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Survol des théories de soin  images/logoPdf8k.jpg13 pages

Note papidoc : je n'ai pas retrouvé  ce texte de Dominique Friard sur le site Serpsy d'ou je l'avais téléchargé jadis...  
Je le place dans mon grenier tout en vous conseillant d'aller voir le riche site de Serpsy à  http://www.serpsy.org/


Sommaire
Mais qu'entend-on par "théorie" ?  Des conceptions "spontanées"    Diversité des théories de soins    Une théorie de soins : celle de Hildegarde Peplau

« Mais qu'entend-on par "théorie" ?
- un rôle coordinateur ou unificateur la théorie des besoins ou celle de l'interaction permettent de coordonner ou d'unifier la prise en compte des besoins du patient ou la relation établie avec le patient dans le cadre des soins infirmiers ;
- un rôle méthodologique elle permet d'établir une méthode pour la recherche scientifique et la classification des faits, la théorie des besoins ou la théorie de l'interaction proposent une méthode pour classifier les données relatives aux besoins des patients ou aux interactions soignants/soignés ;
- un rôle heuristique elle induit la découverte de phénomènes passés jusqu'ici inaperçus ou dont on n'avait pas perçu la portée ou l'importance clinique ou théorique. La théorie des besoins en prenant en compte le besoin d'apprendre du patient débouche directement sur la nécessité d'informer le patient sur les différents aspects de sa maladie. La théorie de l'interaction en invitant le soignant à embrasser le rôle de personne étrangère oblige à poser la question du contrat de soins et de l'accueil du patient qui multiplie les hospitalisations brèves et fréquentes ;
- un rôle explicatif elle nous renseigne sur la nature du soin. La théorie des besoins, comme celle de l'interaction permettent d'expliquer les soins infirmiers, c'est-à-dire de déplier une réalité extrêmement complexe.
Le mot concept vient du latin conceptus qui dérive de concipere. Concipere a le sens premier de devenir enceinte (qui donne conception) et le sens figuré de se former une notion (qui donne conceptuel, conception et concept). Selon les auteurs le mot concipere signifie recevoir, contenir ou concevoir.
On s'accorde en général à donner à ce mot le sens de « Représentation mentale générale et abstraite d'un objet ». C'est donc un objet conçu par l'esprit qui permet à l'esprit d'appréhender d'autres objets.
Cette représentation qui implique d'isoler l'objet pour pouvoir le décrire permet de rassembler en un même ensemble différents objets qui ont des caractères communs. Elle implique une classification des objets et une catégorisation.
Ainsi Virginia Henderson postule-t-elle que la personne est un tout complexe qui présente quatorze besoins fondamentaux. Le nursing prend sa source dans les besoins fondamentaux de l'homme.
« L'infirmière ne doit jamais perdre de vue que tout être humain est animé d'un désir inné de sécurité, de nourriture, d'abri, de vêtement ; d'un besoin d'affection et d'approbation ; d'un sentiment d'utilité, de confiance mutuelle dans ses relations sociales et qu'il en est ainsi de la personne qu'elle assiste malade ou en santé. »
Du point de vue de leurs besoins, l'être humain en bonne santé et l'être humain malade ne diffèrent pas, ce qui varie, c'est leur capacité à réaliser les activités liées à la satisfaction de ces besoins. C'est en cela que ces besoins sont fondamentaux.
Pour Henderson, le besoin est une nécessité plutôt qu'un manque. Le comportement du patient sera donc interprété en référence à ces quatorze activités fondamentales et à sa capacité à pouvoir être autonome dans leur réalisation.
Le mot "besoin" est un concept pour la théorie des besoins. Le concept est le matériau de base de la pensée. Il doit être défini très soigneusement pour pouvoir être utilisé. Le concept facilite ainsi la communication. S'il est essentiel d'être extrêmement exigeant quant à la définition des concepts et à l'élaboration d'une théorie, il est tout aussi essentiel d'avoir des outils pour penser le soin.

