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 Havelock Ellis - Études de psychologie sexuelle
Éd. Mercure de France 1964 (1°éd. 1935) - Huit volumes
 L'odorat

L'odorat chapitre I - L'odorat - chapitre II  . - L'odorat - chapitre III . - L'odorat - chapitre IV  . - L'odorat - chapitre V et VI  

Tome II - Chapitre IV  images/logoPdf8k.jpg14  pages
Les notes de bas de page ont été incluses dans le texte. 
NDA = note de l'auteur en 1935 ; NDÉ : note de l'éditeur en 1964

L'influence des parfums. Leur rapport primitif avec les odeurs corporelles sexuelles. Cela est même vrai pour les odeurs suaves des fleurs. - La manufacture synthétique des parfums. Les eflets sexuels des parfums. - Les parfums sont peut-etre originairement employés pour rehausser les odeurs corporelles. La signification spéciale de l'odeur du musc. - Sa grande diflusion naturelle chez les plantes, les animaux et l'homme. - Le musc, un stimulus puissant. Son usage très répandu comme parfum. - La peau d'Espagne. L'odeur du cuir et ses eflets sexuels occasionnels. L'influence sexuelle des odeurs des fleurs. - L'identité de plusieurs odeurs de plantes avec certaines odeurs normales et anormales du corps humain. L'odeur du semen sous ce rapport.

Nous nous sommes surtout occupés jusqu'ici d'odeurs purement personnelles. Mais il n'est pas possible de limiter l'examen de la signification sexuelle de l'odeur au domaine exclusivement animal. 
Les différents caractères de l'odeur personnelle que nous avons indiqués tant ceux qui ont une tendance à la rendre répulsive que ceux qui tendent à la rendre attrayante ont amené à l'usage de parfums artificiels pour augmenter l'odeur naturelle lorsqu'elle est considérée comme attrayante pour la déguiser lorsqu'elle est considérée comme répulsive. 
En même temps s'est développé le charme pur des parfums, pour leur caractère agréable, le côté esthétique de l'olfaction, et ce charme couvre d'une manière heureuse les deux impulsions indiquées. 
Ainsi le corps se pare pour le sens de l'odorat, comme il se pare par les vêtements et les ornements pour le sens de la vision, bien que le premier processus ait lieu d'une manière beaucoup moins constante et moins élaborée. Mais il y a un fait à considérer, qui a une grande importance de notre point de vue actuel. C'est que nous ne quittons pas réellement la sphère sexuelle par l'introduction des parfums artificiels. Les parfums que nous extrayons de produits naturels ou, comme c'est de nos jours fréquemment le cas, que nous ploduisons par la synthèse chimique, sont eux mêmes soit des odeurs sexuelles animales véritables, ou bien apparentés, par leur caractere ou leur composition avec les odeurs personnelles qu'elles devaient rehausser ou masquer. 
Le musc est le produit des glandes du mâle du moschus moschiferus, et ces glandes correspondent à des glandes préputiales sébacées. 
Le castoreum est le produit de glandes sexuelles similaires chez le castor ; la civette est un produit identique de la civette ; l'ambre gris est un calcul intestinal qu'on trouve dans le rectum du cachalot (H Beauregard, Matière médicale zoologique : Histoire des drogues d'origine animale, 1901). Non seulement presque tous les parfums d'origine animale dont se sert l'homme civilisé sont des odeurs qui ont un but spécifique sexuel chez les animaux dont elles dérivent, mais on peut même dire que les parfums des fleurs ont un caractère sexuel
( C'est parce que les odeurs des fleurs ressemblent parfois à des odeurs animales qu'elles sont parfois agréables aux animaux, comme la valériane au chat. - C J Cornish Life at the Zoo, pp. 109 sq. a trouvé que l'eau de lavande était le parfum favori de la plupart des animaux sur lesquels on a expérimenté, surtout des lions et des léopards. L'eau de rose, ou l'odeur des oeillets et des lilas étaient aussi appréciées. Les lis et Ies narcisses ne le furent pas du tout (N. D. A.)).
Ces derniers parfums sont émis dans la période reproductive de la vie des plantes, et ils ont évidemment en grande partie pour objet d'attirer les insectes qui assurent la fertilisation de la plante, et cet attrait repose sur ceci que, parmi les insectes eux-mêmes, la sensibilité olfactive a été développée souvent pendant leur accouplement 
(Le professeur Plateau, de Gand, a continué pendant plusieurs années une série d'expériences qui semblent même démontrer que les insectes sont à peine attirés par les couleurs des fleurs, mais qu'ils sont surtout influencés par le sens de l'odorat. Ces expériences ont été décrites depuis 1887 dans les Bulletins de / Académie Royale de Belgique et on en trouve de temps en temps des résumés dans Nature, par exemple 5 février 1903 (N. D. A.)). 
Il y a par exemple un papillon de nuit chez lequel les deux sexes n'accusent pas de différence visible de dessin, mais les mâles répandent une odeur agréable, qu'on compare à celle de l'ananas, et qui attire les femelles (David Sharp, Cambridge Natural History : Insects part.II, p. 398). Donc, si les odeurs des fleurs se sont développées parce qu'elles étaient utiles à la plante en attirant des insectes et d'autres êtres vivants, il est évident que l'avantage serait du côté des végétaux qui peuvent émettre une odeur sexuelle animale d'un caractère agréable, car cette odeur devrait captiver des êtres animaux.
