« Introduction
Le vieillissement, au sens donné par le dictionnaire, se définit, à l'échelle d'une population, comme "l'augmentation dans la population totale de la proportion des personnes âgées résultant de l'allongement de l'espérance de vie et de la baisse de la natalité", le seuil d'entrée dans la "vieillesse" étant en général fixé, pour des raisons conventionnelles, à 60 ou 65 ans.
Ce processus concerne l'ensemble des pays développés, dont la France : la part du groupe d'âge des personnes de 65 ans et plus dans notre pays est ainsi passée de 12 % en 1965 à 15,4 % en 1997. Il va s'accélérer de manière très sensible à partir de 2006, du fait notamment de l'entrée dans la soixantaine des premières générations issues des classes nombreuses du baby-boom.
Si ce phénomène constitue, à l'échelle des changements démographiques, une relative nouveauté dans la quasi-totalité des pays développés, il n'en va pas de même en France : de la fin du XIXème siècle à la Seconde Guerre mondiale, avec quelques intervalles, notre pays, alors à peu près seul dans ce cas, a en effet connu une première vague de vieillissement, qui a suscité à l'époque les plus grandes inquiétudes, comme en témoignent notamment les travaux d'Alfred Sauvy. Depuis lors, si le baby-boom avait, pendant une trentaine d'années, apaisé ces craintes, la question du vieillissement et celle, plus largement, de la place des personnes âgées dans notre société n'en ont pas moins nourri de nombreuses réflexions : rapport intitulé "Commission d'étude des problèmes de la vieillesse" de M. Pierre Laroque de 1962 ; avis de 1983 du Conseil économique et social sur "Le vieillissement démographique et ses conséquences économiques et sociales", rapporté par M. Pierre Jarlegan, qui soulignait les problèmes suscités par le vieillissement ; avis présenté par M. Henri Théry en 1993 au sein de cette même assemblée, intitulé "Les activités d'utilité sociale des retraités et des personnes âgées", qui mettait au contraire l'accent sur les "transformations de la troisième partie de la vie" ainsi que sur la place croissante prise par les retraités et les personnes âgées dans les activités d'utilité sociale.
Ces réflexions ont également suscité la création d'instances et d'initiatives nouvelles sur un plan international et au niveau européen. En France, elles ont conduit à la création du Comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA) et des Comités départementaux de retraités et personnes âgées (CODERPA).
C'est dans ce contexte que, le 7 décembre 2000, à l'issue de l'Année internationale des personnes âgées, dont le rapport en avait fait expressément la demande, le Premier ministre a saisi le Conseil économique et social de la question du vieillissement de notre société, en mettant l'accent sur trois questions essentielles : quelles conséquences l'augmentation dans la population de la part des personnes de plus de 60 ans et les modifications qu'ont connues et vont connaître ces catégories d'âge emporteront-elles sur leur place et leur image dans la société française ; quelles incidences auront-elles sur l'économie, et notamment sur la consommation, la transmission des patrimoines et le logement ; enfin, quelles conclusions y a-t-il lieu d'en tirer quant à l'expression et à la représentation des personnes âgées dans le débat public, en prenant garde d'éviter toute ségrégation.
L'élaboration de l'avis a été confiée à la section des affaires sociales, qui a désigné M. Maurice Bonnet comme rapporteur. Sur le deuxième point, portant sur les incidences de l'allongement de la durée de vie sur l'économie, le Bureau du Conseil a toutefois demandé une contribution à la commission spéciale du plan, rapportée par M. Jean Grave.
Quant aux deux aspects majeurs exclus du champ de la saisine, c'est-à-dire les retraites et la perte d'autonomie, ils ont fait l'objet de travaux approfondis au Conseil économique et social : avis rapporté par M. Hubert Brin en 1995 "Projet de création d'une prestation autonomie destinée aux personnes âgées dépendantes" et avis rapporté par M. René Teulade, en 2000, "L'avenir des systèmes de retraites" ; il y sera donc ponctuellement fait référence, sans que cela appelle des développements. La brièveté des délais impartis par la saisine imposait par ailleurs de se limiter, sur bon nombre de points, à ouvrir des pistes de réflexion qui devront faire l'objet de réflexions collectives ultérieures.
Avant d'engager le développement de son analyse et de formaliser ses préconisations, il a paru nécessaire au Conseil économique et social de se poser la question de l'âge. Certes, il est sans doute inévitable, à des fins statistiques, de recourir à des catégories d'âge pour prendre la mesure quantitative du vieillissement. Pour autant, dans quelle mesure est-il pertinent de leur donner une importance considérable dans l'approche de ce phénomène, en privilégiant en outre, sans précautions méthodologiques, des limites d'âge fixées une fois pour toutes (que les bornes choisies soient du reste 60 ou 65 ans) ? Ce d'autant qu'il s'agit de comparer à des périodes différentes des populations différentes ? Ce choix, plus profondément, ne comporte-t-il pas le risque de fixer, dans l'imaginaire collectif, des seuils qui caractériseraient le passage dans une supposée "vieillesse", contribuant par-là même à favoriser la coupure entre les générations, et à affaiblir le contrat qui les lie ?
Pour notre assemblée, la réflexion sur la place et le rôle des personnes âgées doit au contraire s'inscrire dans une démarche de continuité des temps de la vie, la vieillesse n'intervenant pas comme un couperet égal pour tous, à un âge déterminé, mais comme un processus progressif et variable selon les individus. Dans le "Carnet d'un biologiste", Jean Rostand n'écrivait-il pas : " On n'est pas vieux tant que l'on cherche " ?
I - Le vieillissement : une réalité complexe, suscitant une inquiétude pour partie irrationnelle
1. Un phénomène
déjà engagé depuis plusieurs
décennies
L'évolution de la répartition par
âge d'une population dépend, à tout
moment, des variations de la fécondité, de la
mortalité et des migrations qu'elle a connues dans le
passé : la baisse de la fécondité, en
réduisant le nombre des naissances, diminue de
manière progressive la part des jeunes, et fait donc
"vieillir par le bas" la pyramide des âges. La baisse de la
mortalité a des incidences plus complexes : elle tend
plutôt à rajeunir la population lorsque sa
principale composante est constituée par la baisse de la
mortalité infantile, comme ce fut le cas, dans notre pays,
jusqu'au début des années soixante-dix ; depuis
lors, elle participe au contraire du vieillissement, mais cette fois
"par le haut" de la pyramide, la progression de l'espérance
de vie traduisant pour l'essentiel la baisse de la mortalité
aux âges les plus élevés. L'immigration
rajeunit plutôt la population, les nouveaux entrants
étant en grande majorité de jeunes adultes ;
toutefois, à partir de 1974, la mise en place en France de
la "fermeture des frontières" a réduit l'impact
exercé par celle-ci.
A la combinaison de ces trois composantes s'ajoutent les effets directs
et indirects des deux conflits mondiaux (saignées
opérées dans certaines classes d'âge du
fait des morts de la guerre et "manque à gagner" dans les
naissances durant les années de guerre, avec le cas
échéant rattrapage total ou partiel lors des
années ultérieures). Ces différents
paramètres expliquent qu'après une phase
prononcée de rajeunissement dans les deux
décennies suivant la Seconde guerre mondiale, notre pays
soit, comme le soulignait l'étude "Perspectives
socio-démographiques à l'horizon 2020-2040"
présentée par Mme Chantal Lebatard,
entré dans un lent processus de vieillissement de sa
population : la part des personnes de plus de 60 ans dans la
population totale est ainsi passée de 18,1 % en 1962
à 21,3 % en 1999, tandis que la part des jeunes de moins de
vingt ans passait de 32,2 % en 1962 à 24,6 % en 1999.
2. Des disparités géographiques
importantes
Le vieillissement ne concerne pas de manière
équivalente toutes les régions. La France du Sud
et du Centre, plus âgée, s'oppose
traditionnellement à la France du Nord, plus jeune : au
recensement de 1999, selon l'INSEE, les régions ayant la
proportion de personnes de 60 ans ou plus la plus
élevée étaient ainsi, par ordre
décroissant, le Limousin (29,4 %), le Poitou-Charentes,
l'Auvergne, le Languedoc-Roussillon et
Midi-Pyrénées (25 %). À l'inverse,
l'Ile-de-France (16,6 %) était devant le Nord-Pas-de-Calais,
l'Alsace, la Picardie et la Haute-Normandie (19,5 %), la
région où cette proportion était la
plus faible.
Ces différences s'expliquent par des disparités
de fécondité et/ou par des mouvements migratoires
: le taux de fécondité de la France du Nord
(Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, notamment) est ainsi
traditionnellement supérieur à celui de la France
du Sud. Le départ de jeunes adultes vers d'autres bassins de
formation ou d'emploi (et notamment vers les grandes
agglomérations, qui accueillent également la
grande majorité des immigrés) peut accentuer la
proportion de personnes âgées dans des
départements ou régions au caractère
rural assez prononcé, comme dans le Limousin. Dans d'autres
départements, notamment littoraux (Alpes-Maritimes,
Charente-Maritime), l'arrivée de retraités,
combinant parfois ses effets avec ceux d'une faible
fécondité, renforce la part des personnes de 60
ans ou plus : 15,6 % des personnes de plus de 60 ans du
département du Var sont ainsi de nouveaux
installés, phénomène qui se retrouve
aussi dans les Alpes-de-Haute-Provence ou les
Pyrénées-Orientales. Ailleurs, à
l'image de l'Ile-de-France, le départ d'actifs au moment de
la retraite minore au contraire la proportion des personnes
âgées.
Par ailleurs, la part des plus de 60 ans se réduit avec la
taille de l'agglomération : ainsi, en 1999, 16,7 %
des habitants de l'agglomération parisienne ont plus de 60
ans. Lorsque ces personnes de plus de 60 ans vivent en zone urbaine, il
s'agit plus fréquemment de la "ville centre" que de sa
banlieue. La proportion de personnes de plus de 60 ans dans la
population est en revanche plus importante dans les communes rurales
(24 % au recensement de 1999). Cette localisation n'est pas
sans incidence sur la situation des personnes
âgées : si les villes, notamment moyennes et
grandes, apparaissent comme des lieux plus anonymes, où le
sentiment de solitude peut être fort, les services offerts y
sont d'accès plus aisé ; à
l'inverse, la disparition de certains services de proximité,
en zone rurale ou de montagne, et parfois l'isolement
géographique, peuvent poser de sérieux
problèmes à des personnes
âgées à mobilité
réduite. En témoignent les nombreuses initiatives
prises par la Mutualité sociale agricole (MSA) pour tenter
d'y répondre.
Les départements et territoires d'Outre-mer sont dans une
situation sensiblement différente : ainsi, au
dernier recensement, plus du tiers des habitants des DOM avait moins de
20 ans. Toutefois, le nombre des personnes de plus de 60 ans tend
à s'accroître, atteignant 12,2 % de la population
totale.
3. Un vieillissement qui va
s'accélérer au cours des prochaines
décennies
En se fondant sur un scénario tendanciel
(poursuite de la baisse de la mortalité, solde migratoire
net annuel de 50 000 personnes, descendance finale par femme de 1,8
enfant), l'INSEE estime que la part des personnes de 60 ans et plus
dans la population totale atteindrait 27,3 % en 2020 et 32,8 % en 2035.
Au total, selon ce scénario, le nombre des plus de 60 ans
augmenterait de près de neuf millions d'ici à
2035, tandis que la population des moins de 20 ans, ainsi que celle des
20-59 ans, diminueraient l'une et l'autre de plus d'un million.
Certaines des hypothèses fondant ces estimations pourraient
certes ne pas se vérifier. Pour autant,
l'accélération du vieillissement par le haut de
la pyramide des âges est rendue certaine par
l'arrivée progressive à l'âge de 60
ans, à partir de 2006, des générations
nombreuses issues du baby-boom : de ce fait, la population
âgée de 60 ans et plus, qui augmente actuellement
au rythme annuel moyen de 1,1 %, va, dans les hypothèses du
scénario tendanciel, croître à partir
de 2006 au rythme de 2,5 % par an, et ce jusque vers 2035.
Devrait y contribuer la poursuite de l'augmentation de
l'espérance de vie : selon l'INSEE, l'espérance
de vie à la naissance a augmenté de
près d'un trimestre par an depuis un demi-siècle,
passant de 63 ans pour les hommes et de 69 ans pour les femmes en 1950
à 75,2 ans et 82,7 ans en 2000, année au cours de
laquelle elle a progressé de 3 mois et demi
supplémentaires. Si la précarisation que
connaît une partie des jeunes et des adultes pourrait la
ralentir, rien ne permet de conclure que cette tendance va
s'interrompre. Dans ses projections de population, l'INSEE suppose
ainsi la poursuite de la baisse de la mortalité des
personnes âgées, ce qui conduirait en 2035
à une espérance de vie de 81,9 ans pour les
hommes et de 89 ans pour les femmes.
L'évolution du bas de la pyramide des âges est
plus incertaine.
La baisse de l'indicateur conjoncturel de
fécondité, passé à partir
de 1974 en dessous du seuil de renouvellement des
générations, avec un point bas de
1,65 enfant par femme en 1993, a connu en France une
intensité modérée au regard de celle
des pays voisins et il semble qu'elle soit pour partie imputable
à un retard dans le calendrier des naissances ; un
rattrapage ultérieur pourrait donc intervenir du fait d'une
augmentation de la fécondité aux âges
plus élevés ; le redressement de l'indicateur
conjoncturel de fécondité au cours des
dernières années (il a atteint 1,89 enfant par
femme en 2000) pourrait en participer. Toutefois, ce
relèvement pourrait tenir pour une part à
l'amélioration de la situation économique, dont
la pérennité à moyen terme n'est pas
assurée. La sortie progressive de l'âge de la
procréation des dernières
générations issues du baby-boom et leur
remplacement par les générations moins nombreuses
nées après 1975 tendront à
réduire le nombre des naissances annuelles. Le
relèvement éventuel du nombre des naissances
devrait donc rester limité.
Un recours accru à l'immigration pourrait
également jouer un rôle à terme,
lorsque l'arrivée à l'âge de la
retraite de la génération du baby-boom aura
amplifié la baisse du chômage ; le recul
limité du chômage des actifs à faible
niveau de qualification en France pourrait toutefois limiter le recours
à ce paramètre dans la prochaine
décennie. Selon les projections de l'INSEE, la conjonction
des effets démographiques liés au "papy-boom" et
de la poursuite de l'allongement de l'espérance de vie
devrait donc nettement prédominer d'ici à 2035.
