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Concept du rôle
propre infirmier 19
pages
Sylvie Delon
Extraits du mémoire de - École des Cadres, 1997 - CH Mazamet
- 1 - Concept
du rôle propre
- 2 -
Concept de la Démarche de soins
- 3 - Les
transmissions écrites
- 4 - Concept
d'attitude
- 5 - Concept
de représentation sociale
- « .../....
1
-
LE CONCEPT DE
RÔLE
PROPRE
1. 1 - HISTORIQUE
-
Si l'on regarde
l'évolution de la profession d'infirmière au
travers de l'histoire, force est de constater que c'est la notion
"d'exécutante du médecin" qui est dominante.
- Les
premières écoles d'infirmières
ouvertes au début du siècle avaient pour mission
de former des personnes pour mieux assister les médecins.
- "Le médecin dispense à
l'infirmière une partie de son savoir, lui octroie
l'exécution d'un nombre d'actes techniques (...). A cette
époque, le rôle de l'infirmière,
dicté par le médecin, se résumait
à l'exécution d'une série d'actes
techniques". (B. WALTER, Le Savoir
Infirmier, Lamarre, 1992, page 93)
- Parallèlement,
les très nombreuses découvertes faites
dès la fin du XIX° siècle dans les
domaines de la chimie et de la physique orientent la
médecine vers une approche analytique favorisant la
recherche diagnostic. Il résulte de ces travaux une
modification des actes de soins donnés aux patients.
- Avec la
multiplication des techniques d'investigation et de
réparation centrées sur la maladie, les gestes
infirmiers se sont orientés vers des actes techniques qui
ont inondé les pratiques professionnelles des
infirmières.
- "La pratique infirmière est
organisée autour de différentes tâches
prescrites par le médecin pour investiguer, traiter,
surveiller la maladie". (M.F.
COLLIÉRE, Promouvoir la vie, Inter édition, 1982,
page 128)
-
Si la
première partie du XX° siècle est
marquée par différentes dates qui formalisent
progressivement l'obligation à l'infirmière
d'exercer avec un diplôme d'État, il faut attendre
1946 pour que, pour la première fois, apparaisse une
définition de l'infirmière.
-
La loi du
8 avril 1946 du Code de la Santé Publique, livre IV, titre
II, article L 473 la définit ainsi :
- "Est
considéré comme exerçant la profession
d'infirmier ou d'infirmière toute personne qui donne
habituellement soit à domicile, soit dans les services
publics ou privés d'hospitalisation ou de consultation, des
soins prescrits ou conseillers par le médecin".
- L'infirmière
est définie comme une auxiliaire du médecin.
L'enseignement qui est dispensé dans les écoles
est axé en théorie sur la maladie et en pratique
sur les techniques. "Les connaissances centrées sur la
maladie constituent la base de la culture
générale des infirmières". (M.F. COLLIERE, Promouvoir la vie, Inter
édition, 1982, page 130)
- En 1961, un
arrêté publié sur le programme des
études autorise l'élargissement du rôle
de l'infirmière en incluant la connaissance de l'homme sain.
- Cette nouvelle source de savoir ne trouve pas
d'adhésion auprès des infirmières, ce
sont les connaissances centrées sur la maladie et sur les
techniques qui demeurent prédominantes.
-
Le
développement des sciences humaines qui a marqué
les années 1950 - 1970 a mis en évidence que
chaque individu est "unique" et qu'il n'est pas possible de soigner une
partie sans tenir compte de l'ensemble, de la globalité de
l'Être.
- La notion
de "savoir propre" émerge doucement dans "l'esprit
infirmier"
-
Entre 1968
et 1972, on assiste à un courant de revalorisation de la
pratique infirmière, avec le désir de retrouver
"le sens des soins".
- La seule
connaissance de la maladie n'est pas suffisante, il s'agit pour
l'infirmière de prendre en compte son retentissement sur
l'ensemble des besoins de la personne.Cette nouvelle orientation de la
pratique infirmière crée de nouvelles exigences
au niveau de la formation des infirmières.
