Retour au Grenier à texte
images/bandelogo9k.gif
 Havelock Ellis - Études de psychologie sexuelle
Éd. Mercure de France 1964 (1°éd. 1935) - Huit volumes
 L'odorat

L'odorat chapitre I - L'odorat - chapitre II  . - L'odorat - chapitre III . - L'odorat - chapitre IV  . 
- L'odorat - chapitre V et VI  

Tome II - Chapitre III  images/logoPdf8k.jpg30  pages
Les notes de bas de page ont été incluses dans le texte. 
NDA = note de l'auteur en 1935 ; NDÉ : note de l'éditeur en 1964
« Les odeurs corporelles spécifiques de diflérents peuples. Le noir, etc. L'Européen. - La faculté de distinguer les individus par l'odeur. L'odeur de sainteté. L'odeur de la mort. Les odeurs des diflérentes parties du corps. - L'apparition d'odeurs spécifiques à l'époque de la puberté. Les odeurs de l'excitation sexuelle. Les odeurs de la menstruation. Les odeurs corporelles comme caractère sexuel secondaire. - La coutume de la salutation par le nez. Le baiser. La sélection sexuelle par l'odorat. La prétendue relation entre la dimenslon du nez et la vigueur sexuelle. - Le rapport probablement intime entre les sphères olfactives et génitales. Les influences reflexes du nez. Les influences réflexes de la sphère génitale. - Les hallucinations olfactives dans l'aliénation mentale en rapport avec les conditions sexuelles. - Le type olfactif. Le sens de l'odorat dans la neurasthénie et dans les états similaires. Chez certains poètes et romanciers. - Le fétichisme olfactif. Le rôle que joue l'olfaction dans l'attraction sexuelle normale. En Orient, etc. Dans l'Europe moderne. - L'odeur de l'aisselle et ses variations. Cette odeur comme stimulus sexuel général. Les odeurs corporelles tendent à causer ntipathie sexuelle sauf si une condition de tumescence existe dejà. - La question si les hommes ou bien les femmes sont plus susceptibles de ressentir les influences olfactives. Les femmes sont d'habitude plus attentives aux odeurs. - L'intérêt spécial qu'éprouvent pour les leurs les invertis sexuels.
En abordant l'aspect sexuel spécifique de l'odeur dans l'espèce humaille, nous pouvons partir du fait fondamental que tous les hommes et toutes les femmes répandent une odeur. Ce fait, nous nous efforcons de le déguiser autant que possible dans nos rapports sociaux ordinaires, mais il n'en existe pas moins chez toutes les races. 
L'odeur pénétrante de certains nègres (mais non pas de tous les noirs) est assez connue. Cette odeur ne provient pas de la malpropreté et Joest remarque qu'elle augmente même par la propreté, car alors les pores de la peau sont ouverts 
( Ainsi, Trémollières rapporte que, chez les Mayas du Mexique, les femmes sont agréables et assez belles, et se baignent fréquemment, mais émettent une odeur génitale beaucoup plus forte que les femmes du Yagni plus primitives, qni se lavent rarement (N. D. A.))
D'après Sir H. Johnston, cette odeur est la plus forte aux aisselles et elle est plus forte chez les hommes que chez les femmes. 
Pruner Bey appelle ces odeurs  "ammoniacales et rances, comme l'odeur d'un bouc". L'odeur ne varie pas seulement suivant les individus, mais aussi. suivant la tribu. 
Castellani affirme que les négresses du Congo n'ont qu'un faible "goût de noisette", qui est plutôt agréable. 
Les femmes des Mombuttu, dit Parke, possèdent un fort parfum de gorgonzola, et Emin Pacha raconta dit Parke qu'il pouvait distinguer les membres des différentes tribus par leurs odeurs caractéristiques. 
De la même manière, les Nicobarais peuvent distinguer dit Man un membre de chacune des six tribus de l'archipel, par l'odeur. 
L'odeur des Australiens est moins forte que celle des autres noirs, et on l'a décrite comme une odeur phosphorique. 
Les indigènes de l'Amérique du Sud, dit d'Orbigny, ont une odeur plus forte que les Européens, mais moins forte que la plupart des noirs. Cette odeur est rencontrée aussi, affirme Latham, chez ceux qui se baignent constamment, comme les Araucanais. 
Les chinois ont une odeur de musc. L'odeur de plusieurs peuples est comparée à celle de l'ail 
(R. Andree, Vaelkergeruch Ethnographische Parallelen, nouvelle serie, 1889, pp. 213-222, réunit plusieurs passages où sont décrites les odeurs de différents peuples,Hagen, Sexuelle Ophressiologie, pp. 166 sq, consacre un chapitre à ce sujet.Joest, dans le supplément au International Archiv für Ethnographie, 1893, p 53, a un passage intéressant sur l'odeur de diffërentes races. Cf. aussi Waitz, Introduction to Anthropology, p. 103, Sir H. H. Johnston British Central Africa, p 395 ; T.-H. Parke, Experiences in Equatorial Africa, p 409 ; E.-H, Man, Journal of the Anthropological Institute, 1889, p. 391; Brough Smyth, Aborigines of Victoria, p. 7 ; d Orbigny, L'Homme americain, t. 1, p. 87)
Charles de Varigny raconte qu'un insulaire du Pacifique, en arrivant à Sydney et en voyant les dames se promener dans la rue sans rien faire, exprima beaucoup d'étonnement et ajouta, avec un geste de mepris : "Et elles n'ont aucune odeur ! ".
Pourtant il n'est pas vrai que les Européens soient sans odeur. Ils sont même beaucoup plus odorants que maintes autre race, par exemple les Japonais, et il y a sans doute quelque rapport entre le développement accentué du système pileux des Européens et leur odeur prononcée (si l'on en croit les non-Européens). 
Un anthropologiste japonais, M. Adachi, a publié une étude intéressante sur l'odeur des Européens (B. Adachi, Geruch def Europäer, Globus, 1903, n° 1), qu'il appelle forte et piquante, parfois douce, parfois amère, de force variable chez les différents individus, absente chez les enfants et les personnes âgées, et ayant son foyer principal dans les aisselles qui, quelque soigneusement qu'on les lave, redeviennent immédiatement odorantes. Adachi a constaté que les glandes sudoripares sont plus grandes chez les Européens que chez les Japonais. Chez ces derniers une forte odeur personnelle est à tel point rare que la  "puanteur d`aisselle" est une cause d'incapacité à servir dans l'armée japonaise. Sans doute, il est vrai que la race blanche a moins forte odeur que la plupart des peuples noirs. 
L'odeur semble être corrélative, à un certain degré, avec l'intensité de la pigmentation, ainsi qu'avec la pilosité. Mais les Européens les plus scrupuleusement propres ont toujours une odeur. 
Guimbeau apprit par des femmes hindoues et hovas que les Européens ont une odeur de cadavre, qui rendait les rapports intimes difficiles, même lorsque les hommes étaient, à part cela, séduisants. Un jeune voyageur chinois, très instruit, raconta à Bérillon que les Français ont une odeur vineuse et acide. On prétend aussi que les Anglais possèdent une odeur spécifique, qui réside longtemps dans les chambres qu'ils ont occupées. (Bérillon, Psychologie de l'olfaction, Revue de l'Hypnotisme, avril 1909).
