- Retour au Grenier à Texte
-
L'ouvrage des
sens
-
Professeur Guy Lazorthes, Flammarion, Paris,
1986, 224 p
-
Neurologue de
l'Université de Toulouse
-
Les schémasn'ont pas été inclus
-
Chapitre
sur Le Toucher 14 pages,
- « Le toucher, agréable ou
désagréable,
permet de reconnaître, même les yeux
fermés, la
forme et l'état d'un objet : la surface lisse et froide du
marbre, la chaleur et le poil d'un chien, la soie, la laine, la
fourrure, la plume...
- Le tact et le toucher ne sont pas synonymes. La
sensibilité
tactile s'étend non seulement sur toute la surface de la
peau
mais aussi au niveau des orifices revêtus de muqueuse.
- Le sens du toucher est concentré dans la main ;
toucher
signifie en effet prendre contact avec quelqu'un ou quelque chose par
mouvement ; or seule la main se déplace (on peut aussi
admettre que l'on touche aussi avec les lèvres et le pied).
- Au cours de l'évolution s'est produit pour la
sensibilité tactile un phénomène
analogue
à celui observé pour les sensibilités
visuelle
et auditive. La photosensibilité, d'abord
distribuée
sur toute la surface du corps chez les premiers êtres, s'est
ensuite concentrée dans l'oeil. La sensibilité
aux
ondes sonores, d'abord étalée sur la ligne
latérale, s'est localisée dans l'oreille. La
sensibilité tactile, étendue à tout le
revêtement cutané, atteint sa perfection dans la
main.
-
I. La genèse de la main
-
- La main offre la
singularité par rapport aux
autres organes
des sens de réunir dans un même organe les
pouvoirs
d'information et d'exécution : elle est un merveilleux
appareil de perception sensorielle fine et de préhension
solide et délicate.
- La vie est née il y
a environ 3 milliards 500
millions
d'années. Pendant plus de 2 milliards d'années,
il
n'exista que des organismes monocellulaires. Les premiers
êtres
pluricellulaires sont apparus il y a à peine un milliard
d'années, les Vertébrés 500 millions
d'années, les Mammifères 200 millions
d'années,
les primates 70 millions et la lignée des
hominidés il
y a 3 à 4 millions d?années,
c'est-à-dire
très récemment par rapport à
l'ancienneté
du monde.
- L'évolution s'est subitement
accélérée
avec l'attitude verticale permanente et la bipédie. L'effort
de redressement est constaté chez certains grands reptiles
du
Secondaire et chez plusieurs espèces de
Mammifères,
tels les marsupiaux et les rongeurs.
- La station et la locomotion verticales existent chez tous
les
Primates à des degrés variables pendant certaines
phases de la locomotion arboricole ou dans la position assise. Elles
ne deviennent permanentes que chez les hominidés. Elles ont
constitué le facteur essentiel de l'hominisation car elles
ont
conditionné les transformations du cerveau et de la main. La
libération de la tête du plan du sol a permis le
développement du cerveau. Les hominidés se sont
alors
engagés dans la voie qui conduit à leurs
représentants successifs : australopithèque
d'où
se détache le genre Homo habilis il y a 2 millions
d'années ; archanthrope : pithécanthrope ou Homo
érectus de 1,5 million à 200 000 ans ;
paléanthrope : néanderthalien de 200 000
à 30
000 ans ; néanthrope : Homo sapiens Homo sapiens depuis 30
000
est passé des 600 g de l'homo habilis aux 1400 g de l'homme
actuel.
- La bipédie et la station verticale seraient
à
l'origine de la prématurité constitutionnelle du
nouveau-né humain. Selon Stephen Jay Gould, si l'on tient
compte des critères de maturation, le petit de l'homme
devrait
naître au bout de 21 mois de vie intra-utérine
pour
être égal aux autres primates. En raison de la
position
verticale, la pression plus forte de la tête
engagée
dans le bassin détermine l'expulsion du foetus avant sa
maturité et permet l'augmentation du volume du cerveau hors
de
l'utérus maternel ; elle est en effet
considérable
pendant la première année puisqu'il triple en
passant
de 350 g à 1000 g.
- La libération de la patte de son rôle
locomoteur
permet sa transformation en main : plus d'appui au sol, plus de
suspension dans les arbres ; elle devient un organe de tact et de
préhension, fonctions jusque là remplies par la
mâchoire et les lèvres.
- 1. La main, organe de préhension.
- Les premiers Poissons du
début de
l'Ére primaire
avaient un nombre impair de nageoires. L'apparition chez certains
d'entre eux de quatre grandes nageoires ventrales préfigura
avant toute sollicitation l'adaptation à la vie terrestre ;
elles se transformèrent en effet progressivement en pattes
au
moment du passage pour les premiers Batraciens, de la vie aquatique
à la vie terrestre. Dès ce moment, les membres
antérieurs et postérieurs, comme ceux de tous les
Vertébrés qui suivirent, furent construits sur le
même modèle du point de vue osseux.