Ici nous touchons à une explication très simple de l'identité fondamentale des odeurs dans les mondes végétal et animal. Il en résulte que, d'un point de vue psychologique, nous n'abordons pas tout à fait un terrain nouveau en entreprenant l'examen de l'influence des parfums autres que ceux du corps animal. Nous nous trouvons simplement en face d'odeurs sexuelles un peu plus compliquées ou un peu plus raffinées, mais qui ne sont pas spécifiquement différentes des odeurs humaines et, au contraire, se mélangent avec ces dernières, d'une manière harmonieuse. 
L'usage de la langue populaire témoigne de la vérité de cette affirmation, et nous avons déjà eu l'occasion d'observer que les odeurs humaines normales et anormales sont constamment comparées à des odeurs artificielles, à des odeurs animales et végétales, au chloroforme, au musc, à la violette, pour ne mentionner que les similitudes qui semblent se présenter le plus souvent.
Il y a trois méthodes universellement en usage de nos jours dans les pays civilisés, pour obtenir les parfums :
1° L'extraction des matières odoriférantes des produits naturels dans lesquels elles se trouvent; 
2° la préparation artificielle, par les procédés synthétiques, de substances, odoriférantes qui existent aussi dans ]a nature ; 
3° la fabrication de matières dont émanent des odeurs qui ressemblent à celles des objets naturels qui ont des odeurs agréables (Natural and artificials perfumes, Nature, 27 décembre 1900)
Les principes essentiels de la plupart de nos parfums appartiennent à la classe complète des matières organiques qu'on désigne sous le nom de "terpènes". Dans les dernières années, beaucoup d'éléments essentiels des parfums naturels ont été étudiés ; dans plusieurs cas, des méthodes pour les préparer artificiellement ont été découvertes et ils sont en train de remplacer ll'usage des parfums naturels non seulement pour les savons, etc., mais aussi pour les essences de parfums bien qu'il semble très difficile d'imiter exactement l'odeur précise que la nature a produite. 
Le musc artificiel fut découvert par hasard par Bauer, comme il étudiait les butyl toluènes contenus dans un extralt de résine. 
La vanilline, le principe odorant de la vanille, est un aldéhyde, qui a été pour la première fois préparé artificiellement par Tiemann et Haarman, en 1874, en oxydant la coniférine, glucoside contenu dans la sève de plusieurs conifères, mais il paraît qu'on la fabrique maintenant à partir de l'eugénol, phénol qui contient de l'essence de girofle ; le pipéronal, un aldéhyde qui est très semblable à la vanilline, sert dans la parfumerie sous le nom d'héliotropine et est préparé avec l'huile de sassafras et l'huile de camphre. 
La cumarine, la substance dont dérive l'odeur caractéristique des fèves, du tonka, de l'aspérule et du foin fraîchement fauché, fut préparée synthétiquement, en 1868, par W.H. Parkin en chauffant l'aldéhyde sodiosalicylique avec l'anhydride acétique, mais à présent on la fabrique à moins de frais avec une herbe de Floride. 
L'irone, qui a le parfum des violettes, fut isolée en 1893 d'une kétone qui provient des racines d'orris ; plus tard on a réussi à isoler d'une autre kétone l'ionone, dont l'odeur est très semblable à celle des violettes, et qui sert maintenant sur une grande échelle à la préparation des parfums de violette. La composition de l'irone et de l'ionone ressemble d'assez près à celle de l'essence de térébenthine qui, lorsqu'elle est absorbée par le corps, est convertie partiellement en parfum et communique une forte odeur de violette à l'urine.
« On a encore peu fait pour déterminer le rapport entre l'odeur et la constitution chimique des substances en général. Les hydrocarbones possèdent, comme classe, une grande affinité d'odeur ; c'est aussi le cas avec les sulfides organiques et, à un degré bien moindre, avec les kétones. Ce sujet attend quelqu'un qui reliera ses différents aspects physiologiques, psychologiques et physiques, comme Helmholtz l'a fait pour le son. En attendant, il paraît impossible d'imaginer une explication plausible au fait que plusieurs substances possèdent une odeur agréable. Il est pourtant, peut-être, permis d'avancer que certaines combinaisons, comme les sulphides volatiles et les indoles, ont des odeurs très désagréables parce qu'elles constituent des facteurs normaux dans les excréments des mammifères et dans les produits animaux putréfiés ; il est possible que les odeurs répugnantes ne soient que des résultats nécessaires des processus d'évolution. » ( Article cité, Nature, 27 décembre 1900)
Plusieurs des parfums usuels sont réellement des combinaisons d'un grand nombre d'odeurs différentes, dans des proportions variables, comme l'essence de rose, l'essence de lavande, l'ylang-ylang, etc. Les parfums les plus estimés sont souvent combinés d'éléments qui, dans une plus forte proportion, seraient considérés comme désagréables. 
Dans les derniers temps, la France et l'Allemagne ont été à la tête de l'étude et de la fabrication des parfums. C'est une industrie de grande importance. Rien qu'en France, le commerce des parfums s'élève à 100 millions de francs.
C'est sans doute en grande partie à cause de l'identité essentielle et fondamentale des odeurs - la ressemblance chimique même entre des odeurs des sources les plus éloignées - que nous découvrons que les parfums ont très souvent juste les effets sexuels qui sont propres, primitivement, aux odeurs corporelles. 