1. Des situations et des évolutions
différenciées selon le sexe et l'âge
La population des personnes de plus de 60 ans
présente, dans sa composition, des
spécificités par rapport au reste de la
population.
L'avancée en âge s'accompagne d'une
féminisation : si une parfaite parité existe
avant 60 ans (50 % de femmes dans la société),
celles-ci représentent 56 % des 65-69 ans et 67 % des 80-84
ans, phénomène que certains résument
par la formule : "Les vieux sont des vieilles". Cet écart
s'est un peu réduit durant la dernière
décennie, les gains d'espérance de vie
à la naissance atteignant 2,5 ans pour les hommes entre 1990
et 2000, contre 1,8 an pour les femmes.
Par ailleurs, l'augmentation de l'espérance de vie
intervenant, depuis le début des années
soixante-dix, surtout aux âges élevés,
la progression des effectifs est d'autant plus marquée que
l'on monte dans l'échelle des âges : ainsi, de
1962 à 1999, tandis que le nombre des personnes
âgées de 60 à 75 ans augmentait de 30
%, celui des 75 ans et plus était multiplié par
deux. Les projections de l'INSEE laissent augurer une poursuite de ce
phénomène : entre 2000 et 2050, l'effectif des
personnes de 60 ans ou plus devrait ainsi presque doubler, celui des 75
ans ou plus tripler, celui des 85 ans ou plus quadrupler.
Ce "vieillissement du vieillissement" s'accompagne - et il convient de
s'en réjouir - d'une amélioration de
l'état de santé des personnes
âgées : en effet, depuis 1981 (date à
laquelle ce thème a commencé à faire
l'objet de recherches en France), l'allongement de
l'espérance de vie sans incapacité a
été supérieur à celui de
l'espérance de vie ; selon les résultats des
enquêtes santé de l'INSEE et du Centre de
recherche, d'étude et de documentation en
économie de la santé (CREDES), entre 1981 et
1991, l'espérance de vie en bonne santé a ainsi
progressé de 3 ans, contre 2,5 ans pour
l'espérance de vie à la naissance. Cette
évolution favorable ne doit toutefois pas occulter la
gravité de la situation des personnes qui subissent une
perte d'autonomie. De même, il convient de rappeler la
situation spécifique des personnes handicapées
vieillissantes, qui a fait l'objet de l'avis du Conseil
économique et social rapporté par Mme Janine
Cayet sur "La prise en charge des personnes vieillissantes
handicapées mentales ou souffrant de troubles mentaux "
(novembre 1998).
2. Des disparités considérables
entre catégories socio-professionnelles
3. Des effets de génération
qui accentuent ces différences
Atteindre un certain âge conditionnerait pour
partie - c'est "l'effet d'âge" -
l'évolution des opinions ou des comportements des personnes
concernées. Selon le CREDOC, sur des sujets tels que
"l'attachement croissant à la famille, la progression des
soucis de santé et la peur du handicap, une certaine sagesse
dans les dépenses, [ ] il est probable qu'il y aura toujours
une évolution des façons de penser et de se
comporter en prenant de l'âge". On voit l'importance que cet
élément, s'il était
déterminant, pourrait revêtir pour nourrir les
craintes de ceux qui voient dans le vieillissement de la population la
cause de ruptures économiques et sociales majeures et
inéluctables.
Mais d'autres effets peuvent contrebalancer l'effet d'âge.
Peut jouer tout d'abord un "effet de contexte", tenant à
l'état général de la
société au moment où l'analyse
intervient, qui ferait que toutes les catégories
d'âge ressentiraient peu ou prou la même chose au
même moment : le ralentissement de la croissance et
les difficultés économiques et sociales qui en
ont résulté auraient ainsi
été, selon le Centre de recherche pour
étude et observation des conditions de vie (CREDOC),
ressenties par beaucoup de seniors, alors que, dans leur
majorité, les personnes de plus de 60 ans n'ont pas
été, sur un plan individuel, les plus
touchées.
De même, le fait pour une "génération"
(ensemble des personnes nées une même
année ou en une courte période de temps, cinq
à dix années par exemple) de vivre en commun
à un âge identique ou proche les mêmes
évènements constitue un "patrimoine" qui marque
suffisamment les individus qui la composent pour conditionner leur
façon de vivre les étapes suivantes.
Selon M. Bernard Préel, des
"générations" seraient décelables tous
les dix ans environ au cours du vingtième siècle,
marquées aux alentours de leur vingtième
année par un événement
fondateur : "génération des enfants de
la Libération" (née entre 1925 et 1935),
"génération de la guerre d'Algérie"
(née entre 1935 et 1945), "génération
de mai 1968" (née entre 1945 et 1955) ou
"génération de la crise" (entre 1955 et 1965).
Ces effets de génération permettent d'envisager
que les enfants du baby-boom adoptent à la retraite des
comportements sensiblement différents de ceux qu'ont eus
leurs parents au même âge.
Enfin, les effets cumulés de l'abaissement de
l'âge de la retraite et de l'allongement de
l'espérance de vie influent sur
l'hétérogénéité,
en termes d'âge et de génération, de
ceux qu'il est convenu d'appeler les "personnes
âgées". Voici encore vingt-cinq ans, une personne
arrivant à l'âge de la retraite, à 65
ans, entrait dans une catégorie d'âge dont la
grande majorité des membres avaient, au plus, quinze ans de
plus qu'elle ; celle qui arrive aujourd'hui à
l'âge de la cessation d'activité, à 60
ans et souvent moins, est séparée par plus de
vingt-cinq années (c'est-à-dire par une
génération, au sens biologique du terme) d'une
partie significative des personnes censées appartenir au
même groupe d'âge.
Cumulés avec les différences de sexe
et de catégories socio-professionnelles, ces effets tendent
à remettre en cause les analyses qui veulent voir, dans les
personnes de plus de 60 ans, une "catégorie"
homogène.
1. La place dans l'ordre familial, dimension
subjective et symbolique
M. Gilles Pinson montre l'importance des mutations
intervenues. Parmi les membres de la génération
née en 1800, seul un tiers a dépassé
60 ans, et 6,8 % seulement ont atteint 80 ans. Parmi la
génération née en 1900, plus de la
moitié (54 %) étaient encore vivants à
60 ans, et encore 26 % à 80 ans. Autrement dit, avoir 60 ans
signifiait, au XIXème siècle, atteindre
l'âge de la vieillesse : ceux qui y parvenaient
étaient des "survivants", à
l'espérance de vie limitée. C'était
déjà moins rare un siècle plus tard
et, à l'inverse, la très grande
majorité de la génération du baby-boom
connaîtra la soixantaine.
S'agit-il toujours de la vieillesse, quand une grande partie d'entre
eux aura encore l'un au moins de leurs parents à 60
ans ? Si la vieillesse signifie la proximité avec
la mort, est-on vieux lorsqu'au dessus de soi, une
génération, au sens familial du terme, vous en
sépare, et que l'on dispose encore de nombreuses
années de vie (l'espérance de vie, hommes et
femmes confondus, dépasse vingt années
à 60 ans, et dix années à 75
ans) ?
La nouvelle place des sexagénaires dans l'ordre familial
constitue une autre mutation majeure. Il était autrefois
exceptionnel qu'un adulte ait déjà des
petits-enfants tout en ayant encore l'un au moins de ses
parents ; cela devient plus courant. Selon l'INSEE,
à 60 ans, un cinquième des femmes nées
en 1920 était dans ce cas. Cette proportion atteindra
près d'un tiers pour celles nées en 1950. Dans
certains cas, on assiste à l'apparition de familles
comportant cinq générations, ce
phénomène s'expliquant à la fois par
la baisse de l'âge à la première
maternité intervenu jusqu'à 1975 et par
l'allongement de l'espérance de vie. Même s'il
risque de ne pas durer vu le recul actuel de l'âge de la
première maternité, comment cette nouvelle
architecture n'aurait-elle pas d'incidence sur la perception par les
intéressés de l'âge de la
vieillesse ? Il y aurait alors une autre
définition, relative, de la vieillesse, comme le souligne M.
Robert Rochefort :"On est jeune parce qu'il y a autour de soi
beaucoup de personnes âgées ou, vieux à
cause du regard des jeunes alentour [ ]. Ainsi, plus la population
comportera des proportions importantes de personnes de plus de 60 ans,
plus on restera jeune longtemps".
2. Un âge biologique qui repousse les
limites de la vieillesse
Les raisonnements sur le vieillissement sont en
général construits sur une hypothèse
de fixité du seuil d'entrée dans la vieillesse.
M. Bourdelais propose au contraire de définir
l'âge de la vieillesse non plus à partir d'un
critère d'âge fixé une fois pour
toutes, souvent en référence à
l'âge légal de la retraite, mais d'une
façon glissante au cours du temps, en tenant compte des
données épidémiologiques
objectives : l'âge de la vieillesse est, dans cette
acception, le moment où la population commence à
souffrir de réelles incapacités.
Mesuré ainsi, l'âge de la vieillesse n'a
cessé de reculer : d'environ 60 ans pour les hommes
et 65 ans pour les femmes en 1930, il passe, au début des
années quatre-vingt-dix, à 71 ans pour les hommes
et 77 ans pour les femmes. Dans cette acception du terme, la proportion
de "personnes âgées" dans la population aurait
baissé, passant de 10 % en 1980 à 7 % environ
dans les années quatre-vingt-dix. Dans cette logique, la
stabilisation de la part des "personnes âgées" au
niveau qu'elle atteignait en 1985 nécessiterait, selon les
calculs de M. Bourdelais, que l'âge seuil du vieillissement,
estimé en 1985 à 75 ans, atteigne 82 ans
en 2040, soit un gain d'environ un mois et demi par an ; au vu
des rythmes actuels de progression de ce paramètre, cela ne
paraît pas improbable.
Les travaux effectués en région lyonnaise par Mme
Agnès Quinet-Catherin montrent qu'en vingt ans (de 1966
à 1986), l'âge médian
d'arrivée dans les institutions
spécialisées est passé pour les hommes
de 72 à 80 ans et pour les femmes de 79 à 84 ans.
De même, ses travaux conduisent le CREDOC à
conclure : "La vieillesse semble, en quelque sorte,
s'être déplacée. Ce mouvement est
appelé à se poursuivre. c'est aujourd'hui autour
des 72-73 ans que se situent les principales ruptures : de
fait, les 60-70 ans sont maintenant plus proches de l'ensemble de la
population que des plus de 70 ans".
Ainsi, il y a lieu d'établir une distinction entre les deux sens donnés à la notion de vieillissement : il y a, conformément à son acception collective, "augmentation dans la population totale de la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans", mais "l'affaiblissement par l'effet de l'âge", qui correspond au sens individuel du terme, ne traduit pas la réalité de l'évolution actuelle : l'amélioration de l'état de santé de la population et son rajeunissement relatif, à un âge donné, compensent l'élévation de sa moyenne d'âge.
3. Bouleversement des temps de la vie et confusions terminologiques
Jusqu'aux années soixante-dix environ, les
temps de la vie étaient caractérisés
par un découpage en trois périodes nettement
séparées : période de la
jeunesse et de la formation ; âge adulte ;
période de retraite, correspondant à une
inactivité professionnelle rendue en
général nécessaire par
l'état de santé. Ce découpage ternaire
valait alors sensiblement pour tout le monde au même
âge.
Au cours des trois dernières décennies, cette
division en trois étapes a été
largement remise en cause, et le bouleversement a
été particulièrement important en ce
qui concerne la période de retraite. Selon M. Xavier
Gaullier, se succéderaient ainsi un "âge des
préretraités", qui peut commencer dès
50 ans, et concerne une proportion non négligeable des
quinquagénaires ; un âge de la retraite,
qui s'étend de 60 à 75 ans environ, et parfois
davantage selon l'état des
intéressés ; un "grand âge",
enfin, qui correspond sensiblement à l'acception
individuelle du terme de vieillissement, et concerne un nombre
croissant d'octogénaires et de nonagénaires.
Les frontières entre ces périodes sont par
ailleurs devenues plus floues, et leur variabilité s'est
accrue selon les individus. La retraite, césure autrefois
bien marquée, peut désormais être
précédée d'une préretraite,
mais aussi d'un travail à temps partiel, d'une retraite
progressive, ou d'une période durable de chômage.
Alors que, jusque dans les années soixante, l'âge
de la retraite a pu coïncider le plus souvent avec celui de la
mort, l'amélioration des conditions de vie et de travail,
les progrès des sciences et des techniques, ainsi que les
progrès en matière de santé ont permis
d'augmenter l'espérance de vie à la retraite. Les
avancées sociales conquises par les salariés ont
contribué à ces évolutions.
Le vocabulaire même applicable à la "vieillesse" a
changé de sens. La notion de retraite, décrivant
une situation juridique, conserve un contenu précis, mais ne
désigne plus exactement la même
réalité : en 1970, il s'agissait d'un revenu de
remplacement versé à partir d'un âge
où, le plus souvent, l'état de santé
ne permettait plus de travailler, pendant un temps
d'inactivité en général
limité à une quinzaine
d'années ; "retraité" était
synonyme de "personne âgée". Aujourd'hui, la
retraite intervient en général à un
âge où les individus sont en bonne
santé, et sa durée de
bénéfice moyenne s'est allongée de 10
ans.
Quant aux termes de "vieillesse", de "troisième
âge", de "personne âgée", de "vieux",
"d'aînés", de "vieillards", de "seniors", leur
sens est désormais plus flou, conséquence du
brouillage et de l'individualisation croissante des temps de la vie,
ainsi que de la déconnexion entre vieillesse et retraite.
Comme le soulignait M. Paul Paillat, les retraités "tiennent
à ne pas être assimilés à
des personnes âgées, ce qui implique de leur part
un jugement négatif de la vieillesse et même de
l'âge".
1. Une vision expliquée par l'histoire
La France est l'un des pays
développés où l'évolution
de la part des plus de 60 ans dans la population est la moins
prononcée : certes, la proportion des plus de 60
ans est comparable en 1999 à celle de la moyenne de l'Union
européenne, mais la fécondité reste
forte, relativement, dans l'hexagone.
Pourtant, le vieillissement est, en France,
appréhendé avec une particulière
acuité. Cette approche s'explique par l'histoire de notre
pays et par le contexte dans lequel s'est forgée notre
conception de ce processus. À la fin du XIXème
siècle, la France, rivale d'une Allemagne au taux de
croissance de population deux fois supérieur au sien,
connaissait seule en Europe dénatalité et
augmentation de la proportion des plus de 60 ans dans la population.
