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Besoins, aspirations, désirs, pulsions, apprentissages et imaginaire  ^{16 pages}

On ne peut parler des besoins de l'homme d'aujourd'hui qu'en partant de l'état initial de l'être humain, bipède nu. Ce bipède, n'avait pas comme tous les autres mammifères une adaptation (fourrure, griffes) au milieu ambiant. Il a dû inventer des outils à défaut d'avantages corporels... mais il avait un avantage cérébral qui lui a permis de satisfaire des besoins plus vastes que les nécessités physiologiques des autres mammifères.

Une théorie des besoins des êtres humains doit être un ensemble de choix portant sur ce que le bipède « nu » à eu besoin pour être « humain », c'est à dire pour réaliser tout son potentiel et commencer a préparer... ce que nous sommes. 

• La personnalité humaine a été définie à tâtons par les générations qui nous ont précédées. Elle ont expérimenté ce qui était le plus précieux pour l'homme : ce qui lui était nécessaire pour survivre et ce dont il avait besoin pour s'épanouir.
  • L'expérimentation a commencé au néolithique ( «Néolithique : période de la fin de la préhistoire allant de 6000 à 2500 av JC. L'homme polit la pierre, se livre à la culture et à la domestication, construit des cités lacustres.» Larousse) lorsque les chasseurs-pécheurs-cueilleurs, se sont établis agriculteurs en un lieu fixe : le stockage des récoltes en été, permettait l'hiver, d'imaginer. La spécialisation des tâches est alors apparue dans le groupe en fonction des habiletés (les artisans).
  • Avec la multiplication des outils il y a eu nécessité de création du langage pour communiquer non plus des émotions mais des informations, des techniques ; la tradition orale a commencé. Cette communication a été engrangée dans le cerveau.
    • L'écriture a ensuite, permis la transmission à distance (horizontale) ; et l'imprimerie la diffusion verticale de génération en génération.
      • Quatre mille cinq cents ans, ce n'est que cent cinquante générations (150x30): chacun de nous en connaît déjà trois ! 
• Les définitions des besoins concernant «l'humanitude» ( «A l'humanité reçue ils ont ajouté un ensemble de caractéristiques, que l'on peut appeler «l'humanitude» A. Jacquard) , ont émergé de cette longue quête :
  • nourriture, vêtement, toit, instruction, emploi, fraternité, amour, appartenance, propriété, dignité, respect, solidarité, justice, spiritualité...
  • Cumulés de génération en génération, de système nerveux en système nerveux, ils ont formé une empreinte collective, avec des modalités différentes suivant les régions du globe.  

• De ces besoins à satisfaire ont découlé des comportements individuels et des lois sociales.
  • Si c'est au cours du XX° siècle qu'on a commencé à comprendre la régulation bio cérébrale de ces comportements, les hommes avaient fait des études sur les comportements humains depuis la Grèce antique.
  • Différentes écoles, anglo saxonnes pour la plupart ont opéré des classifications qui diffèrent les unes des autres, mais reconnaissent, pratiquement toutes, l'existence de deux niveaux : les besoins de base et les besoins secondaires.
    • « Les théories humanistes
      • À la base des théories humanistes, l'humain est vu comme un être fondamentalement bon se dirigeant vers son plein épanouissement (l'actualisation). Cette approche suppose l'existence du moi et insiste sur l'importance de la conscience et la conscience de soi. Le but recherché par le psychologue humaniste est donc de permettre à tout individu de se mettre en contact avec ses émotions et ses perceptions afin de se réaliser pleinement, c'est-à-dire, atteindre l'actualisation de soi.Parmi les principaux représentant de cette école de pensée, rappelons Carl Rogers (1902-1987) et Abraham Maslow (1916-1972). Pour Maslow (1970), le comportement est aussi notre désir conscient de croissance personnelle. Les humanistes soulignent même que certains individus peuvent tolérer la douleur, la faim et beaucoup d'événements qui sont sources de tension pour atteindre ce qu'ils considèrent comme un accomplissement personnel.
• Selon Maslow, les besoins humains sont organisés selon une hiérarchie où, à la base, on retrouve les besoins physiologiques élémentaires et à son sommet, on retrouve les besoins psychologiques et affectifs d'ordre supérieur. Ce sont ces besoins qui créent la motivation humaine.
  • Les besoins physiologiques sont la faim, la soif, l'élimination, la chaleur, la fatigue, l'évitement de la douleur, la libération sexuelle.
  • Les besoins de sécurité comprennent la protection à l'égard de l'environnement par le logement et l'habillement, la sécurité à l'égard des crimes et des difficultés financières.
  • Les besoins d'affection et d'appartenance sont des besoins d'affection et d'approbation par les relations intimes, les groupes sociaux et les amis.
    • Maslow croyait que dans une société généralement bien nourrie comme la nôtre, la plupart des frustrations provenaient de l'incapacité de satisfaire ce type de besoins.
  • Les besoins d'estime comprennent la réussite, la compétence, l'approbation, la reconnaissance, le prestige, le statut. Maslow croyait que c'est précisément à ce type de besoin que la majorité des gens s'arrêtent.
  • Les besoins d'actualisation de soi sont le besoin d'accomplissement de notre potentiel unique. Chez de nombreux individus, ce besoin d'actualisation de soi comprend les besoins de compréhension cognitive (nouveauté, exploration, connaissance) et les besoins esthétiques (musique, art, beauté, ordre). (Rathus, p.239-240).
    • Attention. L'actualisation n'est jamais complètement atteinte et toujours à rechercher davantage.»  
• La non satisfaction des besoins de base, engendre souffrance, anxiété régression repli sur soi, pouvant se traduire en maladie somatique ou psychique. Leur satisfaction permet l'émergence d'autres « besoins » qui sont plus de l'ordre de la recherche de la réalisation de soi-même comme être libre que du comblement de manques. Deux catégories peuvent être distinguées : besoins pour survivre et besoins d'épanouissement.