Ces faits ne sont pas toujours sensibles pour les narines humaines, sauf en contact intime, mais ils sont bien familiers aux chiens, qui reconnaissent leurs maîtres à l'odeur. 
Lorsque Huc parcourut le Tibet, déguisé en Chinois, les indigènes ne firent pas attention à lui, mais les chiens reconnurent en lui un étranger et se mirent à aboyer à son approche. Maint Chinois peut dire à l'odeur qu'un Européen a été dans une chambre (Hagen cite des témoignages à cet effet, Sexuelle Ophresiologie, p. 173. Le noir, dit Castellani, considère que l'Européen a une odeur de mort (N. D. A.))
Certains Européens aussi peuvent reconnaitre et distinguer leurs amis à l'odeur. On a cité le cas d'un homme qui, les yeux bandés, pouvait reconnaître des personnes qu'il connaissait, à une distance de plusieurs pas, au moment où elles entraient dans la chambre. 
Une femme sourde-muette et aveugle du Massachusetts connaissait tous ses amis à l'odeur ; elle était capable d'assortir du linge venant de la blanchisserie, par la seule odeur. 
On a vu des gouvernantes qui, les yeux bandés, reconnurent les vêtements de leurs pupilles par l'odeur. Je connais moi-même un tel cas. On appelle généralement une odeur pareille  "agréable", mais on ne rencontre pratiquement personne qui soit capable de la distinguer avec une précision suffisante pour s'en servir comme d'une méthode de reconnaissance. 
Il paraît que cette aptitude est mieux développée chez certaines races. Le Dr C. S. Myers rapporte que son domestique malais à Sarawak assortissait le linge propre d'après l'odeur des personnes auxquelles ce linge appartenait (Reports of the Cambridge Anthropological Expedition, II, p. 181). La même chose est racontée au sujet des domestiques chinois, des Australiens et des Tagals des Philippines (Waitz, Introduction to Anthropology, p. 103).
Bien que l'odeur individuelle distinctive de la plupart des personnes ne soit pas assez prooncée pour être généralement perceptible, il y a des cas où elle devient plus distincte pour toutes les narines. Le cas le plus fameux de cette espèce est celui d'Alexandre le Grand qui, d'après Plutarque, exhalait une odeur si suave que ses tuniques étaient imprégnées d'un parfum aromatique (Convivalium Disputationes, lib. 1, question 6). 
On dit que Malherbe, Cujas et Haller répandaient une odeur de musc. 
L'odeur agréable de Walt Whitman a été remarquée par Kennedy et par d'autres. 
Le parfum exhalé par plusieurs saints et saintes, si fréquemment mentionné par les auteurs anciens (Ils sont examinés par Garres dans le second volume de sa Christliche Mystik (N. D. A.)), et qui est entré dans la phraséologie courante comme une « odeur de sainteté » purement métaphorique, provenait sans doute de conditions nerveuses anormales, comme Hammond l'a fait ressortir le premier. 
Il est bien connu que ces conditions nerveuses affectent l'odeur, et dans l'aliénation mentale, par exemple, on note la présence d'odeurs corporelles, qu'on a même parfois considérées d'importance diagnostique 
( J.B. Friedreich, Allgemeine Diagnostik der Psychischen Krankeiten, seconde édition, 1832, pp. 9-10, cite des passages de différents auteurs sur ce point, qu'il accepte. Plusieurs auteurs de date plus récente ont fait des observations concordantes (N. D. A.))
On a observé l'odeur de sainteté surtout à la mort, et on l'a sans doute confondue avec l'odor mortis, qui précède fréquemment la mort et qui souvent est regardée comme une indication presque certaine que la mort est proche
(Dans le British medical Journal, mai et juin 1898, on trouve des lettres de plusieurs correspondants à ce sujet. Un de ces correspondants, le docteur Tuckey, de Tywardwreath, en Cornouailles, mentionne qu'il a souvent vu, en Cornouailles, des corbeaux voler au-dessus des maisons où se trouvait un moribond. Évidemment, ces oiseaux étaient attirés par une odeur caractéristique (N. D. A.))
D'après Georges Dumas, l'odeur de sainteté provient parfois d'acétones, et peut résulter du diabète. Lorsqu'elle est produite par métabolisme ralenti et résulte dans la formation d'éther butyrique, la formule de cette odeur devient C6 H12 02. 
Lapicque parle de momies qui répandent une odeur d'aubépine, et ce fait peut aider à expliquer les huiles de parfum suave qu'on distilla des saints morts. (Dumas, Journal de Psychologie, septembre-octobre 1909. et L'Odeur de sainteté, Revue de Paris, 6 décembre 1909).
Il faut d'autre part ne pas perdre de vue que si toute personne possède, pour un nez sensible, une odeur distincte, il faut regarder cette odeur soit comme une des multiples émanations émises par le corps, ou bien comme une combinaison de deux ou de plusieurs de ces émanations. En réalité, le corps émet un grand nombre d'odeurs différentes. Les plus importantes sont : 
1° l'odeur générale de la peau, un parfum faible mais gréable, qu'on constate souvent sur la peau même immédiatement après s'être lavé ; 
2° l'odeur des cheveux et du cuir chevelu ; 
3° l'odeur de l'haleine ; 
4° l'odeur des aisselles ; 
5° l'odeur des pieds ; 
6° l'odeur périnéale ; 
7° chez les hommes, l'odeur du smegma prépucial;
8° chez les femmes, l'odeur du mons veneris, celle du smegma vulvaire, celle du mucus vaginal, et l'odeur menstruelle. 
Ce sont toutes des odeurs qu'on peut découvrir ordinairement chez des personnes saines et propres, dans des conditions normales, bien que ce soient parfois des odeurs très faibles. Il n'est pas nécessaire de tenir compte ici des odeurs spéciales des différentes sécrétions et excrétions (Monin, Les Odeurs du corps hL'main, 2e édition, Paris, 1886, examine d'une manière brève, mais compréhensive, les odeurs normales et plus spécialement les odeurs pathologiques du corps, de ses sécrétions et excrétions (N. D. A.)). 
C'est un fait significatif, tant pour les rapports sexuels ancestraux des odeurs corporelles que pour leurs associations sexuelles d'aujourd'hui, qu'elles ne revêtent leur caractère adulte qu'à l'époque de la puberté. Il y a déjà des siècles que Hippocrate avait noté ce fait. L'enfant, l'adulte, la personne âgée ont chacun leurs odeurs particulières, et, dit Monin, il serait possible, dans certaines limites, de découvrir l'âge d'une personne par son odeur. 
Jory a démontré, en 1832, que chez les jeunes filles l'apparition d'une odeur spécifique des excréments annonce l'établissement de la puberté, et Kaan a remarqué, dans sa Psychopathia sexualis, qu'à l'époque de la puberté "la sueur émet une odeur plus âcre, qui ressemble au musc". 
Chez les deux sexes, la puberté, l'adolescence, l'âge viril et l'âge de femme sont caractérisés par un développement graduel de l'odeur adulte de la peau et des excréments, concordant avec les développements sexuels secondaires des cheveux et du pigment. 
Venturi a appelé l'odeur du corps, non sans raison, un caractère sexuel secondaire (Venturi, Degenerazione Psichossesuale)
Il faut ajouter que certaines de ces odeurs ont une tendance à être liées exagérément avec l'émotion sexuelle et d'autres états émotionnels, comme c'est le cas avec le pigment en plusieurs parties du corps de la femme.