Dans les années trente, dans un climat de crise
économique et internationale, Alfred Sauvy forgea le concept
de vieillissement, soulignant, outre l'importance du taux de
fécondité, celle de la structure par
âge, fondée sur l'hypothèse que le
vieillissement intervenait à un âge invariable
quels que soient l'époque et le contexte social.
2. La prédominance d'une lecture de
l'âge par son coût supposé
Le vieillissement entraînera
nécessairement une charge financière croissante.
Mais le Conseil économique et social se refuse à
participer à la dramatisation sur les
conséquences de cette chance que constitue la prolongation
de la vie.
Au sein d'une société où le travail se
voit accordé la place centrale, est mis en avant, dans cette
conception, le fait que les retraités, n'exerçant
plus d'activité professionnelle
rémunérée, participent moins au
financement de la protection sociale collective que les "actifs" (au
sens économique du terme), qui supportent seuls la charge
des retraites ; est également souligné
que les plus de 60 ans occasionnent près de la
moitié de l'ensemble des dépenses de
santé, cette donnée brute laissant croire
à un "gaspillage" caractérisant cette classe
d'âge ; enfin, l'accent est mis sur la
montée en puissance du "risque dépendance" et les
coûts collectifs qui vont en résulter avec
l'arrivée prochaine des générations
issues du baby-boom à un âge de plus forte
morbidité.
Après avoir créé et produit les
richesses qui ont construit la société
d'aujourd'hui, les retraités consacrent une part souvent
importante du temps libre que leur laisse la retraite à la
collectivité, et continuent à lui rendre des
services productifs du fait de leurs activités familiales,
"sociales" ou culturelles, ce qui leur confère des droits.
C'est oublier aussi qu'ils ont payé pendant leur vie
professionnelle, par leurs cotisations, la retraite des
générations précédentes,
dans le cadre du système par répartition, et que
les actifs d'aujourd'hui sont les retraités de demain. C'est
oublier enfin que les retraités participent au financement
de l'assurance maladie, et que leur prétendue
"surconsommation médicale" résulte pour
l'essentiel du fait que la santé tend souvent à
se dégrader au cours des dernières
années de la vie, entraînant logiquement une
augmentation des dépenses.
La perception de l'âge au seul regard des coûts,
quels qu'ils soient, est donc une vision réductrice
à laquelle le Conseil économique et social ne
souscrit pas.
3. Les facteurs convergents d'une
dévalorisation de la vieillesse
La vieillesse a traditionnellement, sur le plan
individuel, une image dévalorisée, notamment dans
les civilisations éprises de beauté physique,
à l'image de la Grèce antique ou de la
Renaissance. Elle serait, dans cette analyse, le temps de la laideur et
la préfiguration physique de la mort, Ronsard et
Du Bellay la rejetant ainsi comme "répugnante et
honteuse". Même si, à certaines époques
et sous certaines plumes, la peinture de la vieillesse se fait parfois
positive, empruntant la figure du sage, la description des "vieillards"
n'est le plus souvent, guère flatteuse sur le plan moral
comme en témoigne la figure du "barbon" pour les hommes, ou
de la "vieille sorcière" pour les femmes.
Cette représentation traditionnelle occulte le fait que, si
l'être humain grandit jusqu'à 20 ans, le
vieillissement physique commence dès cet âge et
que, si les capacités physiques et sportives tendent
effectivement à régresser avec l'âge,
il n'en va nullement de même des facultés
intellectuelles ou de l'aptitude à s'insérer dans
la collectivité.
Pourtant, cette approche dramatisée du vieillissement est
favorisée dans notre société par la
concentration de la mort sur les âges
élevés. Voilà encore quelques
décennies, la mort frappait de manière moins
inégale les différents âges :
un cinquième de la génération
née en 1900 est ainsi
décédé avant l'âge de 5 ans,
et un quart entre 5 et 60 ans ; dans ce contexte, le vieillard
incarnait l'image de celui qui, malgré les
épreuves, a su survivre. C'est aujourd'hui encore le cas
pour les catégories de population dont les conditions de vie
ont été et restent les plus difficiles :
leur espérance de vie demeure la plus basse au sein de la
population. Dans le même temps, alors que près de
deux décès sur trois (61 %) ont lieu
après 70 ans, s'attache à la vieillesse l'image
d'une antichambre de la mort. "Ce n'est plus vivre et mourir qui sont
désormais associés, mais vieillir et mourir",
écrivent Mmes Bernadette Puijalon et Jacqueline Trincaz,
association lourde de conséquence dans une
société passée d'une mort "inscrite au
coeur de la vie [ ] , comme le cimetière au coeur du
village, à une mort angoissante,
reléguée à la
périphérie".
Joue également en ce sens la charge matérielle,
mais aussi psychologique et affective,
représentée au quotidien pour les familles, et
notamment pour les femmes, par les vieillards en perte d'autonomie.
S'occuper de ses enfants constitue certes aussi une charge
très prenante pour les parents, qui s'étend sur
une vingtaine d'années ; mais son poids tend
à s'atténuer au fil des ans, sa durée
est connue, et son terme débouche, de manière
positive, sur une prise d'autonomie. Lorsque le
bénéficiaire est un vieillard, à
l'inverse, le poids de la charge tend à
s'accroître avec le temps, sa durée est
imprévisible, et le terme est, en
général, constitué par le
départ, redouté et vécu comme un
échec, pour une structure collective de prise en charge,
voire par le décès de la personne
âgée.
Y contribuent enfin d'autres mutations :
accélération du progrès technique,
valeur désormais attachée à la vitesse
et à l'immédiateté, valorisation des
capacités d'adaptation, de ce que le psychologue
américain Erik Erikson appelle les "stratégies
moratoires", qui permettent de rejouer à tout moment sa vie,
sur le plan professionnel et/ou affectif. On assiste dès
lors à une inversion par rapport aux
représentations traditionnelles de l'âge et de la
vieillesse, qui ne symbolisent plus l'expérience et la
sagesse, mais la lenteur, la
dégénérescence et la mort que l'on
refuse de regarder.
4. Les deux faces du refus de la vieillesse : le jeunisme et le rejet
II - Reconnaître et promouvoir la place des personnes âgées dans la société
Comme le rappelle M. Bourdelais : "Deux moments particuliers de la retraite focalisent aujourd'hui l'attention : l'âge à la cessation d'activité et celui de la dépendance. [ ] Quoi qu'il en soit, les réflexions -ou les appréhensions- relatives à ces deux échéances ont masqué l'extraordinaire victoire sur la mort après 60 ans et ses conséquences directes, en particulier l'émergence d'une nouvelle période de la vie d'une durée de deux décennies ou davantage, au cours de laquelle une époque de temps libre s'ouvre à des personnes encore en possession de leurs moyens intellectuels et physiques". Reconnaître et promouvoir la place des personnes âgées dans la société, c'est prendre toute la mesure des formidables potentialités que recouvrent ces évolutions.
La formulation de propositions sur le rôle des
personnes âgées doit être sous-tendue
par cinq postulats essentiels.
1. Reconnaître un rôle et une
place déjà affirmés
Le rôle et la place des personnes
âgées dans la société ne
sont pas une nouveauté dont il conviendrait de se
préoccuper sous l'impulsion de la distorsion de la pyramide
des âges. Ils sont d'ores et déjà une
réalité évidente, que chacun, par son
expérience personnelle et familiale, peut mesurer. L'objet
du présent avis est de prendre la mesure de ce
rôle, d'en cerner les évolutions
récentes et les contours de demain et d'ouvrir les pistes de
son renforcement. Il convient toutefois de rappeler la grande
hétérogénéité
des situations, qui tient notamment à l'âge des
intéressés et à leur état
de santé. En effet, ces facteurs déterminent
largement la nature et l'intensité du rôle social
de la personne âgée.
2. Retrouver un équilibre entre droits
réaffirmés et participation à l'action
collective
"Devenus plus nombreux, à quoi serviront les
aînés ? Cette question brutale
révèle l'utilitarisme exacerbé de
notre société. [ ] Et si, par accident de
raisonnement, nous aboutissions un jour à nous convaincre
que les personnes âgées ne servaient plus
à rien, deviendrait-il légitime de les
éliminer ?" Cette interrogation, posée
par M. Rochefort, impose de situer la question hors de toute
approche utilitariste.
Il ne n'agit pas de définir un modèle pour que
les personnes âgées, dont certains
appréhendent qu'elles ne servent à rien et
coûtent, rapportent à la
société, démarche utilitariste qui
conduirait inéluctablement à une opposition entre
les générations. Il s'agit de partager ce
principe selon lequel "tout homme et toute femme participe de l'oeuvre
collective de la vie, d'une façon ou d'une autre, et
jusqu'à l'ultime instant de sa mort". Dans ce cadre, chacun
doit pouvoir prendre sa part au contrat social, en termes de droits, de
devoirs et d'actions.
3. Respecter le libre choix de la personne
retraitée
La retraite est très largement
perçue par les intéressés comme un
âge de la vie où ils réaliseront des
projets, notamment au bénéfice des autres.
Toutefois, il convient de souligner qu'un nombre important de
retraités privilégient l'idée de
repos. Pour notre assemblée, ce choix est respectable.
4. Mieux assurer la mise en cohérence
des temps de la vie
Le rôle des personnes
âgées ne doit pas donner lieu à une
réflexion déconnectée des autres temps
de la vie. La personne âgée ne "naît"
pas au monde avec son soixantième anniversaire ou son
départ à la retraite. Elle a un acquis personnel
et aborde une nouvelle étape avec cet acquis. Cette
conviction conduit à étudier cet âge en
continuité avec les autres temps de la vie.
Cette approche de continuité n'est pas elle-même
dénuée d'ambiguïtés.
Prôner une mise en cohérence des temps de la vie,
c'est reconnaître de facto l'existence de temps de la vie
distincts et accorder à chaque temps une ou des fonctions
déterminées. Or la vie est un processus
linéaire qui ne doit pas réserver à
chaque âge une activité
particulière : l'enfance et l'adolescence ne sont
pas le seul temps de l'apprentissage ; l'apprentissage se fait tout au
long de l'existence, y compris après 60 ans ; les
premières décennies de l'âge adulte,
celles de l'activité
rémunérée, n'ont pas le monopole de
l'activité ; la retraite, si elle marque la fin de
l'activité rémunérée, n'est
pas non plus synonyme d'inactivité.
La perspective du présent avis est donc bien de resituer la
problématique de l'âge dans une lecture
multidimensionnelle de la vie qui mette en perspective les temps de la
vie, pour mieux les resituer dans leur continuité et ainsi
les dépasser.
5. Mettre en oeuvre une réelle prise
en charge de la perte d'autonomie
Il convient de rappeler, même si la saisine du
Premier ministre exclut la question de la "dépendance",
l'impérieuse nécessité pour notre pays
d'apporter toutes les réponses à la perte
d'autonomie. Le présent avis ne saurait en effet oublier que
la perte d'autonomie est malheureusement une
réalité qui peut toucher, même si, en
général, c'est de plus en plus tard, chacun
d'entre nous. Il ne saurait donc préconiser une valorisation
du rôle social des personnes âgées
lorsqu'elles peuvent remplir ce rôle, tout en
négligeant leur situation lorsqu'elles ne le peuvent plus
entièrement.
De ce point de vue, notre assemblée rappelle l'effet
déterminant des actions de prévention, qui
permettent de retarder, le plus possible, la survenance de la perte
d'autonomie. Une action sur l'environnement et l'habitat peut
également limiter les conséquences des
incapacités motrices ou sensorielles.
De même, elle appelle de ses voeux une réflexion
approfondie et large sur la question de la prise en charge, par la
collectivité, de la perte d'autonomie. Cette
dernière ne saurait en effet incomber aux seuls "aidants
naturels" qui, déjà aujourd'hui, sont trop
souvent amenés à pallier les insuffisances des
dispositifs collectifs de prise en charge.
Elle doit certes comprendre une réponse de nature
financière. L'Allocation personnalisée
d'autonomie (APA), en cours d'examen devant le Parlement, peut
constituer un élément important. À ce
titre, le Conseil économique et social regrette de ne pas
avoir été saisi en temps utile sur cette
question. Il souhaite pour autant que la procédure
parlementaire aboutisse au dispositif qui respectera le mieux les
principes qu'il avait affirmés dans ses avis,
rapportés par M. Hubert Brin, Mme Janine Cayet et M. Vincent
Assante sur "Projet de création d'une prestation autonomie
destinée aux personnes âgées
dépendantes" (septembre 1995), "La prise en charge des
personnes vieillissantes handicapées mentales ou souffrant
de troubles mentaux" (novembre 1998) et "Situations de
handicap et cadre de vie" (septembre 2000).
Ces principes étaient : un financement clairement
identifié, l'universalité de la mesure, une
égalité de traitement quels que soient le lieu de
résidence et les modalités
d'hébergement des bénéficiaires, un
montant d'allocation tenant compte du degré de perte
d'autonomie, la création des emplois de service
nécessaires, la simplicité et la
proximité du dispositif d'attribution, l'application de la
mesure à tout le territoire national, outre-mer compris,
l'intégration de la prestation dans une grande politique de
la vieillesse offrant un ensemble de réponses
appropriées.
La prise en charge de la perte d'autonomie dépasse cependant
la question de l'allocation pour englober l'ensemble des moyens mis en
place pour apporter, au bénéficiaire, l'aide qui
est nécessaire à la préservation de sa
dignité de personne, dans toutes les dimensions de son
existence. Par exemple, en ce qui concerne la coordination
gérontologique, l'institution, en juin 2000, des Centres
locaux d'information et de coordination gérontologique
(CLIC), constitue une initiative intéressante, sous
réserve de l'évaluation qui devra en
être faite et des améliorations qui y seront
apportées.
Dès lors, notre assemblée estime venu le temps
d'engager, avec les partenaires sociaux, une réflexion sur
les conditions dans lesquelles la Sécurité
sociale pourrait prendre en charge les risques liés
à la perte d'autonomie. L'avis du Conseil
économique et social, rapporté au nom de la
Commission spéciale du Plan, par M. Gérard
Alezard, sur "Les perspectives de la France" (novembre 2000)
ouvrait d'ailleurs cette réflexion.
