Parole des mains
« Rien en nous, n'est en contact avec autre chose que nous, si ce n'est notre peau» écrit Diane Ackerman. On comprend mieux pourquoi notre langage colle à la peau !
- D'où les expressions : défendre sa peau - sauver sa peau - tenir à sa peau - être bien dans sa peau - lui faire la peau - avoir la peau dure - avoir une susceptibilité à fleur de peau - entrer dans la peau d'un personnage - avoir quelqu'un dans la peau - faire peau neuve - caresser dans le sens du poil - être écorché vif...
- Une main douce, touche une personne et lui permet d'en être touchée : la chaleur au creux de nos mains est bien plus efficace que les mots.
Dans tous les soins, l'outil privilégié de la communication tactile est, bien sûr, la main du soignant qui touche, guide, suggère, appelle et console.
Toucher, c'est rencontrer l'autre avec ses mains, c'est approcher une zone corporelle avec prudence, l'apprivoiser. Nous allons apprécier sous nos mains l'effet du toucher : la mobilité, la confiance, le relâchement, l'abandon ou bien au contraire le raidissement, la crispation.
L'écoute par les mains, le regard, le rythme respiratoire est une communication précieuse où le corps est le lieu privilégié de notre rencontre avec la personne âgée.
« Main posée sur le corps, main qui interroge, qui demande, qui respecte, qui cherche, main qui reconnaît la douleur bien plus profonde que la peau, main qui perçoit, qui écoute, main qui ressent l'abandon, la confiance ou la défense, main qui réchauffe, qui rassure, qui parfois soulage, qui masse, qui détend, qui met en mouvement, qui autorise, qui accompagne plus loin la respiration, main-contact, main-dialogue, main-caresse.» ( Dr F. Rodary, Docteur s'il vous plaît, écoutez-moi !)
La main est un tout chargé de nos craintes, de nos émotions, elle part à l'aventure pour sonder la distance qui sépare chacun de nous de ce qu'il n'est pas.
Redonner la parole à la main, ouvre notre espace relationnel à l'autre. En effet, serrer la main, caresser l'épaule sont des gestes simples qui témoignent de notre sympathie, de notre compréhension et ont une grande importance car ils rassurent.
- Physiquement, c'est la main qui nous permet de modifier et de maîtriser notre environnement. La souplesse et la flexibilité de la main, dues à l'extrême complexité de sa structure anatomique permet un très grand nombre de mouvements.
- Psychologiquement, elle est capable d'intentions et d'analyses : prendre, donner, apprécier, évaluer, palper, caresser, frapper, protéger, montrer, échanger... etc.
- Sa sensibilité particulièrement riche et fine lui permet de remplir son rôle d'écoute avec une précision incomparable. (La surface du cortex cérébral, qui correspond à la sensibilité de la main, est aussi étendue que celle de la totalité des aires des autres parties du corps (bouche exceptée).
- "Avoir la main heureuse"- "de bonnes mains" - "du tact" - "laisser son empreinte" - "avoir le tour de main" - manier "avec des gants de velours" - "toucher juste" - "toucher une réalité du doigt" sont l'apanage de tout être humain qui s'en donne les moyens.
« La main, c'est l'homme même.» , écrivait Anaxagore, il y a vingt siècles.
Les mains sont semblables mais toutes différentes (signant notre identité par les empreintes digitales) et nous renseignent sur l'état de santé et la condition de chacun de nous tout au long de la vie.
Les mains authentifient les émotions dont elles sont les messagères : il faut entraîner les mains qui établissent le dialogue à sentir les vibrations de la musique du corps, à travers des gestes lents de la vie quotidienne.
La personne âgée s'exprime, aussi, par sa main quand elle la tend, quand elle serre la main que nous lui donnons, quand elle la refuse.
|
L'attitude de posture en écho (tête inclinée de côté, posture ancestrale appartenant à notre patrimoine génétique) facilite l'échange car elle transmet l'image d'une écoute attentive à la personne âgée. Le message silencieux transmis par cette posture est de témoigner à l'autre des signes de reconnaissance, lui montrer qu'il ne nous est pas indifférent. Cette posture se rattache vraisemblablement au mouvement du petit enfant qui veut poser sa tête contre le corps pour y trouver la tendresse d'un appui réconfortant.
|