- Les nageoires, les ailes, les
pattes et nos membres ont la
même composition squelettique : humérus, radius,
cubitus, fémur. tibia, péroné... et
sont
pentadactyles, c'est-à-dire terminés par cinq
rayons
qui se transformèrent un jour en cinq doigts. Les membres se
sont extrêmement diversifiés. Chez les
Mammifères
actuels, comme d'ailleurs chez les Reptiles du Secondaire, ils
permettent le déplacement sur terre, mais aussi parfois dans
l'eau (cétacés) ou dans l'air (chauve-souris).
Pour les
membres antérieurs, il n'est pas rare que s'ajoutent
à
la fonction locomotrice la préhension et la
présentation des aliments à la bouche. Parmi les
Mammifères préhenseurs, il en est qui adoptent la
position assise pour libérer leur membre
antérieur :
kangourous, quelques rongeurs (rats, écureuils, castors...).
Chez les Primates la main devient une sorte d'outil pour prendre et
manipuler.
- Avec le redressement du corps,
d'abord passager puis
permanent,
les membres antérieurs et postérieurs deviennent
supérieurs et inférieurs. Les petits singes
cynomorphes
ont une main également partagée entre la
locomotion
quadrupédique, héritage de leurs
ancêtres, et la
préhension qui commence. Les grands singes
anthropoïdes
(orang-outang, chimpanzé, gibbon, gorille), dont le
redressement du tronc est intermittent dans la locomotion, ont une
main plus différenciée vers la
préhension. Le
gorille est le seul singe qui se tienne naturellement sur ses pieds
et qui, au lieu de laper comme tous les animaux, prend l'eau dans le
creux de la main.
- Leroi-Gourhan écrit : « Les grands
singes saisissent,
touchent, ramassent, pétrissent, épluchent,
manipulent
; ils dilacèrent entre leurs doigts et leurs dents,
martèlent de leurs poings, grattent et fouissent de leurs
ongles».
- La séparation du pouce et sa
possibilité
d'opposition aux autres doigts pour saisir les objets ou pour
encercler une branche d'arbre sont annoncées avant
même
que l'utilisation n'en soit amorcée puisque le pouce est
d'emblée plus court et a deux phalanges au lieu de trois.
« A défaut d'autres preuves, disait Newton, le
pouce me
convaincrait de l'existence de Dieu. »
- Chez l'Homme, le pouce atteint son plus haut
degré de
perfection ; il peut s'opposer à tous les autres doigts. Par
contre le mouvement d'opposition est très rudimentaire chez
le
singe ; il prend avec les quatre premiers doigts fléchis et
la
paume de la main, et la pince de l'index et du pouce oppose la pulpe
du pouce au bord radial de l'index ; les enfants prennent comme les
singes jusqu'à 2 ans.
- La main de l'Homme dégagée de toute
fonction
portante du corps est libre ; mobile et servie par une extraordinaire
musculature, elle est à la disposition de l'Homo
érectus promu Homo faber ; elle devient capable de fabriquer
des outils de plus en plus perfectionnés. La main agit alors
sur la matière par un intermédiaire ; elle
devient,
selon le mot d'Aristote (354-322 av. J.-C.), « l'instrument
des
instruments ».
- La capacité de se servir d'outils n'est pas
propre à
l'Homme. On voit des chimpanzés se nourrir de termites
capturés grâce à une brindille qu'ils
imprègnent de salive, enfoncent dans le trou et sucent ;
d'autres savent se servir d'un bâton pour attraper une banane
suspendue au plafond mais jamais ils ne perfectionnent cet outil de
fortune, ni même ne le conservent pour un usage
ultérieur.
- L'Homme est pourvu de mains libres, habiles et
intelligentes parce
qu'il est debout sur ses pieds, socle permanent qui les
libère. Les pieds de l'Homme présentent des
particularités si évidentes que, lorsqu'en 1738
Linné le classa parmi les Primates, cela provoqua de vives
réactions. Cuvier en France (1828) et Blumenbach en
Allemagne,
pour séparer nettement l'homme du singe,
proposèrent la
division en quadrumanes : les singes, et bimanes : les hommes, ce qui
revenait à mettre en relief que seul l'Homme est
doté
de pieds.
- Boule a écrit : « Le pied est une des
caractéristiques les plus nettes du genre Homo »
et A.