  I - BESOINS POUR SURVIVRE

• Besoins physiologiques de base
  • Par ordre de priorité :
    • Oxygénation - Équilibre hydrique et sodé - Équilibre alimentaire (Glucides - Protides - Lipides - Vitamines - Oligo éléments) - Équilibre acide-base - Élimination des déchets - Température normale - Sommeil - Repos - Relaxation - Activité - Mobilisation - Énergie - Confort - Stimulation - Propreté - Sexualité.
  • Il est nécessaire de définir ces besoins en terme de biologie, car les termes «manger» , «se vêtir», modalités pratiques, sont l'objet de variations en fonction des conditions géoclimatiques : s'habiller en Alaska et en Polynésie ne signifie pas la même chose.
  • Ces besoins ne sont pas soumis au doute.
    • La raison n'intervient que sur les aspirations et les désirs ; le milieu intérieur et les sens valident les besoins physiologiques. Et l'attrait naturel d'un sexe vers l'autre, qui n'obéit pas à la réflexion, est le garant de l'avenir humain.
  • Pourquoi ceux qui ont plus que le suffisant se sentent des liens avec ceux qui sont démunis au Sahel ?
    • L'héritage culturel, la morale, n'expliquent pas tout.
      • Il y a autre chose, un sentiment naturel entre les êtres humains, commun sous l'infinité de nos différences. Cette identité commune partagée, c'est la fraternité viscérale de la faim, de la soif, de l'épuisement, du froid de la solitude et de la passion sexuelle.
      • Les camps de concentration nazis, la guerre en Yougoslavie et tribales en Afrique, les goulags sembleraient contredire ces propos. Ils laisseraient à penser que sous le social, sous l'historique, il n'y a rien du tout, si l'utopie idéologique à l'origine de ces camps et de ces guerres n'était un élément social. 
  • Approche biocomportementale.
    • Ces besoins sont sous le contrôle de l'étage du cerveau dit «cerveau reptilien» (tronc cérébral et hypothalamus).
    • Celui-ci est informé
      • par la composition du milieu intérieur, de l'état de bien-être des cellules ;
      • par les organes des sens, sur ce qui se passe dans l'environnement.
    • À partir de ces informations, le cerveau reptilien agit sur l'environnement pour maintenir l'équilibre intérieur, pour faire «plaisir» à l'organisme auquel il appartient.

      • Incapable de mémoriser, ses réponses sont des commandes d'actions : la fuite (quitter l'environnement) ou la lutte (modifier l'environnement) pour que l'équilibre intérieur soit maintenu.
        • Cette partie du cerveau travaille au présent, sans faire référence au passé, à l'expérience, à la mémoire. C'est le cerveau qui règle «les pulsions» et qui «fournit une réponses programmée avec laquelle on ne peut improviser » H. Laborit, L'esprit du grenier

• Besoins de sécurité
  • Par ordre de priorité :
    • Protection du danger physique - Protection des menaces psychologiques - Délivrance de la douleur - Stabilité - Prévision - Ordre.
  • Définir ces besoins élémentaires en termes quantitatif et qualitatif est complexe
    • ils sont en relation avec la localisation géographique de l'humain et varient à chaque période historique.
    • ils sont soumis au système politique, émanation du collectif humain
    • ils sont soumis au degré de développement de l'organisation sociale.
      • Par exemple, la protection des facteurs environnementaux de danger physique et psychologique nécessite d'avoir un logement, mais aussi de ne pas être socialement isolé.
      • Dans les grandes villes le risque d'être isolé est grand. Le stress ressenti par les jeunes postiers de province nommés à Paris créait dans les années 7O de nombreux états dépressifs. Des structures d'accueil ont été mises en place depuis.
  • La douleur et la souffrance, qui furent longtemps considérée comme rédemptrices, présentent aussi une composante socioculturelle. On le retrouve dans le terme «patient» utilisé par les médecins car dans la Bible, patient signifie «longue souffrance»  

  • Approche biocomportementale.
    • Ce besoin met en jeu le cerveau en entier en utilisant le «faisceau de la récompense» (faisceau médian) ou le «faisceau de la punition» (système périventriculaire)
    • «En bref,
      • un premier faisceau mis en jeu lorsqu'on se fait plaisir, de telle façon qu'on va renouveler l'acte qui aboutit au plaisir après l'avoir mémorisé ;
      • un second faisceau, celui de la punition dont la stimulation détermine la fuite ou la lutte. La fuite d'abord, la lutte quand on ne peut plus fuir.
        • Le courage est un apprentissage socioculturel. Quand la lutte ou la fuite sont favorables, elles sont réutilisées, car c'est un système inné mais qui, lorsqu'il est efficace, remet en circuit le système de la récompense, car éviter une punition, c'est aussi être récompensé.
      • Enfin, lorsque nous ne pouvons plus fuir ni lutter, nous utilisons le SIA (système inhibiteur de l'action).
        • C'est toute la pathologie mentale, infectieuse, des tumeurs qui en résulte quand son action persiste... Ainsi ces trois systèmes permettent d'organiser un comportement dans un environnement social» Henry Laborit.

 II - BESOINS POUR S'ÉPANOUIR

•  Les besoins physiologiques sont limités alors que les besoins d'épanouissement sont infinis. Mais, alors que dans les besoins élémentaires l'impérieuse nécessité s'impose, dans les besoins d'épanouissement il y a toujours la notion du relatif exprimé par le doute.  

