Gestes superstitieux de réassurance

Gestes superstitieux de réassurance 2 pages

Peu de cultures ont échappé à la superstition et même si elles s'effacent dans le monde occidental au fur et à mesure de la diffusion des connaissances sur l'univers qui nous entoure, il persiste des rituels individuels et/ou sociaux superstitieux venus du fond des âges.
Les superstitions de ce type sont inoffensives. Certaines peuvent même être utiles en aidant celui qui les entretient à avoir une attitude positive, une réassurance.
Alors, laissons nos "manies" doper nos pouvoirs inconnus, tant qu'elles n'envahissent pas le champ de notre conscience et qu'on s'en moque ouvertement. Quand elles deviennent obsessionnelles, par contre, on entre dans la psycho-névrose et là c'est une autre histoire. J'espère que vous n'en êtes pas là... je touche du bois !

La plupart des croyances superstitieuses qui subsistent ont des origines qui se perdent dans la nuit des temps.
- Le fer à cheval, dont la forme rappelle un peu celle d'un croissant, tiendrait son pouvoir magique du culte de la lune. Le fait qu'il soit en fer ajoute encore à son pouvoir puisque pendant des siècles, le seul fer dont l'homme disposait lui venait du ciel sous forme de météorites.
- Dans l'Angleterre païenne, le lièvre était l'objet d'un culte. Avec la venue du christianisme, la pratique disparut. Mais les superstitions ont la vie dure : celle-là survit dans la patte de lapin que des gens gardent en guise de porte-bonheur.
- Une autre pratique superstitieuse à laquelle bien peu résistent est celle de se croiser les doigts. Elle remonte aux origines du christianisme : pour les premiers chrétiens, en butte aux persécutions, elle constituait une façon de se reconnaître d'un geste, s'apparentant au signe de la croix.
- Le 13 est signe de malheur dans bien des civilisations, depuis des millénaires Dans l'ancienne Babylonie, certaines cérémonies religieuses demandaient qu'on choisisse et réunisse 13 personnes pour représenter les dieux ; l'une d'entre elles, assise à l'écart, était mise à mort à la fin de la cérémonie
  Dans la Bible, la dernière Cène réunit Jésus et ses 12 apôtres, parmi lesquels se trouve un traître, Judas. Aujourd'hui encore, les personnes superstitieuses hésitent à se trouver 13 à table. En Chine et au Japon, le chiffre malchanceux n'est pas le 13, qui est un nombre insignifiant, mais le 4.
  - « L'explication est simple le 4 se prononce "shi" et le mot qui signifie "la mort" se prononce a l'identique... de la similitude phonétique s'est greffée une similitude "symbolique" 4 = la mort . Il existe d'ailleurs une autre prononciation du 4 = yon' que l'on utilise plus volontiers et qui sert aussi pour les composes de type 40 = yon-ju, ou 14 = ju-yon etc.» (Mél de Sophie Palvadeau, universitaire à Okinawa)
- La frontière entre la magie et la religion est assez incertaine. Toutes deux prétendent maîtriser des forces surnaturelles.
  - Selon Mauss la religion ne les utilise jamais que pour le bien de la collectivité ; la magie a souvent une dimension sociale mais aussi elle peut détourner les pouvoirs surnaturels au profit de l'individu capable de les capter, et parfois de façon maléfique.
  - Selon Lévis-Strauss, la religion est une humanisation des lois naturelles, la magie une naturalisation des actions humaines : ce sont deux composantes, toujours données ensemble, et dont seul le dosage varie. Toute magie comporte au moins un grain de religion. La surnature n'existe que pour une humanité qui s'attribue des pouvoirs surnaturels et qui prête à la nature les pouvoirs de surhumanité.
Toutes les sociétés ont leurs "manies" dans tous les pays :
- Les chats noirs terrifiaient Napoléon ; Winston Churchill les caressait pour amadouer la chance ;
- Le général Eisenhower portait une pièce de monnaie en or en guise d'amulette.
Certaines superstitions dérivaient en fait d'observations empiriques.
- Selon une croyance autrefois courante en Angleterre, la personne qui avait été contaminée par des bêtes malades du cow-pox était protégée contre la variole.
  Vers la fin des années 1700, Jenner décida d'examiner plus à fond cette croyance et découvrit qu'une inoculation de cow-pox (ou vaccine) immunisait contre la variole.
- On qualifia de pratique superstitieuse l'application de pain moisi sur une blessure... jusqu'au jour où Alexander Fleming découvrit la pénicilline.
- Pendant la Grande Guerre, on disait que si trois soldats allumaient leur cigarette à la même allumette, le dernier serait tué.
  - Bonne observation : c'était juste le temps qu'il fallait à l'ennemi, la nuit, pour repérer la flamme et mettre en joue.
- Les pratiques empiriques on fondé le thésaurus médical : tous les remèdes de "bonne fame" ont été recensés par les médecins... Par la suite, le comprimé faisant plus "sérieux" que la décoction, le public les a qualifié de remèdes de bonnes "femmes".
  - Or "fame" signifiait "réputation" (il en reste "fameux") alors que, l'université n'étant pas ouverte aux femmes en ces temps là, le changement d'orthographe rejetait ces remèdes dans le "non savant". Mais je revois de la pub pour "La jouvence de l'abbé Soury "!
  - La plante que donnait le sorcier africain pour la difficulté à uriner, (encapsulée il y a deux décennies en "Tadenan"), est un remède de bonne fame... pour la prostate des hommes !
  - novembre 1994
    Dr Lucien Mias

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