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La vieillesse miroir, la
vieillesse-objet, la vieillesse-sujet
-
Barrère
H., La relation
psychosociale avec les personnes âgées,
-
éd Privat,
Toulouse, 1988, 168 p
-
Notes de lecture9 pages
«.../...
La vieillesse-miroir
- A
l'école de la vie, nous sommes tous des
élèves. La vie elle même est un chemin
initiatique pour l'homme en devenir.
- Tout au long de notre existence, les
événements les accidents, les maladies, les
deuils successifs que nous sommes tous amenés à
assumer, non seulement le deuil d'êtres chers mais aussi le
deuil d'états physiques ou affectifs antérieurs
comme la perte de mémoire ou celle des performances
sportives ou de l'état amoureux, tous ces
événements qui peuvent survenir durant la
période de notre existence sont des exercices de sagesse.
- On les nomme aussi dans le langage courant des
«crises» des «stress». Ils ont
certes un aspect négatif immédiatement visible
mais, à plus long terme, ils peuvent s'avérer
tout à fait bénéfiques.
- Qui dit stress dit en effet «syndrome
général d'adaptation» Autrement dit, le
stress représente l'occasion pour un individu de s'adapter,
de changer, de façon radicale ou progressive sa
façon de vivre. C'est souvent le signal d'une remise en
cause de ses valeurs, qui l'amène à repenser sa
philosophie dans le sens d'une meilleure harmonie entre ses
capacités physiques, psychologiques et spirituelles.
- Pour aborder les stress inévitables
de l'existence, chacun est plus ou moins doué par nature, et
plus ou moins bien armé sur le plan des ressources
psychologiques. L'entraînement à une certaine
force intérieure, cette force qui permet de surmonter le
stress et de s'en enrichir, est l'affaire de toute l'existence. En
fait, nous avons tous en nous la capacité de surmonter les
événements qui surviennent, mais nous ne
parvenons pas toujours à faire passer cette
capacité dans la pratique : certains choix sont difficiles
à faire et les erreurs possibles sont innombrables.
-
Nos
aînés se révèlent
être des «modèles» de
vieillissement puisqu'ils représentent l'aboutissement de
toute une vie de choix successifs (ou de non-choix, ce qui
est une autre façon de choisir !).
- Généralement,
ceux qui sont arrivés à l'âge de la
retraite, là où on commence à parler
de vieillesse, ceux-là n'ont plus rien prouver à
personne.
- Les défis, c'est à
l'âge adulte ou à la maturité qu'on les
a relevés. Ils sont donc le plus souvent sincères
et naturels.
- Les
gérontologues sont frappés de constater que ceux
qui se disent malheureux ont tout fait pour cela. Ils sont
les artisans de leur propre malheur alors qu'ils pourraient fort bien
couler des jours heureux et sereins.
- Ils s'ingénient à se rendre
malheureux en cultivant les rancoeurs, la disharmonie, le regret ou le
ressentiment.
- C'est le cas de ces vieux enfants
gâtés qui n'ont jamais de leur vie
été véritablement adultes et qui
régressent dans le cocon familial en s'y montrant odieux et
tyranniques.
- C'était aussi le cas de ce vieux
cycliste qui fuyait le vieillissement en courant après des
performances physiques qui n'étaient plus de son
âge ce qui l'acheva un beau jour d'un infarctus
définitif.
-
En
règle générale, il faut être
passé par un développement normal,
c'est-à-dire de l'adolescence à un âge
adulte autonome et responsable, pour avoir une chance de
vieillir dans la sérénité en ayant
trouvé un sens à son existence, ce qui revient
à vieillir harmonieusement en toute lucidité.
-
Le
retraité a déjà connu beaucoup de
rôles sociaux au cours de son existence : enfant, adolescent,
fils et petit-fils, cousin, catéchumène
éventuellement consommateur, étudiant, amoureux,
jeune marié, artisan ou employé, patient, puis
père à son tour, grand-père,
conseiller municipal, témoin, patron... Il est conscient que
le vieillissement va lui faire connaître de nouveaux
rôles, mais la société actuelle qui
encense l'activité de production et le rendement, ne lui en
offre qu'un, dévalorisant et négatif en diable :
l'inactif. C'est-à-dire que notre retraité se
retrouve évincé de notre
société matérialiste et productiviste,
marginalisé. « Inactif » est le
rôle négatif par excellence, tout comme le
«sans profession» qui qualifie la mère
de famille qui a élevé cinq enfants ! Retrouvons
les vraies valeurs.