Le schéma social selon lequel la cessation
d'activité professionnelle ouvrirait une période
d'inactivité est aujourd'hui largement
dépassé.
1. Les gestes de la vie individuelle sont un acte
social
Notre assemblée estime que le fait de
s'occuper de soi-même et d'accomplir des gestes pour soi,
seul ou avec d'autres, est déjà un acte
d'utilité collective. Ainsi, les actes quotidiens de
satisfaction des besoins personnels (alimentation, soins, entretien du
logement...) constituent des actes d'autonomie de la personne, qui lui
permettent, entre autres, de maintenir sa socialisation. De
même, comme le soulignera la section III, les revenus, la
consommation et l'épargne des retraités
revêtent une importance croissante dans l'économie
nationale.
Il en va de même de la satisfaction des aspirations
légitimes aux loisirs et à la connaissance. Les
politiques du troisième âge ont permis, depuis les
années 1970, le développement de ce secteur,
alors qu'auparavant les personnes âgées en
étaient souvent privées (apparition,
dès 1972, de clubs ruraux ou urbains de personnes
âgées, création de la
Fédération française de la retraite
sportive en 1982, fondation en 1973 des Universités tous
âges). Ce secteur a d'ailleurs connu un
développement impressionnant.
Le rôle social de la personne âgée se
manifeste aussi par l'exercice de la citoyenneté. Par son
vote, la personne âgée participe au
débat démocratique. Cette participation diminue
à partir de 70 et surtout de 80 ans, notamment pour les
personnes accueillies en centre de long séjour. Certes les
problèmes de santé et de mobilité
peuvent expliquer ce retrait ; toutefois, il relève
également d'un processus de désinsertion sociale
et d'un sentiment d'inutilité. Il convient de sensibiliser
ce public à la valeur de son suffrage et en faciliter
l'exercice.
2. Un rôle micro-social essentiel pour
les familles
La famille est le pivot autour duquel s'articulent les
actions de solidarité naturelle. Les retraités et
personnes âgées y prennent une part essentielle.
2.2. L'aide aux descendants
Traditionnellement, les personnes
âgées remplissaient, au sein du foyer familial ou
à proximité, un rôle important
d'assistance quotidienne aux jeunes générations.
Ce rôle s'est profondément transformé
et, sans doute, complexifié.
2.3. L'affirmation d'une " génération pivot "
Ces différentes évolutions font
apparaître le rôle déterminant rempli
par la génération des jeunes
retraités. Comme le soulignait le rapport "Les personnes
âgées et leurs familles" établi dans le
cadre de l'Année internationale des personnes
âgées : "De nombreux couples de
retraités forment une vaste
génération-pivot qui entretient de jeunes adultes
non encore insérés dans le tissu
économique et social et des parents très
âgés et handicapés dont les niveaux de
ressources demeurent souvent insuffisants".
Au sein de cette génération, il convient de
souligner la charge particulière qui pèse sur les
femmes, comme le souligne la communication établie, au nom
de la délégation aux droits des femmes et
à l'égalité des chances entre hommes
et femmes de notre assemblée, par Mme Marie-Claude Petit
(avril 2001). Si l'aide financière est assumée
par le couple et si l'homme participe à l'accompagnement
matériel (notamment au travers du bricolage), l'essentiel de
la charge d'accompagnement physique des personnes
âgées ou des enfants incombe encore à
la femme. l'aide féminine se réalise d'ailleurs
quel que soit le lien de parenté avec les personnes
âgées (parents ou beaux-parents, parfois
collatéraux) ce qui implique fréquemment, pour la
femme, un accroissement de la charge d'accompagnement. Les
préconisations de notre assemblée sur la
valorisation du rôle des "aidants naturels" prendront, sur ce
point, toute leur importance.
3. Un rôle macro-social au sein de la collectivité
L'avancement en âge ne constitue pas l'arrêt de toute activité exercée au bénéfice de la société. Il conduit, après l'arrêt de l'activité rémunérée, à une recomposition des rôles sociaux de la personne.
3.2. Militantisme syndical et politique
Les retraités, notamment les plus jeunes
d'entre eux, prennent une part considérable dans les
organisations militantes (syndicales et politiques), y compris dans les
fonctions électives.
b) L'engagement politique
L'engagement politique des retraités peut
revêtir deux formes particulières. Les personnes
âgées participent activement à la vie
des mouvements et partis politiques. Leur disponibilité en
temps et leurs expériences leur donnent une place importante
au sein des structures élues. Ainsi, 27 % des maires de la
mandature 1995-2001 étaient retraités. Une
exception notable doit toutefois être
relevée : nombre d'anciens cadres ou de dirigeants
d'entreprise se découvrent à la retraite un
goût pour le militantisme politique. Il convient sans doute
d'y voir la volonté de continuer à exercer,
pendant leur retraite, les responsabilités auxquelles leur
profession les a habitués et de rendre service à
la collectivité.
Par ailleurs, le modèle de "retraite-revendication",
identifié par Mme Anne-Marie Guillemard, se
manifeste, depuis les années soixante, par
l'émergence de structures politiques propres aux personnes
âgées. Ce phénomène est
particulièrement marqué dans certains pays
européens, tels que la Suisse, les Pays-Bas ou, plus
modestement, l'Allemagne.
En France, il s'est manifesté, jusqu'à
présent, par la création, en dehors de la
sphère syndicale, de groupes revendicatifs qui agissent
auprès des structures politiques. L'instauration des
dispositifs de pré-retraites et leurs réformes
successives ont eu, de ce point de vue, un effet catalyseur. Ces
structures ne se sont toutefois pas orientées vers la
constitution des forces politiques propres aux retraités. Le
Conseil économique et social se félicite
d'ailleurs que cette transformation ne se soit pas produite. En effet,
l'action politique et le vote ne prennent tout leur sens que dans la
mesure où ils permettent à chaque citoyen de
prendre sa part dans l'avenir de tous, et non dans le cadre
étroit de l'âge ou de la défense
d'intérêts catégoriels.
3.3. Activité, bénévolat et militantisme associatifs
L'insertion des retraités dans le monde des associations est un phénomène d'autant plus complexe qu'il est massif.
b) Un développement continu
Selon une étude menée par Mme
Bénédicte Halba et M. Michel Le Net,
9 millions de personnes avaient en France, en 1994, une
activité de bénévolat associatif, pour
20 millions d'adhérents à une association. Parmi
ces bénévoles, 32 % étaient
pré-retraités ou retraités. Cette
étude montre également que l'intensité
du bénévolat des personnes
âgées est particulièrement
élevée : en moyenne, les
bénévoles de 55 à 64 ans
consacreraient 24 heures par mois au bénévolat,
soit un volume annuel de 36 millions de journées
à temps plein. La majorité des
bénévoles sont encore des hommes, mais
l'implication des femmes de plus de 60 ans est croissante.
Il convient toutefois de rappeler que, si 47 % des plus de 60 ans sont
membres d'au moins une association, seuls 10 % des retraités
ont actuellement une activité bénévole.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les différences
d'intensité du bénévolat associatif
au-delà de 60 ans. Les enquêtes soulignent que la
participation aux activités associatives se
réduit avec l'âge. Toutefois, d'autres
paramètres interviennent.
Mme Guillemard a souligné la corrélation positive
entre l'activité après 60 ans, d'une
part, et le niveau et la nature des ressources de la personne, d'autre
part, c'est-à-dire les fonctions
socio-économiques occupées au cours de
l'existence, le niveau d'instruction et le réseau de
relations.
De même, la capacité de
l'intéressé à lutter contre certaines
formes de conditionnement social est un paramètre essentiel.
Les représentations dominantes pèsent sur le
comportement des personnes retraitées : s'impliquer
dans la société ne dépend pas que du
libre choix de la personne ; il est largement conditionné
par l'accueil que la société réserve
à ce libre choix et par la capacité de la
personne à imposer sa détermination. Ainsi, comme
pour le militantisme syndical ou politique, l'activité
associative est davantage le fait de cadres ou de personnes
retraitées ayant une tradition de
bénévolat.
Enfin, on note un phénomène sensible de
génération qui fait conclure à plus
forte implication des jeunes retraités par rapport
à leurs aînés. d'après des
études du CREDOC, le pourcentage de sexagénaires
membres d'une association est passé, entre 1979 et 1998, de
26 à 40 %.
4. Mieux faire connaître ces rôles
Le rapport de Pierre Laroque soulignait la nécessité d'une amélioration des modes de représentation de l'âge dans la société et l'impératif de formation du public adulte. Cet impératif demeure, dans la mesure où le rôle des personnes âgées, s'il est perçu par chacun au sein de sa famille, n'est pas encore mesuré dans toute son ampleur par la collectivité.
Un effort doit aussi être mené pour
mieux reconnaître et favoriser le rôle social des
personnes âgées.
1. Reconnaître le rôle des "aidants
naturels" au sein de leur famille
Le rôle des "aidants naturels" n'est pas, sauf
mesure spécifique encadrée (par exemple la prise
en compte fiscale d'une personne à charge ),
réellement reconnu par la collectivité.
Il ne s'agit bien entendu pas de promouvoir une prise en compte au
franc le franc."L'aide naturelle" relève de l'attachement
familial, qui tisse des liens entre les personnes et les
concrétise par une assistance naturelle. Elle est un acte
gratuit apporté dans l'amour et l'affection ; cela
n'implique donc pas une rémunération
assurée par la collectivité. Pour autant, ces
caractéristiques ne sauraient dispenser la
collectivité d'un soutien à ”l'aidant
naturel ", lorsque la charge qui lui incombe est trop
importante ou pour faciliter l'exercice de cette aide.
c) "L'aide naturelle" ne doit pas
être pénalisée
Un terme doit être mis à
certaines formes de pénalisation de "l'aidant naturel".
Certes, pour de nombreux "aidants naturels", et notamment les
retraités, leur intervention n'est pas
pénalisante en termes d'activité professionnelle
et de droits sociaux. En revanche, cette pénalisation est
évidente lorsque l'aide se substitue, pour tout ou partie,
à une activité professionnelle. De ce point de
vue, dans le droit fil de ses travaux antérieurs, le Conseil
économique et social préconise une meilleure
prise en compte de "l'aide naturelle", en termes de droits à
la protection sociale, lorsqu'elle procède d'un arbitrage
contraint au détriment d'une activité
professionnelle.
1.2. Prévenir l'épuisement des "aidants naturels"
Les personnes qui accompagnent, sur des
périodes longues, une ou plusieurs personnes
âgées handicapées ou un enfant voient
leurs forces s'épuiser rapidement. Et ce d'autant plus
que"l'aidant " est lui-même
âgé. Il convient aussi de rappeler que, dans
certains cas, l'épuisement de "l'aidant" peut
déboucher sur des formes plus ou moins apparentes de
maltraitance.
Cet épuisement se produit plus tôt et plus
sensiblement lorsque "l'aidant" exerce son activité sans y
avoir été préparé. Il
paraît donc indispensable de proposer aux "aidants naturels"
des modules de formation. Il ne s'agit en aucun cas de les
"professionnaliser" et de les conduire à remplacer les
salariés spécialisés, mais de leur
apprendre des comportements qui contribuent à
prévenir leur épuisement : connaissance des
étapes du vieillissement, de la nutrition, aide à
l'organisation de l'emploi du temps, apprentissage des notions
minimales de "bonnes postures" (par exemple pour porter une personne
âgée impotente ou un jeune enfant), formation
à la fonction de mandataire ou à la gestion d'une
mise sous tutelle.
De même, "l'aidant naturel" se trouve, dans certains cas,
dans une position d'isolement pour assumer sa fonction. c'est le cas,
par exemple, d'une personne déjà
confrontée au handicap ou à la maladie d'un
parent âgé ; c'est aussi le cas de
grands-parents qui assument les fonctions éducatives
auprès de jeunes enfants dont les parents ne sont plus en
mesure de jouer ce rôle. "l'aidant" dispose certes du soutien
des intervenants sociaux ou du corps médical qui peuvent le
conseiller et l'orienter. Cependant, il est souvent privé de
moyens pour dialoguer avec d'autres personnes placées dans
la même situation et pour se "ressourcer". La mise en place,
au niveau local, de lieux d'échange, de dialogue et de
soutien psychologique à"l'aidant" est indispensable. Les
CLIC, dans le domaine gérontologique, pourraient jouer,
à cet égard, un rôle
éminent, qui reste à développer
pleinement.
1.3. Améliorer les conditions pratiques d'action des "aidants naturels"
2. Informer les personnes âgées sur leurs possibilités d'action
2.2. Constituer des réseaux
d'intervenants
L'accueil et l'information ne prendront toute leur
valeur que s'ils procèdent d'une démarche
associant tous les intervenants auprès de la personne. Dans
l'esprit de l'avis rapporté par M. Daniel Lorthiois sur
"Mutations de la société et travail social" (mai
2000), il est indispensable de constituer, au niveau local, des
réseaux de soutien aux personnes en démarche de
retraite. Ces réseaux devront, sous la forme la plus
adéquate (guichet en un lieu unique, proposition d'un
référent principal, dialogue des intervenants,
organisation de travaux de groupes pour les
intéressés ...), apporter à la
personne le soutien dont elle a besoin pour préparer son
passage à la retraite et valoriser ses
potentialités d'action au bénéfice de
la collectivité.
L'intervention de ces réseaux ne doit naturellement pas se
limiter au temps du "passage à la retraite" mais apporter
une aide permanente à la valorisation de tout le temps de la
retraite.
Ces réseaux devront être ouverts à la
participation active, en leur sein, des personnes
âgées elles-mêmes. Ils devront aussi
établir des liens étroits avec les autres
réseaux sociaux plus orientés vers l'insertion
des jeunes adultes, des personnes exclues, des personnes
handicapées et plus largement vers tous les
réseaux de l'action sociale et culturelle. Il ne s'agit pas
d'instaurer un cloisonnement par public, qui renforcerait les
phénomènes de ségrégation,
mais de développer les synergies de l'intervention sociale
au bénéfice de tous.
2.3. Le rôle essentiel des
associations au sein des réseaux
Les associations sont appelées à
un double titre à participer pleinement à ces
réseaux, aux côtés des autres
intervenants sociaux.