• Besoins de propriété.
  • Par ordre de priorité :
    • Besoin de maîtrise sur les choses, sur les événements - Besoin d'impact, de pouvoir sur l'extérieur et donc besoin important de connaissances pour y arriver.
  • Le besoin de propriété n'est pas un besoin naturel, inné, mais social.
    • Il était absent en Polynésie avant l'arrivée des européens car la nature donnant à tous le suffisant, le stockage pour la survie était ignorée ; et il est absent chez certaines ethnies qui cherchent encore chaque jour, leur nourriture (comme au paléolithique en occident).
    • L'agriculture et l'élevage apparus au néolithique du fait de nouvelles conditions climatiques dans les régions tempérées ont permis aux tribus de produire sur un territoire les aliments nécessaires à leur survie, collecte qu'il a fallu défendre contre les prédateurs (animaux et autres groupes humains) ce qui a initié la notion de propriété. Auparavant les chasseurs se déplaçant pour suivre les troupeaux, étaient «de nulle part».
    • La sédentarité a permis la spécialisation du travail en fonction des habiletés. Celle-ci a entraîné la production de «surplus», qui ont fait naître l'échange et le commerce.
      • L'homme est le seul animal qui échange (ou pille), conséquence de la communication par le langage et de l'utilisation du raisonnement.
    • Les surplus ont permis de se dégager des contraintes de la rareté naturelle et donc de libérer «l'aspiration et le désir» (les besoins élémentaires étant satisfait).
      • Auparavant on pouvait «rêver mais sans laisser le rêve être son maître» car le reptilien, qui recevait la morsure aiguë du milieu intérieur, remettait sur le chemin conduisant à la maintenance de la machinerie.
      • «Une grande époque de l'histoire de l'espèce fut le passage du paléolithique au néolithique... Il s'installa alors dans l'hémisphère Nord un climat que l'on a coutume de décrire comme beaucoup plus clément. La caractéristique d'un tel climat est de présenter une alternance saisonnière, un été suivi d'un hiver. La clémence du climat n'est appréciable que l'été. Les conditions antérieures, difficiles, se retrouvaient l'hiver. Nos lointains ancêtres en avaient longuement souffert. Leur imagination leur a permis de s'en libérer. L'agriculture et l'élevage leur ont permis d'engranger l'été et d'avoir à disposition de la viande fraîche et des réserves de graminées pour survivre l'hiver. L'objet gratifiant, celui nécessaire à la survie, ne s'est plus trouvé dispersé dans la nature, mais ramassé, collecté en un territoire. La notion de propriété était née, propriété qu'il fallait défendre contre les prédateurs de toutes sortes, les autres hommes moins favorisés techniquement d'abord.Pas plus chez les premières sociétés néolithiques que chez l'individu n'existe un instinct inné de propriété et de défense du territoire, mais l'apprentissage de la gratification, de la protection de l'équilibre biologique, du plaisir» Henry Laborit. 
• Besoins d'appartenance.
  • Par ordre de priori té :
    • Amour et affection - Acceptation - Relations et communications chaleureuses - Approbation venant des autres - Être avec ceux qu'on aime - Être avec des compagnons.
  • Si nous avons besoin de l'amour ce n'est pas pour le bonheur qu'il peut nous apporter, mais c'est parce qu'il nous enracine parmi les autres et nous met en relation avec eux. L'amour est un don, non une dette.
    • Peut-être la cour d'amour lors de l'adolescence nous met-elle en communication avec la «période de l'empreinte», entre 0 et 3 ans, dont personne ne se souvient .
  • L'appartenance peut être une appartenance sociale ou à l'humanité toute entière ou une foi partagée.
  • Henry Laborit conclut le chapitre sur les «Bases biologiques du comportement» par notamment : « ... ce que nous sommes dépend essentiellement du milieu qui a mis en forme nos structures nerveuses depuis la période de l'empreinte, devenue strictement inconsciente chez l'adulte, lequel ne savait pas à cette époque de sa vie qu'il existait un monde qui n'était pas lui. Les sensations agréables qu'il a éprouvées, il voudra les retrouver si la vie ne lui fournit pas ce qu'il attend. C'est ce qui caractérise le narcissisme primaire, la recherche de l'autre ne permettant de trouver que soi-même, seuls que nous sommes à l'intérieur de notre peau, de la naissance à la mort .Que nous sommes seuls avec ce que les autres ont mis en nous, car nous ne sommes que les autres, réunis de façon unique en un point unique de l'espace-temps, nous »
  • Les besoins d'appartenance, historiques, peuvent avoir un début et une fin (j'ai été enfant-catalan avant d'être scolaire-français puis adulte-européen).
    • Leur fin survient quand ils ne sont plus exprimés dans le langage ce qui témoigne qu'ils ne sont plus ressentis : nous ne les insérons pas dans le limbique de nos descendants si notre adhésion affective n'est pas totale.
      • Les poilus de 14 et les soldats de 40 n'avaient pas le même sentiment d'appartenance, d'enracinement : le discours des veuves ayant fait la différence.
  • Alors que l'on considérait le phénomène d'appartenance comme quelque chose de permanent dans la France rurale (on était catalan ou auvergnat...) les mutations sociales ont changé cette notion, et l'ont élargi : on n'habite plus la maison, le quartier, la ville de son enfance ; on n'a plus d'enracinement à un coin familier. L'appartenance à un groupe (solidarité et fraternité) est rapide et passagère. C'est un nouvel enrichissement dû à l'existence moderne. On ne s'attache plus aux bornes des champs... qui délimitaient chez les gens un esprit borné («tu dépasses les bornes» resté dans le langage de la génération dont les parents étaient paysans, disparaît du vocabulaire de la troisième génération).
    • Le sentiment d'appartenance à un groupe ethnique est par contre vital pour les étrangers qui ne possèdent pas la langue du pays où ils ont émigré.
      • Cette première a besoin de retrouver des automatismes culturels rassurants, en se regroupant car la trame des rapports humains c'est la compréhension inexprimée, le non-dit qui va de soi ;
      • La deuxième génération, scolarisée, est différente ;
      • La troisième est enracinée dans une langue (francophone, ...) car elle comprend la langue de ses grands parents mais ne la parle plus.
  • Nous avons des besoins pour nous-mêmes mais aussi pour autrui : ce dont les autres ont besoin et qui leur fait défaut, constitue une part de nos propres besoins (école, maison de retraite, Fondations caritatives). 
  • Approche biocomportementale
    • A la naissance nous ne sommes au niveau cérébral (paléo et néo mammifère) qu'une personne potentielle : les synapses doivent continuer de se connecter pour engranger les informations du milieu environnant.
      • Nous créons - ou notre groupe social crée - au fil des jours la trame de nos besoins sociaux, qui ont donc une histoire.
      • Cette mémorisation accumule tous les acquis collectifs des générations qui nous ont précédé depuis le néolithique.