On dit que l'odeur d'un enfant est celle de l'acide butyrique, tandis que l'odeur des gens agés ressemble à celle des feuilles mortes. 
Les jeunes hommes continents ont, d'après plusieurs auteurs anciens, une odeur plus forte que ceux qui ne sont pas chastes. Certains auteurs ont appelé les exhalations de la peau à de telles époques une "odeur séminale", odeur rappelant celle des animaux en rut, odeur qui ressemble faiblement à celle du bouc, dit Venturi.
Les femmes peuvent témoigner que l'homme émet très souvent, sinon normalement, une odeur pendant l'excitation sexuelle. D'après la description générale, cette odeur procède de la peau, de l'haleine ou de toutes les deux. 
Grimaldi affirme que c'est une odeur comme celle de beurre ranci, d'autres la comparent au chloroforme. On dit que cette odeur est parfois perceptible à une distance de plusieurs pieds et qu'elle dure plusieurs heures après le coït (On trouve plusieurs documents chez Gould et Pyle Anomalies and Curiosities of medicine, chapitre sur les odeurs)
On affirme que saint Philippe de Neri avait la faculté de reconnaître un homme chaste d'après son odeur (Voir sa vie par son ami Gallonius, chap. IV). Souvent il découvrit la nature non chaste des pénitents avant leur confession. L'odeur de l'impudicité lui était si désagréable qu'il était contraint de tenir sa main ou son mouchoir devant le nez, faisant poliment son possible pour déguiser cette répulsion. On raconte des choses identiques de plusieurs autres saints.
Pendant la menstruation, les jeunes filles et les jeunes femmes émettent souvent une odeur tout à fait distincte de celle du fluide menstruel. Cette odeur est surtout observée dans l'haleine et fait penser au chloroforme ou à la violette. 
Pouchet (Confirmé par Raciborski, Traité de la mensution, 1868, p. 74) a affirmé qu'à peu près un jour avant le début de la menstruation est émise une odeur caractéristique. 
On dit aussi que des jeunes filles émettent parfois une odeur de cuir pendant leurs périodes. 
Aubert, de Lyon (cité par Galopin). décrit l'odeur de la peau d'une femme pendant la menstruation comme un arôme agréable d'un parfum acidulé ou analogue au chloroforme. 
Certains auteurs disent que cette odeur provient spécialement des aisselles. Sandras (cité par Raciborski) connaissait une dame qui pouvait toujours dire, par une sensation de faiblesse et de malaise, provenant apparemment d'une sensation olfactive, si elle rencontrait une femme qui avait ses règles. 
Je connais un homme possédant des sympathies et des antipathies olfactives très prononcées qui découvre la présence de la menstruation par l'odorat. 
On prétend que Hortense Baré, qui accompagnait son amant, le botaniste Commerson, dans le Pacifique, fut reconnue par les indigènes pour une femme au moyen de l'odorat.
Comme les hommes, les femmes aussi émettent fréquemment une odeur pendant le coït ou au cours d'une forte excitation sexuelle. Cette odeur peut différer complètement de celle que la femme émet normalement ; elle peut avoir un caractère hircin ou acide, et être suffisamment forte pour persister dans une chambre pendant une période considérable. Plusieurs auteurs médicaux anciens ( Cités par Schurigius, Parthenologia, p. 286) ont décrit l'odeur de chèvre produite par l'émotion sexuelle, surtout chez les femmes. Ils considéraient cette odeur comme particulièrement perceptible chez les prostituées et les jeunes mariées ; parfois ils regardaient cette odeur comme une preuve sûre de défloration.
On a raconté le cas d'une femme qui émit une odeur de rose pendant deux jours après le coït (Mc Bride, cité par Kiernan. dans un résume intéressant : Odor in pathology, Doctor's Magazine, décembre 1900)
Il y avait à Prague un moine qui pouvait reconnaître à l'odeur la chasteté des femmes qui l'approchaient. On ajoute que ce moine était en train de composer une théorie nouvelle des odeurs lorsqu'il mourut. (Journal d 'Angleterre, cité par Journal des Savants, 1684, p 39.)
Gustave Klein ( Cité par Adler, Die Mangelhafte Geschlechtsempfindungen des Weibes, p. 25) explique que la fonction spéciale des glandes à l'orifice vulvaire les glanduli vestibulares majores est d'émettre une sécrétion odorante, qui agit comme une attraction pour le mâle. Mais ce reste de la périodicité sexuelle ne joue plus de rôle important dans l'espèce humaine. La sécrétion vulvaire a cependant une odeur plus aromatique que la sécrétion vaginale, avec son odeur muqueuse simple, qui est très nettement observée pendant la parturition.
Nous savons fort peu sur les odeurs sexuelles chez les femmes des peuples primitifs. 
Ploss et Bartels (Ploss et Bartels, Das weib, 1901, p. 218), ne peuvent fournir qu'une information sur les femmes néo-calédoniennes qui, d'après Moncelon, émettent pendant le coït une forte odeur tant qu'elles sont jeunes et ardentes. Aucune ablution n'enlève cette odeur. Dans des conditions anormales d'excitation sexuelle, cette odeur peut persister et, d'après une ancienne observation, une nymphomaniaque, dont les périodes d'excitation sexuelle duraient pendant le printemps tout entier, émettait à cette époque une odeur de chèvre. 
On a prétendu (G. Tourdes, article «Aphrodisie», Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales) qu'un tempérament érotique est caractérisé par une odeur spéciale.
Si les odeurs corporelles ont une tendance à se développer à la puberté et à se maintenir pendant la vie sexuelle surtout en relation avec les conditions de désordre sexuel, et à diminuer pendant la vieillesse, devenant ainsi une sorte de caractère sexuel secondaire, nous pouvons nous attendre à les trouver moins marquées dans les cas où les caractères sexuels primaires sont moins prononcés. Il est possible que cela soit vrai. 
Roubaud (Traité de l'impuissance, cité par Hagen, Sexuelle Osphresiologie) affirme que l'odeur corporelle des individus castrés diffère de celle des personnes normales. 
Burdach avait déjà observé que l'odeur d'un eunuque est moins forte que celle d'un homme normal. Il est donc possible que le développement sexuel incomplet tende à s'associer à un déficit olfactif correspondant. 
Heschl (Cité par Féré, L'Instinct sexuel, 1902, p. 133) a rapporté un cas où l'absence des deux nerfs olfact.fs coincidait avec un développement défectueux des organes sexuels. Féré remarque que les individus impuissants font preuve de dégoût pour les odeurs sexuelles. 
Le Dr Kiernan m'informe qu'il a observé, chez des femmes après l'ophorectomie, une diminution du sens olfactif (ou au contraire un renforcement). Ces problèmes attendent encore des observations plus attentives et plus prolongées. 
On trouve une transition importante des phénomènes de l'odeur personnelle à ceux de l'attraction sexuelle par l'odeur personnelle dans le fait que, chez des peuples qui habitent une grande partie de la surface du monde, la salutation ordinaire entre les amis est de se flairer mutuellement. Sous une forme ou une autre, on rencontre cette méthode de se saluer en appliquant le nez sur le nez, la figure ou la main d'un ami, dans une grande partie du Pacifique, chez les Papous, les Esquimaux, les tribus des Nilghirris de l'Inde, en Afrique et ailleurs ( H. Ling Roth, On salutations, Journal of the Anthropological Institute, novembre 1889)
D'après Lewin, on a coutume, chez une certaine tribu montagnarde de l'Inde, de flairer la joue d'un ami. "Dans leur langue, ils ne disent pas : embrasse-moi, mais ils disent : flaire-moi." 