- Les
connaissances à acquérir dans le programme de
1972 ne sont plus alors essentiellement axées sur la
maladie, mais sur la "compréhension des besoins de
santé des personnes et des groupes".
- Il a fallu attendre le 31 mai 1978
pour qu'une loi vienne modifier l'article L 473 du Code de la
Santé Publique et instituer le rôle propre.
-
"Depuis
1978 la formation des infirmières est centrée sur
la prise en charge globale de la personne soignée.
L'apprentissage des sciences humaines a pour objectif de
présenter le malade dans son entité "personne" et
d'éveiller chez les futures professionnelles leur
intérêt pour prendre en considération
la relation "corps-esprit" et dispenser des soins globaux aux personnes
soignées". (A.
MARÉCHAL, T. PSIUK, Le diagnostic infirmier, du raisonnement
à la pratique, Lamarre 1995)
-
L'activité
de l'infirmière est définie et
segmentée par la juxtaposition de deux rôles
dominants : le rôle prescrit et le rôle propre
- Le rôle
prescrit est induit par la prescription médicale.
- Le rôle
propre est la fonction de l'infirmière qui se voit
reconnaître l'autonomie, la capacité de jugement
et l'initiative. Elle en assume la responsabilité.
1. 2 - LE
RÔLE PROPRE À TRAVERS LES TEXTES OFFICIELS
-
Loi du 31
mai 1978. Selon cette loi, "est
considéré comme exerçant la profession
d'infirmier ou d'infirmière toute personne qui, en fonction
des diplômes qui l'y habilitent, donne habituellement des
soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou
bien en application du rôle propre qui lui est
dévolu".
-
Changements législatifs survenus
depuis la soutenance du mémoire
1. 3 -
DÉFINITION DU RÔLE PROPRE
1. 3. 1 -DÉFINITION DU RÔLE
- Selon le petit Larousse,
il s'agit d'un ensemble de normes et d'attentes qui
régissent le comportement d'un individu du fait de son
statut social ou de sa fonction dans un groupe.
- M.F.
Collière le définit ainsi : "Le
rôle est la façon dont se joue un
événement, une activité, une fonction,
un statut, il est constitué d'une infinie
variété d'éléments qui
rentrent en jeu, de "variables" qui interfèrent, sont en
interaction, et vont créer des différences dans
la façon de faire, la façon de
procéder". (M.F.
Collière, Promouvoir la vie, Inter édition, 1982,
page 237)
-
Sur un
plan professionnel, la notion de rôle renvoie
à "une ligne de conduite, un ensemble d'attitudes requises
pour soigner". (Ibid 9, page 235)
- Il s'agit donc
d'une manière d'agir, de concevoir l'action et de ressentir
ce que l'on fait dans l'exercice de la fonction. Nous pouvons dire que
c'est au travers du rôle que s'exprime la fonction.
1. 3. 2. DÉFINITION DU RÔLE
PROPRE
A travers ces
différentes définitions nous voyons
apparaître deux mots clé : la notion d'autonomie
et la notion de responsabilité.
L'autonomie de l'infirmière
- Selon le dictionnaire
des Soins Infirmiers "c'est la faculté qu'a
l'infirmière de prendre des initiatives et des
décisions dans le cadre de la connaissance
spécifique reconnue par les diplômes requis et les
textes officiels qui régissent la profession". (R. Magnon, G; Dechanoz, Dictionnaire des Soins
Infirmiers, AMIEC, 1995, page 25 )
- W. Hesbeen
définit l'autonomie comme la "capacité de
gérer ses propres limites, de se gouverner à
partir de ses propres normes, différent
d'indépendance car l'infirmière doit fonctionner
en inter-dépendance avec les autres partenaires".(Gestion hospitalière N°323,
page 123,124 )
- A travers le
rôle propre, l'infirmière prend des initiatives,
structure un Savoir, un Savoir-être et un Savoir-faire lui
permettant d'être reconnue comme professionnelle à
part entière.