Diversité des théories de soins
Il n'est pas de soin sans théorie minimale de soins.
Un soin sans théorie ne se définirait qu'au présent et serait l'œuvre d'un soignant qui n'aurait ni capacité d'observation, ni mémoire, ni faculté de relier les événements entre eux. Un tel soignant serait constamment immergé dans le soin et s'interdirait toute prise de distance vis-à-vis de ce qu'il fait, vis-à-vis des patients, vis-à-vis des demandes médicales. Un tel soignant serait dangereux pour lui-même, pour les patients, pour la profession infirmière dans son ensemble.
À quoi bon se battre pour un Diplôme d'Etat Infirmier si les infirmiers se considèrent comme des exécutants incapables de penser ce qu'ils font ?
La géronto psychiatrie est une discipline d'une telle complexité, qui implique une telle exigence intellectuelle et personnelle qu'on ne peut se contentent des théories sous-jacentes aux diagnostics infirmiers.
Vingt trois théories de soins
Les modèles conceptuels de l'école des besoins ont tenté de répondre à la question "Que font les infirmières ?".
Selon ces modèles, le soin est centré sur l'indépendance de la personne dans la satisfaction de ses besoins fondamentaux ou sur sa capacité d'effectuer ses autosoins. L'infirmière remplace la personne qui, pour un temps, ne peut accomplir elle-même certaines activités liées à sa santé et elle aide la personne à recouvrer le plus tôt possible son indépendance dans la satisfaction de ses besoins ou dans l'exercice de ses autosoins.
La hiérarchie des besoins de Maslow et les stades de développement d'Erikson ont influencé cette école. Ainsi, la personne est perçue comme ayant des besoins hiérarchiques, soit des besoins physiologiques et de sécurité jusqu'aux besoins les plus complexes tels que l'appartenance et les besoins d'amour et d'estime de soi. Lorsque les besoins de base sont satisfaits, d'autres, de niveau plus élevé émergent. L'inconscient n'a pas de place chez les tenants de cette école.
Les principales théoriciennes en sont Virginia Hendrson, Dorothea Orem et Faye Abdellah.
L'école de l'interaction est apparue vers la fin des années 1950 et au début des années 1960. Plusieurs événements politiques et socioculturels, dont un essor économique et culturel en Amérique du Nord ont favorisé l'émergence de cette école. La théorie psychanalytique prévalait à cette époque. Ainsi, une demande grandissante d'attention pour les besoins d'intimité et de relations humaines se faisait sentir.
Les infirmières théoriciennes de cette école se sont inspirées des théories de l'interaction, de la phénoménologie et de l'existentialisme. Elles ont tenté de répondre à la question : "Comment les infirmières font-elles ce qu'elles font ?". Elles ont centré leur intérêt sur le processus d'interaction entre l'infirmière et la personne soignée.
Le soin serait donc une action humaine et non mécanique. L'infirmière doit posséder des connaissances systématiques afin d'évaluer les besoins d'aide de la personne, de poser un diagnostic infirmier et de planifier une intervention.
Elles s'entendent pour dire que l'intégralité de la personne doit être maintenue, que la personne est capable de reconnaître ses besoins et qu'elle tend à devenir elle-même. La maladie est considérée comme une expérience humaine qui peut permettre la croissance si la personne en comprend la signification. Ces théoriciennes ont réintroduit l'intuition et la subjectivité dans le soin infirmier. Selon l'école de l'interaction, le soin est un processus interactif entre une personne ayant besoin d'aide et une autre capable de lui offrir cette aide. Afin d'aider une personne, l'infirmière doit clarifier ses propres valeurs, utiliser sa propre personne de façon thérapeutique et s'engager dans le soin.
Les théoriciennes de cette école sont Hildegarde Peplau, Josephine Paterson, et Loretta Zderad, Ida Orlando, Joyce Travelbee, Ernestine Widenbach et Imogene King.
L'école des effets souhaités chez la personne veut répondre à la question " Pourquoi les infirmières font-elles ce qu'elles font ? ". sans ignorer le " quoi " et le " comment ", ce groupe de théoriciennes a tenté de conceptualiser les résultats où les effets souhaités des soins infirmiers. Elles considèrent que le but des soins infirmiers consiste à rétablir un équilibre, une stabilité, une homéostasie ou à préserver l'énergie. Ces théoriciennes se sont inspirées des théories de l'adaptation et du développement ainsi que de la théorie générale des systèmes.
Les théoriciennes de cette école sont Dorothy Johnson, Lydia Hall, Myra Levine, Callista Roy et Betty Neuman.
Elle répond à la question :
"Que font les infirmières ?". Tout en étant centrée sur le "quoi" des soins infirmiers, soit la promotion de la santé, cette école s'intéresse aussi à la façon d'y arriver et à la cible des soins répondant donc également à la question "À qui s'adressent les soins infirmiers ? "
Une théoricienne canadienne a élaboré un modèle pour la discipline infirmière orienté vers la promotion de la santé de la famille ; il s'agit de Moyra Allen.
Son modèle connu sous l'appellation "Modèle de McGill" est tantôt reconnu comme modèle conceptuel, tantôt comme modèle d'intervention.
La philosophie des soins de santé primaires et la théorie de l'apprentissage social de Bandura sont des sources explicites et implicites à la base de cette conception.
Elle se situe dans le contexte de l'orientation de l'ouverture sur le monde et du paradigme de la transformation. Les théoriciennes de cette école tentent de répondre à la question "A qui s'adressent les soins infirmiers ?"
Dès 1970, Martha Rogers présentait une conception de la discipline infirmière qui se démarquait des autres par son originalité. Rogers proposait aux infirmières une vision de la personne et des soins infirmiers qui découlait de travaux philosophiques, de théories de la physique et de la théorie générale des systèmes de von Bertalanffy.
Rogers évite le concept d'holisme à cause la mauvaise utilisation que plusieurs en font. Elle préfère le concept de personne unitaire et convie les infirmières à développer la science de l'être humain unitaire. D'autres théoriciennes se sont jointes à elle et y ont ajouté d'autres sources philosophiques issues de l'existentialisme et de la phénoménologie. Il s'agit de Margaret Newman et de Rosemarie Rizzo Parse.
Inspirée par l'idée de Rogers selon laquelle la santé et la maladie sont des expressions du processus de vie et ne sont ni opposées ni divisées. Newman propose une théorie de la santé qui serait l'expansion de la conscience.
La santé est la réalisation continue de soi comme être humain unitaire et la maladie est intégrée à la santé ; elle fait partie du processus d'expansion de la conscience, du changement.
Au cours des quinze dernières années, le concept de caring a été au centre de plusieurs écrits dans la discipline infirmière. Leininger a retenu ce concept comme l'essence de la discipline. Benner et Wrubel suggèrent qu'une pratique infirmière basée sur la primauté du caring remplace celle dont l'approche est la promotion, la prévention et la restauration de la santé. A son tour Watson propose que les infirmières créent un idéal de caring qui soit à la fois humaniste et scientifique.
Selon Benner et Wrubel, le caring est formé par l'ensemble des actions qui permettent à l'infirmière, par exemple, de déceler de façon subtile les signes d'amélioration ou de détérioration chez la personne. Caring signifie aussi faciliter et soutenir en respectant les valeurs, les croyances, le mode de vie et la culture des personnes.
Cette école qui a pour concepts centraux le caring et la culture, se situe aussi dans l'orientation de l'ouverture sur le monde et le paradigme de la transformation. Elle tente de répondre à la question "Comment les infirmières font-elles ce qu'elles font ?" en se centrant sur le soin.