Sur la Gambie, dit F. Moore, "lorsque les hommes saluent les femmes, au lieu de serrer leurs mains, ils portent ces mains à leur nez et ils en flairent deux fois le revers". 
Nous touchons ici à une reconnaissance très claire de la valeur émotionnelle de l'odeur personnelle, valeur qui est prédominante dans le monde entier. On peut dire, en effet, que la salutation sur une base olfactive est plus générale que la salutation sur une base tactile, sur laquelle repose la poignée de main européenne, tandis que chaque forme implique un des deux sens les plus intimes et les plus émotionnels. De sorte que le baiser est un développement qui procède autant de la base olfactive que de la base tactile (Voir : Appendice A, « L'Origine du baiser »), avec peut-être quelques éléments accessoires, et que le baiser est trop compliqué pour être regardé comme un phénomène d'origine purement tactile ou purement olfactive.
L'olfaction doit être rare comme facteur unique de la sélection sexuelle. On prétend que des princes asiatiques font parfois courir un certain nombre de femmes dans le jardin du sérail, jusqu'à ce qu'elles soient échauffées. Alors on apporte les vêtements de ces femmes au prince, qui en choisit une d'après son odeur (Voir un passage cité par J. Bloch. Beiträge sur Ætiologie der Psychopathia sexualis, t. II, p. 205). Dans ce cas, il y a une sélection sexuelle principalement par l'odeur.
L'efficacité exclusive du sens olfactif est rare, non autant parce que les impressions de ce sens sont inefficaces, mais parce que les odeurs personnelles agréables ne sont pas assez puissantes, et que l'organe olfactif est trop obtus pour permettre à l'odorat de prendre le pas sur la vue. Pourtant il est probable que, chez beaucoup de gens, certaines odeurs ont une tendance à être agréables, surtout si elles se rapportent à une personne saine et désirable sexuellement. Ces odeurs sont fortifiées par leur association avec la personne aimée, et parfois à un degré irrésistible ; et leur puissance augmente sans doute par le fait, déjà mentionné, que nombre d'odeurs, parmi lesquelles des odeurs corporelles, sont des stimuli nerveux.
Il est possible que les rapports sexuels des odeurs soient encore fortifiés par une tendance corrélative entre un fort développement de l'organe olfactif et un fort développement de l'appareil sexuel. L'association entre un grand nez et un grand organe mâle est une observation très ancienne, qui a été vérifiée quelquefois aux temps récents. Il y a normalement, à l'époque de la puberté, une grande augmentation du septum du nez, et il est très probable que les deux régions peuvent se développer sous une influence commune. La sympathie qui existe, comme nous verrons, entre les régions sexuelles et olfactives rend cette hypothèse vraisemblable. 
Les Romains croyaient fermement à un rapport entre un grand nez et un grand phallus. "Noscitur naso quanta sit hasta viro", dit Ovide. Cette opinion a prédominé, surtout en Italie, à travers le Moyen Age ; les physionomistes en tenaient compte et les femmes licencieuses (comme Jeanne de Naples) avaient l'habitude, à ce qu'il paraît, de s'en souvenir, quoique les déceptions fussent assez communes.
 (Voir les citations chez J.N. Mackenzie, Physiological and Pathological Relations between the nose and the sexual apparatus in man, Johns Hopkins Hospital Bulletin, n° 8, janvier 1898. - Hagen, Sexuelle Osphressiologie pp. 15-19). Une conviction semblable, qu'il y avait un rapport entre l'impulsion sexuelle chez les femmes et un long nez, était évidemment peu rare en Angleterre au XVI° siècle, car nous lisons chez Massinger - Emperor of the East acte II. scène 1-"Her nose, which by its length assures me Of storms at midnight if I fail to pay her The tribute she expects. " Son nez m'assure par sa longueur qu'il y aura tempête à minuit, si je manque à lui rendre les égards qu'elle attend." ) 
Encore actuellement, un proverbe de Venise exprime la conviction du rapport entre un grand nez et un grand membre sexuel. La probabilité qu'une telle association a tendance à prédominer en maint cas n'est pas seulement indiquée par la conviction de l'Antiquité, lorsqu'on observe ces choses avec une plus grande attention, mais par le témoignage de plusieurs observateurs modernes, quoiqu'il ne paraisse pas qu'une série quelconque d'observations exactes ait encore été faite : Bertillon constate (Article « Mariage », Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, p. 66) seulement que ses observations personnelles confirment l'idée courante. Il faut noter que Marro, dans son étude anthropologique consciencieuse des criminels (Marro, Caratteri dei delinquenti.), ne trouva aucune classe de criminels avec une plus grande proportion d'anomalies du nez et d'anomalies des organes génitaux que parmi les délinquants sexuels.
Quoi qu'il en soit, il est moins douteux qu'il existe un rapport très intime, tant chez l'homme que chez la femme, entre la membrane muqueuse olfactive du nez et l'appareil génital tout entier ; que ces deux régions offrent souvent l'aspect d'une action sympathique ; que les influences agissant sur la sphère génitale affecteront le nez, et que, probablement, des influences agissant sur le nez affectent parfois, par réflexion, la sphère génitale. 
La discussion de ces rapports serait déplacée ici, car les spécialistes ne s'accordent pas tout à fait sur ces matières. Quelques uns inclinent à regarder le rapport comme très intime, à tel point que chaque région serait sensible même aux faibles stimuli appliqués à l'autre région. D'autre part, plusieurs autorités nient entièrement l'existence de ce rapport. Il semble pourtant qu'il existe en effet, tout au moins chez un nombre considérable de gens, un tel rapport par réflexes. On a surtout observé que, dans plusieurs cas, la congestion du nez précède la menstruation.
Le saignement du nez a une tendance spéciale à se produire à l'époque de la puberté et pendant l'adolescence tandis que chez les femmes il peut avoir lieu pendant la menstruation. 
On a aussi découvert que des désordres du nez s'aggravent à ces périodes. Il a même été possible d'arrêter le saignement du nez, chez les hommes autant que chez les femmes, par l'application de glace aux régions sexuelles.
Chez les hommes comme chez les femmes, on a observé des cas où l'excitation sexuelle, soit par le coït, soit par la masturbation, fut suivie de saignement du nez. 
Stanley Hall (Adolescence, t. II, p. 19) cite un vieux proverbe qui déclare que les jeunes gens qui saignent du nez sont amoureux. Dans nombre de cas, l'excitation sexuelle est suivie de conditions faiblement congestives des passages nasaux et spécialement d'éternuements. Plusieurs auteurs ont mentionné ce phénomène. 
Je connais une dame chez laquelle le phénomène est assez constant (Mais il ne faut pas perdre de vue, en même temps, que Ie degré plus ou moins grand d'exposition à l'air froid impliqué par les rapports sexuels est en soi-même une cause de congestion nasale et d'éternuement (N. D. A.)).