Leroi-Gourhan renchérit plaisamment : « Il faut
nous
résigner à avoir commencé par les
pieds. La
station debout et le pied ont été le premier
caractère à différencier
l'ancêtre de
l'homme du "cousin" resté dans la lignée
simiesque
»
- La relative stabilité sans transformation
majeure de la
main au cours de l'Évolution des Primates est à
opposer
au bouleversement morphologique du pied. La main et le pied du
gibbon, qui est un singe arboricole, se ressemblent ; on peut dire
qu'il a quatre mains. Ceux du gorille, qui passe une grande partie de
son temps sur le sol, sont au contraire différents ; son
pied
ressemble à celui de l'Homme si ce n'est que son gros orteil
est toujours écarté. Le pied de l'Homme a perdu
son
pouvoir préhensile, le gros orteil étant
fusionné aux autres. L'écartement par rapport aux
autres orteils, observé chez le nouveau-né,
rappelle
notre passé évolutif.
- 2. La main, organe sensoriel.
- Libérée de sa fonction d'appui
locomoteur, la main
se transforme en organe de perception et de relation avec
l'environnement. Comme le nez, la langue, l'oeil et l'oreille, elle
renseigne sur le milieu extérieur étranger et
participe
à la connaissance.
- Toute la surface de la peau des Primates est pourvue de
récepteurs sensibles au tact, à la chaleur,
à la
pression, à la douleur, mais ils sont plus nombreux en
certains points, tels que le pourtour des orifices de la face et les
extrémités des membres, la main et les doigts en
particulier. De nombreuses espèces animales sont
supérieures à l'Homme du point de vue de leurs
perceptions olfactives, visuelles, auditives : le chien a un sens de
l'odorat sans commune mesure avec le nôtre, certains oiseaux
possèdent une vue perçante, la chauve-souris
jouit
d'une audition nettement supérieure..., mais aucun animal
n'atteint la qualité perceptive de notre toucher. (certains
mammifères ont une sensibilité tactile
très fine
située particulièrement autour de l'orifice
buccal,
dans les «poils tactiles» ou vibrisses (moustaches
du chat
et des félins en général), mais aucun
animal, si
ce n'est le singe anthropoïde, n'approche la perfection de
l'organe du toucher de l'Homme : la main.
- 3. La main de l'enfant.
- La sensibilité du
nouveau-né est
concentrée
sur les stimulations cutanées. C'est par la peau et surtout
par la bouche que s'établit son premier contact avec le
monde
extérieur et particulièrement avec sa
mère.
C'est par le toucher que se fait son apprentissage de ce qui est
accessible et de ce qui ne l'est pas. Le nouveau-né dort 16
à 17 heures par jour à poings fermés,
c'est-à-dire les doigts repliés sur le pouce ; la
main
ne reste ouverte qu'après le 2e mois. Pendant le 1er mois,
des
automatismes primaires commandés par les noyaux centraux du
cerveau échappent au contrôle de
l'écorce
cérébrale ; la stimulation de la face palmaire
provoque
la flexion automatique des doigts (grasping reflex), qui
disparaît entre le 1er et le 4e mois.
- Dès la naissance, le nourrisson apprend
à identifier
les objets et les personnes animés ou non. Vers
l'âge de
3 mois, il est capable de fixer et de suivre le mouvement de ses
mains. La pince pouce-index ne devient efficace que vers le 7e mois.
- L'activité de préhension de l'enfant
contribue non
seulement à la reconnaissance des objets mais aussi
à
l'exercice et au développement de l'intelligence ; elle doit
être stimulée. Favoriser la maîtrise du
geste et
aider les enfants à connaître le pouvoir de leur
main
est une étape essentielle de leur éducation.
L'ontogénèse récapitule une fois
encore la
phylogenèse (loi de Haeckel).
- Le bébé quadrupède
connaît le monde
d'abord par sa bouche ; dès qu'il marche, et qu'il devient
bipède, c'est par ses mains qu'il prend contact avec les
choses et les personnes. Le toucher a une importance capitale dans le
développement psychologique de l'enfant ; avant la parole,
il
n'a pour se faire comprendre que des gestes, c'est-à-dire
des
mouvements en rapport avec ses besoins. Le mouvement est d'abord
l'unique expression et le premier instrument du psychisme.
- Seules commencent par retenir l'attention de l'enfant les
impressions dont il se trouve être l'auteur et que son action
prolonge, reproduit, modifie. Les objets qu'il identifie sont
uniquement ceux qu'il manie. » (Henri Wallon)
- La main n'est pas seulement un merveilleux instrument
d'action sur
le monde extérieur, elle est aussi un artisan de la
connaissance de soi. L'enfant découvre ses mains dans son
champ visuel ; c'est la première image du corps : elles
jouent
de plus un rôle important dans la somatognosie,
c'est-à-dire dans la connaissance des autres parties de son
corps : visage, pieds, organes génitaux, car elles les
saisissent et l'amènent à les faire siennes.
-
II. L'appareil du toucher
- 1. Les récepteurs.
- La main est par excellence le siège de la
sensibilité superficielle et de ses modalités
tactile,
thermique, algique.
- Au niveau de la paume de la main et de la face palmaire des
doigts, les corpuscules du tact sont plus nombreux que partout
ailleurs.