Ces lignes extraites de "La pensée infirmière" montrent l'extraordinaire diversité des théories de soins infirmiers.
Il est à cet égard tout à fait surprenant que les nursocrates françaises aient choisi la théorie de Virginia Henderson comme théorie de référence, comme si les infirmières françaises étaient incapables d'effectuer elles-mêmes ce choix. Ce choix funeste a certainement contribué à éloigné la plupart des infirmières de secteur psychiatrique des théories de soins.

Une théorie de soins : celle d'Hildegarde Peplau

L'école de l'interaction, à laquelle appartient Peplau apparaît vers les années 50.
Elle centre son intérêt sur le processus d'interaction entre l'infirmière et le patient, entre le soignant et le soigné. L'ouvrage principal d'Hildegarde Peplau est "Relations interpersonnelles en soins infirmiers", publié aux Etats-Unis en 1952, et en 1988.
C'est une des premières vraies théories de soins infirmiers.
Cette théorie est guidée à l'origine par deux hypothèses. Si la maladie est une expérience humaine qui peut permettre la croissance :
- la personnalité de l'infirmière fait une différence essentielle au niveau de ce qu'un patient peut apprendre durant l'expérience de sa maladie;
- l'une des fonctions des soins infirmiers et de la formation en soins infirmiers est de contribuer au développement de la personnalité dans le sens de la maturité.
  1. - apporter des réponses spécifiques aux problèmes présentés par le patient sous la forme d'information ou d'enseignement;
  2. - montrer une attitude de respect et d'intérêt positif;
  3. - s'asseoir au chevet du patient afin d'observer, de chercher à connaître comment le patient voit sa situation afin de mieux l'aider;
  4. - être un substitut dans certaines occasions (de la mère par exemple);
  5. - être un conseiller.
Elle dit par exemple, que toute relation enseignante-élève ou surveillante-infirmière peut devenir problématique à un moment ou un autre. Des sentiments archaïques que l'on a éprouvés pour d'autres personnes détenant l'autorité peuvent se manifester et susciter des problèmes.
Où qu'elle soit, l'infirmière est en contact avec des hommes et chaque contact entre deux êtres humains implique la possibilité de conflits au niveau des sentiments, des croyances, des actions. L'infirmière vraiment professionnelle cherche à comprendre son comportement, aide les autres à identifier les difficultés ressenties et utilise des principes propres à l'étude des relations humaines en vue de résoudre ces problèmes.
Les soins infirmiers pour Peplau sont une discipline appliquée dans l'exercice de laquelle l'infirmière est à même d'identifier et d'étudier la variété et l'intensité des problèmes qui se posent aux personnes dont elle s'occupe, et de découvrir avec ces patients des solutions à ces problèmes. Simultanément, l'infirmière améliore sa capacité d'aider et permet au patient de croître, c'est-à-dire de résoudre de nouveaux problèmes.
Quatre étapes interreliées se chevauchent dans la relation infirmière/patient : orientation, identification, exploitation et résolution. Chacune est caractérisée par une imbrication de rôles et de tâches relatifs au problème de santé posé. À mesure que l'infirmière et le patient apprennent à se connaître et à travailler en coopération pour résoudre les difficultés, ces rôles et ces tâches se redéfinissent. Ces quatre étapes incontournables s'imposent comme les composantes de toute relation complète de soins infirmiers.
Il apparaît essentiel de se poser un certain nombre de questions avant d'accueillir un patient dans son unité de soins.
  1. "Comment réagissent les individus lorsqu'ils commencent à se sentir malades ? À quel moment recherchent-ils une aide professionnelle, et quelles attitudes adoptent-ils alors ? Savent-ils utiliser cette aide professionnelle ?
  2. Comment apprennent-ils à l'obtenir et à l'utiliser ? Les rend-on plus dépendants en leur offrant de l'aide ?
  3. Si l'on aide une personne pendant une longue période de temps, a-t-elle toujours envie de retrouver son indépendance par la suite ?
  4. Quelle est l'attitude saine à avoir face à la dépendance et à l'indépendance ?
  5. Comment un individu devrait-il ressentir le fait d'être malade ?
  6. Comment vit-il le fait de recevoir des soins infirmiers d'un étranger ?"
C'est autour de telles questions qu'une étude de la relation infirmière/patient peut se développer.
La phase d'orientation
Chaque individu réagit différemment à la maladie. Lorsqu'un patient s'adresse à une équipe de soins, sa démarche exprime un "besoin ressenti" et constitue la recherche d'une aide professionnelle. Cette recherche d'aide animée par un besoin est un aspect important de l'étape d'orientation (ou d'accueil dirions-nous en France aujourd'hui).