Féré décrit le cas d'une dame, un sujet nerveux, qui commenca à éprouver des excitations sexuelles spontanées intenses peu de temps après son mariage et ces excitations étaient accompagnées d'une forte sécrétion du nez (Féré, Pathologie des émotions, p. 81). 
J.N. Mackenzie connaît plusieurs cas semblables, et il considère que l'expression populaire 'bride's cold' - rhume de mariée - indique que cet effet d'une forte excitation sexuelle est largement reconnu. 
Feu le professeur Hack, de Fribourg, a attiré en 1884, l'attention médicale générale sur le rapport intime entre le nez et les conditions d'hyperexcitabilité nerveuse dans différentes parties du corps, quoique ce rapport eût été reconnu pendant de nombreux siècles dans la littérature médicale.
Hack et ses disciples en ont sans doute exagéré l'importance et la signification (Sir Félix Semon, British medical Journal, 9 novembr). Plusieurs invesigateurs, qui ont récemment ajouté à notre connaissance, ont aussi indûment forcé leurs propres résultats, comme il arrive parfois aux enthousiastes. Prenant pour point de départ le fait que, chez les femmes, pendant la menstruation, l'examen du nez révèle un degré de congestion qui n'existe pas le reste du mois, Fliess (Die Beziehungen zwischen Nase und weiblichen Geschlechtsorganen, 1897)
Fliess est arrivé, à l'aide d'un nombre d'observations complexes et prolongées, à des conclusions qui ont certainement contribué à édifier notre connaissance de ce sujet obscur, si hasardeuses que puissent paraître ces conclusions sur certains points. Plus sceptique, Schiff (Wiener Klinische Wochenschrift, 1900, p. 58, résumé dans British Medical Journal, 16 février 1901) a confirmé quelques-unes des conclusions de Fliess, et dans un grand nombre de cas il a arrêté la menstruation douloureuse en enduisant de cocaïne les prétendus "endroits génitaux" dans le nez, toute possibilité de suggestion étant écartée. 
Ries, de Chicago, a eu tout autant de succès avec la méthode de Fliess (American Gynæcologie, t. III, n° 4, 1903). Benedikt (Wiener medizinische Wochenschrift, n° 8, 1901, résumé, dans Journal of medical Science, octobre 1901) fait ressortir que le nez n'est pas le seul organe qui se trouve en relation sympathique avec la sphère sexuelle, et il suppose que le mécanisme de la relation est impliqué dans le problème plus large de l'harmonie de croissance et de nutrition des différentes parties du corps. Sous ce rapport, il est probable que nous pouvons attacher une importance considérable à l'existence d'une espèce de tissu érectile dans le nez. Un exemple intéressant d'une influence par réflexes du nez affectant la sphère génitale a été décrit par le Dr E.S. Talbot, de Chicago : "Un homme de cinquante-six ans fut opéré, le ler septembre 1903, pour enlever le cartilage gauche du septum du nez, à cause d'une fracture traumatique datant de l'âge de seize ans. Ce n'est que depuis deux ans que des douleurs étaient ressenties ; dès lors une douleur continuelle se produisait à l'extrémité apicale de la fracture pendant les mois d'hiver. On se décida à l'opération, par crainte de complications plus sérieuses. L'endroit fut cocaïnisé. Aucune douleur ne fut éprouvée pendant l'opération, sauf en un endroit à la partie postérieure, près de la base du nez. Un choc profond du système général s'ensuivit. L'influence réflexe de la douleur sur les organes génitaux détermina un écoulement de semen qui continua pendant trois semaines. Le traitement de l'irritabilité motrice générale par le monobromate de camphre et par le conium, en consultation avec le Dr Kiernan arrêta l'écoulement. L'écoulement produisit une neurasthénie spinale. Les jambes et les pieds paraissaient lourds. L'érythromélalgie causa du malaise. Le patient marchait avec difliculté. Le sentiment de fatigue dans les pieds et dans les membres était encore perceptible quatre mois après l'opération, bien que la douleur fût beauicoup moindre". (Chicago Academy of Medicine, janvier 1904 et lettre privée).
A. G. Hobbs (Indiana medical Journal, octobre 1906) a décrit un cas où un passage nasal complètement obstrué fut une cause de priapisme. 
J.N. Mackenzie a réuni un grand nombre d'observations personnelles, ainsi que des citations intéressantes de la littérature médicale ancienne.
 (J.N. Mackenzie, The Pathologicai nasal reflex, New-York Medical Journal, 20 août 1887, et Physiological and Pathological Relations between the nose and he sexual apparatus of man Johns Hopkins Hospital Bulletin, 1 janvier 1898. Une quantité de cas ont été extraits ~ la littérature par G. Endriss, dans sa Dissertation inaugurale Die bisherigen Beobachtungen von physiologichen und pathologischen Beziehungen der oberen Luftwege und den Sexual organen part. Il. Wiïrzburg, 1892).
Le lien intime entre les centres sexuels et la région olfactive est très bien illustré par le fait que ce rapport primitif et ancien a une tendance à survivre dans l'aliénation mentale. Il est reconnu par nombre d'aliénistes que l'aliénation mentale d'un caractère sexuel est surtout apte à s'associer à des hallucinations de l'odorat. Plusieurs aliénistes éminents dans des pays différents soutiennent qu'il y a une tendance spéciale à l'association des hallucinations olfactives avec les manifestations sexuelles ; et, bien que certaines autorités aient exprimé des doutes à cet égard, les témoignages effectifs indiquent clairement une telle association. 
Les hallucinations de l'odorat sont relativement rares, comparées aux hallucinations de la vue ou de l'ouie ; elles sont plus générales chez les femmes que chez les hommes et fréquemment elles ont lieu à des périodes de dérangement sexuel, lors de l'adolescence, pendant les fièvres puerpérales, au retour d'âge, chez les femmes ayant des troubles aux ovaires, et chez les personnes âgées qui sont inquiétées de désirs sexuels ou de remords à cause de ces désirs. On a souvent observé que ces hallucinations étaient spécialement fréquentes dans des cas de masturbation excessive.
Krafft-Ebing, qui trouva que les hallucinations olfactives sont un phénomène commun dans des états sexuels différents, considère qu'elles dépendent directement de l'excitation sexuelle (Allgemeine Zeitschrift fur Psychiatrie, t XXXIV fasc. IV, 1877)
Connolly Norman (Journal of Mental Science, juillet 1899, p.53) croit à une association distincte et fréquente entre les hallucinations olfactives et les désordres sexuels. 
Savage a aussi remarqué l'association intime entre les désordres sexuels ou les changements dans les organes reproducteurs et les hallucinations autant de l'odorat que du toucher. Il a découvert que les hallucinations persistantes de l'odorat disparaissaient lorsqu'un ovaire malade était enlevé, quoique la patiente demeurât aliénée. Il considère que ces hallucinations de l'odorat sont liées aux perversions ( G.-H. Savage, Hallucinations of smell, dans Tuke, Dictionary of Psychological Medicine, et du même auteur le manuel Insanity and allied Neuroses)
Matusch ne trouve pas que les hallucinations olfactives soient communes au retour d'âge, mais il affirme que, lorsqu'elles se présentent, elles sont en rapport avec des troubles utérins et des désirs sexuels. Il les trouve plus communes chez les jeunes femmes (Matusch, Der Einfluss des Climacterium auf Entstehung und Form der Geistesstörung, Allgemeine Zeitschnft für Psychiatrie, t. XLVI, fasc. IV). 