- Dans l'épiderme, se trouvent les
récepteurs
tactiles. Les disques de Merkel sont composés d'une
terminaison nerveuse aplatie, en forme de disque ou de cupule dont la
concavité renferme une cellule.
- Les terminaisons libres ramifiées et les
corpuscules de
Meissner, organites encapsulés en spirales sensibles au
toucher appuyé, sont particulièrement nombreux au
niveau de la paume de la main, de la plante du pied et des organes
génitaux.
- Dans le derme sont les récepteurs thermiques.
Selon les
données classiques, les sensations de chaud et de froid sont
recueillies par des organites distincts : les corpuscules du froid
seraient les corpuscules de Krause et les récepteurs du
chaud
les corpuscules de Ruffini. La sensibilité thermique est
rudimentaire chez l'Homme ; elle n'intervient que dans les situations
extrêmes. Elle joue par contre un rôle important
chez
certaines espèces animales.
- Dans l'hypoderme se trouvent les récepteurs de
pression :
les petits corpuscules de Golgi-Mazzoni perçoivent les
pressions légères, et les grands corpuscules en
bulbe
d'oignon de Paccini les fortes pressions.
- L'attribution d'un mode particulier de
sensibilité à
un type de récepteur est classique, mais certainement
excessive. Les corpuscules de Meissner, Ruffini, Krause, etc., se
trouvent presque exclusivement au niveau de la face palmaire des
doigts et des mains, de la face plantaire des orteils et des pieds,
et au niveau de certaines jonctions cutanéo-muqueuses de la
face et du périnée, ce qui n'empêche
pas toutes
les autres régions de la peau, bien que ne
possédant
que des terminaisons libres et des complexes de Merkel,
d'être
sensibles au tact, à la température et
à la
douleur.
- On admet actuellement que chaque type de
récepteur
possède un seuil particulièrement bas pour un
type
donné de stimulus sensitif : tact pour les corpuscules de
Meissner et les complexes de Merkel, chaleur pour les corpuscules de
Ruffini, froid pour les corpuscules de Krause, pression et vibrations
pour les corpuscules de Paccini, informations douloureuses pour les
terminaisons libres, mais qu'il n'en a pas l'exclusivité.
Leur
finesse et leur précision dépendent moins de leur
qualité que de l'intensité du stimulus et des
capacités d'intégration et d'analyse des centres.
La
densité des différents points de
sensibilité,
tact, température, douleur sur la peau, est variable avec la
région.
- Il y a environ 2 000 terminaisons nerveuses par
millimètre
carré au niveau de la pulpe des doigts.
- Un ou plusieurs types de points peuvent manquer : la luette
n'a
pas de points de chaud et de froid ; une région de la joue
ne
sent pas la piqûre et le froid ;
l'extrémité de
la verge n'a que des points de chaud et pas de points de froid.
- Les Primates portent au bout des doigts des bourrelets dont
le
rôle est peut-être d'absorber les chocs. La peau de
leur
main, comme celle de l'Homme, est parcourue de minuscules
crêtes qui forment des figures compliquées connues
sous
le nom de dermatoglyphes (dermo : peau, glyphe : sculpture). Ces
crêtes épidermiques, appelées
empreintes
digitales, sont utilisées pour l'identité
judiciaire :
on a calculé qu'il faudrait en examiner 17 milliards pour en
trouver deux superposables. Elles constituent un perfectionnement
tactile car elles sont très richement innervées
et
assurent une meilleure adhésion à la surface
touchée, comme les dessins des pneus à la route.
- La main est aussi un organe de sensibilité
profonde. Les
très nombreux récepteurs sensitifs
situés dans
les pièces squelettiques, dans les articulations, dans les
aponévroses, dans les muscles, dans les tendons, fournissent
continuellement des renseignements sur la position de la main, sur
ses moindres déplacements ; ils sont indispensables
à
la coordination de ses mouvements. La préhension ne serait
pas
précise, adaptée, automatique, sans les
informations
reçues aussi bien extéroceptives que
proprioceptives.
La palpation, qui associe la sensation et l'action, permet d'arriver
à une meilleure connaissance.
- 2. Les voies de transmission et les centres de
perception.
- Les récepteurs transmettent aux premiers
neurones, dits
protoneurones, qui se trouvent dans les ganglions des nerfs et dont
les axones pénètrent dans le système
nerveux
central où ils sont relayés par les
deuxièmes
neurones, dits deutoneurones.
- Les deutoneurones de la sensibilité de la main
sont
situés dans la moelle cervicale. Ils constituent nous
l'avons
dit plus haut :
- a) un point de concentration, car chacun recueille des
stimuli de
plusieurs protoneurones venus non seulement du membre
supérieur, mais aussi du territoire viscéral.
- Cette disposition explique le
phénomène de la
douleur rapportée, dont l'exemple le plus connu est la
douleur
d'origine cardiaque projetée non seulement sur la
région précordiale mais aussi sur le bord interne
du
membre supérieur ;
- b) le point de rencontre des deux voies sensitives dont les
fonctions diffèrent.