Dans les pays du Nord, où ce sont surtout les femmes qui emploient les parfums, ce sont elles qui sont le plus sensibles à cette influence sexuelle 
Dans le Midi et en Orient, il paraît que cette influence est éprouvée avec une fréquence au moins aussi grande par les hommes. 
Pour l'Italie, Mantegazza remarque que les hommes de tempérament sexuel très fort ne peuvent impunément visiter un laboratoire d'essences et de parfums (Mantegazza, Fiziologia dell'Amore 1873, p. 176)
Pour l'Orient, nous trouvons l'affirmation, dans un livre musulman, Le Jardin parfumé du Cheikh Nefzaou, que l'emploi des parfums, par les femmes autant que par les hommes, excite à l'acte sexuel. C'est surtout à cause de ce fait qu'en plusieurs parties du monde, surtout chez les peuples orientaux et parfois aussi en Europe, les femmes ont la coutume de parfumer leur corps, et spécialement la vulve
 (Mantegazza, L'Amour dans l'humanité, p. 94, parle de plusieurs peuples qui pratiquent cette coutume. Il y a plus de trois mille ans, l'Égypte était déjà un grand centre de cette pratique (N. D. A.))
Il paraît très probable que les parfums ont été primitivement employés par les femmes, non, comme c'est parfois le cas chez les civilisés, avec l'intention de masquer toute odeur naturelle possible, mais dans le but d'augmenter et de fortifier l'odeur naturelle
(Hagen, Sessualee Osphresiologie, 1901, p 226. Un correspondant médical suppose que les cheveux et les poils sont moins destinés à recueillir la sueur qu' à en rehausser l'odeur dans un but sexuel (N D A)). 
Si l'homme primitif inclinait à déprécier une femme dont l'odeur était faible ou imperceptible, s'il se détournait d'elle avec dédain comme le fit le Polynésien lorsqu'il rencontra des dames à Sydney et s'écria : "Elles n'ont pas d'odeur !", les femmes s'efforceraient inévitablement de suppléer aux défauts naturels sous ce rapport et d'accentuer leurs qualités odorantes, exactement comme elles se sont efforcées, même chez les civilisés, d'accentuer les saillies sexuelles de leur corps par l'emploi des corsets. 
Nous pouvons, de cette manière, avec Hagen, expliquer le fait que, jusqu'aux temps modernes, les odeurs préférées par les femmes n'ont pas été les odeurs les plus délicates ou les plus exquises, mais les odeurs les plus fortes, les plus animales, les plus sexuelles le musc, le castoréum, la civette et l'ambre gris.
Dans le roman intéressant qui a pénétré dans la Bible sous le titre d'Esther, et qui décrit les aventures d'une jeune Juive à la cour persane de Xerxès, nous trouvons noté qu'on avait coutume dans le harem royal de Shushan de soumettre les femmes à un traitement très prolongé avec des parfums avant de les amener en présence du roi : « Six mois d'huile de myrrhe et six mois d'odeurs suaves. (Esther, II, 12) » 
Dans les Mille et Une Nuits il y a plusieurs allusions à l'emploi des parfums par les femmes, dans une intention aphrodisiaque plus ou moins avouée. Ainsi nous lisons dans l'histoire de Kamaralzaman : « D'encens pur je parfumerai mes seins, mon ventre, mon corps entier, afin que ma peau puisse fondre plus suavement dans ta bouche, ô prunelle de mon Ïil ! » 
Même chez les sauvages le corps est parfois parfumé, afin d'inspirer l'amour à une personne du sexe opposé. 
Schellong raconte que les Papous de la Terre de l'Empereur Guillaume se frottent la peau à cet effet avec plusieurs plantes odorantes. (Zeitschrift für Ethnologie, 1869, fasc. 1, p. 19) L'explication de cette pratique a été fournie plus complètement par Haddon, lorsqu'il étudia les Papous du Détroit de Torrès, chez lesquels l'initiative de la courtisation est prise par les femmes. C'était en se parfumant d'une matière odorante et très âcre qu'un jeune homme indiquait qu'il était disposé à se faire courtiser par les jeunes filles. Un homme devait porter cette substance sur sa nuque pendant une danse, pour attirer l'attention d'une jeune fille particulière. On s'imaginait que l'action de cette substance était magique et par conséquent efficace. (Reports of the Cambridge anrhropological expedition to Torres Straits, t. V, pp. 211, 222, 328)
Le parfum qui est le plus intéressant de tous, de notre point de vue actuel, est sans doute le musc. Avec l'ambre gris, le musc est le parfum principal du groupe des Odores ambrosiacæ de Linné. Ce groupe est placé par Zwaardemaker à côté du groupe d'odeurs capryles, quant à son importance sexuelle. C'est un parfum d'origine antique ; son nom est persan (Les noms de tous nos parfums principaux sont arabes ou persans : civette, musc, ambre gris. attar, camphre, etc. (N. D. A.)) ce qui indique sans doute la voie par où il a atteint l'Europe et dérive en dernier lieu du mot sanscrit signifiant testicule ; il tient au fait qu'on trouve cette substance dans une poche de parties sexuelles du chevrotin porte-musc. 
Mais des odeurs musquées, souvent d'une force onsidérable, sont très répandues dans la nature autant chez les animaux que chez les plantes, cela est déjà indiqué par le nombre d'animaux et de végétaux, appartenant souvent à des espèces différentes, qui portent des noms faisant allusion au musc. C'est le cas (dans la langue anglaise) pour des espèces de boeuf, de taupe, de rat, de canard, de scarabée. 