Féré a décrit le cas significatif d'un jeune homme, chez lequel des hallucinations olfactives accompagnaient l'orgasme sexuel qui se développait ensuite en épilepsie, et les hallucinations constituaient l'aura de l'épilepsie (Comptes rendus de la Société de Biologie, décembre 1896)
Bullen a examiné la prédominance de l'élément sexuel dans les hallucinations olfactives. Cet auteur a étudié quatre-vingt-quinze cas d'hallucinations de l'odorat chez des patients de plusieurs asiles d'aliénés. (Dans quelques cas, il y avait des raisons de croire qu'il existait des conditions périphériques qui rendaient ces hallucinations plus strictement illusoires.) De ces patients, soixante quatre étaient des femmes. Seize femmes étaient des cas climatériques et trois d'entre elles avaient des hallucinations ou des illusions sexuelles. Quatorze autres femmes, surtout des cas d'aliénation mentale chronique illusoire, avaient des illusions sexuelles. En tout, il y avait des illusions sexuelles chez trente et un hommes et femmes. C'est une forte proportion. Pourtant Bullen n'incline pas à admettre une connexion directe entre le système reproducteur et le sens de l'odorat. Il trouve que d'autres hallucinations sont très fréquemment associées avec les hallucinations olfactives et il considère que la coexistence des troubles olfactifs et sexuels indique simplement un dérangement nerveux très profond et très répandu (F.St. John Bullen, Olfactory Hallucinations in the Insane, Journal of mental science, juillet 1899). Pour élucider complètement cette matière, il faudrait des enquêtes supplémentaires précises, dans la voie indiquée par Bullen. 
Il peut être intéressant d'ajouter, à ce propos, que les hallucinations de l'odorat et du goût semblent être spécialement fréquentes dans certains cas de folie religieuse. Mme le docteur Zurcher estime, dans sa dissertation inaugurale sur Jeanne d'Arc (Jeanne d'Arc, Leipzig, 1895, p. 72.), que, dans cette folie, en moyenne presque 50 % des hallucinations affectent l'odorat et le goût ; elle mentionne aussi les hallucinations olfactives des grands conducteurs religieux : François d'Assise, Catherine Emmerich, Lazzaretti et les Anabaptistes.
Il est possible que la congestion nasale à l'époque de la menstruation et les phénomènes similaires se rapportent à cette association entre l'odorat et la sexualité, association qu'on peut observer dans le monde animal tout entier, et que la congestion détermine une augmentation temporaire de la sensibilité olfactive pendant la période de l'excitation sexuelle
 (Zwaardemaker, Physiologie des Geruchs. - J.N. Mackenzie, Johns Hopkins Hospital Bulletin, n° 82,1898, suppose aussi que « l'irritation et la congestion de la membrane muqueuse nasale précèdent ou excitent l'impression olfactive qui relie le sens de l-odorat et l'éréthisme des organes reproducteurs qui se présente chez les animaux inférieurs» (N. D. A.)).
Chez quelques personnes exceptionnelles, mais parfaitement saines, l'odorat semble posséder une prédominance émotionnelle qu'on ne saurait dire qu'il possède chez des personnes moyennes. Ces individus exceptionnels constituent ce que Binet appelle, dans son étude du fétichisme sexuel, le type olfactif. Ils forment un groupe qui, tout en étant de moindre étendue de moindre importance, est assez comparable ux groupes bien connus du type visuel, du type luditif et du type psycho-moteur. Ils seraient plus attentifs aux odeurs, plus impressionnés par des sympathies et des antipathies olfactives, que les hommes ordinaires. La suprématie que Jager (Jager, Entdeckung der Seele) accorde aux influences olfactives, tout exagérée et incorrecte qu'elle soit pour les personnes ordinaires, peut sembler tout à fait raisonnable pour ces personnes-là.
Il est certain aussi qu'un grand nombre de neurasthéniques et surtout ceux qui le sont sexuellement, sont particulièrement sensibles aux influences olfactives.
(Plutôt que neurasthéniques, on dirait aujourd'hui névrosés : le cadre de la neurasthénie ne correspond plus en effet qu'à une très petite proportion de malades. Mais cette réserve faite, il est en effet courant de constater un parallélisme entre une extrême sensibilité a l'hyperémotivité (N. D. É.)),
Beaucoup de poètes et de romanciers éminents surtout, à ce qu'il semble, en France paraissent se trouver dans ce cas. De tous les grands poètes, Baudelaire est celui qui, avec la plus grande persistance et de la manière la plus élaborée, a décrit l'importance imaginative et émotionnelle des odeurs. Ses Fleurs du mal et plusieurs de ses Petits Poèmes en prose sont, de ce point de vue, d'un grand intérêt. Il n'y a aucun doute que, dans la vie imaginative et émotionnelle de Baudelaire lui-même, le sens de l'odorat ait joué un rôle très important. Il l'a dit lui-même : "Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique. "
Dans tous les romans de Zola, et peut-être plus spécialement dans La Faute de l'abbé Mouret, on rencontre une insistance spéciale à parler des odeurs de toute nature. 
Le professeur Léopold Bernard a écrit une étude élaborée sur cet aspect de l'oeuvre de Zola (Les Odeurs dans les romans de Zola, Montpellier, 1889); il supposait qu'à la base de l'intérêt de Zola pour les odeurs, il y avait une sensibilité olfactive anormalement développée et un grand développement de la région olfactive du cerveau. Mais cette hypothèse est inutile, et, en effet, l'examen minutieux de la sensibilité olfactive de Zola par Passy a démontré que cette sensibilité était quelque peu au-dessous de la normale (Toulouse, Émile Zola, pp. 163-165, 173-175). En même temps, il fut démontré que Zola était en réalité un homme d'un type psychique olfactif, avec une attention et une mémoire spéciales pour les odeurs. Nietzsche fait preuve, dans ses Ïuvres, d'une grande sensibilité, et surtout d'antipathie, visà-vis des odeurs. Certains auteurs ont cherché dans ce fait une indication d'une sensibilité physique réelle, d'une vivacité anormale. 
D'après Mobius (P.J. Mobius, Das Pathologische bei Nietzsche), il n'y avait aucune raison de supposer cela.
Huysmans, qui revèle dans ses livres une préoccupation très intense des nuances exactes de plusieurs catégories d'impressions sensuelles, avec une sensibilité apparemment anormale pour ces impressions, a montré un grand intérêt pour les odeurs, particulièrement dans un passage souvent cité de son livre,.
À rebours. l'aveugle Milton s'étend longuement, dans Le Paradis perdu, sur les parfums (comme feu Grant Allen me l'a fait remarquer un jour). Dans ce cas, c'est sans doute à la cécité, et non à aucune prédisposition organique, que nous devons attribuer cette direction de l'attention des sens (Moll a un bon passage sur le sens de l'odorat chez les aveugles, surtout du point de vue sexuel, Unfersuchungen über die Libido sexualis, t. I pp. 137 sq.).
Parmi les poètes plus anciens de l'Angleterre, Herrick aussi fait preuve d'un intérêt spécial pour les odeurs, avec une intelligence parfaite de leur action sexuelle (Voir, par exempie, son poème « Loves perfumes all parts », où il déclare que ~< les mains et les cuisses et les jambes sont hautement aromatiques ». Comparez aussi du même poète: « A song to the Maskers », « On Julia's breath », « Upon Julia's unlacing herself », « Upon Julia's Sweat » et « To mistress Anne Soame » (N. D. A.)).