- L'une, dite voie rapide, a peu de relais synaptiques et
transporte
une information précise ; elle assure la discrimination
tactile.
- L'autre, dite voie lente, au contraire, polysynaptique, est
un
dispositif d'alarme qui transporte une sensibilité de nature
nociceptive.
- Le premier système joue un rôle
inhibiteur sur le
deuxième ; sa stimulation atténue toute sensation
douloureuse. Les messages nociceptifs ne passent du protoneurone au
deutoneurone que s'ils sont intenses et durables. L'action
inhibitrice sur la douleur et sa transmission plus rapide du premier
système sont illustrées par des constatations
courantes
: le frottement et le grattage stimulent la voie rapide et
atténuent la douleur due à une piqûre
ou à
une irritation urticarienne ; la stimulation électrique des
nerfs a un effet antalgique ; la neurostimulation
transcutanée
atténue de nombreuses douleurs.
- Les aires corticales primaires, dites somatosensitives, et
secondaires dites somatopsychiques, de la sensibilité de la
main sont situées sur la circonvolution appelée
pariétale ascendante. L'étendue de la
représentation de la sensibilité
cutanée sur
l'écorce cérébrale correspond
à
l'importance fonctionnelle et non pas anatomique des territoires : la
main, et surtout le pouce et l'index, a une surface corticale
supérieure à celle du tronc et des membres
inférieurs. « Il y a trente muscles dans la main
et elle
est capable de faire mille actes », disait Hughlins Jackson.
- Le singe anthropoïde possède par contre
une
représentation corticale du membre supérieur
égale à celle du membre inférieur.
- Chez les animaux quadrupèdes, les rongeurs par
exemple, le
territoire sensitif cortical le plus étendu correspond
à la région péribuccale. Le voisinage
sur les
écorces cérébrales sensitive et
motrice des
territoires correspondant à la main et à la face
est en
rapport avec l'expression conjointe du langage, de la mimique et des
gestes.
- La latéralité par
prédominance de
l'hémisphère gauche chez les droitiers
coïncide
avec la situation à gauche du centre du langage
parlé
(centre de Broca). Le langage gestuel accompagne le langage
parlé ; il l'a même probablement
précédé.
- Toute connaissance de notre corps ou du monde environnant
est
précédée par une sensation. La
connaissance de
l'image de notre corps ou schéma corporel appelée
somatognosie ne peut se développer qu'à partir
des
multiples expériences sensorielles et motrices au cours
desquelles s'est inscrite dans la réalité la
situation
des différentes parties de notre corps et tout
particulièrement de la main.
- La reconnaissance par le toucher des objets ou
stéréognosie est fondée sur les
apprentissages
antérieurs ; lorsque nous palpons un crayon par exemple,
nous
constatons, grâce aux aires sensitives primaires, sa forme
arrondie, sa consistance, sa surface lisse, son poids, sa longueur...
mais nous ne reconnaissons l'objet crayon et nous ne nous en servons
que grâce à une aire corticale appelée
stéréognosique située
derrière les aires
de la sensibilité et où sont stockés
les
souvenirs.
- Une lésion cérébrale
localisée
à l'aire de la gnosie sensitive supprime, du
côté
opposé, la connaissance de la position des
différents
segments de notre corps (asomatognosie) et de la reconnaissance par
la seule palpation des objets (astéréognosie).
L'homme
atteint de ce déficit peut faire la description
fidèle
des particularités physiques
élémentaires :
forme, poids, température... comme il le ferait d'un objet
qu'il ne connaît pas, mais il ne sait pas dire son nom, ni
s'en
servir ; par contre, aussitôt qu'il le voit ou qu'il le met
dans la main opposée, il le reconnaît, donne son
nom et
s'en sert.
-
III. Le toucher et le
réel
- Partis des organes et des
organites
spécialisés
situés en surface et en profondeur de notre corps, des
influx
sensoriels conscients ou inconscients déferlent
continuellement sur notre écorce
cérébrale. Ceux
fournis par la peau et surtout par la main, chaleur, froid,
rugosité, pression, douleur, etc., nous informent de la
réalité physique.
- La main va à la
rencontre de la sensation et
prend un
contact direct avec les êtres, les
éléments et
les objets ; en cela, elle diffère des autres organes des
sens
qui captent des courants d'ondes émis à distance
grâce aux cellules hautement
spécialisées de la
muqueuse nasale, de la rétine, de la cochlée.
- La main se heurte à
la résistance du
monde
réel. Toucher quelque chose est la meilleure
façon
d'être sûr de son existence. La vue
découvre
l'objet mais elle l'effleure ; la main le saisit et fournit
l'évidence ; prendre est déjà
comprendre.
- Le toucher est le sens le plus «
spécifiquement
humanisé, le moins candide, le seul réaliste
comme le
savait Thomas et comme l'apprend très vite l'enfant
».