        • Acquis historique relatif à ce qui est bon pour l'être humain, par expérimentation : amour, respect, fraternité, solidarité. Ceci fait que, quoique nous faisions de notre vie, nous ne pouvons être en harmonie avec les autres - et avec nous-mêmes surtout - que si ces préalables inclus dans notre structure cérébrale ont teinté nos actions.
    • Le langage véhicule les «idées» reçues de la génération antérieure, héritage que nous formulons dans le langage quotidien. Sans trop différencier si nous y adhérons encore ou si ce sont des platitudes d'habitude.
      • Henry Laborit : « Le cerveau des hommes, comme lui-même naît nu. Il est habillé par le langage qui lui vient des autres. C'est ce qui nous fait dire que nous ne sommes que les autres, aussi bien dans le résultat de la combinatoire génétique que dans notre apprentissage de la vie. Tous les autres, les vivants et les morts.»
      • A. Jacquard. Introduction de l'Encyclopédie «L'univers psycho-corporel» : «C'est un individu qui reçoit par la fusion d'un ovule et d'un spermatozoïde, les recettes de développement de ses divers organes. Le mécanisme par lequel a été constitué le patrimoine génétique grâce auquel il va peu a peu se réaliser comporte une loterie au résultat aléatoire; le nombre des combinaisons possibles entre les gènes des deux parents est si fabuleusement grand que chaque patrimoine est unique et permet d'identifier chaque individu. Mais c'est une collectivité qui apporte à cet individu les recettes lui permettant d'utiliser efficacement certains de ces organes, par exemple de transformer les sons émis par les cordes vocales en un langage. Cette collectivité n'a d'existence réelle que par la participation des individus qui la constituent ; chacun y reçoit et y apporte ; elle est une cité, il est un citoyen. La définition proposée amène donc non à opposer comme antagonistes l'individu et la collectivité, l'identité et la citoyenneté, mais à constater qu'ils sont deux éléments indissociables d'un processus de construction. Dans une réaction chimique, personne ne pose la question de savoir si l'énergie est produite par l'un ou par l'autre des éléments en présence ; elle résulte de leur interaction. De même, I'individu devient peu à peu réalité autonome grâce aux apports de ceux qui l'entourent, et la collectivité n'a d'existence concrète que par la participation des individus.La marque suprême de l'identification individuelle est la capacité a dire «je». Mais d'où vient ce «je», sinon des «tu» entendus ? Et ces «tu» n'ont ce merveilleux pouvoir que si celui à qui ils s'adressent est déjà considéré comme un membre à part entière de la cité, comme un «citoyen». Celui qu'aucun groupe n'accepte comme un de ses membres, ne fût-ce que sa propre famille ne pourra développer son «je», fonder son identité. Les Gaulois, parait-il, infligeaient à ceux qui avaient commis les pires crimes non la peine de mort (par quelle aberration peut on ravaler la mort au rang d'une peine ?) mais le rejet hors du groupe : personne ne s'adressait plus au coupable, il avait perdu, à la fois citoyenneté et identité. (Et de nos jours on le met collectivement en quarantaine ; ou individuellement «on ne lui parle plus»).Une fois son identité établie, il est certes possible à chacun de délimiter la «cité» à laquelle il estime appartenir. Pour les uns elle, s'étend à la totalité des humains, pour d'autres elle se limite à leur nation, à leur village, à leur famille. Pour certains elle se réduit à leur personne : dans ce cas, la fermeture est totale. Après avoir été fait par l'apport des autres, l'individu refuse toute réciprocité ; il est comme une cendre du feu qui se propage d'homme à homme. Le refus de jouer le jeu collectif peut cependant être motivé par le constat que ce jeu est perverti et par le désir de le transformer. Il ne s'agit plus alors d'un égoïsme dommageable pour tous, mais d'un sursaut qui à la fois intensifie l'identité et enrichit la citoyenneté. Ainsi, François d'Assise se dépouillant de ses vêtements, quittant la ville et provoquant finalement le renouveau des règles du jeu social.Au terme de sa réalisation, l'individu est distinct du citoyen, ce qui justifie d'avoir défini indépendamment les droits du premier et ceux du second. Ils n'en sont pas moins deux branches issues d'un même tronc, fruits d'une même plante. L'histoire des hommes est ainsi celle de leur construction par eux-mêmes. A l'humanité reçue, ils ont ajouté un ensemble de caractéristiques que l'on peut appeler «l'humanitude». L'élément le plus décisif de cette humanitude est sans doute la capacité de s'interroger. Tout d'abord sur l'univers qui nous entoure : pour les animaux, seuls existent les faits ; pour les hommes, ces faits deviennent des sources d'interrogation. Pourquoi, comment de tels événements se produisent-ils ? » 
• Besoins d'estime de la part des autres.
  • Par ordre de priorité :
    • Re connaissance - Dignité - Appréciation venant des autres - Considération, respect - Importance, influence - Bonne réputation - Attention - Statut - Possibilité de dominer.
  • Le sentiment qu'il a de son moi, l'homme ne le tire pas de son for intérieur mais des autres. Il a besoin de «caresses» (traduction du terme «strokes», utilisé dans l'analyse transactionnelle) pour affermir son amour-propre. Les quantités en sont variables pour chacun.
  • Le monde social est le monde de la différence : la position sociale détermine "ce qui est dû".
    • Plus en fonction du titre (paraître) que de la compétence et des services rendus à la communauté (le savoir faire et le savoir être), ce qui pose le problème : quelles inégalités sont justes ?
    • Jean-Jacques Rousseau observait : «Le sauvage vit en lui-même ; l'homme sociable, toujours hors de lui ne sait vivre que dans l'opinion des autres et c'est pour ainsi dire de leur seul jugement qu'il tire le sentiment de sa propre existence » (Jean-Jacques Rousseau, «Discours sur l'inégalité»)
    • C'est le contraste entre le monde social, où ce dont l'homme a besoin dépend de ce qui est dû à sa position sociale, et le monde naturel ou les besoins sont ceux du bipède que nous sommes tous sous nos habits.
      • Nous apprécions dans les deux cas nos besoins par la «souffrance» du manque.
  • On rentre dans le domaine des aspirations .
    • «J'aspire à faire l'école des cadres» dit S... alors que sa compétence et la fonction qu'elle occupe, ici et maintenant, la rend indépendante de ce besoin. Donc elle se définit par ce qui lui manque, ce qui lui fait défaut pour être bien dans sa peau. Ce qu'elle voudrait être et non ce qu'elle est. En somme elle part de ses manques et non de sa plénitude : elle exprime une faiblesse, une dépendance aux autres. Ce qui débouche sur les notions de solidarité humaine et de besoins sociaux.
    • Ceci renvoie aussi à la notion que les besoins d'épanouissement sont impossibles à définir tellement il y a de projets différents et de manières de les réaliser.
    • De plus :
      