- Avoir
un rôle social est positif, par définition,
et je cherche depuis longtemps à promouvoir celui du sage,
qui a une fonction de conseil et de pédagogue envers les
générations plus jeunes. Le sage, il en existe,
représente un gisement souvent inexploité de
richesses intérieures et d'expériences. Qu'on le
veuille ou non la sagesse est le contrepoids indispensable à
l'activisme brouillon qui caractérise trop souvent nos
sociétés. Et nous sentons intuitivement, nous les
adolescents, nous les adultes parfois
inexpérimentés, que les retraités,
eux, peuvent s'en prévaloir. Ils ont les leçons
de l'existence tout simplement parce qu'ils ont vécu et
réfléchi plus longtemps que nous.
Savoir gérer ce temps
qui s'écoule
La médicalisation ou la
vieillesse-objet
- Les
médicaments de confort font office de talismans modernes.
- Il est plus facile de
prendre un
médicament antidépresseur que de faire une
psychothérapie, de prendre une pilule laxative que de manger
des pruneaux ou des fibres végétales, ce qui
demanderait au médecin généraliste
qu'il entreprenne une éducation ou une
rééducation de sa clientèle, ce qu'il
n'a généralement ni le temps ni le goût
d'assurer.
- La
médicalisation, c'est le versant négatif et
passif du vieillissement : certains vieux se laissent ballotter de
médecin en médecin, de professionnel de
santé en professionnel de santé, sans jamais
prendre en charge eux-mêmes leurs propres
problèmes de santé. Pourtant, le foisonnement
même des techniques et des soins disponibles rend
à l'individu la maîtrise de son devenir en
matière de santé.
- Tant qu'il n'y avait pas de choix possible, on
vieillissait sans savoir qu'on pouvait amenuiser tous les
désagréments liés à
l'âge, tel symptôme ou tel autre ; on acceptait
avec fatalité son destin sans imaginer qu'on put un jour le
changer. Mais à notre époque, on peut choisir de
se faire soigner...ou pas, à l'aide de telle technique... ou
de telle autre.
- Maintenant que nous sommes informés de tout
ce qui existe dans la panoplie des techniques de santé, le
rôle du médecin généraliste
comme conseiller de santé est fondamental. Mais c'est au
patient que revient le choix : il importe d'essayer telle ou telle
technique, de comparer les résultats obtenus, de juger du
rapport qualité/prix, etc., bref, de prendre en mains les
décisions pour garder ou restaurer sa santé.
- Encore une fois, il faut choisir, et n'est pas
facile pour tout le monde. Il faut le plus souvent avoir
déjà connu une certaine autonomie pour pouvoir la
conserver, l'âge venant. La personne
âgée est seule devant les choix à
faire. D'ailleurs, nous sommes toujours seuls devant les choix que nous
présente l'existence.
- Les personnes
âgées ont la possibilité de se
réapproprier leur propre vieillissement pour peu qu'elles le
désirent.
- La pierre d'achoppement, justement, est la
volonté, et c'est elle qu'on éduque en fortifiant
la force intérieure. C'est cette force qui permet de
surmonter les stress et d'en tirer un enseignement. Ceci pourrait
servir de guide à tous les travailleurs sociaux qui ont
à faire avec les plus âgés d'entre nous
: inciter à expérimenter plusieurs solutions pour
ensuite choisir la mieux adaptée. Le choix revient
à la personne âgée : à elle
de décider en dernier recours. Formuler clairement les choix
possibles. «recadrer» les problèmes, est
une bonne façon pour les travailleurs sociaux d'aider
à l'autonomie et à la responsabilisation des
personnes âgées.
- Le vieillard
dépendant est une charge pour ceux qui s'occupent de lui,
mais, plus grave encore, lorsqu'il a régressé, il
ne vit plus véritablement sa vie mais celle que le
système lui impose.