- Alors même que nous sommes dans
l'obscurité et le
silence, la main se porte en avant, explore et nous informe sur notre
environnement favorable ou hostile. I,'aveugle apprend à
« voir » en exerçant la
sensibilité des
surfaces tactiles de sa main ; il apprend ainsi à lire
l'écriture Braille faite de points en relief.
- A partir du sens du contact purement physique, le mot
toucher a
étendu son acception aux répercussions psychiques
et
émotives. On est touché par une parole, un geste,
un
spectacle..., ce qui signifie qu'on est ému, attendri.
«
Les objets, cela ne devrait pas toucher, puisque cela ne vit pas. On
s'en sert, on les remet en place, on vit au milieu d'eux, ils sont
utiles et rien de plus. Et moi, ils me touchent, c'est insupportable.
J'ai peur d'entrer en contact avec eux tout comme s'ils
étaient des bêtes vivantes. »
- 1. La main sensitive
- La main sensitive est un organe d'investigation de la
réalité incomparable et irremplaçable.
L'information tactile donne à la préhension sa
précision et inversement la palpation renforce la
sensibilité. la main glisse, frôle, caresse,
soufflette,
effleure, touche tâte, presse, comprime, pousse, manipule,
soupèse, compte...
- Par le toucher, la palpation et la manipulation,
grâce
à la synthèse terminale des sensations venues du
système récepteur superficiel et du
système
récepteur profond, la main accède à la
connaissance du monde extérieur. Le toucher léger
fournit une sensation de contact et permet de porter un jugement sur
les qualités d'une surface, sur ses accidents de relief :
lisse, rugueuse, piquante, pointue, soyeuse, gluante,
brûlante,
froide...
- Le toucher appuyé, la pression,
apprécient la
résistance, la consistance. La manipulation juge de la
forme,
du volume, du poids.
- L'opposition de la pulpe du pouce à celle des
autres doigts
et en particulier de l'index assure une préhension fine.
Là est l'origine de l'expression «
connaître sur le
bout des doigts ».
- La caresse est marque de tendresse et d'amour ; elle joue
un
rôle indispensable dans la sexualité ; elle fait
naître le désir, elle participe au plaisir.
- L'évaluation extrêmement
précise de la
sensibilité de la main est indispensable, en particulier
dans
les cas de lésion d'un des nerfs. L'exploration est faite
avec
du coton, des crins ou de fines aiguilles munies de dispositifs
permettant de graduer la pression
(esthésiomètre). La
densité des points de tact est très variable sur
la
surface cutanée ; elle est à son maximum au
niveau de
la pulpe des doigts et de la face palmaire de la main : 100
à
200 par centimètre carré, alors qu'elle est de 28
au
poignet et de 5 sur la jambe. L'appréciation de
l'intensité de l'excitation a son maximum de finesse au
niveau
des doigts et son minimum sur le dos.
- L'acuité tactile, qui est la plus petite
distance où
deux contacts sont sentis séparés et que l'on
mesure
avec les deux pointes d'un compas, est de 1 mm à la pointe
de
la langue, de 3 à 8 mm à la pulpe des doigts et
de 45
mm sur la poitrine ; cette différence correspond
à la
densité des points de tact.
- La surface cutanée dont la stimulation
mécanique
active un neurone cortical est d'autant plus petite que l'on se
rapproche des extrémités distales d'un membre.
Malgré l'acuité et la précision de la
sensibilité tactile, une grande partie de ses stimulations
peuvent rester inconscientes par adaptation.
- Lorsque le contact est prolongé, la sensation
diminue, puis
disparaît ; note corps n'a plus conscience de ce qui le
stimule
en permanence : la pesanteur atmosphérique, la pression des
zones de contact avec les corps solides ou avec les
vêtements,
l'attitude et le maintien postural des différents segments
des
membres. Nous ne sentons pas de façon permanente nos
extrémités, la main « oublie
» le gant et le
pied la chaussure ; une concentration de l'esprit sur ces points est
nécessaire pour en reprendre conscience. La
sensibilité
thermique ne mesure pas la température ; elle
reconnaît
seulement les variations de la température
cutanée
autour d'un niveau moyen.
- Si l'on place pendant quelques minutes les deux mains l'une
dans
l'eau à 40°C, l'autre dans l'eau à
20°C, puis
qu'on les plonge dans l'eau à 30 °C, l'une la
trouvera
chaude, l'autre la trouvera froide. Les sensations de froid et de
chaud sont d'autant plus fortes que le corps est meilleur conducteur
de chaleur, qu'il cède ou donne plus de chaleur à
la
peau : du métal, du marbre paraissent à
température égale plus chauds ou plus froids que
du
bois.
- 2. La main motrice
- La main motrice est apte aux activités les plus
délicates ; ses mouvements sont d'une infinie
variété, parce qu'elle est pourvue d'une grande
densité de récepteurs superficiels et profonds.