Parmi les plantes, il y en a plusieurs dont le nom dérive d'une odeur musquée vraie ou supposée ; on rencontre une rose, une jacinthe, une mauve, un orchis, un melon, une cerise, une poire, une prune qui portent l'épithète de "musqué", puis les noix de muscade, les raisins muscats, le musc-seed (ambrette) et plusieurs plantes qu'on appelle "musc" tout court 
(Cloquet, Osphrésiologie, pp. 73-76, donne un passage intéressant sur l'importance de l'odeur musquée chez les plantes chez les animaux et même dans les substances minérales (N. D. A.)). 
L'odeur musquée n'est pas seulement très répandue dans la nature chez les plantes et chez les animaux inférieurs, elle est encore particulièrement associée avec l'homme. Nous avons déjà dit qu'on la considère comme caractéristique de certaines races humaines, par exemple des Chinois. 
On dit aussi que l'odeur des noires est musquée et, chez les Européens, on prétend qu'une odeur musquée est caractéristique des blondes. 
Laycock affirme (Nervous Diseases of women) que l'odeur musquée est certainement l'odeur sexuelle de l'homme  et Féré dit que, parmi les parfums naturels, le parfum musqué est celui qui s'approche le plus des sécrétions sexuelles. 
Nous avons déjà vu qu'un poète chinois exaltait l'odeur musquée des aisselles de sa fiancée. Une autre expression orientale dit d'une femme attrayante que « son nombril est rempli de musc ». 
La littérature persane fait de nombreuses allusions au musc comme à une odeur corporelle attrayante. 
Firdusi parle de la chevelure d'une femme comme d'une « couronne de musc », et le poète arabe Motannabi dit de son amante que « sa chevelure d'hyacinthe a une odeur plus suave que le musc des Scythes ». 
Galopin affirme qu'il a connu des femmes qui répandent naturellement une odeur de musc (et moins fréquemment d'ambre gris), assez forte pour parfumer un bain en moins d'une demi-heure. Il faut ajouter que Galopin était un enthousiaste en la matière.
L'importance spéciale du musc de notre point de vue actuel ne provient pas seulement du fait que nous nous trouvons en présence d'un parfum très répandu dans la nature et souvent sous une forme agréable, qui en même temps constitue une odeur personnelle très fréquente chez l'homme. Le musc est une odeur qui, non seulement chez les animaux qui en tirent leur nom, mais aussi chez beaucoup d'autres, constitue une odeur sexuelle spécifique, principalement émise pendant la saison sexuelle. Il paraît même que les odeurs sexuelles de la plupart des animaux sont des modifications du musc. 
Le papillon sphinx a une odeur musquée, qui n'appartient qu'au mâle et qui est sans doute sexuelle. Certains lézards ont une odeur musquée qui augmente dans la saison sexuelle ; les crocodiles émettent pendant la saison de l'accouplement une odeur musquée de leurs glandes sous-maxillaires et cette odeur pénètre les lieux où les animaux se trouvent. Dans la même saison les éléphants émettent une odeur semblable des glandes de la face. L'odeur du canard musqué est surtout forte au temps de la couvaison. 
(Laycock, Nerl~ous Dlseases of women fite plusieurs exemples d'odeurs sexuelles animales et il insiste sur leur caractère musqu~ Voir aussi La Descendance de l'homme, part. Il, chap. xvlll, où Darwin affirme que les mâles les plus odorants ont le plus de chances d'obtenir les femelles. Distant, Bio/ogica/suggestlons, Zoologist, mai 1902, démontre le fait important que les odeurs musquees sont le plus souvent limitées au mâle et il affirme que les odeurs animales en général sont plus souvent attractives que protectrices) 
On prétend que l'odeur musquée des noires est plus sensible pendant l'excitation sexuelle. 
La prééminence du musc comme odeur sexuelle est associée avec le fait que son action sur le système nerveux, indépendamment de la présence d'associations sexuelles, est considérable. Autrefois, le musc était très estimé comme stimulant cardiaque ; il tomba en désuétude, mais récemment on a recommencé de s'en servir dans des états asthéniques et on affirme que des résultats excellents ont suivi son application dans des cas d'affaissement de choléra asiatique. 
Le musc a toujours une certaine réputation comme remède contre la torpeur sexuelle chez les femmes (comme la vanille et le santal), mais on ne s'en sert pas souvent. Certains médecins arabes d'autrefois (surtout Avicenne) recommandaient le musc, avec le castoréum et la myrrhe, contre l'aménorrhée. Son action puissante est démontrée par l'expérience d'Esquirol, qui raconte avoir vu des cas ou l'excitation de femmes par du musc pendant la période de lactation avait produit de la folie. Le musc a toujours eu la réputation de stimuler sexuellement les hommes. Cette réputation existe surtout dans l'Orient musulman, où le livre El Ktab l'appelle « le plus noble de tous les parfums » et « celui qui provoque l'excitation sexuelle ». Dans le paradis du Coran, le vin que boivent les Élus est parfumé de musc.