"La manière dont l'infirmière perçoit le fait d'aider ses semblables peut considérablement modifier l'évolution de la personnalité du patient. Quelles sortes de sentiments peut-on éprouver en aidant les autres ? Existe-t-il des réponses appropriées que l'infirmière puisse apporter selon le degré apparent du besoin ? Agit-on différemment suivant que le patient arrive à onze heures du matin, quand la plupart des soins du matin sont terminés, ou au moment où l'infirmière responsable est sur le point de terminer sa journée ? L'âge du patient influence-t-il certaines infirmières ? Le type d'aide requis par le patient a-t-il un effet sur la façon dont il est accepté par l'infirmière ? Qu'éprouve l'infirmière devant les patients qui arrivent à l'hôpital sur un brancard et devant ceux qui se présentent debout ?"
La recherche d'aide motivée par un besoin ressenti mais insuffisamment compris constitue souvent la première étape d'une expérience d'apprentissage dynamique qui pourra donner lieu à une prochaine étape constructive de l'évolution personnelle et sociale du patient."
Le patient donne souvent une indication sur la façon dont il voir sa maladie. Il pose des questions telles que :
  1. - Qu'est ce que ne va pas avec moi ?
  2. - Pourquoi est-ce que cela m'arrive à moi ?
  3. - Qu'est-ce qui peut causer cela ?
  4. - Comment ou quand cela va-t-il finir ?
  5. - Que peut faire le médecin, l'équipe ?
Le patient veut trouver une signification à ce qu'il vit ; le rôle de l'infirmière est d'aider à ce processus de clarification.
  1. Quels types de besoins éducatifs un patient peut-il éprouver dans l'étape d'orientation ?
  2. Qu'a-t-il besoin de savoir sur sa situation présente pour résoudre son problème et développer sa personnalité ?
  3. Comment une infirmière peut-elle l'aider à prendre conscience de ce qui lui arrive ? Comment l'infirmière peut-elle l'aider à préciser l'idée qu'il se fait de son problème pour qu'il arrive à mieux le comprendre et à développer un comportement coopératif pour le résoudre ? 
La pertinence de ces différentes questions est telle que chaque équipe au moment de réfléchir sur l'accueil pourrait se les poser. Je rêve de cadres qui mettraient ces questions à l'ordre du jour d'une réunion d'équipe.
  1. - personne ressource : l'infirmière donne au patient les informations nécessaires à la compréhension de son problème et de sa nouvelle situation ;
  2. - conseillère, assistante psychosociale : elle écoute le patient s'exprimer sur ses sentiments nés des événements qui ont provoqué son hospitalisation ;
  3. - substitut maternel (ou paternel ou fraternel) : l'infirmière permet au patient de revivre et d'examiner des sentiments vécus lors de relations antérieures. Par son interprétation efficace de ce rôle de substitut, l'infirmière fournit au patient de nouvelles figures symboliques d'autorité ou de rivalité, lui permettant ainsi de réorienter ses sentiments ;
  4. - expert technique : elle sait manipuler des appareils et donner des soins complexes.
Le fait d'identifier et d'évaluer les besoins du patient avec son aide est très important: le patient peut prendre conscience que sa guérison est aussi son affaire, qu'il est partie prenante dans ce processus. C'est déjà un moyen d'éviter qu'il se déresponsabilise, qu'il devienne dépendant de l'institution soignante et des soignants. D'où l'utilité de l'anamnèse en soins infirmiers nécessaire au diagnostic infirmier.
L'infirmière a besoin de renseignements différents de ceux du médecin. L'orientation est donc essentielle pour la participation du patient et l'intégration de l'expérience de la maladie dans sa vie. Ce n'est qu'en intégrant cette expérience que le patient psychotique pourra accepter de prendre un traitement, de consulter au dispensaire, d'aller au centre d'accueil et de crise lorsqu'il sentira en lui les premiers signes d'une rechute parce qu'on le lui aura appris à le faire.
C'est la seule prévention possible contre la répression et la dissociation de l'événement. Car si le patient nie sa maladie, tout se complique.
"Quels aspects de la personnalité sont menacés par une admission à l'hôpital ?
Pourquoi un patient devient-il tendu et anxieux pendant une consultation ?
Pourquoi paraît-il contrarié et mal à l'aise lorsqu'une infirmière lui rend visite à son domicile ?
Le patient éprouve habituellement un degré de tension ou d'anxiété qu'il n'est pas toujours possible d'observer. Selon son mode de réaction particulier en situation de crise, la menace d'être séparé des membres de sa famille, notamment d'une personne dont il est dépendant - une épouse, une mère, etc.- peut aggraver rapidement son anxiété. Ses réactions anciennes à des expériences antérieures de séparation peuvent être réactivées à l'occasion d'une séparation brutale d'avec ses proches : un comportement apathique, dépendant, ou une agressivité excessive ... Il faut donc faire preuve de vigilance dans ce type de situation et savoir relativiser les procédures administratives, afin d'éviter de transformer l'anxiété du patient en terreur ou en panique."