Sans
l'information tactile extéroceptive et proprioceptive, la
préhension serait imprécise et
inadaptée. «
Il n'est d'art que de la main », disait Goethe. «
Il n'est
de métier... », pourrait-on ajouter. Les exemples
ne
manquent pas. La chirurgie (du grec kheir : main), l'horlogerie, la
dactylographie (de daktulos : doigt), la couture (ne dit-on pas une
« petite main », une «
première main »),
la musique..., exigent une grande précision des gestes.
L'activité manuelle est une suite d'actions demi-conscientes
ou demi-volontaires : après un apprentissage parfois long,
les
mains prennent la bonne position et exécutent
automatiquement
les successions de mouvements les plus complexes, les plus
perfectionnés et les plus rapides. La volonté
déclenche, et l'automatisme des séquences
inscrites
dans les rouages profonds de notre cerveau suit,
réglé
par des circuits qui vont de la périphérie aux
centres
et inversement. L'harmonie motrice de notre corps trouve son
expression la plus élaborée dans les gestes
manuels.
Leur exécution se réalise sans que nous y
prêtions attention. « Oublier son corps, c'est
savoir s'en
servir. » (S. Thieffry).
- On le constate avec émerveillement dans
l'écriture,
les métiers manuels, les réalisations
artistiques, les
exécutions musicales et choréiques, les
performances
sportives. La sensibilité profonde et la
motricité sont
liées pour assurer rapidité et
précision. Des
contractures surviennent lorsque les muscles de la main font
très souvent le même geste : crampe des
écrivains, des musiciens (pianistes, guitaristes,
violonistes.
. .) .
- Malgré le développement des
technologies nouvelles,
aussi sophistiquées soient-elles, la main et le geste
gardent
une importance primordiale. Les activités artistiques,
toutes
les créations avec la qualité
émotionnelle qui
s'y attache, sont autant de domaines où l'Homme
s'épanouit. Technologie et main ne peuvent que se renforcer
mutuellement. La technologie ne «
démanuélise
» pas ; elle n'appauvrit pas, elle donne au contraire
à
l'homme la liberté de choisir ses activités et de
privilégier tout ce qui touche à l'art et
à la
créativité.
- 3. Les mains sont organes de communication.
- Intimement liées à la parole, elles
précisent, amplifient, par le geste les pensées
et
expriment les sentiments ; on se frotte les mains de joie, on les
tord de désespoir ; elles trahissent,
révèlent
les états psychologiques ou émotifs. Volontaires
ou
involontaires, les gestes accompagnent la conversation, le discours.
- Paul Valéry a écrit : « Les
gestes de l'orateur
sont des métaphores. » Les orateurs et les acteurs
savent
jouer de leurs mains ; le mime s'exprime grâce à
elles ;
le sourd-muet en fait un langage. Ce sont elles qui signifient le
salut ; d'un pays à l'autre, d'une culture à
l'autre,
le code varie : poignée de main ferme ou molle, rapide ou
prolongée, mains jointes et courbettes en Asie, «
abrazos
» sud-américains, « hello »
nord-américain, baisemain.
- Selon leurs positions et leurs mouvements les mains
prennent une
signification symbolique : les danses cambodgiennes ou siamoises
s'expriment beaucoup par les mains. Les différentes
positions
des mains du Bouddha correspondent à des sens symboliques
particuliers. Dans les jeux du cirque, le pouce de l'empereur romain
dirigé vers le haut accordait la grâce,
dirigé
vers le bas décidait de la mort. Enfin la main prend des
positions symboliques dans certaines circonstances religieuses
(bénédiction) et politiques (poing
fermé, salut
fasciste, V de la victoire).
- 4. Les mains comme le visage
révèlent la
personnalité.
- Après la mort, on
réalise des
moulages du visage et
des mains. La physiognomonie analyse et classe les visages
révélateurs du caractère. De nombreux
traités, particulièrement à
l'époque de
la Renaissance, ont fait l'inventaire de leur diversité et
de
leur correspondance psychologique. Beaucoup de peintres ont
interrogé leur visage et réalisé leur
autoportrait.
- La chirognomonie étudie les formes si
variées des
mains : larges ou étroites, allongées ou
massives,
lisses ou calleuses, blanches ou tannées, moites ou
sèches, glabres ou velues... doigts effilés ou
boudinés, longs ou brefs... ongles coniques, pointus, longs,
courts, ronds, rectangulaires, plats ou bombés.
- Est-il justifié, comme pour les visages, d'y
chercher des
correspondances mentales? « Regardez les mains »,
conseillait Stendhal. Faut-il y découvrir les instincts, les
passions, les intentions, l'amour, la haine, le vice... ? Ne
parle-t-on pas de « mains d'étrangleur »
?