C'est sans doute un fait très caractéristique de l'effet sexuel spécial du musc que comme le fait remarquer Laycock dans des cas d'idiosyncrasie spéciale par rapport aux odeurs, le musc paraît être celle qui est la plus aimée ou la plus détestée. Un médecin anglais du XVIII° siècle remarque que « nombre de femmes délicates, qui supportent facilement l'odeur du tabac, pourtant une odeur forte, sont tombées en syncope par l'effet du musc, de l'ambre gris ou d'une rose thé (R. Whytt, Works, 1768,p 543) ». 
Il faut ajouter qu'il est déjà dit dans Le Jardin parfumé du Cheikh Nefzaoui que c'est à cause des effets sexuels des parfums que les femmes s'évanouissent et Lucrèce remarque qu'une femme qui sent du castoreum autre odeur sexuelle animale au moment de sa période mensuelle, peut s'évanouir (Lucrèce, Vl, 790-795).
Non seulement le musc est le parfum le plus estimé du monde musulman, et le favori spécial du Prophète lui-même
 (« J'aime ton monde, aurait-il dit dans sa vieillesse pour ses femmes et pour ses parfums. » Mohammed, dit Aisha, aimait beaucoup les parfums, surtout « les parfums virils»: musc et ambre gris. Il avait la coutume de brûler du camphre sur du bois odorifërant et il se plaisait à cette odeur suave, et ne refusa jamais les parfums qui lui furent offerts comme cadeau. Les choses qu'il chérissait le plus, dit Aisha, étaient les femmes, les parfums et la nourriture. Mulr, Life of Mahomet, t. III, p. 297 (N. D A)) 
C'est encore l'unique parfum généralement employé par les femmes d'un pays où les raffinements de la vie ont atteint un degré si élevé, au Japon, et le Japon a reçu le musc de la Chine 
(H. ten Kate, Internationales Zentralblatt für Anthropologie, fasc. VI, 1902. Cet auteur, qui a fait des observations sur les Japonais avec l'olfactonnètre de Zwaardemaker, a trouvé que leur odorat est un peu défectueux, contrairement à l'opinion courante. Il remarque qu'il n'y a aucun parfum d'origine réellement japonaise (N. D. A.)).
De plus, le musc est toujours le plus populaire des parfums de l'Europe. Ce sont les parfums qui contiennent du musc qui se vendent le mieux (Piesse, Art of perfumery)
Il est vrai, sans doute, que l'odeur du musc, sous sa forme simple, n'est pas très bien portée dans l'Europe contemporaine. Ce fait est en rapport avec le raffinement progressif qui communique aux odeurs spécifiques des régions sexuelles des êtres humains une tendance à perdre leur valeur primitive. Les odeurs corporelles sont de plus en plus mélangées de parfums artificiels afin de les déguiser. Mais bien que le musc sous son ancien nom et sous sa forme simple soit tombé en désuétude en Europe, il est intéressant et significatif de constater que ce sont toujours les parfums contenant du musc qui sont les plus répandus.
Nous pouvons citer la "peau d'Espagne" comme un parfum compliqué et très excitant ; il est souvent l'odeur favorite de personnes sensuelles, et doit une grande partie de sa force à la présence des odeurs animales sexuelles du musc et de la civette. Ce parfum se fait avec une peau de chamois trempée dans de l'essence de fleur d'oranger, de rose, de santal, de lavande, de verveine, de bergamote, de clous de girofle et de cannelle, puis enduite de civette et de musc. On dit parfois, et probablement avec quelque raison, que la peau d'Espagne est de tous les parfums celui qui s'approche le plus de l'odeur de la peau féminine ; il semble toutefois que ce parfum rappelle en même temps l'odeur du cuir.
Il n'est pas douteux que l'odeur du cuir a une influence sexuelle stimulante très curieuse sur nombre d'hommes et de femmes. C'est une odeur qui paraît occuper une place intermédiaire entre les odeurs corporelles naturelles et les parfums artificiels auxquels elle sert parfois de base. C'est peut-être de là que lui vient son influence sexuelle occasionnelle, car nous avons déjà vu que des odeurs non spécialement corporelles, mais apparentées à ces odeurs, peuvent présenter une tendance à servir comme attrait sexuel. 
Moll considère, sans doute avec raison, que le fétichisme des souliers, qui est peut-être la plus fréquente de toutes les perversions sexuelles fétichistes, est beaucoup favorisée par l'odeur combinée des pieds et des souliers, s'il n'a pas son origine même dans cette combinaison (Moll, Die Konträre Sexualempfinndung, 3° éd., 1890, p. 306)
Il décrit un cas de fétichisme de souliers chez un homme dont la perversion commença à l'âge de six ans, lorsque le sujet porta pour la première fois des souliers neufs, ayant jusque-là toujours porté les vieux souliers de son frère aîné ; il tâta et flaira à ce moment ces souliers neufs avec des une influence sexuelle stimulante très curieuse sur nombre d'hommes et de femmes. C'est une odeur qui paraît occuper une place intermédiaire entre les odeurs corporelles naturelles et les parfums artificiels auxquels elle sert parfois de base. C'est peut-être de là que lui vient son influence sexuelle occasionnelle, car nous avons déjà vu que des odeurs non spécifiquement corporelles, mais apparentées à ces odeurs, peuvent présenter une tendance à servir cornme attrait sexuel.