Parce que limité dans son espace de vie (sa chambre) et dans sa liberté de mouvements, le patient est renvoyé à sa propre imagination ou à l'assistance du personnel hospitalier pour clarifier et expliquer ce qui se passe autour de lui. Ce travail de clarification est essentiel.
Un patient admis à l'hôpital dit à l'infirmière :
"J'aimerais rentrer à la maison. Je n'ai pas envie de rester ici."
Si l'infirmière répond :
"Nous allons bien nous occuper de vous ici.",
le patient pourra avoir honte de se dévoiler davantage. Mais, si la réponse de l'infirmière est :
"Vous ne voulez pas rester car vous vous sentiriez mieux chez vous.",
rien n'est fait pour le dissuader de penser aux sentiments qui sous-tendent sa remarque. S'il perçoit l'infirmière comme une personne bienveillante et s'il est d'un naturel à se confier, il pourra commenter se remarque :
"Oui, pour moi les hôpitaux sont des endroits où l'on va quand on est mourant et je ne veux pas mourir."
Cette fois encore, l'infirmière peut penser devoir le tranquilliser en lui montrant qu'il ne doit pas se fier à ses impressions
"Oh, mais vous n'allez pas mourir, nous prendrons soin de vous." En fait cette réflexion ne fait que nier la valeur des sentiments du patient, qui pour se rassurer, renoncera peut-être à tenir compte de ce qu'il ressent pour accepter verbalement l'appréciation de l'infirmière sut ce qu'il devrait ressentir.
L'infirmière peut aussi lui répondre :
"Vous voulez vivre et vous avez peur que ce ne soit plus le cas si vous restez ici.".
Ce commentaire ouvert invite le patient à examiner davantage ses sentiments et lui fournit l'occasion de s'orienter par rapport à ses émotions réelles dans cette nouvelle condition. Ainsi sera-t-il mieux à même de comprendre la perception qu'il a de sa situation - ce qui permet d'en avoir le contrôle- favorisant l'exécution des actes infirmiers appropriés.
L'écoute non directive offre au patient une caisse de résonance qui lui révèle ses sentiments.
Le patient ressent ce qu'il ressent et ne peut réorienter ses sentiments en fonction des attentes d'autrui tant qu'il n'est pas conscient de leur existence.

La phase d'identification
Lorsque la première impression du patient est clarifiée, qu'il commence à mieux connaître la situation, qu'il commence à répondre d'une manière sélective aux personnes qui peuvent le mieux l'aider, il est entré dans la phase de relation que Peplau appelle identification.
Durant cette phase, le patient peut explorer des sentiments généralement désappropriés : dépendance, incapacité, égocentrisme ou désir de pleurer, de se laisser-aller. S'il arrive à exprimer ces sentiments c'est qu'il se sent en sécurité dans les mains des professionnels qui l'entourent. Cela peut prendre plus ou moins de temps selon les traumatismes psychiques antérieurs.
"Lorsqu'une infirmière permet au patient de manifester ce qu'il ressent, en ne négligeant pas de lui prodiguer les soins infirmiers dont il a besoin, il peut vivre sa maladie comme une expérience qui réoriente ses sentiments et renforce les aspects positifs de sa personnalité."
Peplau décrit trois façons pour le malade d'être en relation avec l'infirmière :
1) participation ou relation interdépendante ;
2) indépendance ou isolement d'avec l'infirmière ;
3) sentiment d'incapacité et de dépendance vis-à-vis de l'infirmière.
Pour Peplau, les étapes d'orientation et d'identification sont essentiellement les mêmes que celle de la réceptivité passive et de l'identification de la petite enfance, au début du stade oral du développement de la personnalité.
Il est important que l'infirmière garde à l'esprit le rôle de leader dans lequel le patient la place et les rapports entre ce rôle et le phénomène de l'identification. L'identification peut rendre possible l'apprentissage par imitation, même si ce n'est pas l'objectif premier de l'expérience éducative développée avec le patient. On peut parler d'apprentissage constructif quand, par ses propres efforts, le patient parvient à identifier les indices essentiels de sa situation, à se concentrer sur eux, puis à élaborer des réponses indépendamment de l'infirmière. L'identification éveille des sentiments mêlés d'amour et de haine. Alors que l'aide est reconnue comme utile, la personne qui a le pouvoir d'aider peut être enviée ou détestée pour ses talents qui incitent au respect.