Les associations prennent d'ores et déjà toute
leur part comme actrices de l'intervention sociale auprès de
la personne, et notamment de la personne âgée. Par
leurs activités, elles contribuent à la
satisfaction des besoins sociaux de ces personnes. Toutefois, leur
intervention ne doit pas être confinée
à cette dimension d'action sociale. En effet, les
associations offrent des possibilités innombrables
d'activités aux personnes âgées et
retraitées. Il est paradoxal que peu de dispositifs, en
dehors des actions de communication des associations
elles-mêmes et d'initiatives ponctuelles des
collectivités locales, soient mis en úuvre pour
mieux faire connaître ces possibilités.
La valorisation de ce rôle multiple des associations doit
procéder d'une démarche globale et volontariste.
Le Conseil économique et social préconise ainsi
que soient développés systématiquement
les outils d'une meilleure information : création
aidée de réseaux locaux du monde associatif,
ouverture de lieux où les associations peuvent faire
connaître leurs activités. l'État et
les collectivités locales ont une responsabilité
pour aider les associations à mettre en úuvre ces
outils.
3. Ouvrir aux personnes retraitées le
droit à l'éducation tout au long de la vie
Dans des avis récents, notre
assemblée a souligné la
nécessité de donner enfin au concept
d'éducation tout au long de la vie une dimension
concrète et de dégager une réflexion
des parties concernées sur ce point. Dans ce cadre, les
moyens devront être trouvés pour que les
retraités et les personnes âgées
puissent, comme toute autre personne, bénéficier
d'un droit à l'éducation tout au long de la vie.
Les formations auxquelles elles pourront souscrire devront reposer sur
des méthodes pédagogiques adaptées aux
attentes de ce public. Elles devront aussi leur offrir un choix large
de modules d'enseignements de culture générale et
de formations techniques (apprentissage des nouveaux outils de
communication, gestion associative, gestion domestique et familiale,
santé...). Notre assemblée ne saurait trop
souligner, à cet égard, l'importance que
revêt une formation initiale de qualité. Un bon
apprentissage -dès l'enfance- des savoirs de base et de la
culture générale favorise ensuite la pleine
réussite de l'effort d'éducation tout au long de
la vie.
4. Supprimer les formes de
ségrégation par l'âge au sein des
institutions
Contrairement aux générations plus
jeunes, les personnes retraitées disposent d'un temps
appréciable à consacrer à l'action
collective. s'il convient de se féliciter de cet atout, il
n'en demeure pas moins qu'un débat s'est ouvert sur la
"sur-représentation" des personnes
âgées au sein des institutions
(assemblées élues, structures de
décision des organismes de la protection sociale et du
réseau mutualiste). Décelant dans cette situation
les germes de possibles conflits entre
générations, de démotivation des
générations plus jeunes, certains
préconisent l'institution de "limites d'âge" pour
certaines fonctions.
Cette pratique est d'ailleurs devenue une
réalité, par exemple, pour les conseils
d'administration d'organismes pour lesquels une limite d'âge
est imposée par la loi, par le règlement, ou par
des mesures d'ordre interne.
Notre assemblée s'élève avec vigueur
contre cette évolution qui, reposant sur une crainte
peut-être légitime, conduit à adopter
la pire des solutions. Craindre la sur-représentation des
personnes âgées, c'est prôner un juste
équilibre entre les générations et
refuser l'exclusion éventuelle des
générations les plus jeunes. A contrario, il ne
saurait être question d'introduire le ferment d'une
ségrégation par l'âge et exclure
progressivement les générations
âgées.
La question de l'âge n'a donc pas lieu
d'être : toute personne -quel que soit son
âge- a un droit égal à prendre sa part
au contrat social. De ce point de vue, le Conseil économique
et social estime que les limites d'âge légales ou
réglementaires sont contraires au principe
d'égalité et nient l'apport qu'une
catégorie de la population peut offrir à la
collectivité. Mettre fin au
déséquilibre de représentation entre
les générations suppose des démarches
visant à mieux associer toutes les
générations aux débats qui les
concernent et non à en exclure certaines.
La question pertinente est, par conséquent, moins
l'âge des personnes exerçant des
responsabilités au sein des institutions que la
durée d'exercice de ces fonctions. Pour caricaturer, s'il
est légitime qu'un centenaire puisse être membre
d'une structure de décision, il est en revanche regrettable
qu'un quadragénaire puisse exercer cette même
fonction pendant un nombre important de mandats consécutifs,
jusqu'à devenir centenaire ! Notre
assemblée préconise donc d'examiner -avec les
institutions intéressées- les conditions dans
lesquelles une limitation du nombre de mandats successifs pourrait
être mise en oeuvre ; sans
référence aucune à l'âge des
titulaires de ces mandats.
Il convient également de veiller à ce que le
meilleur équilibre soit atteint, dans la
représentation au sein des institutions, entre les femmes et
les hommes.
5. Valoriser l'action syndicale et associative
Les activités syndicales et associatives
représentent, pour la personne, une mobilisation importante
de moyens : disponibilité en temps mais aussi
apport financier conséquent. Le Conseil
économique et social écarte toute piste qui
conduirait à rétribuer les activités
de cette nature. Le militantisme, le bénévolat
syndical ou associatif reposent, et c'est
précisément leur richesse, sur le
dévouement, le désintéressement, une
certaine forme d'altruisme et l'apport gratuit d'une part de
soi-même. Il ne saurait donc être question de les
rétribuer, même s'il convient d'en mesurer toute
la valeur. Le temps de la retraite, comme les autres temps sociaux de
la personne, constitue une richesse. Celle-ci doit pouvoir
être utilisée au bénéfice de
la collectivité et être reconnue comme productrice
de lien social dans la vie de la cité.
En revanche, une activité militante ou
bénévole ne doit pas représenter une
charge pour la personne qui la remplit, au-delà de l'acte de
cotisation et du don financier volontaire. Or, force est de
reconnaître que le militantisme et le
bénévolat coûtent souvent cher
à la personne : à la cotisation et aux
dons éventuels, s'ajoutent des "charges de fonctionnement
courant" très réelles (déplacements,
prise en charge de dépenses courantes, mise à
disposition de locaux personnels ...). Ces charges induisent une
inégalité entre ceux qui peuvent les financer, et
participer pleinement à la vie de l'association, et ceux qui
n'en ont pas les moyens.
Notre assemblée estime que, sous réserve d'en
définir précisément les
modalités afin d'empêcher tout abus, il convient
de trouver les moyens d'une prise en charge par la structure
elle-même ou par la collectivité des charges
reposant sur le militant et le bénévole. De ce
point de vue, il convient d'examiner les voies d'un renforcement des
dispositions fiscales relatives à la déduction
des cotisations et des dons et les autres pistes qui permettraient, le
cas échéant, un remboursement encadré
de ces dépenses.
Par ailleurs, dans le droit fil des réflexions du Conseil
national de la vie associative (CNVA), des solutions
concrètes devront être apportées
concernant la responsabilité civile et pénale des
bénévoles au sein des associations et de leurs
organes de direction, quel que soit l'âge des personnes
retraitées.
6. Développer la place du parrainage
Les personnes âgées ont une
expérience et des compétences qui
mériteraient d'être plus
systématiquement mises à la disposition de la
collectivité. Cette démarche existe
déjà, notamment dans le cadre de l'intervention
sociale. De nombreuses personnes âgées ou
retraitées ont des activités de
bénévolat au sein d'associations et participent
ainsi à récréer du lien social.
d'autres voies peuvent être ouvertes, mais sous une
réserve majeure.
Le Conseil économique et social estime que l'intervention
des personnes âgées, notamment les
activités de parrainage évoquées
ci-après, ne doit pas se réaliser en concurrence
avec les professionnels du domaine concerné. Il ne saurait
s'agir de faire assurer par les personnes âgées ou
retraitées des fonctions qui relèvent de l'emploi
de salariés ou d'agents publics. Il s'agit seulement de
permettre à ces professionnels de solliciter, en tant que de
besoin, des "parrains" pour mieux assurer leurs fonctions.
Plusieurs champs pourraient, sous réserve d'une concertation
étroite et préalable entre les partenaires
sociaux, accueillir des fonctions de parrainage.
L'enseignement scolaire pourrait ainsi ouvrir une partie de ses
créneaux horaires réservés aux
activités d'éveil à des
"témoins âgés". Le
"parrainage-témoignage" se réaliserait, par
exemple, par l'accueil régulier à
l'école des personnes âgées, pour
qu'elles racontent aux enfants leur vie personnelle et professionnelle,
l'histoire de leur ville... Une participation à la lutte
contre l'échec scolaire peut aussi être
envisagée, notamment lorsque l'intervention d'un "parrain"
permet d'associer une personnalité extérieure
à la figure de l'enseignant, vécue comme le
symbole du système scolaire dans lequel l'enfant rencontre
des difficultés. Ces activités se
dérouleraient, bien entendu, sous l'autorité de
l'enseignant. En revanche, dans l'éducation nationale comme
dans d'autres domaines, le Conseil économique et social
rappelle que les personnes âgées n'ont pas
vocation à se substituer à des professionnels
existants.
L'intervention des personnes retraitées dans l'entreprise
est d'une autre nature. Il semble souhaitable de valoriser le
rôle des personnes retraitées (de l'entreprise ou
de la branche) en termes de transmission de la culture et de l'histoire
des métiers et des entreprises. Ainsi, les personnes
âgées pourraient utilement dialoguer avec les
actifs (et notamment les plus jeunes) pour transmettre des
expériences (au pluriel) individuelles et collectives
(histoire de l'entreprise, anciennes formes d'exercice des
métiers, présentation du fonctionnement d'un
matériel ancien...).
En revanche, notre assemblée estime que la transmission de
l'expérience (au singulier) professionnelle ne
relève pas des retraités mais, bien au contraire,
des actifs de l'entreprise. Par exemple, le tutorat qui accompagne la
formation d'un jeune doit être confié à
un salarié de l'entreprise. Il y a là d'ailleurs
un champ important de valorisation des deuxièmes parties de
carrière des salariés. Il appartiendra aux
partenaires sociaux de définir plus
précisément la ligne de partage entre
"transmission des expériences" et "transmission de
l'expérience", et d'en définir les
modalités concrètes.
III - L'impact de l'allongement de la durée de la vie sur l'économie
La question du lien entre la démographie -et plus précisément, s'agissant des pays développés, la conjonction de l'allongement de l'espérance de vie et de l'augmentation de la part des personnes âgées dans la population- et l'économie correspond, à l'évidence, à un sujet éminemment complexe et controversé, qui dépasse largement le cadre du présent avis.
Elle est posée, de manière très générale, par le Premier ministre dans sa lettre du 7 décembre 2000, qui exclut par ailleurs "les préoccupations des Français sur l'avenir des retraites et la prise en charge des incapacités survenant avec le grand âge". On ne trouvera donc ici que des éclairages partiels sur les interrogations lourdes qu'elle soulève : en particulier, y a-t-il lieu de redouter un manque inéluctable de dynamisme, voire une atonie prolongée, de l'économie française comme conséquence des évolutions qui vont affecter la population de notre pays, si l'on tient compte des effets de génération et de contexte au côté des seuls effets d'âge ? Et, surtout, quels sont les besoins que recèlent ces évolutions et quel est leur impact éventuel sur l'économie ?
Les théories économiques,
l'expérience historique comme les études
empiriques laissent penser que les effets à attendre de
l'évolution démographique sur la croissance des
économies industrialisées ne doivent pas
être surestimés. Ainsi, l'arrivée sur
le marché du travail de la génération
du baby boom et le rajeunissement parallèle de la population
active ne se sont pas traduits par une rupture significative dans la
croissance de la productivité et de la richesse par
tête. De même, le vieillissement de la population
engagé depuis près de quarante ans et
l'arrivée progressive à l'âge de la
retraite de la génération du baby-boom ne
devraient pas se traduire par un ralentissement prononcé de
la croissance.
Certes, la modification profonde de la structure par âge de
la population posera nécessairement la question de la
répartition du revenu, notamment entre les actifs et les
retraités, et, de ce fait même, celle du partage
de la valeur ajoutée.
Il convient, toutefois, de souligner l'influence
déterminante d'autres facteurs, tels que les "grandes
vagues" d'innovation technologique, les restructurations de l'appareil
de production et de l'évolution de modes de vie, le partage
des fruits de la croissance, qui constituent de puissants
éléments de dynamisation de la demande.
Ainsi, au sens économique du terme, une remontée
des taux d'activité aux âges extrêmes ou
un accroissement de l'immigration, qui limiteraient la baisse du
rapport actifs/retraités, sont susceptibles d'influencer les
données de cette question. De même,
l'évolution de la productivité jouera un
rôle essentiel en la matière en ce qu'elle
fournira, ou non, un accroissement suffisant de la valeur
ajoutée pour permettre de faire face à
l'augmentation des transferts intergénérationnels
sans accroître à l'excès la charge
pesant sur les actifs.
Dès lors, tout doit être mis en oeuvre, aux
niveaux national, européen et international, pour que la
politique économique favorise l'obtention sur la
durée d'un rythme de croissance annuel soutenu. c'est
là une condition essentielle pour rendre effective la
perspective du plein emploi à moyen terme,
considérée comme suffisamment crédible
pour être érigée en objectif
gouvernemental. Les orientations de cette politique ont
été esquissées dans les
récents avis de conjoncture de notre assemblée
ainsi que dans son avis sur "Les perspectives de la France".
La modification de la structure par âge de la
population active pourrait avoir des conséquences sur la
structure et le fonctionnement du marché du travail dont il
importe de prendre la mesure.
1. Des effets contrastés sur le
chômage
La déformation de la pyramide des
âges de la population active pourrait avoir des
conséquences négatives sur la mobilité
géographique et sectorielle et l'adéquation entre
offre et demande de travail, et les chocs pourraient être
plus difficiles à absorber. Il peut y avoir par exemple, au
même moment, chômage dans un secteur à
un endroit, et offre d'emploi dans le même secteur
à un autre endroit, sans que le chômeur fasse le
déplacement géographique nécessaire,
car celui-ci représenterait pour lui un coût
supérieur à l'avantage
représenté par le fait de retrouver
immédiatement un emploi : coût de
transport, de changement de résidence, éclatement
géographique du couple, etc. Or on sait que la
mobilité des jeunes actifs est sensiblement
supérieure à celle des plus
âgés. Les jeunes sont moins souvent
propriétaires de leur domicile que leurs
aînés et moins souvent chargés de
famille. De même, en raison de leur manque
d'expérience, ils hésitent moins à
changer de secteur que les plus âgés qui
risqueraient, ce faisant, de perdre une partie de leur savoir-faire
acquis dans l'activité professionnelle.