      - nous nous trompons parfois sur nos aspirations : une fois que nous avons réussi nous nous rendons compte que nous avons désiré ce dont nous n'avions pas besoin.
      - l'entourage "voit "ce dont nous avons besoin et que nous, nous ne désirons pas consciemment.
      • L'inadéquation, si évidente pour l'entourage, est peut-être d'ailleurs fausse, car si nous nous trompons nous-mêmes sur nos besoins, nous nous trompons encore plus sur ce dont les autres ont besoin.
    • On se rend compte qu'en exerçant la médecine, ipso facto, on applique l'idée qu'on connaît mieux les besoins des autres qu'ils ne les connaissent eux mêmes. Ce qui conduit à l'abus de pouvoir : les médecins s'arrogent le droit de définir les besoins des patients.(C'est le sujet du texte «Le médecin et la hiérarchie enchevêtrée»).
      • Les IDE et les services sociaux idem.
      • Dans un autre registre les enseignants, les prêtres et les politiques sont dans la même mouvance .
        • Ce qui explique que les modifications sociales accélérées depuis 1968 leur donne un sentiment de perte de considération alors qu'il ne s'agit que d'un élargissement de la liberté des autres qui ne se contentant plus du titre, jugent la compétence et la cohérence du discours avec la pratique en fonction de leurs besoins.
      • En général, tout un chacun en fonction de son vécu (qui englobe ce que les autres ont mis dans son cerveau) a tendance à faire de même lorsqu'il est en situation .
        • Quand je dis à S. en voyant le peu de compétence pour gérer l'efficacité d'une équipe de certains cadres issus de l'école des cadres «Tu n'en tireras rien de faire cette école», de quel droit je définis son besoin ?
    • Les aspirations, progrès du développement, ne peuvent s'exprimer que lorsqu'il y a disparition de l'assujettissement aux besoins élémentaires
      • servitude qui ne disparaît jamais complètement puisque la maladie peut nous surprendre.
  • Le problème de l'égalité des chances : les parents décident des besoins des enfants...
    • Or, qui forme les parents à ce rôle ? Personne.
      • Les parents font au mieux : ils transmettent leur propre acquis d'enfance dans cette «période de l'empreinte», ce qui pérennise les biocomportements.
    Or les trois premiers mois, les trois et sept premières années de la vie sont primordiaux pour l'épanouissement affectif et intellectuel futur (voir tableau «Étapes du développement »  selon Érickson).
  • Dans le chapitre "Interactions-communications" de l'Encyclopédie L'univers psycho-corporel l'étude sur l'Analyse Transactionnelle d'Éric Berne analyse ce besoin "des autres":
    • « Dans les échanges entre les personnes, les règles ne sont pas celles de la circulation d'argent ou de biens, mais celles des échanges sociaux et de l'économie psychique. Et le bénéfice escompté n'est pas un bénéfice d'avoir, mais un surplus d'être : on touche des «caresses», c'est à-dire des signes de reconnaissance, d'amour ou d'estime. Le taux de satisfaction augmente, on sent un mieux-être.
    • « .../...LES BESOINS
      1 ) Du besoin de stimulus au besoin de structure
      À l'origine de l'intuition fondamentale d'Éric Berne, il y a une fois de plus les travaux de Spitz sur l'hospitalisme, ainsi que d'autres découvertes plus récentes sur les méfaits de l'isolement et de la privation sensorielle.
      • Que ce soit chez les animaux de laboratoire ou chez les prisonniers politiques, le manque de contact rend fou, puis apathique. Ce n'est pas seulement l'âme qui s'attriste ; l'organisme se déprime et renonce à lutter pour sa survie. Sans doute les cellules nerveuses ne sont-elles plus nourries et « s'atrophient-elles ». Il ne s'agit pas d'un besoin d'amour, car des contacts pénibles et des sanctions sévères produisent pratiquement le même résultat en termes de survie qu'un traitement tendre. C'est le contact qui compte.
      • A partir de ces faits expérimentaux, Berne estime qu'il y a chez tout être vivant un «besoin de stimulus» tout aussi vital que le boire et le manger.
      • Les comportements en cas de pénurie ou d'abondance sont semblables : l'affamé se jette sur la nourriture la plus rebutante, alors que nous sélectionnons soigneusement les aliments qui nous plaisent. De la même façon, l'otage ou le prisonnier s'attache à son persécuteur, alors que nous choisissons parcimonieusement nos amitiés.
      • C'est pourquoi l'isolement est utilisé pour obtenir la soumission politique, tandis que l'organisation sociale est la meilleure défense contre l'oppression.
      • Pour l'humain, la pire des relations -ou transaction- est encore préférable à l'absence totale de stimulation. Ce besoin de stimulus est avant tout physique.
        • Il reçoit sa plus grande satisfaction dans le rapport du bébé à sa mère et, plus tard, dans l'intimité sexuelle. Mais les nécessités de la maturation biologique, psychologique et sociale imposent de renoncer aux caresses initiales. L'individu apprend à se satisfaire de «caresses» beaucoup plus rares beaucoup moins physiques, et le plus souvent symboliques. Le besoin de caresses devient un besoin de reconnaissance. Mais son intensité ne diminue pas. Chacun, en fonction de son tempérament particulier, a besoin de sa dose quotidienne de caresses.
          • N'importe quel signe de reconnaissance a valeur symbolique de «caresse». Ainsi, la caresse la plus élémentaire est de dire «bonjour».
        • On sait que, dans certaines sociétés, les rituels de salutation peuvent durer des heures.
          • Toutes les "bonnes manières" sont des caresses ritualisées et obligatoires. Celui qui ne s'y conforme pas, ou ne les connaît pas, ne peut être reconnu. Il déclenche forcément une certaine hostilité et finit par être rejeté s'il ne trouve pas de caresse localement acceptable.
      • Pour l'individu, l'absence de caresse signifie rejet, désarroi, une façon d'être inexistant ou mort. C'est pourquoi le besoin de caresse se systématise en «besoin de structure». Que faire après avoir dit bonjour ? La programmation du temps est un problème vital pour l'humanité.
      2) les structurations du temps
      • La nécessité de travailler, c'est-à-dire de modifier la réalité de façon à subvenir à ses besoins, ne répond que partiellement à la question. Le travail n'est jamais organisé de façon strictement rationnelle, c'est-à-dire en fonction des nécessités de la transformation du matériau. Le travail implique toujours en même temps une organisation sociale des rituels, des hiérarchies, des formes de relation aux autres qui ont une signification sociale et psychologique.
      • En dehors du travail, les relations sont également codifiées à la fois par des règles sociales locales, et par les besoins et les lois psychologiques.
      • Par ordre croissant d'implication et de satisfactions personnelles, ces échanges réglés sont appelés :
        