La responsabilité de
l'infirmière
1. 4 - LES
CARACTÉRISTIQUES DU RÔLE PROPRE
Conclusion
Nous venons de voir au
travers de cette étude la très grande richesse
que revêt le rôle propre, mais aussi toute sa
complexité. Les actions de soins qui relèvent du
rôle propre peuvent être banalisées ou a
contrario valorisées, en fonction de la conception que
l'infirmière a du soin.
- Si "soigner" est
entendu comme seulement "traiter" une maladie ou "réparer un
organe malade", les soins techniques prévaudront sur les
soins relevant du rôle propre.
- Si "soigner" est
entendu comme toute activité qui assure la
continuité de la vie, il ne s'agira plus alors de s'en tenir
au seul traitement de la maladie, mais aussi de prendre en compte la
répercussion de cette maladie sur l'ensemble des besoins de
l'individu, afin de maintenir, restaurer et promouvoir la
santé.
Nous sommes donc
amenés à nous interroger sur la
représentation que l'infirmière a de son
rôle propre. D'autre part, nous avons vu que, dans le cadre
de son rôle propre, l'infirmière est responsable
de tout le processus, c'est à dire de "transformer
différents éléments à
l'aide d'outils, en vue d'un but à atteindre". Ce processus
de soins est plus communément appelé
démarche de soins. Nous proposons d'éclairer ce
concept dans le chapitre suivant.
2 -
LE CONCEPT DE
DÉMARCHE DE SOINS
-
Tout au long de
l'étude du rôle propre, la démarche de
soins revient de manière récurrente. C'est donc
dans un souci de clarté que nous allons consacrer ce
chapitre à définir plus
précisément ce concept.
- Le terme
démarche de soins est apparu pour la première
fois dans le programme des études de 1979 et, depuis cette
date, est intégré dans les enseignements
infirmiers.
- L'enjeu de la
démarche de soins réside dans le fait qu'elle est
porteuse d'une philosophie de soins considérant la personne
soignée comme devant être prise en compte dans sa
globalité.
2. 1
DÉFINITION
"La
démarche de soins est définie comme
étant le processus par lequel l'infirmier
détermine, met en oeuvre et évalue les actions
relevant du rôle propre dans le cadre d'un contrat de soins
avec la personne soignée". (M.
CAZES, in Dossier de Soins, Guide d'implantation, 1993, page 15)
- Selon les travaux
des professionnels infirmiers, réalisés
à l'initiative du ministère de la
Santé, le processus de soins infirmiers est "une suite
ordonnée d'opérations qui a pour
finalité la prestation de soins individualisés,
continus et adaptés aux besoins d'une personne"
(Terminologie des Soins Infirmiers, glossaire provisoire, N°3
série S.I, BO N° 86/21 bis, 1986, page 37) .
- R. Alfaro la
définit ainsi : "C'est une méthode
organisée et systématique permettant de donner
des soins infirmiers individualisés. Elle est
centrée sur les réactions
particulières de chaque individu (ou groupe d'individus)
à une modification réelle ou potentielle de sa
santé".
La démarche
de soins est donc une méthode organisée, logique,
systématique, adaptée aux soins.
2. 2 - LES
ÉTAPES DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2. 2. 1 -
LE RECUEIL DE DES DONNÉES
-
C'est
l'étape fondamentale qui permet de réunir un
maximum d'informations sur la personne soignée au travers de
l'observation et des entretiens avec la personne et son entourage.
2. 2. 2 - L'ANALYSE ET
L'INTERPRÉTATION DES DONNÉES
-
C'est
l'étape qui permet d'analyser les informations recueillies
antérieurement et de dégager les
problèmes de la personne soignée. Au cours de
cette étape, les soignants utilisent les supports issus de
modèles conceptuels.
- Le
modèle conceptuel le plus souvent utilisé en
France est celui de V. Henderson.