Afin de favoriser une mobilité qui ne pénalise
pas les salariés, le Conseil économique et social
recommande l'ouverture de négociations dans les branches,
puis dans les entreprises, sur les conditions des changements
d'affectation et sur toutes les questions liées au contrat
de travail qui en découlent. Devrait par ailleurs
être conduite une évaluation des
différents textes qui régissent le logement
(propriété ou location) dans leurs
conséquences sur la mobilité et leur
révision quand celles-ci s'avèrent être
négatives.
En outre, face à des progrès techniques rapides
et soutenus, une population active âgée pourrait
présenter, faute d'un système
d'éducation tout au long de la vie compatible avec
l'évolution des techniques, un manque
d'adaptabilité, et donc un handicap. Toutefois la relation
entre productivité et âge est
ambiguïe : à l'adéquation
supérieure de la main-d'oeuvre jeune aux métiers
nouvellement créés s'opposent les effets
d'apprentissage et d'expérience ainsi qu'une meilleure
transmission des savoir-faire, qui constituent un des atouts des
travailleurs plus âgés.
Pour de multiples raisons, le chômage touche en
général plus durement les jeunes (surtout les
non diplômés, en dépit des
évolutions récentes) dont le taux d'emploi est
inférieur à la moyenne. Si, par
hypothèse, ces taux demeuraient constants, la
déformation de la pyramide des âges de la
population active se traduirait, toutes choses égales par
ailleurs, par une légère baisse du
chômage et une augmentation des taux d'emploi.
Le Centre d'études prospectives et d'informations
internationales (CEPII) évalue l'impact des modifications de
la structure démographique à une baisse d'environ
0,3 point de chômage seulement entre 2000 et 2010.
Cet impact relativement peu important serait encore
atténué par la prise en compte des modifications
des taux de chômage propres à chaque tranche
d'âge. Les actifs jeunes et âgés ne
sont, en effet, pas parfaitement substituables. La
déformation de la pyramide des âges de la
population active, qui s'est traduite jusqu'ici par une augmentation du
taux de chômage et une diminution du taux d'emploi des actifs
les plus âgés -dont la
rémunération est plus
élevée-, en particulier pour les
non qualifiés, nécessite une
volonté politique forte. Simultanément, la
position des plus jeunes devrait s'améliorer.
Au total, selon toute vraisemblance, la déformation de la
pyramide des âges de la population active qui marquera les
prochaines années ne devrait avoir que de faibles incidences
sur le niveau du chômage.
2. Des secteurs dans lesquels l'emploi se
développe
L'emploi devrait se développer sensiblement
pour toutes les catégories d'âge de
salariés, dans les secteurs les plus porteurs, en lien avec
la structure des dépenses de consommation
associée au vieillissement (cf. infra), tels
que les loisirs et les produits culturels, le
tourisme et la santé. Il en serait de même
-grâce à des dispositifs assurant la
solvabilité de la demande pour des montants
limités- des services de proximité
destinés notamment à la personne qui constituent
un gisement d'emplois encore insuffisamment exploité et dont
le développement devrait être davantage
encouragé comme l'ont bien montré non seulement
l'avis adopté sur ce thème par notre
assemblée le 10 janvier 1996 ("Le
développement des services de proximité") mais
aussi, plus récemment, un rapport du Conseil d'analyse
économique ("Emplois de proximité").
Ceci pose tout le problème de la professionnalisation des
salariés du secteur social et médico-social qui
devra faire l'objet d'un examen approfondi, ainsi que notre
assemblée l'a mis en évidence dans son avis
déjà cité sur "Mutations de la
société et travail social".
3. Le déroulement des
carrières
Par ailleurs, on sait que les politiques de
rémunération à l'ancienneté
ont déjà beaucoup reculé. La
déformation de la pyramide des âges de la
population active est susceptible de prolonger cette tendance au motif
que le maintien de ce mode de rémunération
entraînerait une augmentation des coûts salariaux
unitaires. Dans ce cas, les actifs âgés peu
qualifiés et les travailleurs handicapés
vieillissants risquent d'être plus durement
touchés par cette évolution. L'importance de la
mise en oeuvre effective d'un droit à l'éducation
tout au long de la vie, déjà affirmée
d'un point de vue général par le Conseil
économique et social, trouve ici des raisons
spécifiques et réclame des mesures
particulières pour cette population.
Une saisine en cours d'élaboration au sein de la commission
spéciale du Plan de notre assemblée sur "Le
renouvellement de la population active et les politiques
prévisionnelles de l'emploi d'ici aux
années 2010", vise
précisément à explorer des voies de
solution (techniques, juridiques, ergonomiques et organisationnelles)
pour aller dans le sens d'une élévation des taux
d'emploi des plus de 50 ans. l'objectif est de favoriser, dans
tous les secteurs d'activité, une meilleure valorisation des
"deuxièmes parties de carrière", dans le respect
des aspirations des salariés. Conformément aux
propositions adoptées par notre assemblée dans
son avis sur "l'avenir des systèmes de retraite",
déjà cité, (janvier 2000) :
la meilleure articulation des temps de la vie, autorisée
notamment par la validation de certains d'entre eux et par
l'introduction d'une plus grande souplesse dans les départs
en retraite, permettant à ceux qui le souhaitent de prendre
une préretraite ou une retraite progressive, devrait
favoriser cette évolution, en renversant la tendance
actuelle à la cessation brutale et anticipée
d'activité de salariés de plus en plus jeunes.
Il convient en effet de mettre impérativement un terme
à l'exclusion précoce des salariés du
monde du travail à travers les dispositifs de cessation
définitive anticipée et non choisie
d'activité. Cette exclusion, outre les
conséquences humaines et sociales dramatiques qui sont les
siennes, prive les entreprises et les salariés les plus
jeunes -c'est-à-dire l'économie dans son
ensemble- des savoir-faire et des savoir-être
précieux acquis par les salariés les plus
anciens. Cela pose également la question d'une
évolution des règles relatives au cumul
emploi-retraite.
Les relations entre l'évolution de la
population et celle des comportements d'épargne, de
consommation et d'accumulation du patrimoine, résultant
d'arbitrages dont les termes se modifient avec l'âge, forment
un ensemble cohérent qui justifie leur examen conjoint.
1. Le pouvoir d'achat des retraités
est marqué par de réelles disparités
Grâce aux revenus complémentaires
tirés du patrimoine que certains ont pu se constituer tout
au long de leur vie, le niveau de vie moyen des retraités
est équivalent, voire légèrement
supérieur, selon les études, à celui
des actifs. Cette "aisance économique" relative masque en
fait des disparités qui prolongent celles de la vie
professionnelle : ainsi, 7 % des retraités
sont considérés comme pauvres par l'INSEE.
Selon toute vraisemblance, le niveau de vie moyen des
retraités ne devrait pas faiblir dans les quinze ans qui
viennent. Devrait jouer en ce sens l'augmentation des salaires au cours
du temps, chaque génération qui arrive
à l'âge de la retraite ayant eu, en moyenne, un
revenu supérieur à celle qui l'a
précédée (effet dit de "noria"). S'y
ajoutent les effets de l'arrivée à
l'âge de la retraite d'une proportion croissante de femmes
ayant effectué une carrière complète.
Ainsi, un des facteurs d'amélioration de la situation des
ménages retraités est la montée des
couples bi-pensionnés, même si l'augmentation du
nombre de divorces pourrait en limiter l'incidence.
Il convient toutefois de ne pas faire l'impasse sur la situation des
futurs retraités ayant connu des carrières mixtes
et/ou des discontinuités dans leur carrière
professionnelle en raison du contexte du chômage de masse et
qui, pour ces raisons, bénéficieront de faibles
pensions. De même, la baisse du taux de remplacement qui
résulte de la réforme de 1993 diminue le revenu
des retraités du secteur privé. Par ailleurs,
nous ne pouvons pas ignorer la situation des 730 000
retraités, particulièrement
âgés et à dominante
féminine, qui ne perçoivent que le minimum
vieillesse. Le Conseil économique et social attire
l'attention sur les situations d'exclusion dans lesquelles les
personnes en très grandes difficultés risquent de
se trouver placées jusqu'à la fin de leur vie.
Tenant compte de l'ensemble de ces aspects, il appelle de ses
vúux une revalorisation du minimum contributif et du minimum
vieillesse.
Se pose en outre la question de la justification et de la pertinence
de"l'obligation alimentaire" et de la "reprise sur succession" ainsi
que celle des dispositifs alternatifs qui pourraient être
instaurés. Nombre de retraités renoncent en effet
à bénéficier, souvent par
méconnaissance des règles de franchise,
d'avantages auxquels ils auraient droit, de peur que cela prive leurs
descendants du patrimoine, pourtant le plus souvent limité,
qu'ils ont constitué pendant leur vie professionnelle.
2. Les mutations de la consommation
Avec l'arrivée à la soixantaine,
à partir de 2006, des premières
générations du baby-boom, les plus de 60 ans vont
représenter une part croissante de l'ensemble des
marchés de consommation. Quelle sera l'incidence de cette
évolution sur la consommation ? À lire
les chiffres bruts, il y aurait lieu de nourrir quelques
inquiétudes : en effet, à niveau de vie
identique, un couple de 70-74 ans dépense aujourd'hui, pour
sa consommation, 12 % de moins qu'un ménage d'âge
moyen ; à 80-84 ans, le déficit de
consommation atteint 25 %.
Mais ces taux globaux, qui portent sur l'ensemble des consommateurs,
intègrent d'importants effets de
génération. Ainsi, les
générations les plus âgées,
qui ont connu jeunes les privations liées notamment
à la guerre, ont tendance à consommer moins,
indépendamment de leur âge. Si on neutralise les
effets de génération, les résultats
sont, selon Mme Marceline Bodier, de l'INSEE, sensiblement
différents : par rapport à un
ménage d'âge moyen, un couple de
60–69 ans "surconsommerait" d'environ 2 %,
tandis que les 70-79 ans présenteraient une
sous-consommation théorique de 5 %, qui atteint
14 % au-delà de 80 ans. Or, les
générations issues du baby-boom, qui vont arriver
à l'âge de la retraite à partir de
2006, ne devraient pas avoir les mêmes réticences
à l'égard de la consommation que leurs
devancières. Ceci relativise le risque de ralentissement
économique lié à une insuffisance de
la demande.
Si elle doit avoir un effet limité sur le volume de la
consommation, la déformation de la pyramide des
âges de la population aura un impact réel sur sa
structure. Les principaux postes de consommation, tant individuelle que
collective, évoluent fortement avec
l'âge : les consommations "jeunes" sont les
transports, le loyer, les loisirs, l'habillement et l'ameublement
(à revenu identique, ces dépenses diminuent de
moitié entre les moins de 30 ans et les plus de
70 ans). Les consommations qui augmentent beaucoup avec
l'âge concernent l'alimentation et surtout le domaine de la
santé : selon les projections dont on dispose, la
part des dépenses de santé dans le PIB, qui
représentait 9,93 % en 1995 (étude du Conseil
économique et social, rapportée, en 1999, par
Mme Chantal Lebatard sur "Perspectives
socio-démographiques à l'horizon 2020-2040"),
pourrait croître sensiblement d'ici à trente ans,
particulièrement dans le cas où le coût
des traitements augmenterait plus vite que le PIB. La mise en oeuvre
d'une véritable politique de prévention,
notamment en matière de gériatrie, pourrait
permettre de limiter l'augmentation des dépenses de
santé.
Il faut cependant, encore une fois, faire la part entre ce qui
résulte d'un effet de génération, de
la réduction de la taille des familles et ce qui est
effectivement dû au vieillissement. Par exemple, si l'on
observe les dépenses des ménages à un
instant donné, on s'aperçoit que les
dépenses de loisirs diminuent avec l'âge. Pourtant
ce constat repose uniquement sur un effet de
génération : parce qu'elles
appartiennent sans doute à des
générations qui sont nées avant
l'essor des loisirs, les personnes actuellement les plus
âgées consomment moins de loisirs que les
personnes des générations suivantes.
Ainsi, si l'on suit les dépenses d'un ménage au
cours de sa vie, on observe que sa consommation de loisirs est
croissante avec l'âge. Selon l'INSEE, le niveau des
dépenses de loisirs et produits culturels des
ménages de 55 à 80 ans devrait
être, à l'avenir, supérieur de plus de
10 % à celui de l'ensemble des ménages
et, au-delà de 80 ans, serait au niveau de la
moyenne. De même, alors que la dépense moyenne
liée au logement diminue aujourd'hui très
fortement avec l'âge, si l'on neutralise les effets de
génération, ce poste budgétaire
devrait, selon l'INSEE, progresser désormais avec
l'âge, y compris après 75 ans
où il serait supérieur d'environ 10 à
20 % à celui des personnes de 60 à
74 ans, et de plus de 40 % par comparaison avec un
couple d'âge moyen et à niveau de revenu
identique : c'est le secteur où les
dépenses progresseraient le plus. Cette
évolution, liée notamment au
phénomène de double résidence de plus
en plus fréquent chez les personnes
âgées, nécessitera sans doute de revoir
la pertinence de la notion de "résidence principale" dans
tous les domaines (civique, social, fiscal, etc.), et comportera des
incidences importantes pour les localités
concernées.
3. Une épargne et un patrimoine
davantage modifiés dans leur composition que dans leur volume
La constitution d'un patrimoine s'opère, pour
ceux qui en ont la possibilité, tout au long de la vie, et
notamment dans les dernières années
d'activité professionnelle, où la charge
financière des enfants tend à
s'atténuer et où la préparation de
retraite tend à devenir une préoccupation
croissante. De ce fait, les retraités détiennent,
logiquement, une proportion importante du patrimoine des
ménages.
En 1998, 72 % des placements financiers effectués
par l'ensemble des Français provenaient des
ménages âgés de plus de
60 ans. Alors que les plus de 75 ans
représentaient 7 % de la population totale, ils
réalisaient 31 % des placements totaux.
76 % de l'épargne des 60-74 ans
était consacrée aux placements financiers. En
1994, les retraités détenaient la
moitié du patrimoine net des ménages, soit, en
moyenne, le double des autres (les plus de 60 ans
représentant plus de la moitié des foyers
assujettis à l'impôt de solidarité sur
la fortune) ; ils pourraient posséder les deux
tiers de ce patrimoine en 2020, cette évolution
résultant principalement de l'augmentation du nombre et de
la proportion des personnes de plus de 60 ans.