Shelley, qui était accessible à tant d'aspects esthétiques peu ordinaires des choses, éprouve souvent un plaisir enthousiaste aux odeurs, surtout à celles des fleurs. 
On peut même avancer que la plupart des poètes - bien qu'à un degré moindre que ceux que j'ai mentionnés - portent une attention spéciale aux odeurs, et cela n'a pas lieu de nous surprendre, du moment qu'on a pu regarder l'odorat comme le sens de l'imagination. Shakespeare, par exemple, classait ce sens très haut. Cela ressort de plusieurs passages de ses oeuvres, et notamment du sonnet LIV : Oh ! combien plus la beauté paraît belle !  où il place implicitement l'attraction de l'odeur au moins sur le même niveau que celle de la vision.
Une sensibilité neurasthénique pour les oodeurs, surtout pour les odeurs sexuelles, est fréquemment accompagnée d'un manque de vigueur sexuelle. Nous pouvons expliquer ainsi des cas nombreux d'hommes âgés chez lesquels le désir sexuel persiste après la perte de la puisance virile et qui trouvent leur satisfaction dans des odeurs sexuelles. 
Ce sont probablement, au début, des personnes quelque peu anormales. Ici nous touchons à la base du fétichisme olfactif (Il y a plusieurs indications que GÏthe était sensible à l'action des odeurs personnelle; qu'il éprouvait cette action lui-même nous est prouvé par le fait qu'il confesse comment, une fois qu'il dut quitter Weimar pour un voyage officiel de deux jours, il déroba un corsage de Mme von Stein pour emporter avec lui l'odeur de son corps (N. D. A.)). 
Dans ce fëtichisme, la seule odeur d'une femme quelconque et quelque peu attrayante qu'elle soit suffit pour apporter la satisfaction sexuelle complète. Dans plusieurs des cas, mais non dans tous, où des vêtements féminins deviennent les objets de l'attraction fétichiste, il existe certainement un élément olfactif, dû à l'odeur personnelle attachée aux vêtements (Hagen - pseudonyme du docteur Iwan Bloch) - a extrait de la littérature sur ce sujet nombre de cas typiques de fétichisnne olfactif, Sexuelle Osphresiologie, 1901, pp. 82 sq). 
Les influences olfactives jouent un certain rôle dans plusieurs tendances et pratiques sexuelles anormales qui ne procèdent pas d'une fascination olfactive exclusive. Ainsi le cunnilingus et la fellation dérivent une part de leur attraction, plus spécialement chez certains individus, d'une prédilection pour les odeurs des parties sexuelles (Moll, Untersuchungen iiber die Libido sexualis, t. I, p 134)
Dans plusieurs cas, l'odorat ne joue aucun rôle dans l'attraction. Un de mes correspondants m'écrit : "Je me plais au cunnilingus, avec une jeune fille que j'aime beaucoup, malgré l'odeur".  
Nous pouvons associer cette impulsion avec la prédominance de ces pratiques parmi les invertis sexuels, chez lesquels les attractions olfactives sont souvent très marquées. Les individus qui sont sexuellement affectés par les urines ou par les excréments (les  "renifleurs", les "stercoraires', etc.) sont aussi en grande partie, mais non nécessairement, très excités par des impressions olfactives. Mais l'attraction fut exclusivement olfactive dans le cas d'une jeune femme, décrit par Moraglia (Archivio di psichiatria, 1892, p. 267) qui était irrésistiblement excitée par l'odeur d'urine fermentée d'hommes. Peut-être la même chose est-elle vraie pour un cas raconté à Moraglia par le professeur L. Bianchi (Archivio di psichiatria, 1892, p. 568) , où une femme avait besoin que son mari émît des vents.
Le plaisir sexuel dérivé de la strangulation partielle (décrit dans l'étude L'Amour et la Douleur dans le volume précédent) peut être associé avec une excitation sexuelle olfactive augmentée. 
Le Dr Kiernan, qui me fait remarquer cela, a examiné quelques patients neuropathiques qui aiment à se faire comprimer le cou, suivant leur expression, et le Dr Kiernan estime que, chez la majorité des gens, la sensibilité olfactive est intensifiée de cette manière.
Même chez des personnes normales ordinaires, il ne peut y avoir aucun doute que l'odeur personnelle tend à jouer un rôle considérable dans les attractions et les répulsions sexuelles. Il est vrai que l'odeur vient, comme excitation sexuelle, longtemps après les stimuli reçus par le sens visuel. La moindre acuité relative du sens de l'odorat chez l'homme fait qu'il est très difficile que l'influence olfactive soit ressentie en général avant la fin des préliminaires de la cour. Il est donc impossible que l'odorat possède jamais la même signification dans l'attraction sexuelle chez l'homme que chez les animaux inférieurs. Avec cette réserve, il ne peut y avoir de doute que l'odeur a une certaine influence favorable ou défavorable sur les rapports sexuels chez toutes les races humaines, depuis les races les plus primitives jusqu'aux plus élevées. 
Le Polynésien s'exprime avec dédain sur les femmes de la race européenne qui "n'ont pas d'odeur", et, en considérant l'odeur personnelle accusée de tant de peuples sauvages, ainsi que l'attention minutieuse qu'ils portent souvent aux odeurs, nous pouvons certainement affirmer, même en l'absence de beaucoup de témoignages concluants, que l'odeur compte pour beaucoup dans leurs rapports sexuels. 
Cela est confirmé par des pratiques comme celle qu'on rencontre chez des peuples primitifs - les Tagals des Philippines, par exemple (Petermanns, Mitteilungen, 1883, Ergäzungsheft p. 10.) - où les amoureux prennent les vêtements l'un de l'autre, pour avoir sur soi l'odeur de la personne aimée. Aux stades barbares de la société, cet élément devient conscient et est parfaitement avoué. Dans la littérature érotique produite par les phases les plus élevées du stade barbare, les odeurs personnelles sont constamment décrites avec complaisance et souvent comme mélangées avec l'emploi de très nombreux parfums artificiels. Cela est surtout le cas chez les peuples orientaux, qui vivent dans des pays chauds. Nous n'avons qu'à rappeler le Cantique des Cantiques, les Mille et Une Nuits et les traités érotiques de l'Inde.
Même dans certaines contrées de l'Europe. on rencontre cette influence sous sa forme la plus primitivement animale. Krauss affirme que chez les Slaves méridionaux on a parfois coutume de ne pas laver les parties sexuelles parce qu'une forte odeur de ces organes est considérée comme un stimulus sexuel. 
Sous les conditions usuelles de la vie en Europe, l'odeur personnelle est remise à l'arrière-plan. Tel a été le cas dans les conditions de la vie classique, de la vie du Moyen Age et de la vie moderne. L'odeur personnelle a été généralement considérée comme non esthétique; le plus souvent, elle n'a été mentionnée que pour être réprouvée. Même les poètes et autres auteurs qui dans les derniers siècles ont eu un plaisir et un intérêt spéciaux aux odeurs - Herrick, Shelley, Baudelaire, Zola et Huysmans - se sont rarement hasardés à insister sur le caractère agréable d'une odeur purement naturelle et personnelle. Le fait que ce caractère agréable est possible et qu'à la plupart des gens ces odeurs ne peuvent pas rester indifférentes, dans le plus intime de tous les rapports, ne peut habituellement être appris que par hasard. Pourtant Kiernan a sans doute raison lorsqu'il affirme que l'étendue de l'influence de l'odorat sur la sphère sexuelle, chez l'homme civilisé, a été beaucoup sous-estimée.