-
Certains
assimilent cette étape à l'élaboration
du diagnostic infirmier défini par la NANDA comme
étant : "l'énoncé d'un jugement
clinique sur les réactions aux problèmes de
santé actuels ou potentiels, aux processus de vie d'une
personne (...)". (NANDA : Association
Nord Américaine des Diagnostics infirmiers,
représentée en France et dans les pays
francophones par l'AFEDI : Association francophone et
Européenne des diagnostics infirmiers.)
2. 2. 3 - LES OBJECTIFS DE SOINS
-
Ayant
identifié les problèmes et les ressources de la
personne soignée, cette étape consiste
à fixer les objectifs à atteindre pour
répondre à ces problèmes.
- Les objectifs
doivent être réalistes avec une notion de
délai fixé dans le temps. Ils doivent, par
ailleurs, être associés à la personne
soignée afin de permettre l'élaboration d'un
projet de soins en concertation avec la personne soignée.
2. 2. 4 - LES ACTIONS DE SOINS
- Ce sont les moyens
mis en oeuvre pour atteindre le résultat
escompté.
-
Ces actions
recouvrent les prescriptions médicales, les actions relevant
du rôle propre de l'infirmière et plus largement,
dans le cadre d'un travail pluridisciplinaire, d'autres professionnels
de la santé. Les actions
sont rattachées à un objectif et ne sont plus
seulement l'action par l'action.
2. 2. 5 - LA PLANIFICATION
-
L'énoncé
des objectifs, les moyens mis en oeuvre et comment ces moyens
s'organisent constituent les étapes de la planification.
2. 2. 6 - LA RÉALISATION
-
Il s'agit
d'effectuer tous les actes de soins prescrits lors de la planification,
de noter et communiquer les réactions de la personne
soignée aux soins donnés ainsi que son
état de santé, afin de favoriser la
continuité des soins.
2. 2. 7 - L'ÉVALUATION
- Cette
étape consiste à mesurer l'effet des soins
infirmiers et donc d'évaluer l'évolution de
l'état de la personne soignée.
- Les objectifs de
soins sont la formulation du résultat attendu chez le
patient à l'issue des interventions.
- Confronter
l'état de la personne soignée avec le
résultat attendu permet d'apprécier
l'efficacité des actions.
2. 3 - BUTS DE
LA DÉMARCHE DE SOINS
2. 4 -
CONDITIONS POUR SA MISE EN OEUVRE
Conclusion
Cette
étude, bien qu'un peu succincte, fait apparaître
une notion capitale dans la démarche de soins. Il s'agit de
redonner sa place à la personne soignée, non plus
comme seul objet de soins, mais comme sujet de soins. "C'est une
façon de réfléchir, d'envisager le
malade globalement et non uniquement par rapport à des actes
techniques". Le rôle propre de l'infirmière est
donc l'élément central de la démarche
de soins.
Afin de mieux cerner
le cadre de notre étude, nous proposons une
réflexion sur les transmissions écrites relevant
du rôle propre de l'infirmière.
3 -
LES
TRANSMISSIONS
ÉCRITES RELEVANT DU RÔLE PROPRE DE
L'INFIRMIÈRE
L'histoire de l'infirmière est profondément
empreinte de son rôle d'auxiliaire du médecin et
de la tradition orale de sa pratique. L'écrit infirmier est
apparu relativement tard, mais il a une importance capitale par son
caractère d'obligation légale et pour la
reconnaissance de la pratique infirmière.
3. 1 -
L'OBLIGATION LÉGALE ET RÉGLEMENTAIRE
- Le décret
du 17 juillet 1984 stipule que
l'infirmière a l'obligation d'initiative et de mise en
oeuvre pour élaborer et gérer le dossier de soins
infirmiers.
- Le décret
no 93-221 du 16 février 1993 relatif
aux règles professionnelles des infirmiers et
infirmières énonce :
- - Article 16 "l'infirmier ou l'infirmière
a le devoir d'établir correctement les documents qui sont
nécessaires aux patients. Il lui est interdit d'en faire ou
d'en favoriser une utilisation frauduleuse, ainsi que
d'établir des documents de complaisance".