- Pas à pas, on peut gentiment lui faire
comprendre que son existence est entre ses mains, lui redonner le
respect de lui-même et des autres tout en comprenant que,
peut-être, l'aventure n'est pas -ou plus- à sa
portée par manque des ressources psychologiques
nécessaires. C'est un travail assez subtil. Il faudra
à la personne âgée qui vient de
descendre une ou plusieurs marches de l'escalier du vieillissement
beaucoup de force intérieure pour se réapproprier
la direction d'elle-même.
- Ces quelques vers du
poète Lanza del Vasto donneront une
idée du travail à poursuivre à ceux
qui ont pour mission de soigner et de rééduquer
les plus anciens d'entre nous : «
N'aide pas les autres, ce serait vouloir faire plus que Dieu qui les
laisse se débattre et pécher a leur aise.
Aide-les à s'aider » ; sauf, bien
sûr, en fin de vie et d'accompagnement du mourant,
où la prise en charge est totale et inconditionnelle.
Le développement
personnel ou la vieillesse-sujet
- Quelques
chercheurs scientifiques aux Etats-Unis pensent maintenant, comme la
plupart des philosophies orientales, que l'existence est croissance
continue.
- Toutes les potentialités sont en nous, et il
nous appartient de les mettre en pratique. Toute rencontre, tout
travail, tout problème nouveau réglé
et dépassé est source d'enrichissement et
d'élargissement de conscience : c'est le
«mouvement du potentiel humain», largement
représenté outre atlantique.
-
Les
personnes âgées qui ont été
autonomes et responsables pendant leur vie adulte savent intuitivement
ou de façon raisonnée, tirer les
leçons de ce que la vie leur présente, et
même de leur actuelle dépendance. Le temps qui
passe est un maître d'école.
- Il arrive parfois
qu'un accident de santé les fasse régresser et
qu'elles aient alors besoin d'aide et de stimulation pour remonter la
pente ; chaque progrès vers l'autonomie doit alors
être remarqué, souligné,
encouragé par les soignants. Ces derniers peuvent
même proposer à la personne
âgée une tâche à sa mesure :
dire quelque chose à quelqu'un, penser à faire
son lit, a surveiller l'heure pour accomplir un travail simple
à une heure précise, ou encore aller aux
toilettes.
- D'autres personnes
âgées n'ont jamais de leur vie
été autonomes, mais il se peut très
bien, justement, que l'attitude des soignants à leur
égard soit l'occasion qui les mette enfin sur la route de la
responsabilisation et du contentement, car tout travail sur
soi-même est source de contentement.
- En ce qui concerne
les soignants, il est nécessaire de veiller à
avoir toujours des pensées positives, à voir le
bon côté des choses, à remarquer les
progrès même minimes. En fait, cette attitude sera
adaptée à la fois à la personne qu'ils
aident mais aussi à leur propre bien-être.
L'équipe soignante se doit d'avoir bon moral et chacun des
membres de l'équipe doit se sentir soutenu par les autres,
même quand, et cela arrive inévitablement, des
événements bouleversants les touche
personnellement. Il est important de se sentir soutenu par le groupe de
travailleurs sociaux - c'est l'un des avantages non
négligeables du travail en équipe - avant
d'être assez fort soi-même pour se jouer de tout ce
qui peut arriver, et l'accepter avec joie.
Activité et esprit
ouvert élargissent la conscience
- La
confrontation des psychologies d'Orient et d'Occident, ainsi que les
derniers développements des études scientifiques
en psychologie ont instauré la création puis le
développement de la psychologie transpersonnelle.
D'abord aux Etats-Unis, puis maintenant en Europe, ce récent
développement de la psychologie prend en compte la
totalité de la personne : ses pensées, ses
sentiments et ses émotions, mais aussi ses sensations, ses
intuitions et ses aspirations, ses relations avec les autres et avec ce
qui la transcende et que l'on appelle l'énergie, dieu, le
divin ou l'absolu, selon ses convictions. Bref, la psychologie
transpersonnelle inaugure à l'aube du troisième
millénaire une ère nouvelle conjuguant
psychologie et spiritualité, appelée par certains
«Nouvel Age».
