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- Qu'est-ce que l'âge ?
Il apparaît divers et changeant
selon les opinions et les intérêts ; il est aussi
souvent un concept écran qui masque d'autres
réalités : la génération,
la classe sociale, le sexe, la situation historique...
- Chacun semble
avoir intérêt à figer l'âge :
- l'individu
qui explique - à tort - tout ce qui lui arrive par son
âge, renonçant par là à
toute adaptation et prévention ;
- le manager qui
fait de la carrière un steeple-chase d'âges
limites ;
- le
statisticien qui y voit « une variable
rêvée, universelle, intemporelle, quantitative,
naturellement mathématique », et, du coup,
définit les « jeunes » et les
« vieux » de façon tout à
fait partielle ;
- le
démographe qui annonce un avenir
catastrophique en analysant le vieillissement démographique
de demain à partir de la situation actuelle des personnes
âgées supposée ne pas changer.
-
L'âge en
réalité est loin d'être un
déterminisme mécanique qui se
développerait inéluctablement au long d'un cycle
de vie intemporel, prescrivant attitudes et comportements
spécifiques à chaque âge. Il est un
carrefour qui a sa spécificité, mais renvoie
à d'autres dimensions.
-
Tout
simplisme réducteur n'a pas de sens et l'imbrication des
trois dimensions est constante ; le même aspect
peut même avoir des conséquences diverses : le
niveau d'instruction diversifie
l'intragénérationnel (les classes sociales entre
elles) et l'intergénérationnel (chaque
génération reflète un certain
état du système éducatif).
- Chaque
élément doit être
pondéré selon le point abordé : le
vieillissement biologique est évidemment lié de
façon spéciale au devenir corporel, mais rien
n'est jamais naturel, le vieillissement est aussi un produit social.
-
Autre
question, parmi bien d'autres : on dit souvent que l'âge fait
voter à droite. Qu'en est-il ?
- Une
spécialiste termine ainsi une longue étude
« En conclusion de ce rapport, que retenir ? La
diversité et la complexité des
phénomènes qui se cachent derrière ce
petit mot de trois lettres et l'ambiguïté
très grande de l'expression la plus habituelle " avec
l'âge "É La situation est d'autant plus paradoxale
qu'à bien y regarder le poids de l'âge proprement
dit, c'est-à-dire du vieillissement, semble, souvent plus
faible. Une fois contrôlés les
phénomènes de générations,
de période, de cycle de vie, une fois pris en compte les
facteurs liés à la démographie,
l'âge apparaît comme une variable de faible
importance »
-
La
complexité de l'âge apparaît clairement
dans l'analyse des conséquences sociales du vieillissement
de la population.
- L'an 2005 et l'an
2030 ne peuvent être que catastrophiques si,
parallèlement « à la croissance
relative des effectifs de personnes dites âgées
par rapport aux effectifs de personnes dites jeunes ou adultes
», les individus et la société restent
les mêmes, ce qui est souvent l'hypothèse
sous-jacente des études réalisées sur
ce sujet. Tout devient alors par définition,
bloqué : la production, faute de main-d'oeuvre, le
système de retraite, faute d'actifs pour payer.
En
réalité, tout bouge.
- La notion d'âge est contingente et
relative : « On ne vieillira pas demain comme on
vieillissait hier. » A âge semblable, la
consommation, la production, les salaires, l'emploi,
l'épargne, la mobilité, etc., varient selon les
générations et la situation historique, tant
économique que sociale ou politique.
- Les âges ne sont pas toujours les
mêmes, « il n'existe pas de cycle de vie
stable ». « Il est remarquable de constater que la
quasi-totalité des comportements ou
phénomènes économiques et sociaux
selon l'âge sont instables au cours du temps historique, en
d'autres termes qu'il existe de très forts effets de
génération ou de moment », conclut un
expert.
- L'âge ne peut être
réduit à une donnée simple et
invariante ; il est toujours le résultat variable
et précaire de apports sociaux, on le voit pour la
Deuxième Carrière qui ne naît que dans
un contexte historique précis. Qu'il soit difficile ensuite
de démêler « scientifiquement
» l'écheveau des effets d'âge, de
génération et de période est un autre
problème...
- L'âge semble être une
évidence, il est en fait une notion « fourre-tout
» qui renvoie à de multiples dimensions
sociales. On pourrait en déduire qu'ayant des significations
variables il serait flexible et adaptable.
- En réalité, les âges
changent et évoluent, mais les rigidités et les
codifications se renforcent, comme on l'a vu pour la retraite, la
préretraite, les salariés
âgés.
-
Individus et
société sauront-ils s'adapter à une
nouvelle composition des âges liée au
vieillissement de la population ?
Une orientation
prioritaire vers la jeunesse et l'âge adulte va-t-elle faire
place à une plus grande diversification ?
Rien de moins sûr, malgré les
énormes capacités d'adaptation.
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