- - Article 28 "l'infirmier ou l'infirmière
peut établir pour chaque patients un dossier de soins
infirmiers contenant tous les éléments relatifs
à son rôle propre et permettant le suivi du
patient. L'infirmier ou l'infirmière, quel que soit son mode
d'exercice, doit veiller à la protection contre toute
indiscrétion de ses fiches de soins et des documents qu'il
peut détenir concernant les patients qu'il prend en charge".
-
Le
décret no 93-345 du 15 mars 1993 relatif
aux actes professionnels et à l'exercice de la profession
d'infirmier et d'infirmière stipule dans l'article 2 que
l'infirmière "peut élaborer des protocoles de
soins infirmiers relevant de son initiative. Il est responsable de
l'élaboration, de l'utilisation et de la gestion du dossier
de soins infirmiers".
- Parallèlement
à l'obligation de produire un écrit pour
élaborer le dossier de soins infirmiers,
l'infirmière a, dans le cadre de son rôle
prescrit, l'obligation d'exiger du médecin un
écrit sur sa prescription. Le non respect de cette
obligation engage la responsabilité de
l'infirmière.L'écrit a donc une place
prépondérant dans les textes
législatifs. Il est au centre de l'exercice de la profession
d'infirmière et engage sa responsabilité.
3. 2 - LA
RECONNAISSANCE DE LA PRATIQUE INFIRMIÈRE
Conclusion
Nous pouvons dire que
c'est la valeur que l'infirmière accorde à son
rôle propre qui conditionne son attitude à
retranscrire par écrit les observations relevant de ce
rôle. La transcription de l'exercice du rôle propre
de l'infirmière atteste l'existence de celui-ci et est un
facteur déterminant pour l'évolution de la
considération de l'infirmière et pour la
considération de l'exercice infirmier en tant que profession
infirmière.
L'étude du
concept d'attitude dans le chapitre suivant nous permettra de mieux
appréhender la problématique.
4 - LE
CONCEPT D'ATTITUDE
4. 1 - HISTORIQUE
- La notion d'attitude est apparue d'abord en psychologie
générale pour "expliquer les variations de
réponse d'un sujet à un même stimulus
lorsque l'attention de sa perception est attirée sur tel ou
tel aspect". (J. MATHIEU et R. THOMAS
Manuel de psychologie, éd VIGOT, 1995 page 393)
- Le concept a été repris en 1918 par
des psychosociologues William Thomas et Florian Znaniecki, pour
comprendre le phénomène
d'intériorisation d'une culture par les membres d'une
société.
- Pour ces auteur "les conduites ne peuvent s'expliquer
seulement en terme de besoins mais en référence
aux objets et aux valeurs sociales qui spécifient ces
besoins". (J. Maisonneuve, Introduction
à la psychologie sociale, PUF, le Psychologue, 1982, page
109) Ils relient donc valeurs sociales et attitudes
psychologiques et décrivent l'attitude comme "un
état d'esprit envers une valeur". (
R. Thomas, D. Alaphilippe, Les attitudes ,Que sais je ?, PUF, 1993,
page 8) . Dès lors les travaux sur les
attitudes vont prendre une place primordiale au sein de la
psychosociologie.
- En 1935, Allport note que "c'est le concept le plus
indispensable de la psychologie sociale contemporaine". (Ibid 26, page 109)
- La mise au point d'échelles de mesure des
attitudes a été un facteur important du
développement du concept
- Par la suite (les années 1950 - 1960) les
travaux des chercheurs se sont orientés sur
l'étude des processus de changement d'attitude.
- Actuellement, une approche structurale et
systémique de l'attitude est
développée.
- Les travaux effectués sur les attitudes
s'orientent plus vers un fonctionnement de ce concept dont se
détachent les notions de croyance et d'intention de
comportement.
4. 2 - DÉFINITIONS
-
Le concept
d'attitude a fait l'objet de nombreuses études, il en
résulte de multiples définitions mettant en
évidence les caractères différents de
l'attitude.