La phase d'exploitation
Lorsque le patient s'est identifié avec une infirmière qui peut et qui sait assumer la relation au stade de l'identification, il atteint une phase où il peut vraiment tirer un bénéfice de cette relation.
Il sait ce qu'il peut attendre, ce qui lui est offert. Parfois bien qu'allant mieux, il a plus d'exigence vis-à-vis de l'infirmière. Ici, se place l'amorce du conflit entre "être dépendant" et "devenir indépendant".

La phase de résolution
Lorsque ces différents besoins ont été satisfaits, de nouveaux buts apparaissent : reprendre le travail, retourner à la maison, etc.
La phase de résolution est un processus de libération, de marche vers l'indépendance. C'est le patient qui en donne les premiers signes, mais l'infirmière doit les percevoir et les encourager.

En résumé, les quatre phases se chevauchent. Dans la phase d'orientation, il y a prise de conscience de certains problèmes menant à l'expression de besoins et de sentiments. Il y a apparition de sentiments archaïques, réactivés par la situation et de sentiments nouveaux créés par cette situation.
L'identification à l'infirmière, qui symbolise l'aide, les soins inconditionnels et abondants, est l'un des moyens de faire face à des problèmes nouveaux et importants. L'exploitation de ce qu'offre la situation donne lieu à l'acquisition de nouvelles connaissances, au développement et à l'amélioration des relations interpersonnelles dans le cadre de l'institution. La phase de résolution intervient lorsque le désir de sortie et de reprise d'une activité devient prépondérant.
Le maternage psychologique consisterait :
- à accepter le patient sans condition dans une relation soutenue qui satisfait complètement ses besoins ;
- à reconnaître des signes de maturation du patient, si minimes soient-ils, et y répondre quels que soient le moment et la forme de leur expression ;
- à abandonner progressivement son pouvoir au patient en fonction de sa capacité de différer l'assouvissement de ses désirs et d'employer ses efforts à la réalisation de nouveaux objectifs.

Les rôles en soins infirmiers
" Quels rôles l'infirmière devrait-elle assumer ? Sont-ils prédéterminés ou dictés par les exigences d'une situation ? Comment le patient perçoit-il l'infirmière ? Lui attribue-t-il des rôles qui ont un fondement rationnel ou non rationnel ? L'infirmière devrait-elle s'engager dans un rôle non rationnel ? peut-elle changer de comportement en fonction d'un rôle ? Qui doit décider de ses rôles ? Le médecin ? Les patients ? La société ? L'ensemble des infirmières ? Chacune d'elles ? Quelle différence pratique cela fait-il ? Qu'est-ce qui est préférable pour le patient ? Débattre ces questions importantes permettra aux infirmières d'éclairer sous un jour différent le problème principal, à savoir : quels rôles l'infirmière devrait-elle assumer ? "

Peplau distingue six grands rôles :
1 - Le rôle de personne étrangère qui accorde respect et intérêt au patient comme elle en accorderait à un étranger lors de la première rencontre.
2- Le rôle de personne de ressource qui apporte des réponses spécifiques à des questions formulées par les patients.
3- Le rôle d'enseignante qui aide le patient à tirer parti de l'expérience qu'il vit.
4- Le rôle de leader démocratique dans de nombreuses situations au niveau du patient ou de l'équipe.
5- Le rôle de substitut dans lequel l'infirmière est souvent poussée par les patients qui le font inconsciemment (mère, frère, sœur, père). Il est donc nécessaire d'explorer avec les patients les zones de différences et de ressemblances de la relation présente et des relations antérieures. L'idéal consiste à permettre au patient de réexpérimenter des sentiments archaïques sans pour autant oublier le rôle professionnel de l'infirmière attentive à stimuler le développement de la personnalité.
6- Le rôle de conseiller qui travaille à la promotion d'expériences favorisant la santé physique et mentale.

Les facteurs d'influence en soins infirmiers
"Quels sont les besoins fondamentaux qui cherchent leur expression dans les situations de soins ? Comment s'expriment-ils ? Que se passe-t-il lorsqu'ils ne sont pas satisfaits ? Quelles sont les attitudes matures et professionnelles à adopter envers les besoins manifestés par le comportement des patients ? Comment l'infirmière peut-elle découvrir les besoins psychologiques des patients ? Comment peut-elle combiner leur satisfaction et l'accomplissement du travail qui lui a été assigné pour la matinée ? Est-il important d'être attentive aux besoins du patient ? Des professionnelles comme les infirmières ne sont-elles pas plus à même de décider des besoins d'un patient ?"