Moll considère, sans doute avec raison, que le fétichisme des souliers, qui est peut-être la plus fréquente de toutes les perversions sexuelles fétichistes, est beaucoup favorisée par l'odeur combinée des pieds et des souliers, s'il n'a pas son origine même dans cette combinaison. Il décrit un cas de fétichisme de souliers chez un homme dont la perversion commença à l'âge de six ans, lorsque le sujet porta pour la première fois des souliers neufs, ayant jusque-là toujours porté les vieux souliers de son frère aîné; il tâta et flaira à ce moment ces souliers neufs avec des sensations d'un plaisir démesuré, et quelques années plus tard il se servit de souliers pour se masturber (Moll, Libido sexualis, t. I, p 284)
Nacke décrit le cas d'un fétichiste de souliers, qui déclara que l'attrait sexuel des souliers (habituellement ceux de sa femme) reposait surtout sur l'odeur du cuir. 
Krafft-Ebing rapporte un cas de fétichisme de souliers, où ce fait important est noté que le sujet acheta une paire de manches en cuir pour les flairer pendant qu'il se masturbait (P. Nacke. Un cas de fétichisme de souliers, Bulletin de la Société de médecine mentale de Belgique, 1894)
Restif de La Bretonne, qui était quelque peu un fétichiste de souliers, paraît avoir eu du plaisir à l'odeur des souliers. Il n'est pas probable que l'odeur du cuir explique entièrement ces faits. 
Nous verrons cela dans une autre de ces Études, où cette question sera examinée. Pour plusieurs cas on peut dire que l'odeur du cuir ne compte même pour rien du tout. Pourtant cette odeur en demeure un des facteurs. Cette conclusion est encore appuyée par le fait que plusieurs personnes désirent parfois l'odeur de souliers neufs comme un auxiliaire du coït. Il ressort de l'expérience des prostituées qu'un tel expédient n'est pas rare. 
Nacke rapporte qu'un de ses collègues recut l'information d'une prostituée qu'elle avait plusieurs clients qui désiraient avoir l'odeur de souliers neufs dans la chambre, et qu'elle avait l'habitude d'obtenir le parfum désiré en tenant ses souliers un moment sur la flamme d'une lampe à alcool. 
Mais l'influence sexuelle directe de l'odeur du cuir est plus nette dans les cas où elle existe indépendamment des souliers ou d'autres objets qui ont un rapport quelconque avec le corps humain. 
J'ai décrit ailleurs dans ces Études ( Dans L'lmpusion sexuelle.) le cas d'une dame, entièrement normale sous les rapports sexuels et autres, qui a la conscience d'un degré considérable d'excitation sexuelle agréable en présence de l'odeur d'objets en cuir, et plus spécialement de registres reliés en cuir, ou dans des boutiques où se vendent des objets en cuir. Elle pense que cette influence date d'une période où, ayant neuf ans, elle restait parfois seule pendant quelque temps sur un haut tabouret dans un bureau Dans ce cas, il y a une explication : on peut supposer que, dans une de ces occasions, l'excitation sexuelle fut produite par le contact avec le tabouret (d'une manière qui n'est pas rare chez les jeunes filles) et que l'odeur du cuir, qui ne fut qu'une association accidentelle, affecta le système nerveux d'une manière permanente, tandis que le contact réellement important ne laissait aucune impression permanente. Même avec cette supposition, on pourrait néanmoins maintenir qu'il y a dans ce cas un exemple de la puissance réelle de l'odeur du cuir, et cela ressort aussi du fait que le même sujet est sexuellement affecté par plusieurs parfums et fleurs odorantes qui ne rappellent pas le cuir 
(Philip Salmuth, Observationes medicæ. Centuria II, n° 63, a rapporté, au XVII° siècle, le cas d'une jeune fille de famille noble qui éprouvait un plaisir extrême à l'odeur de vieux livres. Elle avait une sÏur qui aimait manger de la craie, de la cannelle et des clous de girofle. Mais il semble que, dans ce cas, la fascination ne résidait pas autant dans l'odeur du cuir que dans l'odeur moisie des livres rongés par les vers. FÏtore veterum librorum, a blattis et tineis exesorum situque prorsus corruptorum, dit Salmuth (N. D. A.)).
Une dame m'a communiqué son opinion que l'odeur du cuir rappelle celle des organes sexuels. La même idée est exprimée par Hagen (Sexuelle Osphresiologie, p. 106) et je trouve chez Gould et Pyle l'affirmation que des jeunes filles émettent parfois l'odeur du cuir pendant la menstruation. 
Peut-être le secret de l'influence du cuir n'est-il donc pas tout à fait obscur. Le fait que le cuir est de la peau animale, et qu'il peut ainsi vaguement affecter les sensibilités olfactives qui chez nos ancêtres avaient été affectées par le stimulus sexuel de l'odeur de la peau, constitue probablement la clé du mystère. 
Les sensations olfactives conservent même très souvent un caractère voluptueux en l'absence de toute idée d'odeurs personnelles ou animales, c'est-à-dire dans les formes les plus exquises de ces sensations, dans le parfum des fleurs.
Mantegazza a remarqué que c'est une preuve d'un rapport intime entre le sens de l'odorat et les organes sexuels que l'expression du plaisir produit par l'olfaction ressemble à l'expression du plaisir sexuel (Mantegazza, Fisiologia del l'Amore, p 176)
Cet auteur ajoute : « Faites sentir par la femme la plus chaste ses fleurs de prédilection, et elle fermera les yeux, respirera profondément, et si elle est très sensible, elle tremblera de tout son corps, présentant ainsi un état intime qu'elle ne montrera jamais dans d'autres circonstances, sauf, peut-être, à son amant. » 
Mantegazza mentionne une dame qui disait : « J'éprouve parfois un tel plaisir en sentant des fleurs que je suis comme si je commettais un péché.