D'après les conclusions du rapport de
M. Anton Brender pour le compte de la Banque de
France et du Conseil national du crédit et du titre (CNCT)
sur "Les aspects financiers du vieillissement de la population",
contrairement à la théorie économique
du cycle de vie, l'évolution démographique ne
devrait pas modifier sensiblement le taux d'épargne des
ménages français.
Les comportements d'épargne des actifs seraient en effet
influencés par leurs anticipations concernant le taux de
remplacement (rapport entre les pensions et les derniers salaires) dans
les systèmes de retraite par répartition. Ces
anticipations seraient renforcées par la conscience que
l'espérance de vie personnelle devrait augmenter. De tels
comportements se seraient d'ailleurs déjà
manifestés, le vieillissement de la
génération du baby boom ayant
contribué, selon certains économistes,
à la flambée des cours de la Bourse (forte
épargne des 45-65 ans). Toutefois, le passage
à la retraite de cette cohorte risque, au contraire, de
déprimer les prix des actifs financiers : il y
aurait alors désaccumulation par les retraités
pour financer leurs dépenses de consommation, et baisse
corrélative de la valeur de leur patrimoine restant du fait
de la baisse des cours.
De plus, il convient de tenir compte des transferts
intergénérationnels de revenus qui
représentaient, en 1996, selon l'INSEE, 135 milliards de
francs, soit de 3 à 4 % du budget des ménages.
Selon une enqu'te de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV),
leur montant est, dans la majorité des cas,
indépendant du niveau de revenu du donateur ; ils
s'opèrent plutôt, comme il a
été vu, des plus âgés vers
les plus jeunes, sont destinés essentiellement aux
descendants directs, et concernent la plupart du temps trois
générations ; les transferts les plus
massifs sont les aides que les grands-parents concèdent aux
jeunes adultes dans l'optique de leur insertion professionnelle ou
lorsque cette dernière fait défaut.
Enfin, l'accession à la propriété est
un moyen d'épargne à long terme qui permet aux
ménages, une fois leur endettement remboursé, de
bénéficier d'une plus grande
sécurité et d'améliorer leurs
conditions de vie, en particulier lorsqu'ils parviennent à
la retraite.
L'accompagnement nécessaire des évolutions
démographiques suppose des actions volontaristes dans quatre
domaines principaux. Les produits financiers devront s'adapter
à cette nouvelle donne par la constitution de moyens
sécurisés de placement à long terme.
Une diffusion plus importante du crédit aux âges
élevés devra être assurée.
Des dispositifs juridiques et fiscaux plus performants devront assurer
correctement la transmission des entreprises - en particulier
s'agissant des exploitations agricoles, des artisans, des professions
libérales et des PME-PMI. Il sera enfin indispensable de
renforcer la fluidité de la gestion du patrimoine au cours
du temps afin de le mettre à la disposition de l'ensemble
des générations. Cela paraît d'autant
plus opportun que les besoins financiers en matière
d'équipements collectifs seront particulièrement
importants.
Les perspectives démographiques engendreront
nécessairement des besoins sociaux, en particulier en
matière d'urbanisme, de logement et d'aménagement
du territoire qui pourront être satisfaits par la
mobilisation des ressources d'épargne à long
terme disponibles. Ces besoins mériteraient d'être
précisés pour tenir compte des
spécificités territoriales et sociologiques
(milieu rural ou urbain, métropole ou Outre-mer...).
1. Urbanisme et logement : des services et des
équipements spécifiques
Le vieillissement de la population pose des
problèmes spécifiques d'adaptation de l'habitat
et de l'urbanisme qui mériteraient en soi une
étude détaillée et prospective. D'ores
et déjà, se pose pour les ménages et
les édiles le problème de la demande grandissante
de retour en centre-ville, de proximité des
équipements et des services, alors même que bon
nombre d'agglomérations se sont étendues dans les
années de croissance démographique. Une
reconversion des structures urbaines existantes s'impose, tout en
évitant les phénomènes de
ghettoïsation, sources d'exclusion individuelle et collective.
Il conviendrait d'encourager la rénovation de l'habitat
ancien, notamment en incitant les propriétaires occupants
âgés à assurer un entretien
satisfaisant de leur patrimoine immobilier et en facilitant les travaux
visant à adapter les logements aux besoins
spécifiques et évolutifs des personnes
âgées, en particulier lorsque celles-ci
sont affectées d'un handicap : avoir un logement
adapté -et adaptable en fonction des besoins de la personne-
participe à la prévention de la perte d'autonomie.
Une politique active devrait par ailleurs être
menée pour soutenir, d'une part, le maintien à
domicile et, d'autre part, la construction de maisons de retraite
adaptées à l'accompagnement affectif, social et
psychologique et à la surveillance médicale. En
effet, les besoins en matière de maisons de retraite
classiques sont voués à diminuer en raison du
désir légitime des personnes
âgées de conserver un logement
indépendant et des progrès de l'aide à
domicile des proches ou des professionnels (dont ont
bénéficié 2,3 millions de
ménages en 1999, selon la dernière
enquête de l'INSEE sur les "services de
proximité", soit le tiers de ceux comptant au moins une
personne âgée de 65 ans ou plus). Dans le
même esprit, le développement de structures
intermédiaires entre le maintien à domicile et le
placement en institution (accueil de jour, hébergement
temporaire), qui permettent aux personnes âgées de
faire face à des difficultés
passagères, devrait être encouragé.
Cela nécessite un accroissement sensible des moyens qui sont
affectés, car si l'accueil de jour et le maintien
à domicile ou l'accueil temporaire permettent certaines
économies sur les dépenses
d'hébergement par rapport aux maisons de retraite, ils
requièrent, pour un service de qualité, des
effectifs importants et qualifiés, entraînant une
augmentation des dépenses de personnel.
En milieu rural, les associations locales et les centres intercommunaux
d'action sociale offrent toute une gamme de services (aides
ménagères, repas, accompagnement, appui
médical...) dans les centres-bourgs et les villages. De
plus, un partenariat
Protection-amélioration-conservation-transformation de
l'habitat (PACT) - Aide à domicile en milieu rural (ADMR)
ñ HLM est en train de se mettre en place pour
développer l'offre de logements adaptables aux personnes
âgées. Une telle démarche devrait
également être pertinente en milieu urbain. Dans
le secteur HLM, certains organismes, souvent en partenariat avec les
Caisses régionales d'assurance maladie (CRAM), ont fait un
effort d'adaptation des logements aux personnes
âgées. Le problème se pose du
financement de ces adaptations. d'autres organismes ont
créé un produit social spécifique
permettant le maintien et le soutien à domicile. Ces
pratiques doivent être étendues.
À cet égard, l'amélioration des
standards en matière de confort et la
nécessité de remédier aux
problèmes que connaissent les quartiers en
difficulté vont amener les pouvoirs publics à
poursuivre dans les prochaines décennies la
rénovation du parc qu'ils viennent d'engager. À
moyen et long terme, l'enveloppe des incitations à la
construction d'habitats sociaux pourrait être davantage
consacrée à la reconstruction des quartiers. Une
action pourrait ainsi être menée pour
procéder à la mise à niveau de
l'habitat en particulier dans les zones périurbaines. Dans
ce cadre, une attention particulière devrait être
apportée à la situation des foyers de
travailleurs migrants dont près de la moitié des
résidents seront âgés de plus de
55 ans en 2008, et plus de 20 % auront
dépassé 65 ans.
La création et le fonctionnement d'équipements et
de services accessibles à toutes les
générations, et plus
généralement l'accès à des
services publics de qualité, répartis de
manière adaptée sur le territoire et susceptibles
de répondre aux attentes spécifiques des
personnes âgées comme à celles du reste
de la population, constitueront un enjeu majeur des prochaines
années. Les initiatives d'établissements qui
accueillent tout à la fois des enfants et des personnes
âgées et organisent leur rencontre sont
à encourager. À ces conditions, certaines zones
rurales en voie de désertification et des quartiers urbains
défavorisés retrouveront un certain dynamisme, ce
qui permettra d'enrayer les processus d'isolement des personnes
âgées.
Enfin, les conditions d'installation, dans ces zones, des professions
de santé devraient faire l'objet d'une attention
particulière.
Les changements apportés aux services et aux installations
profiteront à l'ensemble de la population, et pas uniquement
aux personnes âgées : par exemple,
l'amélioration de la conception des immeubles et de leurs
accès:portes et couloirs plus larges, rampes pour fauteuils
roulants, installation d'ascenseurs plus courante- profitera
également aux personnes à mobilité
réduite et aux personnes avec enfant. c'est pourquoi les
propositions avancées par notre assemblée dans
son avis adopté le 13 septembre 2000 sur
"Situations de handicap et cadre de vie", qui répondent aux
mêmes préoccupations, devront être
prises en compte très largement. Notamment, les obligations
prévues en la matière par la loi et le
règlement doivent être respectées.
De même, il convient de se préoccuper de rendre
les moyens de transport, en milieu rural et en milieu urbain,
à la fois accessibles (physiquement et
géographiquement) et d'un prix abordable, afin que les
personnes âgées puissent choisir de ne pas rester
confinées chez elles.
Plus généralement, tous les
éléments qui concourent à
l'amélioration de la sécurité, au
foyer comme à l'extérieur, devraient
être pris en compte. Les enqu'tes
réalisées par l'INSEE sur les conditions de vie
des ménages révèlent que, "moins
exposés que leurs cadets aux violences touchant les
personnes, les seniors, qu'ils vivent en ville ou à la
campagne, prennent moins de précautions pour garantir leur
sécurité personnelle. En revanche, ils
éprouvent plus souvent que les autres un sentiment
d'insécurité lorsqu'ils sont chez eux, et
protègent davantage leur logement. "L'importance de cette
question ne saurait toutefois être surestimée dans
la mesure où, "interrogés sur les principaux
problèmes de leur quartier ou de leur commune, les seniors
ne mettent pas particulièrement l'accent sur le manque de
sécurité ; leur insatisfaction
principale porte sur le manque de commerces".
2. Aménagement du territoire :
l'attrait du Sud
Selon les projections démographiques (cf.
DATAR : "Aménager la France de 2020"), la France de
demain devrait globalement être moins concentrée
autour des grandes agglomérations que celle d'aujourd'hui.
Une autre lecture de ces tendances fait ressortir l'augmentation des
effectifs de retraités et en particulier des plus anciens
d'entre eux, ainsi que les effets possibles de l'attrait du Sud. Il en
résulte des conséquences pour
l'aménagement du territoire.
L'augmentation du nombre des retraités sera une ressource
déterminante, au niveau local, dans de multiples
régions, en particulier au bénéfice
des centres-villes. Les migrations de retraités vont
probablement augmenter du fait notamment de la
généralisation des doubles résidences,
renforçant l'économie des régions
dynamiques, authentiques, cohérentes et dotées
d'un art de vivre qui attire aussi les jeunes. l'économie de
la retraite va prendre une place considérable. Une
réflexion en termes de "culture
générationnelle" des retraités
paraît ici indispensable.
Les régions du Sud de la France vont voir leur poids
démographique augmenter sensiblement : elles vont
absorber une part importante de la croissance démographique
nationale, ce qui induira une augmentation de la demande d'habitat neuf
et ancien, compensée par une réduction dans les
zones d'origine, soit une modification probable de
l'équilibre des prix relatifs des logements entre
régions. l'existence de flux démographiques en
sens inverse ne doit pas non plus être
négligé de même que le mouvement de
retour des personnes âgées vers les
départements et territoires d'outre-mer (DTOM) ou
l'arrivée de ressortissants communautaires
retraités en France.
Il faut prévenir dès maintenant le risque que de
telles variations démographiques engendrent des
dysfonctionnements, voire des fractures, source d'exclusions,
liées notamment à un sous-équipement
des régions moins attractives en structures d'accueil et en
services publics à destination des personnes
âgées. De surcroît, on peut y chercher
aussi les éléments porteurs d'une autre forme de
développement.
IV - Assurer une meilleure représentation des personnes âgées
Les personnes âgées ou retraitées ont un rôle majeur à jouer dans la société ; le présent avis a d'ailleurs formulé des propositions pour reconnaître et promouvoir ce rôle. Elles ont également un rôle économique qui a été souligné. Toutefois, leur participation à la vie de la cité ne saurait se limiter à ces fonctions. Comme tout autre membre de la société, elles ont aussi un droit d'expression et de participation aux réflexions collectives. Les modalités doivent donc être recherchées pour assurer, dans les meilleures conditions, cette expression. Celle-ci n'est pas exclusive de l'expression de toutes les autres catégories de la population, tant dans le débat collectif que sur les questions du vieillissement.
De ce point de vue, il convient de distinguer deux champs d'expression, de nature très différente, selon qu'il s'agit de débats relatifs à la politique de la vieillesse ou qu'il s'agit du débat démocratique collectif sur l'avenir de notre société.
Le traitement des questions relatives aux personnes
âgées doit associer étroitement les
intéressés, afin d'entendre leurs attentes et d'y
répondre de la façon la plus pertinente,
quantitativement et qualitativement. Cette démarche, qui
existe déjà dans certaines structures, doit
être généralisée et
s'effectuer quel que soit le niveau territorial de la
réflexion et de la mise en úuvre. De
façon liminaire, il convient de rappeler que ce sera
naturellement en raison du mandat qu'elle reçoit des
personnes âgées et retraitées qu'une
personne, quel que soit son âge, pourra
légitimement prétendre à
représenter ces dernières.
1. Mieux associer les organisations
représentatives aux débats nationaux et
internationaux qui concernent les personnes âgées
1.2. Procéder à la consultation systématique des organisations représentatives au niveau européen et international
La politique du vieillissement, enjeu commun
à l'ensemble des États de l'Union, est
appelée à devenir un thème majeur de
travail des institutions européennes. La question se pose,
dès lors, d'assurer au niveau européen le
meilleur dialogue entre ces institutions et les organisations
représentatives des retraités et personnes
âgées.
L'année 1993 a marqué assurément un
tournant, avec le lancement du "Bureau de liaison" entre la Commission
et les organisations. Il est toutefois regrettable que, faute d'une
clarification satisfaisante des méthodes de consultation,
l'association des retraités et des personnes
âgées au processus de décision n'ait
pas pris toute la place qui devrait être la sienne. Si des
processus de consultation existent certes, ils ne procèdent
pas encore d'une démarche formalisée,
fondée notamment sur des règles
partagées de représentativité et de
démocratie.