- Cette nouvelle conception représente une
ouverture par rapport à nos habitudes mentales et
affectives, et une avancée en ce qui concerne le sens de la
vie et le rôle que nous avons à y jouer. Elle
s'appuie sur des études scientifiques sérieuses
qui ne peuvent être que reconnues, même si cela ne
se fait pas du jour au lendemain, car il y à beaucoup de
résistances conscientes et inconscientes chez les
décideurs. La conscience humaine franchit là les
bornes qui lui étaient jusqu'ici imposées par la
société et se découvre libre et
élargie.
- Replacées dans cette perspective
psycho-spirituelle, nos existences de travailleurs sociaux prennent
tout leur sens. K.G. Jung et d'autres psychologues après lui
ont démontré à maintes reprises que
notre source est ce qu'il appelle l'inconscient collectif
archétypal, le Soi. Je sais que ce type de discours n'a
souvent pas sa place dans les livres qui se veulent techniques et
pédagogiques, mais je sais qu'il devient
nécessaire de repousser nos limites, ces limites que nous
avons trop tendance à accepter à priori sans les
remettre en question. La science rejoint la philosophie et la mystique,
en ces années cruciales où nous ignorons encore
si la planète va survivre.
- Chacun à
notre niveau, nous ne pouvons plus être seulement travailleur
social, ou personne âgée, mais nous sommes, plus
globalement, des êtres humains embarqués dans une
aventure qui les dépasse.
Savoir écouter et comprendre
pour
aimer
-
Revenons
à notre rôle de travailleur social, d'infirmier,
de psychologue. Nous n'avons jamais appris véritablement
à écouter nous avons plutôt appris
qu'il nous fallait nous exprimer sans crainte pour éviter
les inhibitions, les blocages, le refoulement. Pourtant la vie nous
fait comprendre par mille signes qu'il convient de se vider du
déjà connu, pour accueillir l'inconnu.
- «On ne
met pas du vin nouveau dans de vieilles outres», rappelle
l'évangéliste, toujours très concret,
car cela les fait éclater : ce qui signifie qu'il nous faut
sans cesse faire le deuil en nous du «vieil homme»
pour laisser naître l'homme nouveau.
- Faire le vide en
soi pour mieux écouter, savoir écouter pour
comprendre, comprendre pour aimer, telle est la démarche de
ceux qui aident les personnes âgées - et les
autres - à quelque niveau que ce soit.
-
Être
attentif à l'autre, l'écouter, c'est le
commencement d'un travail de qualité, c'est aussi un travail
de connaissance de soi. Travail professionnel et travail
intérieur vont de pair.
- Écoutez
cette vieille dame, ce vieux monsieur ; souvent ils savent raconter,
souvent ils savent poser les vraies questions. Faites toujours
attention à ce que vous répondez : un mot, une
phrase risque les toucher plus profondément que vous ne
l'imaginez. La personne âgée va vivre avec vos
mots pendant plusieurs heures, et les disséquer et le mot
peut devenir une obsession.
- Un soignant
comprend vite que ses paroles ne sont pas anodines, que rien en fait
n'est anodin pour une personne âgée qui a souvent
tout oublié du passé ou presque et qui, mieux que
nous, vit dans le présent, ici et maintenant. N'est-ce pas
là la clé de la sagesse ? La leçon
nous en est redonnée chaque jour, à nous qui
côtoyons des personnes âgées. Vivre dans
l'avenir est bon pour la jeunesse. Non pas, bien sûr, qu'il
ne faille pas faire de projets pour orienter l'avenir ; mais ne jamais
remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même,
vivre intensément en sachant la mort toujours proche, est un
exercice de sagesse que je nous souhaite d'écouter et de
mettre en pratique.
- Tout
naturellement, savoir écouter et comprendre nous fera
prendre la voie de l'amour, de la vie, du service aux autres.