        - des rituels : salutation, cour amoureuse, deuil, célébration des fêtes, etc.
        - des passe-temps : conversations mondaines ou sociales convenues sur le temps qu'il fait, les automobiles, le sport, les maladies, la politique, les prix, etc.
        • Un passe-temps est une bonne façon d'obtenir des caresses peu risquées, car on n'y joue qu'avec des personnes qui sont d'accord avec vous. C'est aussi une façon de recruter de nouvelles relations, du type «relations de vacances» ou d'affaires.
        - des «jeux», qui impliquent plus fortement la subjectivité des protagonistes. Ils sont aussi plus risqués, et apportent des caresses plus intimes (rappelons qu'un mauvais coup à également valeur de «caresse»)
        - de l'intimité, enfin, qui est la façon la plus agréable d'occuper le temps. Mais la plupart des gens ne se permettent que de rares et brefs moments d'intimité. L'essentiel du temps est consacré aux rituels, aux passe-temps et, surtout, aux jeux. »
        • Elle se joue en toute sincérité, sans retenue, et permet d'obtenir et de donner les caresses que l'on souhaite le plus profondément. L'intimité idéale est une relation sexuelle réussie, mais toute relation vraie, spontanée et sincère peut s'appeler intimité dans la mesure où elle apporte quelque chose de profondément désiré. A la limite, une bonne bagarre est une forme d'intimité particulièrement satisfaisante dans la mesure où les partenaires en avaient un besoin intense.
  • Approche biocomportementale
    • Identique au besoin d'appartenance. 
• Besoins d'estime de soi
  • Par ordre de priorité :
    • Sentiment d'être utile, valorisé - Haute évaluation de soi-même - Se sentir adéquat, autonome - Atteindre ses buts - Compétence et maîtrise - Confiance en soi face aux autres - Indépendance.
  • La valeur que nous estimons avoir est un facteur important de notre développement psychosocial et de nos motivations.
    • Le «moi» idéal, selon Maslow est l'ensemble des aspirations, des buts, des valeurs et des normes de comportement que nous considérons comme idéaux et que nous cherchons à atteindre.
  • Les «Étapes du développement d'Érikson» servent de trame de fond au jugement que nous portons au cours de la vie sur notre sentiment d'utilité. Mais elle doivent être modulées :
    • certains ont besoin de se sentir citoyen et de participer à la vie de la cité par l'intermédiaire des associations ;
    • d'autres se satisfont de d'une existence familiale ;
    • d'autres ont besoin de la consolation de la religion ;
    • d'autres veulent le pouvoir, le savoir, la richesse ou le danger.
  • Qu'elle est la voie la meilleure pour un épanouissement humain ? Qui peut en décider pour cet autre qui a une histoire différente de la mienne ?
  • Une vie passée à satisfaire ce besoin est une spirale ascendante continue, non pas par une signification choisie au départ, mais par l'enchaînement de la réalisation d'un besoin menant au suivant.
    • Spirale de la spiritualisation, c'est aussi le rôle en entreprise du management participatif par objectifs qui fait progresser l'ensemble des acteurs.
  • C'est la satisfaction de nos besoins qui aiguillonne nos efforts pour obtenir la plénitude de leur satisfaction. Et on est successivement en manque.
  • Le besoin d'estime de soi permet d'oublier au quotidien que la mort est incluse dans la vie. ce que nous sommes les seuls êtres vivants à savoir, grâce au cortex.
  • L'autonomie n'a plus de sens lorsque nous sommes pris au piège de la nécessité physique (ex : paraplégique, affamés du Sahel) ou que nous ne possédons pas le langage (ex : étranger) et/ou l'écriture (ex : analphabète), outils de choix pour communiquer.
  • Approche biocomportementale
    • Comme le besoin d'appartenance. 
• Besoins de se réaliser
  • Par ordre de priorité :
    • Croissance personnelle et maturation - Prise de conscience de son potentiel - Augmentation de l'acquisition des connaissances - Développement de son potentiel - Amélioration des valeurs - Satisfaction sur le plan religieux et/ou philosophique - Créativité augmentée - Capacité de percevoir la réalité et de résoudre les problèmes augmentée - Diminution de la rigidité - Mouvement vers ce qui est nouveau - Satisfaction toujours plus grande face à la beauté - Moins de ce qui est simple, plus de ce qui est complexe.
  • Henry Laborit conclut le chapitre sur les «Bases biologiques du comportement» par : «.../... Pour comprendre aussi que ce que peut apporter l'homme, ce sont ses «désirs», c'est à dire les structures imaginaires construisant le futur à partir de l'expérience passée en remodelant pour fournir un «modèle» nouveau à ses comportements.»
  • Pour réaliser tout leur potentiel les êtres humains peuvent aller au delà des aspirations sociales et réaliser leurs désirs.
    • Le désir fait abstraction de la réalité, vit au-delà, en dehors de la réalité. Et ses certitudes aveugles sont un fil rouge qui nous conduit inexorablement vers des objectifs devant lesquels la raison seule hésiterait.
      • Je mesure aujourd'hui ce qu'avait de déraisonnable le projet de 88 pour le "Long séjour", tel que je le rêvais possible. Et pourtant, il est réalité imparfaite mais présent en 93.
        • L'affectivité est la clé des conduites motrices. «La volonté est le jouet de l'affectif et non l'esclave de la raison.»
    • Avec le temps les désirs peuvent être abandonnés («J'avais rêvé de ...) et les aspirations s'estomper («Je n'ai plus envie de...»).
      • Mais très souvent cela laisse un sentiment de besoin non satisfait : nous ne savons pas ce que vaut une aspiration tant que nous avons pas sué pour l'obtenir.
    • Les idées et les réalisations d'avant-garde peuvent avoir du mal à se mouvoir dans un système social qui s'efforce de les éliminer pour maintenir son équilibre, qui s'appelle encore conservatisme.
      • « Mais de petites différences, des fluctuations insignifiantes peuvent, si elles se produisent dans des circonstances opportunes, envahir tout le système, engendrer un régime de fonctionnement nouveau», et il ne faut pas sous-estimer la « puissance innovatrice des groupes minoritaires caractérisés par une situation marginale par rapport aux circuits dominants ». Car, en fait, « la présence d'interactions non linéaires dans une population détermine la possibilité de modes d'évolution particuliers (effet boule de neige, propagation épidémique, différenciation par amplification de petites différences), et cela quelle que soit la population. »
    • Nous avons des besoins spirituels parce que nous sommes une espèce possédant le langage qui nous permet de parler de notre existence dont nous essayons de comprendre le sens. Nous tournons toujours autour de la signification de la mort. En dehors d'une religion le sens de la mort ne réside qu'en ce que nous ressentons quand elle survient : le chagrin.
    • Nous avons la libre décision du choix mais nous n'avons jamais la certitude d'avoir bien choisi.
      • Celle-ci ne peut être donnée que par une utopie, (mot pris au sens noble du terme : conception d'une société idéale) : religion, idéologie politique.
    • Toute morale dérive de nos besoins naturels (amour des enfants, reconnaissance devant les bienfaiteurs, compassion pour les handicapés), de nos besoins sociaux et de notre croyance sur les nécessités de la communauté humaine (justice, respect, propriété d'autrui, contrat, parole donnée).
      • Cette morale implicite héritée de l'histoire, explique l'évolution des lois sociales dans la répartition des fruits du progrès économique pour établir un certain ordre et éviter l'explosion sociale qui survient quand les besoins primaires d'abord (jacqueries) et les aspirations ensuite (mai 68) ne peuvent être satisfaites du fait des lois en cours.
    • Les droits sociaux sont le résultat d'un consensus sur les préalables nécessaires à l'épanouissement humain (nourriture, toit, vêtement, instruction, emploi).
      • Mais au-delà de ces droits qui respectent l'individu, le citoyen, il n'est pas possible de légiférer sur les besoins de considération , de respect de la personne.
    • La solidarité, la fraternité, l'amour, la dignité et le respect ne peuvent être spécifiés comme des droits : ce sont des besoins.
      • Si on peut satisfaire les droits des gens, il est difficile de leur donner ce dont ils ont besoin : l'allocation chômage est une condition nécessaire à la survie mais pas suffisante pour la dignité et l'amour-propre de certains chômeurs. De «certains» car nos besoins ne sont pas les mêmes. Ce qui représente pour vous le respect, ne le représente pas forcément pour moi (ex : je considère que montrer de la considération pour quelqu'un commence par lui demander son avis). Donc un comportement égal pour tous est en contradiction avec un comportement respectueux de chacun. En traitant tous les gens de la même façon on les traite comme des choses ?
    • Abraham Maslow écrit dans Vers la psychologie de l'être.«De la même manière que les arbres ont besoin de soleil, d'eau, de nourriture, qu'ils reçoivent de l'environnement, les hommes ont besoin de recevoir de leur environnement sécurité, amour, considération. Dans les deux cas, le développement réel de l'individu peut commencer une fois qu'ont été satisfaits les besoins élémentaires de l'espèce. A ce moment-là chaque arbre et chaque personne, commence son développement selon son propre style, unique, utilisant les énergies nécessaires à la réalisation de ses visées individuelles. À partir de ce moment-là, on peut dire que le développement est davantage déterminé de l'intérieur que de l'extérieur.