- Dans le langage courant le terme d'attitude est
utilisé pour désigner "une manière de
se tenir, une position du corps et, au figuré, une conduite
que l'on tient dans certaines circonstances".(
Ibid 27, page 5)
- Il prend son origine dans le mot latin
"aptitudo", il y a donc une analogie avec la notion d'aptitude : celle
de la disposition a agir.On retrouve cette idée dans
l'emploi du terme en psychologie sociale "en psychologie sociale, le
terme d'attitude est employé pour désigner un
état mental prédisposant à agir d'une
certaine manière, lorsque la situation implique la
présence réelle ou symbolique de l'objet
d'attitude". ( R. Thomas, D. Alaphilippe,
Les attitudes ,Que sais je ?, PUF, 1993, page 5)
- "L'attitude est une prédisposition
à agir dans un certain sens". (J.
Mathieu et R. Thomas Manuel de psychologie, éd VIGOT, 1995 ,
page 393)
-
En 1935, G.
Allport proposa la définition suivante :
-
"Un attitude
représente un état mental et neuropsychologique
de préparation à répondre
organisé à la suite de l'expérience et
qui exerce une influence directrice et dynamique sur la
réponse de l'individu à tous les objets et
à toutes les situations qui s'y rapportent". (R. Vallerand, Les fondements de la psychologie
sociale, éd.Gaétan Morin, 1994, page 331,332 )
-
En dehors du
rôle de l'attitude sur la prédisposition
à agir, certains auteurs définissent l'attitude
comme la manière dont une personne se situe par rapport
à un objet exerçant une influence sur le
comportement.
Au vue de ces
définitions nous comprenons la complexité de la
formation des attitudes. La position du sujet dépend des
composantes affectives, cognatives et conatives qu'il a acquis au
travers de ses expériences.
4. 3 - LES
COMPOSANTES DE L'ATTITUDE
L'attitude revêt trois dimensions.
4. 3. 1 - LA COMPOSANTE AFFECTIVE - Elle concerne l'attrait ou la
répulsion que le sujet éprouve envers l'objet.
Dans notre étude, nous vérifierons l'attrait ou
pas envers les transmissions écrites relevant du
rôle propre.
-
Le sujet sera
attiré favorablement ou pas, en fonction de la valeur qu'il
attribue à l'objet.
4. 3. 2 -
LA COMPOSANTE COGNITIVE
- Elle se
réfère aux jugements, aux croyances, aux savoirs
envers l'objet.
-
La dimension
cognitive concerne ce que nous savons ou croyons savoir du stimulus.
Dans notre étude, il s'agit de la connaissance que
l'infirmière a de son rôle propre.
4. 3. 3 - LA COMPOSANTE CONATIVE
- Elle correspond aux intentions ou aux
décisions relatives à l'action et semble a priori
liée aux deux autres dimensions. Il s'agit des actions du
sujet.
À ce niveau de l'étude il convient de
voir la liaison entre attitude et comportement.
4. 4 - LIEN
ATTITUDE - COMPORTEMENT
Nous retiendrons pour ce
travail les travaux de FISHBEIN et AJZEN qui ont cherché
à mettre en évidence la relation entre les
réponses verbales d'un sujet et ses actions.
Selon Fishbein et Ajzen
" le déterminant immédiat du comportement est
l'intention ou le désir d'agir. A son tour, l'intention est
prédite par l'attitude (...) et par la norme subjective". ( R. Vallerand, Les fondements de la psychologie
sociale, éd.Gaétan Morin, 1994, page 404)
La norme subjective
dépend des groupes de référence
auxquels l'individu s'identifie, dont il emprunte le système
de valeur.
- Selon Fishbein "l'attitude consiste en
l'évaluation favorable ou défavorable d'un
individu à l'égard d'un objet donné
(...) l'objet particulier d'attitude est l'accompagnement ou non d'un
comportement".( R. Vallerand, Les
fondements de la psychologie sociale, éd.Gaétan
Morin, 1994, page 398)
Conclusion
Dans le cadre de notre
recherche, nous retiendrons l'idée que l'attitude comporte
des composantes cognitives (croyances), affectives
(émotions), et conatives (intention d'agir).