Pour notre assemblée, le gouvernement français
doit travailler, avec ses partenaires de l'Union, à la
constitution d'une véritable structure européenne
de consultation et de représentation effective des
retraités et personnes âgées. l'exemple
du CNRPA français, tel que le présent avis en
propose la réforme, constitue un modèle
intéressant à proposer aux États de
l'Union. La Commission européenne devra, à cet
égard, contribuer au financement des moyens de
fonctionnement de cette structure.
Au niveau international, notre assemblée regrette que les
organisations franÁaises ne soient pas davantage
impliquées dans les processus de réflexion et de
décision. l'Etat franÁais doit, de ce point de
vue, les y encourager et leur en donner les moyens.
2. Favoriser l'émergence d'une
réelle participation des personnes
âgées au niveau local
Notre assemblée, dans son avis
déjà cité sur "Mutations de la
société et travail social", a souligné
l'importance, en matière de politique sociale, de l'analyse
préalable des besoins des populations, de la programmation
pluriannuelle des dispositifs, de la mise en cohérence de la
commande des différents décideurs, de
l'association étroite des intervenants sociaux et des
bénéficiaires au processus de mise en
úuvre. Ces préconisations doivent trouver une
traduction concrète dans le domaine des politiques locales
de la vieillesse.
2.2. Favoriser une meilleure participation des
intéressés à la mise en oeuvre des
actions
Il convient de rendre effective, au niveau de la mise
en oeuvre des actions, une meilleure association des publics
bénéficiaires (notamment à travers
leurs représentants).
À cette fin, il faudra s'interroger sur les raisons pour
lesquelles cette participation peine actuellement à se
réaliser. Elle doit être
systématisée au sein des
établissements accueillant des personnes
âgées, au premier rang desquelles les structures
d'hébergement et les structures de soin (y compris
hospitalières). Elle peut en effet permettre une meilleure
expression des attentes des intéressés et de leur
famille, un suivi en continu des actions, une réorientation
partagée des dispositifs, plus globalement un
véritable dialogue entre les décideurs, les
personnels et les bénéficiaires à
partir d'un projet de vie.
L'association des intéressés doit
également être recherchée en dehors des
établissements, dans toutes les dimensions de la politique
en faveur de la vieillesse (centres communaux et intercommunaux
d'action sociale, offices et clubs du troisième
âge...).
Le débat "collectif" porte - par nature - sur
l'ensemble des dimensions de la vie économique et sociale,
et non seulement sur les questions ayant trait à la vie des
personnes âgées. Il s'agit bien entendu des
questions relatives à la citoyenneté,
à la culture, aux débats de
société, à la politique
économique et sociale ou à la
sécurité. Ces questions concernent tous les
acteurs de la société, quels que soient leur
situation économique et sociale, leur situation juridique,
leur âge, leurs convictions, leurs expériences
personnelles. Toutefois, l'avenir des systèmes de retraite
relève du dialogue des partenaires sociaux entre eux et avec
l'Etat.
Chaque membre de la société a un droit
égal, reconnu par la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen et par le Préambule de la
Constitution, à participer au débat collectif.
c'est sur la base de ce postulat que la question de la participation
des personnes âgées au débat collectif
doit être reposée.
1. La personne âgée est un
citoyen à part entière
La personne âgée est un citoyen
comme tout autre citoyen, dans le cadre des lois qui
définissent et organisent la citoyenneté.
Rappeler cette vérité peut
légitimement paraître choquant, tant elle devrait
s'imposer naturellement à tous. Notre assemblée
estime toutefois nécessaire de procéder
à ce rappel.
En effet, certains discours tendant à souligner les
conséquences négatives du vieillissement sur la
société pourraient remettre en cause ce principe
et conduire à un conflit entre les
générations.
Notre assemblée refuse cette évolution et
réaffirme avec force que chaque personne
âgée doit pouvoir exprimer sa
citoyenneté dans toute son intensité et toutes
ses dimensions en participant pleinement au débat collectif.
l'objectif du Conseil économique et social est bien de
rechercher la représentation la plus
équilibrée de tous les âges, mais
aussi, plus globalement, de toutes les composantes de la
société.
Certes, les personnes âgées et
retraitées sont nombreuses parmi les élus au sein
des institutions, et en particulier les assemblées de la
République. Mais elles ne sont pas élues ou
désignées dans ces instances en tant que
représentants des personnes âgées, et
leur présence n'empêche pas que trop de
retraités se sentent exclus des débats
démocratiques et des choix collectifs.
2. Les risques que comporterait une
représentation spécifique des personnes
âgées dans le débat collectif
Réaffirmer la plénitude de la
citoyenneté de la personne âgée
implique certes de refuser avec force toute démarche de la
société visant à confiner ces
personnes dans une position spécifique liée
à leur âge et à amputer leur droit
d'expression. Il implique tout autant d'alerter les personnes
âgées sur leurs propres démarches qui
aboutiraient à un résultat identique.
La personne âgée ou retraitée doit
vivre - elle-même - la plénitude de sa
citoyenneté et ne pas accepter d'en abandonner
délibérément une part. Pour assumer
pleinement sa vocation à s'exprimer sur toutes les
dimensions de la vie collective, elle ne doit, en aucun cas,
céder à la tentation de limiter son expression
à la seule défense des questions qui la
concernent. De ce point de vue, deux risques doivent être
identifiés.
2.2. Les dangers d'une dérive de la représentation socioprofessionnelle vers une représentation par âge
3. Permettre l'expression des personnes âgées dans les structures d'expression de droit commun
Sur la base de ces réflexions relatives à la nature de la citoyenneté et de la représentation socioprofessionnelle, le Conseil économique et social souhaite formuler des propositions pour améliorer la participation des personnes âgées au débat collectif.
3.2. Optimiser, dans le cadre actuel, la
représentation des personnes âgées par
les organisations socioprofessionnelles
Notre assemblée a émis des réserves
majeures concernant le glissement, en son sein, d'une
représentation de nature socioprofessionnelle vers une
représentation par âge des forces vives de la
nation.
En revanche, elle estime que tout doit continuer à
être mis en oeuvre par les organisations
socioprofessionnelles, associatives, familiales pour que s'expriment,
en leur sein, toute la richesse de la population.
Il appartiendra dès lors à chaque organisation
d'examiner, en interne, les moyens les plus adaptés
à la réalisation de cet objectif.
3.3. Permettre à tous de participer au
débat démocratique
Enfin, pour que les personnes exclues de fait du
débat démocratique, quel que soit leur
âge, puissent être "acteurs de
société", il importe que chaque structure
organisée maintienne une ouverture permanente aux victimes
d'injustice, au-delà des catégories qu'elle
représente.
Conclusion
"Vieillesse et société - le rendez-vous
manqué" tel est le titre de l'ouvrage de M. Hervé
Marcillat, analysant les débats qui ont entouré
la loi de janvier 1997 sur la prestation spécifique
dépendance.
Le Conseil économique et social, se félicitant de
la saisine du Premier ministre, espère que son "avis" ne
sera pas un nouveau rendez-vous manqué.
La multitude d'ouvrages parus depuis le rapport Laroque (1962) n'a pas
pour autant suscité "l'ardente obligation" que l'on serait
en droit d'attendre, quant à la nécessaire
élaboration d'une politique globale, non seulement de la
vieillesse, mais aussi du vieillissement.
Le présent avis s'appuie sur les sujets qui lui ont
été soumis, mais laisse de ce fait sous silence
des aspects et des réflexions importants touchant au contenu
même d'une politique du vieillissement, qui prenne en compte
le phénomène spectaculaire et heureux de
l'allongement de l'espérance de vie.
Concernant la création d'un "Institut du vieillissement",
souhaitée, dès 1999, par Mme Paulette
Guinchard-Kunstler, alors députée, dans son
rapport "Bien vieillir en France", puis par le comité de
pilotage de l'année internationale des personnes
âgées, reconnu nécessaire et
annoncé comme imminent par Mme Elisabeth Guigou le 29
novembre 2000 lors des rencontres nationales des CNRPA-CODERPA-CORERPA,
peut-on alors espérer que la concrétisation de ce
projet verra le jour dès à présent,
marquant ainsi d'un signe fort la prise en compte des
éléments de réflexion de notre
assemblée ?
Le
Conseil Èconomique et social a adopté.
Ont voté pour : 165/165
Les interventions pour explication du vote de chaque
groupe socioprofessionnel ne sont pas reproduits. Pour les lire
télécharger le rapport à : http://www.ces.fr/rapport/rapzip/01052309.zip
Liste des références bibliographiques
- Couple, filiation et parenté aujourd'hui, Rapport au
gouvernement, Irène Théry, mai 1998.
- L'avenir de nos retraites, Rapport au Premier ministre, Jean-Michel
Charpin, Commissariat général du Plan, 1999.
- Vieillir en France, Rapport au Premier ministre, Paulette
Guinchard-Kunstler, 1999.
- Rapports de l'Année internationale des personnes
âgées :
- Rapport du comité de pilotage, Michel Thierry et
Jean-Marie Palach.
- La place des retraités dans une France solidaire et
citoyenne, Jean-Michel Hôte, rapport du groupe de travail
n°1.
- La santé des personnes âgées, Michel
Frossard, rapport du groupe de travail n° 2.
- Les personnes âgées et leurs familles,
Jean-Michel Rossignol, rapport du groupe de travail n° 3.
- L'habitat des personnes âgées, Pierre-Yves
Allée et Olivier Piron, rapport du groupe de travail
n° 4.
- L'âge de la vieillesse, Patrice Bourdelais, Odile Jacob,
1993.
- Les vieux. De Montaigne aux premières retraites, Fayard,
1989.
- Histoire de la vieillesse, Jean Pierre Bois, PUF, Que sais-je ?, 1994.
- Histoire de la vieillesse en Occident de l'Antiquité
à la Renaissance, Georges Minois, Fayard, 1987.
- La naissance du vieillard, Jean Pierre Gutton, Aubier, 1988.
- Le droit de vieillir, Bernadette Puijalon et Jacqueline Trincaz,
Fayard, 2000.
- Allongement de l'espérance de vie et évolution
de l'espérance de vie sans incapacité, J-M
Robine, 1993, in L'avenir de l'espérance de vie, J Vallin
Ed, Ined, Congrès et colloques n° 12, Colvez et all,
1993.
- Vive le papyboom, Robert Rochefort, éditions Odile Jacob,
2000.
- Le choc des générations, La
Découverte, 2000.
- Vieillesse et société, le rendez-vous
manqué, Hervé Marcillat, ERES, 2000.
- Le vocabulaire du vieillissement : des concepts aux mesures,
Paul Paillat, Populations âgées et
révolution grise, Institut de démographie,
Université catholique de Louvain-la-Neuve, Ciaco, 1990.
- Evolutions des dépenses médicales des personnes
âgées, A. Misrahi, 2èmes
Rencontres parlementaires sur la
longévité : Comment assurer les soins
des personnes âgées au XXIème
siècle, M et M Conseil.
- Vieillissement et destin de la population âgée
en institution, Agnès Quinet-Catherin, (1962
- 1992). Etude longitudinale sur les entrants en 1966, 1976 et 1986
dans huit établissements du Rhône,
thèse de doctorat, Université Lyon II, novembre
1996.
- Les retraités en mouvement, Jean-Philippe Viriot
- Durandal, Thèse de doctorat, Université Paris V
- René Descartes, décembre 1999.
- France, portrait social, INSEE, 1998-1999.
INSEE Première :
- n° 762 : Projection de population à
l'horizon 2050 : un vieillissement inéluctable.
- n° 744 : L'aide à domicile en faveur des
personnes âgées.
- n° 737 : L'engagement associatif après 60
ans.
- DRESS - Études et Résultats :
- n° 82 : Faibles retraites et minimum vieillesse.
- n° 94 : Le nombre des personnes
âgées dépendantes.
- Économie et statistiques :
- n° 296-297, juin 1996 : Patrimoine des
ménages : déterminants et
disparités, Stephan Lollivier et Daniel Verger.
- n° 316-317, juin 1998 : Aides aux personnes
âgées dépendantes : la famille
intervient plus que les professionnels, Pascale Breuil.
n° 324-325, avril 1999 : Les effets d'âge et
de génération sur le niveau et la structure de la
consommation, Marceline Bodier.
- Des retraités dans la cité, Jean-Philippe Viriot
- Durandal, in Informations sociales n° 88.
- Les inégalités sociales de santé ;
INSERM ; La Découverte 2000.
- Dépendance : sortir de l'impasse, Le journal de
l'action sociale, décembre 2000.
- Cahier de recherche du CREDOC, Franck Berthuit, Bertrand Chokrane et
Georges Hachtuel,, n°129, juin 1999.
- Les CLIC, un bon début pour faire mieux ?, Action
et territoire du social, n° 315.
- Vieillir, l'avancée en âge, Information
Sociales, n° 88.
- Activité physique et avancée en âge,
Soins gérontologiques, n° 24.
- Retraite et société (Caisse nationale
d'assurance vieillesse)
- Vers une autonomie dans la dignité, n° 31.
- Les femmes face à la retraite : la fin des
inégalités ?, n° 32.
- Population et société, n°366, INED,
2001.
- Préparation à la retraite des personnes
handicapées âgées, Rapport d'une
réunion de spécialistes Eurolink Age, novembre
1996.
- Technologie et prévention : extension des
capacités face aux effets de l'âge et de
l'infirmité, Compte-rendu d'un séminaire Eurolink
Age, 1er et 2 décembre 1995.
TABLE DES SIGLES
ADMR : Aide à domicile en milieu rural
APA : Allocation personnalisée d'autonomie
CAF : Caisse d'allocations familiales
CNAM : Caisse nationale d'assurance maladie
CEPII : Centre d'études prospectives et d'informations
internationales
CLIC : Centre local d'information et de coordination
gérontologique
CNAV : Caisse nationale d'assurance vieillesse
CNCT : Conseil national du crédit et du titre
CNRPA : Comité national des retraités et
personnes âgées
CNVA : Conseil national de la vie associative
CODERPA : Comité départemental des
retraités et personnes âgées
COR : Conseil d'orientation des retraites
CORERPA : Conférence régionale des
retraités et personnes âgées
CRAM : Caisse régionale d'assurance maladie
CREDES : Centre de recherche, d'étude et de documentation en
économie de la santé
CREDOC : Centre de recherche pour étude et observation des
conditions de vie
MSA : Mutualité sociale agricole
PACT : Protection - amélioration - conservation -
transformation de l'habitat. »