Plusieurs auteurs ont établi des listes des besoins ou des aspirations de l'être humain. Thomas propose quatre pulsions directrices principales : les désirs de sécurité, d'expériences nouvelles, de réponses affectueuses et de reconnaissance.
Rosenzweig en présente des critères de classification : les besoins de l'organisme de se protéger des dysfonctionnements, les besoins qui permettent l'expression des différents niveaux de croissance, les besoins de se reproduire et donc de se perpétuer, et enfin les besoins où des activités créatives sont exprimées dans le comportement de façon biologique et symbolique.
Les principes de Symonds peuvent être résumés ainsi : "Lorsque des besoins immédiats sont satisfaits apparaissent des besoins plus matures. Les besoins créent une tension ; ils peuvent entraîner de l'anxiété mais pas toujours. Tout comportement cherche à réduire ces tensions. Lorsqu'un besoin est impérieux, tous les comportements se concentrent sur lui et d'autres besoins peuvent rester ignorés. La majorité des actes entraînent la fusion de plusieurs besoins ou pulsions."
Les besoins créent de la tension et la tension crée de l'énergie qui prend forme dans le comportement. L'anticipation des besoins d'un patient laisse ce dernier libre d'utiliser ce qui lui reste de tension de façon créative et expressive.
Lorsque des obstacles se dressent empêchant ou retardant la poursuite d'un but, le patient ou toute autre personne dans ce cas, ressent un sentiment de frustration. Une infirmière capable de mesurer l'importance de cette frustration et de reconnaître le type de comportement qui peut découler de cet état est plus à même d'aider le patient à faire face à ses difficultés.
Peplau énonce un certain nombre de principes de base :
1 - Tout comportement humain a une signification et tend vers un but qui peut être la recherche d'un sentiment de satisfaction ou d'un sentiment de satisfaction.
Nous avons tous des points aveugles dans notre comportement, c'est-à-dire des choses que nous faisons ou ressentons sans être pleinement conscients des raisons pour lesquelles nous agissons d'une telle façon ou éprouvons un sentiment donné. Peplau pense que l'infirmière a le devoir d'augmenter sa lucidité sur elle-même par tous les moyens qui sont à sa disposition.
2- Toute ce qui constitue un obstacle, un blocage ou une barrière à la satisfaction d'un besoin, d'une pulsion ou d'un objectif constitue une frustration.
La satisfaction des besoins de sécurité et de réussite, la capacité d'atteindre un but sont nécessaires au développement de la personne. C'est pourquoi une frustration de ces besoins constitue souvent une menace pour la personnalité.
Face à cette frustration qui pourra entraîner de l'agressivité contre soi ou contre un autre qui n'aura pas forcément de lien avec l'origine de la frustration, existent trois moyens de défense :
1- Le but peut être changé pour un autre plus compatible avec les possibilités que l'on a.
2- Le but est abandonné et ce qui lui était associé satisfaction et sécurité est associé à un nouveau but. Il existe des patients qui devant les difficultés éprouvées préfèrent renoncer à aller mieux. Ils recherchent alors la sécurité dans la dépendance et l'institutionnalisation.
3- Des réponses stéréotypées se développent, telles que les idées délirantes et les idées fixes. Cela arrive lorsque le but ne peut être abandonné. La répétition des frustrations entraînerait une réorganisation pathologique de la personnalité.
L'intensité de la frustration est en relation avec la tolérance de l'individu. Trois facteurs déterminent les effets de la frustration : le degré, le type de besoins qui n'est pas satisfait, la personnalité de l'individu dans la situation frustrante.
Lorsque la maladie est vécue comme une frustration, comme une barrière dans la poursuite d'un but, le patient peut réagir de trois manières :
- devenir plus dépendant qu'il ne l'est généralement dans sa vie quotidienne ;
- compenser des sentiments de dépendance en devenant encore plus indépendant que d'habitude ;
- nier sa maladie.

Les buts opposés
"Comment deux buts opposés peuvent-ils guider le comportement d'un même individu ? Quels comportements indiquent la présence d'un conflit ? Qu'éprouvent les individus en proie à un conflit ?... Qu'ai-je besoin de savoir des conflits pour pouvoir m'aider et aider autrui ? Est-il nécessaire que les infirmières soient attentives aux conflits éprouvés par le patient ? N'est-ce pas là le travail du psychiatre ?"
Lorsque le comportement est influencé par deux buts qui s'opposent, on dit que l'individu est en conflit. Les conflits sont inévitables dès lors qu'il y a la vie.
Le conflit comme la frustration, est une expérience qui augmente la tension et produit de l'énergie ; c'est un facteur crucial au niveau du comportement.
Lorsqu'il y a compétition entre deux réponses incompatibles, Peplau estime que l'individu ressent de l'hésitation, de la tension. Un blocage se produit (c'est ce qu'on nomme l'impasse en théorie de gestalt).
Plus le sujet s'approche d'un but, plus sa motivation est grande ; plus le sujet s'approche d'un but qu'il veut éviter, plus la motivation de l'éviter est grande (exemple la sortie).
La force de chacune des tendances d'aller vers un but donné change la force d'approche ou d'évitement et peut ainsi changer le résultat final. De nombreux patients désirent rentrer chez eux tout en craignant ce retour. Ils sont alors pris entre deux tendances : sortir de l'hôpital, ou y rester plus longtemps car ils ont peut de rentrer.
Le rôle de l'infirmière consiste à aider le patient à clarifier le conflit et à mobiliser son énergie afin d'atteindre le but recherché.