L'attitude sera considérée
comme un
affect associé à la représentation
cognitive du rôle propre de l'infirmière qui
exerce une influence sur la conduite à transmettre par
écrit les observations relevant de ce rôle.
L'étude du
concept de représentation sociale clôturera cette
partie consacrée au cadre conceptuel.
5 -
LE
CONCEPT DE
REPRÉSENTATION SOCIALE
5. 1 - HISTORIQUE
La
représentation a trouvé sa place tardivement en
psychologie sociale.
C'est Durkeim en 1878
qui a proposé la notion de représentation
collective comme "spécifique et irréductible
à celle de représentation individuelle". (J. Maisonneuve, Introduction à la
psychologie sociale, PUF, le Psychologue, 1982, page 143)
Il voulait souligner
ainsi la spécificité de la pensée
collective par rapport à la pensée individuelle.
Après une
longue éclipse, il a fallu attendre les travaux de S.
Mscovici en 1961 pour renouer avec la pensée Durkheimienne
mais transposée sur un plan psychosociologique.
Le concept a
été étudié sous le terme de
représentation sociale en fonction de ses
caractères systémiques et dynamiques.
- "Nous ne voyons pas uniquement dans ces
représentations des "opinions sur", des "images de", ou des
"attitudes envers", mais des théories sui generis
destinées à la découverte du
réel et à son ordination". (Ibid
37, page 144)
Aujourd'hui le concept
de représentation sociale est l'objet d'investigations par
sa fonction dans l'élaboration des comportements.
5. 2 -
DÉFINITIONS
5. 2. 1 - DÉFINITION DU CONCEPT DE
REPRÉSENTATION - D'après
le Petit Larousse, le terme de représentation signifie "ce
par quoi un objet se présente à l'esprit (image,
concept, etc...). C'est également une perception, une image
mentale, etc... dont le contenu se rapporte à l'objet,
à une situation, à une scène, etc...
du monde dans lequel vit le sujet".
- Selon J. Abric, la
représentation est "le produit et le processus d'une
activité mentale par lequel un individu ou un groupe
reconstitue le réel auquel il est confronté et
lui attribue une signification spécifique".
-
Selon D. Jodelet
"la représentation est un ensemble organisé
d'opinions, d'attitudes, de croyances et d'informations se
référant à un objet ou à
une situation. Elle est déterminée à
la fois par le sujet lui même (son histoire, son
vécu), par le système social et
idéologique dans lequel il est inséré
et par la nature des liens que le sujet entretient avec ce
système social". (D. Jodelet,
Les représentations sociales, Sociologie d'aujourd'hui PUF,
1989, page 188 )
5. 2. 2 - DÉFINITION DU CONCEPT DE
REPRÉSENTATION SOCIALE
- S. Moscovici
définit la représentation sociale comme "un
univers d'opinions". ( S. MOSCOVICI,
Introduction à la psychologie sociale, sciences humaines et
sociales, Larousse, page 309)
- R. Kaes a repris la
définition de S. Moscovici et a ajouté le terme
de croyances entendues comme "l'organisation durable de perception et
de connaissances relatives à un certain aspect du monde de
l'individu". (Ibid 40, page 309)
- Selon D. Jodelet, "
les représentations sociales sont un système de
référence, de signification, qui permettent
d'interpréter, de comprendre, d'expliquer et ainsi de
classer les informations, les événements, les
individus. Elles sont une manière d'appréhender
et de penser la réalité quotidienne. Elles ont
pour but de donner du sens aux choses. Cette connaissance pratique,
spontanée, a des incidences sur le comportement social ".
Nous pouvons conclure en
disant que le terme de représentation sociale
désigne à la fois un processus et un contenu.
5. 3 -
CARACTÉRISTIQUES DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES
- Les
représentations sociales sont "socialement
élaborées et partagées" (D. Jodelet, Les représentations
sociales, Sociologie d'aujourd'hui PUF, 1989, page 360)
car elles sont constituées à partir de nos
expériences, des savoirs et des modèles de
pensée que nous recevons et transmettons par la tradition,
l'éducation et les relations sociales.