      Les buts communs à l'espèce et les buts personnels.

      • Les besoins de sécurité. de propriété, de relations d'amour et de considération, peuvent être satisfaits uniquement par les autres, c'est-à-dire que leur satisfaction ne peut venir que de l'extérieur.
        • Cela entraîne une dépendance importante à l'égard de l'environnement. On ne peut pas dire d'une personne qui se trouve dans cette situation de dépendance qu'elle se gouverne elle-même et qu'elle contrôle son propre destin. Elle est dépendante des personnes qui lui fournissent la réponse à ses besoins. Leurs désirs, leurs caprices, leurs règles et leurs lois la gouvernent et elle doit s'y soumettre, à moins de risquer de perdre la source de ses satisfactions. Elle doit être, dans une certaine mesure, dirigée par les autres et doit être sensible à l'approbation des autres, ce qui revient à dire qu'elle doit s'adapter, ajuster son comportement, en étant souple, attentive et prête à changer pour s'accorder à la situation extérieure. Elle est la variable dépendante. L'environnement est la variable indépendante et donnée. À cause de cela, l'homme motivé par ses besoins peut avoir une certaine crainte de l'environnement qui peut toujours lui manquer, lui faire défaut. Nous savons maintenant que ce type de dépendance anxieuse peut aussi engendrer une certaine hostilité. Tout cela peut amener un manque de liberté plus ou moins grand selon la chance de l'individu en question.
        • Au contraire, la personnalité qui poursuit la réalisation de soi, qui a déjà, par définition, gratifié, ses besoins élémentaires, est beaucoup moins dépendante, beaucoup moins attachée, bien plus autonome et libre.Loin d'avoir besoin des autres, l'individu motivé pour la croissance peut être gêné par eux. J'ai déjà souligné la prédilection pour la solitude, l'indépendance, la méditation. De telles personnes deviennent de plus en plus autonomes et indépendantes. Elles sont déterminées d'abord par des motifs intérieurs et non par des influences de l'environnement ou de la société ; c'est-à-dire par les lois de leur propre nature, leurs capacités et possibilités, leurs talents, leurs ressources latentes, leurs énergies créatrices, leur besoin de se connaître elles-mêmes et de devenir de plus en plus intégrées et unifiées, de plus en plus conscientes de ce qu'elles sont réellement, de ce qu'elles veulent réellement de ce qui est leur vocation ou leur destin.Depuis qu'elles dépendent moins des autres, elles sont moins ambivalentes à leur égard, moins anxieuses et aussi moins hostiles, moins avides de leur bienveillance et de leur affection. Elles sont moins affamées d'honneur, de prestige, de récompenses. L'autonomie, relative indépendance à l'égard de l'environnement, signifie aussi indépendance vis-à-vis de circonstances extérieures défavorables telles que la malchance, les accidents, le tragique, les chocs, les privations.» (Abraham Maslow, Vers une psychologie de l'être.)
  • Approche biocomportementale
    • Ce besoin est en relation avec les aires associatives des deux hémisphères cérébraux (lobes frontaux). Il utilise les acquis pour imaginer autre chose.

Essayons de résumer

• Constat :
  • Les besoins de l'être humain sont en rapport avec son développement cérébral et déterminent des comportements :
    • - les impératifs de maintien de l'équilibre du milieu intérieur entraînent des comportements qui ne sont pas négociables ;
    • - les aspirations sont liées au milieu (familial, groupe social) et à son histoire, véhiculé par le langage.
      • Elles se développent sur un fond permanent culturel de l'espèce, transmis durant les premières années de la vie. Elles conduisent à des comportements qui se modifient lentement, de génération en génération ;
    • - les désirs, imaginaires, sont hors du présent social et en rupture avec la réalité actuelle.
      • Ils se développent sur des acquis. Ils conduisent à des comportements pouvant être jugés déviants par le corps social. Leur réussite quant à l'épanouissement de l'être humain peut faire tâche d'huile et gagner l'ensemble du corps social.
• Comment ça marche ?
  • Jusqu'à une époque récente on ne connaissait du cerveau que sa spécialisation hémisphérique (hémisphère gauche et droit) et on ne mettait en valeur que l'hémisphère gauche, siège de la logique et du raisonnement, apte à répéter le savoir scolaire et social.
  • On ne connaissait pas au point de vue fonctionnel le rôle de cette autre particularité cérébrale, d'ordre vertical, constituée au cours des millénaires : la «superposition » de différents « cerveaux » aux fonctions bien spécifiques.
    • Le modèle évolutif en a été proposé par Paul D. Mac Lean : au cours de son évolution, le cerveau humain, tout en se développant a conservé les caractéristiques de trois formations qui reflètent nos relations ancestrales avec les reptiles, les anciens mammifères et les nouveaux mammifères. Ces trois formations constituent une hiérarchie de trois cerveaux en un, un cerveau tri-unique. Une telle situation indique que nous sommes obligés de nous voir et de voir le monde avec les yeux de trois mentalités différentes.
      • Et ce qui complique quelque peu la situation, c'est que les deux plus anciennes mentalités ne peuvent s'exprimer verbalement, ce qui ne permet pas cependant de rabaisser leur intelligence ou de les reléguer dans les brumes de l'inconscient.
  • On prend généralement pour acquis que l'intelligence est unique, en ignorant deux autres composantes de notre personnalité, sous prétexte qu'elles ne savent ni lire ni écrire.
    • Le cerveau rationnel, quoique placé au dessus des deux autres, fonctionne avec le cerveau primaire et le cerveau émotionnel dans le cadre d'une hiérarchie enchevêtrée. Entre les trois étages du cerveau il y a permutation éphémère des niveaux, oscillation, sans que le niveau inférieur ne prenne le dessus de façon permanente.
      • Ce fonctionnement peut être visualisé par une «boucle récursive» ( a la forme d'un 8), qui est une boucle qui peut être parcourue de façon indéfinie. La boucle récursive, caractéristique d'une «hiérarchie enchevêtrée «permet de montrer la complexité : elle modifie la hiérarchie sans pour autant jamais l'annihiler.
    • Trois parties fonctionnant de façon unique dans le cadre d'une hiérarchie enchevêtrée font du cerveau un organe singulier, qualifié de cerveau pluriel, triple et unique à la fois.