Les inconforts inexpliqués
Il arrive fréquemment que des patients souffrent d'inconforts qui ne peuvent être expliqués physiologiquement.
Pourquoi l'un demande des analgésiques alors qu'il ne devrait plus souffrir de sa plaie ? Pourquoi l'autre veut-il absolument un lavement alors qu'il va régulièrement à la selle ?
Pour Peplau ces inconforts reposent sur l'anxiété.Que peut faire l'infirmière pour diminuer l'anxiété ? Quelques principes :
- Lorsque l'anxiété est maintenue dans des limites raisonnables, elle peut être un élément positif en ce qu'elle mobilise les ressources de l'individu pour lutter contre un danger inconnu. L'anxiété alerte l'individu et, de ce fait il saisit un plus grand nombre d'aspects de la situation. S'il est aidé et qu'il peut expérimenter un renforcement de sa relation aux autres, les ressources du patient sont dirigées vers l'identification et la solution de la difficulté qu'il vit.
- Lorsque l'anxiété devient importante, elle diminue la capacité de perception. Toutes les forces disponibles sont concentrées sur une zone très réduite : la difficulté ressentie, à l'exclusion de toutes autres. Plus l'attention du patient se focalise sur une difficulté particulière, moins il a la possibilité d'utiliser ses expériences passées. Il découle de cela qu'une grande anxiété est un obstacle majeure à tout apprentissage.
Du moment que l'anxiété peut être induite dans les relations interpersonnelles, il faut être conscient que l'infirmière peut augmenter l'anxiété du patient en ne l'informant pas assez, en ne répondant pas à ses questions, en utilisant son jargon et surtout en étant anxieuse elle-même, car l'anxiété est contagieuse.
Une autre cause d'anxiété peut être la culpabilité. C'est un sentiment qui existe lorsqu'un individu se perçoit comme inadéquat dans la situation où il se trouve.
S'il y a divergence entre l'idée que la personne se fait d'elle-même et ce qu'elle est capable d'accomplir dans une situation donnée, l'individu va ressentir de la culpabilité. Il pourra ou non l'exprimer verbalement. La culpabilité est en relation avec des manquements que l'on croit inhérent à sa personne. Ceci mène souvent à des tentatives de réparation, d'autopunition, d'expiation. La culpabilité appelle l'anxiété car l'individu se sent menacé dans son intégrité personnelle. L'infirmière devrait être attentive à des formes d'autopunition ou expression de culpabilité afin de pouvoir aider le patient à faire face à ce qu'il ressent.
Les tâches psychologiques
Quel que soit ce que nous pouvons en penser un certain nombre de tâches développementales n'ont pas été achevées au cours de l'enfance. Peplau estime que l'infirmière doit aider les patients à terminer ces tâches développementales inachevées.
Parmi celles-ci, citons :
1-Apprendre à compter sur les autres : un malade est souvent dépendant des informations et des soins apportés par d'autres. Cette dépendance est vécue différemment selon que l'enfant a appris ou non à compter sur sa mère pour être soigné, nourri, réconforté.
Peplau pense que lorsqu'une personne n'a pas appris à dépendre des autres dans son enfance, et a de la peine à faire confiance, une expérience positive avec le personnel soignant peut lui permettre de réaliser que "les autres peuvent l'aider, qu'il est donc quelqu'un de respectable et qui peut donc être aimé".
2- Apprendre à attendre la satisfaction de ses besoins : apprendre à attendre.
Ces interférences avec la satisfaction d'un besoin peuvent être perçues comme des frustrations et conduire à de l'agressivité ouverte envers l'infirmière ou à de l'agressivité couverte sous forme d'apathie et d'hostilité. Les patients qui n'ont pas développé ces capacité d'accepter ces interférences ne sont pas en mesure d'apprécier ce que fait l'infirmière; cela ne facilite pas la tâche de cette dernière. Si l'infirmière est capable d'accepter le patient tel qu'il est, de lui montrer de l'intérêt tout en étant très explicite dans ce qu'elle fait et tout en discutant à l'avance des interférences qui pourront se produire, tout un potentiel de développement peut exister dans cette expérience.
3- Acquérir une identité et s'accepter soi-même : il s'agit là d'une des tâches les plus importantes dans la vie humaine. L'acquisition d'une identité ne se fait pas une fois pour toutes. Cette identité est remise en question chaque fois que des difficultés surgissent.
Peplau pense que là encore l'infirmière peut avoir un rôle éducatif et thérapeutique important, en acceptant le patient tel qu'il est, et en établissant une relation dans laquelle le jugement n'entre pas. C'est ce que le patient dit ressentir qui est important, c'est sa vérité et non la vérité qui compte. C'est d'après ce qu'il dit qu'il faut évaluer ses besoins et non pas sur ce qui semble rationnel pour une personne de son âge, de sa condition et placée dans sa situation.
4- Développer la capacité de participer : une société démocratique demande la participation de tous ses membres. C'est par la discussion et la délibération qu'on est amené à comprendre les problèmes. Partager l'élaboration de buts communs encourage la participation. C'est lorsque le patient participe lui-même à la résolution des problèmes qui se posent à lui qu'il devient vraiment partie prenante dans le projet thérapeutique.
Peplau pense que s'ils disposent d'assez de temps, d'occasions de s'exprimer librement et de penser à ce qu'il leur arrive, la plupart des patients sont capables d'arriver à la décision qui est la plus judicieuse en ce qui les concerne.

Conclusion
Cette théorie présente l'avantage de permettre de penser la relation avec le patient. »
21 avril 2009
Éditique : Dr Lucien Mias

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