- La main porte en elle, dès la naissance, un
potentiel
morphologique et fonctionnel qui prédispose et que la
pratique
façonne ensuite. La forme et les aptitudes de la main ont
d'évidentes corrélations : celles d'un
prélat,
d'un chirurgien ou d'un pianiste diffèrent de celles d'un
maçon ou d'un agriculteur. Les stigmates de la vieillesse
s'inscrivent sur les mains comme sur la face. On peut tenter de lire
le passé sur les mains, mais certainement pas l'avenir comme
le prétendent les chiromanciens...
- Marcel Sendrail , dans un ouvrage sur la
variété et
la signification des formes, fait suivre le chapitre sur la «
Science du visage » par un autre sur les « Signes
dans la
main ». « Les mains sont des êtres. Quand
je vois les
miennes devant moi s'affairer saisir, lâcher, sonder
l'espace,
tenter la matière, devancer la parole, nier ou attester,
s'irriter ou consentir, quand je les vois ainsi
perpétuellement à mon insu se compromettre et me
compromettre, ne devrais-je pas les tenir pour des amies certes, mais
pour de dangereuses amies, dont l'indépendance fait peur ?
»
- Les mains ont souvent inspiré les artistes et
les
écrivains. Des empreintes de mains trouvées sur
les
parois des grottes furent les premières manifestations de la
peinture et du dessin : telles les mains fantômes et
mutilées cernées de noir, de rouge, de jaune ou
de
blanc dessinées sur les parois de la grotte de Gargas dans
le
Commingeois il y a de 2 500 à 3 000 ans. Albrecht Durer
(1471-1528) a dessiné avec détail des mains sur
ses
tableaux comme sur ses gravures et le Greco (1541-1614) a peint des
mains fines et allongées ; deux
éléments, dans
ses portraits sont animés d'une vie extraordinaire : le
regard
et les mains. « Mains ailées », dit
Unamuno qui
célèbre en Greco « l'un des rares
peintres
artistes à nous enseigner que les mains sont beaucoup plus
révélatrices que la parole ». J.A.
Watteau
(1684-1721) a peint des mains nerveuses très expressives...
A.
Rodin (1840-1917) a sculpté des mains fortes, noueuses ; la
Main est symbole de la force créatrice divine, dans son
oeuvre
La Main de Dieu : au creux de la paume apparaissent Adam et Eve
(1897). Au Moyen-Âge, Dieu est souvent
représenté
par sa main. Sur la voûte de la chapelle Sixtine, on peut
voir
la main du Tout-Puissant écarter les nues du temps et de
l'espace, oeuvre de Michel-Ange.
- Il y a 2 500 ans, Anaxagore a dit : « L'homme est
intelligent
parce qu'il a des mains. » J. Piveteau renversa la formule :
« L'homme a des mains parce qu'il est intelligent.
» Saint
Thomas d'Aquin les met d'accord : « L'homme
possède par
nature la raison et la main. Cette raison raisonne mal si elle
n'engage pas la main. Cette main travaille en vain si la raison ne
s'engage pas dans son travail. » Dans l'évolution
phylogénétique, la main et le cerveau ont
progressé parallèlement de l'Homo habilis
à
l'Homo sapiens.
- La main est en définitive ce qu'est le cerveau :
elle ne
travaille pas si le cerveau ne la dirige pas. Elle participe au
développement du cerveau par les contacts qu'elle prend avec
le monde extérieur. La complexité et la
différenciation extrêmes de la musculature et
l'enrichissement sensoriel exceptionnel de la main ont
nécessairement été
corrélatifs d'une
modification des aires corticales motrices et sensitives ; leur
étendue n'est proportionnelle ni avec le volume des muscles,
ni avec la surface cutanée, mais avec le nombre et la
variété des mouvements et avec la finesse des
sensations. Les potentialités de la main sont innombrables
et
admirables.
- Paul Valéry en a fait l'éloge dans
son «
Discours aux chirurgiens » : « Je me suis parfois
étonné qu'il n'existât pas un "
Traité de
la main ", une étude approfondie des virtualités
innombrables de cette machine prodigieuse qui assemble la
sensibilité la plus nuancée aux forces les plus
déliées. Mais ce serait une étude sans
bornes.
La main attache à nos instincts, procure à nos
besoins,
offre à nos idées, une collection d'instruments
et de
moyens indénombrables. Comment trouver une formule pour cet
appareil qui tour à tour frappe et bénit,
reçoit
et donne, alimente, prête serment, bat la mesure, lit chez
l'aveugle, parle pour le muet, se tend vers l'ami, se dresse contre
l'adversaire, et qui se fait marteau, tenaille, alphabet... ? Que
sais-je ? Ce désordre presque lyrique suffit. Successivement
instrumentale, symbolique, oratoire, calculatrice agent universel, ne
pourrait-on la qualifier d'organe du possible, comme elle est d'autre
part l'organe de la certitude positive ? »
- 24/08/95
Dr Lucien Mias
Retour au Grenier à Texte