 ( C'est ici la place de citer la remarque de l'auteur d'une étude très réfléchie dans le Journal of Psychological medicine, 1851: « L'emploi des parfums, surtout de ceux alliés au musc, est une volupté des femmes et certaines constitutions ne peuvent pas s'y adonner sans quelque danger pour la moralité, à cause de l'excitation des ovaires qui en résulte. Bien que l'action aphrodisiaque des parfums soit moins forte sur le système sexuel des femmes que sur celui des hommes, nous avons des raisons de penser que la plupart des gens ne peuvent les employer impunément avec excès. » (N. D. A.) ». 
Il est en effet vrai que, chez nombre de personnes, le plus souvent sinon exclusivement chez des femmes, l'odeur des fleurs ne produit pas seulement un effet très agréable, mais distinctement et spécifiquement sexuel. J'ai rencontré des cas nombreux où cet effet était bien visible. Ce sont le plus souvent des fleurs blanches avec des odeurs lourdes et pénétrantes qui exercent cette influence. 
Une dame par exemple, qui est également affectée par plusieurs parfums, myosotis ylang-ylang. etc., constate que certaines fleurs produisent sur elle un effet sexuel défini, avec humectation des pudenda. Cet effet est surtout produit par des fleurs blanches, comme le gardénia, la tubéreuse, etc. Une autre dame, qui habite l'lnde, a fait des expériences semblables avec les fleurs. Elle écrit : « Pour causer chez moi une excitation sexuelle, une odeur doit être un peu lourde et pénétrante. Presque toutes les fleurs blanches m'affectent de cette manière, et plusieurs fleurs de l'lnde avec des odeurs lourdes et presque cuisantes. Les odeurs de fleurs ne sont jamais associées pour moi avec aucun individu. Les tubéreuses, les muguets et les frangipanes ont sur moi un effet presque enivrant. Les violettes, les roses, les résédas, et plusieurs autres dont l'odeur est délicieuse, ne me donnent aucune sensation sexuelle. Pour cette raison, je ne peux pas accepter l'expression du poète : "Les lis et langueurs de vertu, les roses et les ravissements du vice."Le lis me semble une fleur très sensuelle, tandis que la rose et son odeur me semblent très bonnes, provinciales et vertueuses. 
La description de Shelley du muguet, « que la jeunesse rend si joli et que la passion rend si pâle », coïncide beaucoup plus avec mes idées. Je peux très bien comprendre quc du cuir, et surtout le cuir des reliures de livres, peut exercer une influence excitante, car son odeur possède cette qualité pénétrante, mais je ne crois pas que le cuir produise une sensation spéciale quelconque chez moi. »
Ce caractère plus sensuel des fleurs blanches est assez évident pour nombre de personnes qui n'en éprouvent pas d'effet spécifiquement sexuel. Pour certaines gens, les lis ont une odeur qu'ils décrivent comme sexuelle, bien que ces gens ignorent souvent que des auteurs hindous ont dit, il y a longtemps déjà, que la sécrétion vulvaire de la Padmini ou femme parfaite, pendant le coït, « est parfumée comme le lis qui vient d'éclore (Kama Sutra de Vatsyayana, 1883, p. 5. Comparez les remarques de Huysmans, La Cathédrale, p. 284, sur l'odeur aphrodisiaque du lis (N. D. A.)». 
Il faut ajouter que Cloquet a noté, il y a longtemps, que les fleurs blanches, les lis, les tubéreuses, etc., sont susceptibles de causer plusieurs effets nerveux désagréables, l'oppression cardiaque et la syncope (Cloquet, Osphrésiologie, p. 95). Lorsque nous considérons les odeurs agréables des fleurs, on pourrait s'imaginer que nous sommes loin du terrain sexuel humain, et que les effets sexuels de ces fleurs sont inexplicables. Cela serait erroné. Nous avons déjà vu que les odeurs animales et végétales sont très étroitement liées. On connaît un grand nombre de cas d'individus humains qui ont exhalé de leur peau, et parfois à un degré considérable, des odeurs de plantes et de fleurs, de violettes, de roses, d'ananas ou de vanille. 
D'autre part, il y a plusieurs odeurs de plantes qui rappellent, non seulement l'odeur générale du corps humain, mais même les odeurs sexuelles spécifiques. Une mauvaise herbe, plutôt rare, une espèce d'ausérine (Chenopodiuln vulvaria), possède une odeur de hareng ou de poisson putride, qui paraît provenir de la propylamine, substance qu'on rencontre aussi dans les fleurs de l'aubépine (Cratoegus oxyacanta) et de plusieurs autres rosacées. Cette odeur rappelle celle des régions sexuelles animales et humaines 
(On dit qu'en Normandie le Chenopodium est appele « conio », et en Italie « erba connina » (con, cunnus), à cause de l'odeur vulvaire. Dans la Seine-lnférieure, on dit à une Jeune fille qui a une forte odeur: « Tu sens le conio » t. V, P. 392. On a remarqué que cette plante attire les chiens. De la même manière les chats sont irrésistiblement attirés vers les préparations de valériane parce que leur propre urine contient de l'acide valérianique (N.D. A.)).