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COMMENT UTILISER CES CONNAISSANCES AU QUOTIDIEN ?

• Pour le regard qu'on porte soi-même, sur les événements et les autres
• « Chaque niveau d'organisation présente un fonctionnement qui dépend du niveau qui l'englobe, et le fonctionnement de chacun d'eux concourt au fonctionnement de l'ensemble. En retour le fonctionnement de l'ensemble, s'il maintient harmonieusement la structure de cet ensemble, protégera du même coup la structure de tous les autres niveaux d'organisation englobés. Mais dans l'organisme d'un individu, il n'y a pas un niveau d'organisation qui établit sa dominance sur les autres. Cette dernière n'apparaît qu'à partir du moment où l'individu est placé dans un groupe social et à partir des groupes sociaux entre eux.Mais tout se tient et vous avez compris que l'on ne peut prendre connaissance d'un événement à un seul niveau d'organisation sans s'exposer à de grossières erreurs d'interprétation.
  • Un événement politique est toujours lié à des systèmes économiques qui gouvernent des rapports sociaux. Ceux-ci sont dépendants de la psychologie des individus, qui dépend elle-même du fonctionnement de leur système nerveux, de leur apprentissage et de leurs mémoires, de leurs envies... de leur culture comme nous en avons parlé précédemment.
  • Vous voyez maintenant que prendre connaissance, essayer de comprendre un événement à un seul niveau d'organisation risque de vous faire commettre de grossières erreurs de jugement et en conséquence d'action. Il faut donc autant que vous pouvez le faire et que vos connaissances vous le permettent essayer de placer l'événement dans les systèmes qui l'englobent et rechercher également ses mécanismes dans les systèmes qu'il englobe.
  • Mais dans l'interaction ou, si vous voulez, l'entremêlement de très nombreux facteurs intervenant entre chaque niveau d'organisation auxquels vous attribuez une «valeur» importante ou secondaire, un autre que vous pourra leur attribuer une «valeur» différente. Vous savez maintenant pourquoi et vous serez bien souvent attristés, je pense, de trouver qu'à leur origine vous découvrirez le besoin de domination et d'appropriation des choses et des êtres chez les individus, les groupes sociaux, les États, les blocs d'États.
  • Méfiez-vous même des actions en apparences les plus généreuses, les plus désintéressées. Si elles ne sont pas motivées par la recherche de la dominance, elles le seront pour le bien-être qu'elles procurent à celui qui les réalise, ou pour être conforme à l'image idéale qu'il se fait de lui-même, dans le cadre culturel où il a grandi...Cela vous permettra peut-être de vous comporter plus aimablement au milieu des autres. Cela vous aidera à éviter la haine et la fureur, la jalousie et l'envie, à vous méfier de vous-même et de vos certitudes...» Henri Laborit
• Soins de santé, besoins et fonctionnement cérébral
  • Tenir compte à la fois des besoins de l'être humain et des modalités du fonctionnement cérébral pour analyser tout problème de santé.
    • Traiter les informations obtenues débouche sur des définitions d'action.
      • Celles-ci, face à la demande du malade doivent tenir compte de ses propres ressources : moral, état physique, capacité intellectuelle, environnement d'affection, (espace relationnel) condition de logement, d'équipement (espace dimensionnel), possibilité de réinsertion (espace de production et de consommation).
      • En tenant compte de ses handicaps anciens, de ses ressources personnelles et de celles de son entourage, afin que le malade puisse retrouver une certaine autonomie, lui permettant de se situer à nouveau comme homme dans son entourage proche, dans son quartier, dans son travail.
  • La démarche de soins de santé part d'une analyse de situation des fonctions vitales et des ressources (nomenclature : corticale) pour déboucher sur un plan d'actions (structure d'intervention : limbique et corticale) visant à dynamiser le sujet pour qu'il soit impliqué dans le processus de résolution des problèmes, sujet agissant et non objet.
    • Cet apprentissage permettra l'adaptation à une recherche du point d'équilibre de santé «permettant de fonctionner au mieux dans son environnement», définition dynamique de la santé de R. Dubos.
• Fonctionnement cérébral, besoins et management d'équipe
  • On travaille mieux :
    
    - quand on va au travail avec plaisir ou tout au moins sans déplaisir.
    - quand on a une activité de recherche.
    - quand le travail est socialement reconnu donc gratifiant.
    - quand dans son action on découvre le sens de ce qu'on fait.
    - quand il est permis d'organiser en détail son action selon la définition du rôle et sa personnalité.
    - quand on n'est pas angoissé.
    - quand on est en situation de sécurité dans l'équipe.
    - quand on est placé devant la nécessité de trouver des solutions plutôt que d'utiliser la même solution apportée par d'autres.
    - quand le but à atteindre paraît accessible eu égard aux résultats intermédiaires.
    - quand son statut dans le groupe est positif. Être ignoré est inhibant.
    - quand la définition du rôle, clairement déterminée, n'empêche pas d'interférer dans la hiérarchie de compétence.
    - quand on sait qu'un tel comportement est transposable ailleurs (entreprise, maison ou association) et affine l'intelligence (l'efficacité).
  • C'est l'opposé de l'activité mécanique qui ne comporte aucun apprentissage à résoudre des problèmes : créer des automatismes seuls (des habitudes reptiliennes) crée une impossibilité d'être efficace devant des problèmes différents.
  • Créer une auto-adaptation d'apprentissage permet à l'individu une auto-socio-construction au fur et à mesure qu'il augmente ses savoirs et ses compétences.
  • Une fois l'objectif fixé il faut que chacun utilise ses possibilités maximum actuelles. Cette solution personnelle doit être le fruit d'une synergie activité cérébrale-conduite motrice.
  • Si le problème le plus difficile est de réduire l'inhibition (oser oser) afin de mieux percevoir et mieux réussir, il est aussi de mieux réussir pour diminuer l'inhibition et mieux percevoir. Il y a donc un système interactif personnel.
  • La mémorisation permet d'accumuler des connaissances, d'engranger des matériaux. L'intelligence c'est l'efficacité avec laquelle grâce à ces matériaux on va synthétiser, donc être efficace. La différence d'intelligence (d'efficacité) est fonction du nombre de rapports que l'individu a eu avec des problèmes, avec la matière. Plus on a de problèmes à résoudre, plus on apprend, plus on devient efficace; moins on vieillit. A son niveau de synthèse lequel peut être différent d'un individu à l'autre avec les mêmes matériaux. Mais y a t il eu le même vouloir ?
  • La motivation est le critère d'évaluation d'une responsabilisation réussie car «l'affectivité est la clé des conduites motrices».

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