

- 27. N. D. A. : A. Schultz, Quid de perfecta corporis humani pulchritudine Germani soeculi XII et XIII senserint, 1866. Un exposé semblable, mais plus court, est donné par R. Weinhold, Die deutschen Frauen im Mittelalter, 1882. Cet auteur considère que les Allemands admiraient, comme les Français, les yeux de couleur mélangée, vairs ou gris.

- 25. N. D. A. : Houday, La Beauté des femmes, p, 125, qui cite l'original de ce passage, le considère comme un modèle idéal de la femme du Moyen Age.

- 29. N. D. A. : On trouve le texte latin chez Houday, p, l19. - Le portrait de Blanchefleur par Robert de Flagy, dans Garin-le-Loherain, écrit au même siècle, comporte des traits semblables.

- 30. Tain Bo Cuailgne, Ossianic Transactions, t. Il, p. 107.

- 31. The Banquet of Dun nan-gedh, traduction par O'Donovan, Irish Archoelogical Society, 1842.

- 32. Renier, Il Tipo estetico, pp. 87 sq.

- 33. Horlis, Studi sulle opere Latine del Boccacio, 1879, pp. 70 sq.

- 34. Gaillard, Revue des Idées, février 1910.

- 35. N. D.A. : Niphus, De Pulchro et Amore. Cet ouvrage est considéré comme le premier traité moderne sur l'esthétique.

- 36. Houday, La Beauté des femmes, reproduit ce passage. - Comparez : Stratz, Die Schönheit des weiblichen Körpers, chap. III.

- 37. Day Weib, t. I. sect. III.

- 38. C. Lumholtz, Among Cannibals, p. 132.

- 39. Comparez : Dr. Shufeldt, Beauty from an Indian's point of view, Cosmopolitan Magazine, avril 1895. - Surtout chez les Amérindiens Seminoles, dit-on, les types de femmes belles ne sont pas rares. Clay Macauley, Seminole Indians of Florida, Fifth Annual Report of the Bureau of Ethnology, 1883-84, pp. 493 sq.

- 40. Castellani, Les Femmes au Congo, p. 2.

- 41. Das Weib, 7e éd., t.I, pp. 88-106.

- 42. N. D. A. : Voir chez Mantegazza, Fisiologia della Dona, chap.IV, l'examen des femmes de différentes races de ce point de vue.

- 43. Darwin, Descendance de l'homme, chap. XIX.

- 44. Maniegazza, Fisiologia della Donna, Appendice au chap. VIII.

- 45. Ploss et Bariels, Das Weib, 7e éd., t. l, p. 78.

- 46. Reports of the Cambridge Anthropological Expedition, t. V, p. 237.

- 47. Stratz, Die Schönheit des weiblichen Körpers ; id Die Rassenschönheit des Weibes, 4e éd, 1903, p. 3 ; id. Die Köperformen der Japaner, 1904, p. 78.

- 48. Stratz, Rassenschönheit, pp. 36 sq.

- 49. Nature, 14 avril, 1898 p. 55.

Éditique : Dr Lucien Mias  - juin 2009 

La vision, chapitre I - La vision, chapitre II - La vision, chapitre III - La vision, chapitre IV - La vision, chapitres V

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