La dépression, un appel
au développement personnel
- Les sujets
vieillissants, souvent, ne savent pas très bien pourquoi ils
«font une dépression», mais
l'inconscient, dans sa sagesse, le sait très bien : c'est
justement parce qu'elle ne peut plus fonctionner comme avant que la
personne âgée se sent
«décalée» par rapport aux
autres, et incomprise. Elle se retrouve plus ou moins en
«crise», soumise à un stress
intérieur qu'elle s'explique mal mais qu'un psychologue
averti peut l'aider à surmonter. C'est une
période difficile pour celui qui traverse cette crise et
beaucoup ne s'en relèvent pas, ou s'abrutissent de
médicaments antidépresseurs, ce qui est un moyen
de fuir la souffrance sans résoudre le problème.
- L'entrée
dans la vieillesse est l'une des nombreuses crises qui surviennent au
cours de l'existence. Pour sortir d'une crise, il faut abandonner
certaines façons d'agir ou de voir les choses : faire le
deuil d'habitudes passées. Bien des gens n'en sont pas
capables. En conséquence, ils s'agrippent, et souvent pour
toujours, à leur ancien mode de penser ou d'agir. Ils ne
réussissent pas, par exemple, à surmonter le
stress de l'entrée dans la vieillesse, ce qui explique en
partie le pourcentage important de déprimés - 20
% environ - que l'on rencontre après soixante ans. Ils ne
font jamais la merveilleuse expérience de la renaissance qui
accompagne une croissance de l'être après un
processus de deuil.
- Le psychologue en
gériatrie ou en gérontologie peut
«recadrer» les difficultés et en parler
en toute clarté avec personne vieillissante. Il peut lui
faire comprendre le sens de qu'elle traverse, et comment la surmonter.
Il peut même l'amener à changer de niveau de
conscience, à transcender ses anciennes limites,
à élargir sa vision des choses. Il s'agit de
mettre en une psychologie plus globale,
«transpersonnelle», qui intègre toutes
les psychologies antérieures ainsi que les sciences de
pointe, et se conçoit comme un processus de
développement personnel. La discipline nécessaire
à tout développement personnel en quelques
phrases simples : accueillir la vie en sa
générosité sans rien refuser (ce qui
est source d'autonomie), assumer ses responsabilités, se
consacrer à la vérité, trouver
équilibre et harmonie. La force, la volonté et
l'énergie sont données par l'amour inconditionnel
qui devient, de ce fait, l'unique qualité à
rechercher. Selon Scott Peck, un psychiatre américain bien
connu dans les milieux du développement personnel, l'amour
est «la volonté de se dépasser dans le
but de nourrir sa propre évolution spirituelle ou celle de
quelqu'un d'autre». Ceci représente l'objectif
à atteindre pour aider toute personne confrontée
à la dépression.
Un nouveau rôle : le
sage
- Les travailleurs
sociaux et les soignants côtoient des sages tous les jours
sans toujours s'en rendre compte. Là encore, il faut savoir
écouter, comprendre, aimer. Si notre existence est remplie
de mille choses sans grand intérêt, nous passerons
à côté du sage sans le voir, sans
l'entendre, ou, le plus souvent encore à
côté de certains éléments de
sagesse qui pourrait alimenter notre réflexion si nous
manifestions un tant soit peu de vigilance.
- Je ne veux pas dire par
là que toutes les personnes soient des sages, loin de
là, hélas ! Je n'en ai pas rencontré
beaucoup dans mon existence. Mais je veux dire qu'elles sont toutes des
sages en puissance, comme nous-mêmes d'ailleurs, et qu'il ne
tient peut-être qu'à nous de favoriser en elles
(et en nous-mêmes !) l'avènement d'une certaine
sagesse, d'en prendre tout au moins le chemin. Nous ne prenons pas le
temps, généralement, d'écouter ce que
les anciens ont à nous dire. Notre temps n'est pas le leur,
alors, ralentissons pour marcher à leurs
côtés, pour ne pas les brusquer, pour qu'ils se
sentent bien et saisissent la perche qui leur est tendue pour parler
d'eux-mêmes, de leur philosophie, et pour nous faire
découvrir ce qu'est la sagesse. En travaillant pour eux,
nous travaillons pour nous-mêmes. «Un grand voyage
commence par un premier pas», rappelle la tradition
taoïste ; alors, faisons ce premier pas...
.../... »
28/09/92
Dr Lucien Mias
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