Ces faits s'expliquent par l'affinité chimique des odeurs animales et végétales, qui appartiennent au même groupe des odeurs caprines, les odores hircini de Linné. 
Le nom de ce groupe est dérivé du bouc, et c'est le groupe d'odeurs le plus important d'un point de vue sexuel. On rencontre l'acide caproïque et capryle non seulement dans l'odeur du bouc et dans celle de la sueur humaine, ainsi que dans des produits animaux comme dans plusieurs espèces de fromages, mais aussi chez différentes plantes, comme Geranium robertianum, Hypericum hircinum et le Chenopodium déjà nommé.
Zwaardemaker considère que l'odeur du vagin appartient probablement au même groupe, ainsi que l'odeur du sperme, que Haller appela odor aphrodisiacus. Cette dernière odeur est aussi présente dans les fleurs de l'épine-vinette (Berberis vulgaris) et dans les marrons, comme Cloquet l'a démontré 
(Mais Haller a été probablement le premier auteur scientifique qui ait remarqué que l'odeur des marrons et celle des bulbes de certaines orchidées et du pollen ou des racines de plusieurs plantes, ressemble à celle du semen Haller, Elementa Physiologica, t. Vll, 1778, p. 519. - Bloch, Sexual life of our times, p. 626, remarque que certaines femmes sont excitées sexuellement par l'odeur des fleurs du marronnier (N. D. A.))
Il semble qu'on trouve un exemple très remarquable et très important de la même odeur dans les fleurs du henné (Lawsonia inermis), plante qui est d'un usage très répandu dans les pays musulmans pour colorer les ongles et d'autres parties du corps. 
Ses fleurs diffusent l'odeur la plus suave, disait Sonnini en Égypte il y a un siècle, et les femmes se plaisent beaucoup à les porter, à en orner leurs maisons, à en emporter aux bains, et à en parfumer leurs seins Elles ne peuvent pas admettre que des femmes chrétiennes et juives partagent avec elles ce privilège. Il est très remarquable que l'odeur des fleurs de henné, lorsqu'on l'aspire bien, se perd presque tout à fait dans une odeur très décidée de sperme. Si on écrase les fleurs entre les doigts, cette odeur prévaut et est, en effet, la seule odeur perceptible. Il n'est pas étonnant qu'une fleur tellement délicieuse ait fourni à la poésie orientale plusieurs traits charmants et plusieurs similitudes amoureuses 
(Sonnini, Voyage dans la haute et la basse Égypte 1799, t. 1, p. 298, trouve une telle similitude dans le Cantique des Cantiques, I, 13-14 (N. D. A.)).
L'odeur du sperme n'a pas été étudiée, mais, d'après Zwaardemaker, certaines odeurs artificiellement produites, comme la cadavérine, y ressemblent.
Un botaniste de mes amis considère que l'odeur du fenugrec, une plante légumineuse, s'approche beaucoup de celle qu'émet parfois l'aisselle des femmes. Il faut ajouter que le fenugrec contient de la cumarine, la substance qui communique son odeur suave au foin fraîchement fauché et à plusieurs fleurs d'une odeur quelque peu semblable. Ces odeurs ont une influence sexuellement excitante sur certaines personnes, et il est d'un très grand intérêt d'observer que chez plusieurs personnes ces odeurs rappellent celle du sperme. 
« Il semble très naturel, écrit une dame, que les fleurs, etc., aient un effet excitant, car la manière originelle et de loin la plus agréable de courtisation était au grand air, parmi les fleurs des champs. Mais peut-être y a-t-il une raison plus purement physique dans la ressemblance exacte entre l'odeur du semen et celle du pollen des graminées. La première fois que je m'aperçus de cette ressemblance, l'idée me vint à l'esprit qu'ici se trouvait l'explication de l'effet très excitant d'un pré couvert d'herbes en floraison et, peut-être par là, des odeurs des autres fleurs. Si j'ai raison, je suppose que les odeurs des fleurs doivent avoir un effet sexuel plus puissant sur les femmes que sur les hommes. Je ne crois pas qu'on serait capable de s'apercevoir de l'odeur de sperme dans ce cas sans avoir été frappé par les effets excitants du pollen des graminées. Je m'en étais souvent aperçue et j'avais beaucoup réfléchi là-dessus. »
Comme le pollen est l'élément sexuel mâle des fleurs, son effet stimulant occasionnel dans cette direction n'est peut-être qu'un résultat accidentel d'une unité qui parcourt le monde organique ; mais peut-être est-il plus simple de l'expliquer comme une forme spéciale de l'irritation nasale, que tant de personnes éprouvent dans un champ où l'on fait les foins. 
Un autre correspondant, cette fois un homme, m'informe qu'il a observé la ressemblance de l'odeur du semen avec celle de graminées écrasées. 
Un ami, qui a fait beaucoup de recherches en chimie organique, compare l'odeur du semen à celle qui est produite par l'action diastasique lorsqu'on mélange de la farine avec de l'eau, odeur qu'il considère comme d'un caractère sexuel. Cela nous amène aux produits amylacés des plantes légumineuses. 
Tout subtils et obscurs que demeurent plusieurs problèmes de la physiologie et de la psychologie de l'olfaction, il est évident que nous n'échapperons pas facilement aux aspects sexuels de ces problèmes.
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Éditique : Dr Lucien Mias  - 22 juin 2009
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