-
Elles ont une
visée pratique d'organisation et de maîtrise de
l'environnement, "d'orientation pour la conduite de notre vie" (Ibid 42, page 360) . Elles
concourent à "la construction de notre
réalité commune à un ensemble culturel
et social". (Ibid 42, page 360)
5. 4 -
ÉLABORATION DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES
D'après les
recherches de S. Moscovici deux processus permettent le fonctionnement
de la représentation sociale.
5. 5 - ANALYSE
DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES
Selon S. Moscovici une
représentation sociale est analysable sur plusieurs
dimensions : l'attitude, l'information et le champ de
représentation.
5. 5. 1 - L'ATTITUDE -
Elle exprime un
positionnement, une orientation positive ou négative par
rapport à l'objet de la représentation.
5. 5. 2 -
L'INFORMATION
- Ce sont toutes les connaissances relatives à
l'objet social.
5. 5. 3 - LE CHAMP DE REPRÉSENTATION
- Il renvoie
à l'organisation du contenu et aux
propriétés proprement qualitatives, imageantes de
la représentation.
Conclusion
Nous pouvons retenir de
cette étude que la représentation sociale d'un
objet est élaborée à partir des
informations sélectionnées selon des
critères individuels et socioculturels.
La
représentation sociale permet de donner du sens à
l'objet.
Il s'agit d'un processus
de construction du réel qui agit simultanément
sur le stimulus et sur la réponse. La
représentation modèle le stimulus donc oriente la
réponse.
PROBLÉMATIQUE.
- Au cours de cette approche théorique, nous avons
vu que le rôle propre de l'infirmière est
très complexe. Cette complexité pose le
problème de la représentation que peut en avoir
l'infirmière.
- Le rôle
propre étant l'élément central de la
démarche de soins, nous pouvons penser que la
représentation de ce rôle influe sur l'application
de la démarche de soins.
- L'étude du
concept "démarche de soins" a mis en évidence la
nécessité de consigner par écrit
toutes les observations.
- Les transmissions écrites sont les
préalables pour mettre en oeuvre la démarche de
soins.
- L'infirmière
va construire à partir de sa connaissance du rôle
propre, sous l'influence du groupe de référence
qui est son entourage professionnel une attitude à
l'égard des transmissions écrites.
- Cette attitude favorable ou défavorable sera
prédictive du comportement.
- C'est la représentation que
l'infirmière a de son rôle propre qui influence
son attitude à transmettre par écrit les actions
relevant de ce rôle.
- L'infirmière
transmet par écrit les observations relevant du
rôle propre lorsqu'elle en a une bonne connaissance.
- L'acte d'écrire suppose que
l'infirmière ait une bonne connaissance de son
rôle.En effet, nous avons constaté que les
infirmières qui étaient au clair avec le
rôle propre en faisaient état dans leurs
écrits.
- L'infirmière
transmet par écrit les actions relevant du rôle
propre si elle en perçoit un
bénéfice.Écrire suppose que
l'infirmière reconnaisse la valeur de ce qu'elle fait et
qu'elle en perçoive un intérêt.
- Les
infirmières ont tendance a ne pas valoriser leur
rôle propre, car cette notion n'est pas reconnue par les
médecins qui valorisent les soins techniques et
déprécient le rôle propre des
infirmières.
- L'infirmière
transmet par écrit les observations relevant du
rôle propre si elle peut le mettre en pratique.
Nous
avons observé que dans les services de moyen
séjour et de long séjour, où le
principal objectif est le maintien ou le recouvrement de l'autonomie
des personnes soignées, les actions relevant du
rôle propre peuvent être mentionnées par
écrit.
. .../...»
Note papidoc : Dans la suite de
l'étude, l'auteure analyse les résultats d'une
enquête sur le terrain qui montre que souvent en1997 le
rôle propre est occulté.
1997 - Éditique : Dr Lucien Mias