Pour cette raison, nous n'avons pas besoin d'être surpris du plus grand intérêt qu'on a pris récemment à ce sujet. Comme il arrive d'habitude, certains auteurs ont éprouvé une tendance à courir à l'extrême opposé, et nous ne pouvons pas admettre, avec Gustave Jager, que l'instinct sexuel doive être regardé tout entier, ou pour sa plus grande partie, comme une affaire olfactive.
Les auteurs hindous disent de la Padmini, la "femme-lotus", que "sa sueur a l'odeur du musc", tandis que la femme vulgaire a, pour eux, l'odeur du poisson (Kama Sutra de Vatsyayana). Ploss et Bartels (Das Weib, 1901, p. 218) ey ils citent un passage du Kokkôgam tamil, où plusieurs odeurs sexuelles des femmes sont décrites minutieusement et, suivant ces auteurs, cette description repose sur une observation sérieuse. 
Quatre endroits doivent être parfumés chez une femme, dit l'Arabe : la bouche, les aisselles, les pudenda et le nez. 
Les poètes persans, en décrivant le corps, se plaisent à employer des métaphores qui parlent d'odeur. Non seulement les cheveux et le duvet sur le visage, mais le menton, la bouche, les grains de beauté, la nuque, tout suggère des images odorantes. Les épithètes appliquées à la chevelure la comparent fréquemment au musc, à l'ambre gris et à la civette (Anis el Ochchag, traduit par Huart, Bibliothèque de l'École des Hautes Études, fasc. XXV,1875).
Le Cantique des Cantiques hébraïque fournit un exemple typique d'un très beau poème d'amour oriental où l'importance de l'action du sens de l'odorat est partout soulignée. Dans ce bref poème il n'y a pas moins de vingt-quatre allusions assez définies aux odeurs - odeurs personnelles, des parfums et des fleurs - tandis que nombre d'autres allusions à des fleurs, etc., semblent indiquer des associations olfactives. L'amoureux autant que sa bien aimée expriment le plaisir qu'ils éprouvent à l'odeur personnelle l'un de l'autre.
"Tandis que le roi a été assis à table, mon aspic a rendu son odeur. Mon bien-aimé est avec moi, comme un sachet de myrrhe, il passera la nuit entre mes mamelles. Mon bien-aimé m'est comme une grappe de troène dans les vignes d'Engédi".  (Cantique des Cantiques, pp. 12-1)
L'antiquité grecque et romaine, qui a eu une si grande influence sur les traditions de l'Europe moderne, était experte en parfums, mais ne montra pas de sympathie pour les odeurs personnelles. 
Pour les satiriques romains, comme Martial, une odeur personnelle est presque toujours une odeur désagréable, bien qu'il y ait quelques allusions dans la littérature classique où l'odeur corporelle est reconnue comme une attraction sexuelle. 
Ovide (Ars amandi, liv. III.) dit qu'il est à peine nécessaire de rappeler à une dame qu'elle ne doit pas loger un bouc dans ses aisselles,"ne trux caper iret in alas" ; Plaute dit (Plautus, Mostellaria) : "Mulier recte olet ubi nihil olet", et au XVI° siècle ce dicton est répété par Montaigne avec une approbation complète. 
Un courant d'idées différent se fait jour avec le mouvement émotionnel nouveau du XVIII° siècle. Il est vrai que ce sentiment nouveau était déjà apparu après la chute de Rome, à une époque aussi reculée que le IV° siècle. Ainsi Arboise de Toulouse, l'oncle d'Ausone, parle d'une jeune fille qui avait une odeur plus suave que celle de la forêt, bien que l'élégie de Properce, sur laquelle Arboise avait fondé son poème, ne contînt aucune allusion à l'odeur de la bien-aimée. 
Rousseau appelle l'attention sur l'importance du sens olfactif dans le second livre de son Émile. Il fait allusion à l'odeur du cabinet de toilette d'une femme comme à un piège moins faible qu'on ne le suppose communément. 
Au même siècle, Casanova appuie encore plus sur le même sujet. Dans la préface de ses Mémoires, il affirme : « Quant aux femmes, j'ai toujours trouvé suave l'odeur de celles que j'ai aimées. » Autre part il dit : « Il y a quelque chose dans la chambre à coucher de la femme qu'on aime, quelque chose de si intime, de si parfumé, des émanations tellement voluptueuses, qu'un amoureux n'hésiterait pas un moment s'il devait choisir entre le ciel et ce lieu de délices (Mémoires, éd. Garnier, t. IV, p. 213). » 
En Angleterre, un siècle plus tôt, Sir Kenelm Digby donne, dans ses intéressants et remarquables Private Memoirs, la description d'une visite à lady Venetia Stanley, qui devint plus tard sa femme. Dans cette description, l'auteur fait allusion à l'odeur personnelle comme à un élément d'attraction. Il avait trouvé la dame endormie sur son lit, et sur ses seins "brillaient quelques gouttes de sueur, des diamants ou des étincelles, qui avaient une odeur plus suave que les violettes ou les primevères dont la saison vient de passer".
En 1821, Cadet-Devaux publia une étude, De l'atmosphère de la femme et de sa puissance (Revue encyclopédique, 1821), qui attira beaucoup l'attention en Allemagne autant qu'en France. Cet auteur considérait que les exhalaisons du corps féminin sont d'une importance suprême dans l'attraction sexuelle.
Le professeur A. Galopin a écrit, en 1886, un livre semi-scientifique (Le Parfum de la femme) ou l'importance sexuelle de l'odeur personnelle est développée à l'extrême. Il parle avec enthousiasme du caractère doux et salutaire du parfum naturel d'une femme aimée et du tort fait à la santé autant qu'à l'amour par l'usage des parfums artificiels. Le mariage le plus pur qui puisse se conclure entre un homme et une femme, affirme-t-il (p. 157), est celui engendré par l'odorat et sanctionné par une assimilation, comme dans le cerveau, des molécules animées par la sécrétion et l'évaporation de deux corps en contact et en sympathie. 
Dans un livre écrit dans la première moitié du XIX°e siècle, et qui contient plusieurs observations subtiles sur l'amour, nous lisons, sur l'odeur suave que les poètes ont découverte dans l'haleine des femmes : « En réalité, plusieurs femmes possèdent une haleine agréable et énivrante qui joue un rôle considérable dans l'atmosphère excitante que ces femmes répandent autour d'elles(Eros oder Worterbuch uber diePhysiologie, 1849, t I, p 45).» Pourtant il paraît qu'à cette époque la plupart des auteurs sur la psychologie de l'amour, ont ignoré l'élément olfactif dans l'attraction sexuelle. Ils ont considéré probablement cet élément comme non esthétique. Il n'est menlionné ni dans Sénancour, De l'Amour, ni dans Stendhal, De l'Amour, ni dans Michelet, L'Amour.
Récemment, les poètes ont fait des allusions fréquentes aux odeurs personnelles et autres mais les romanciers l'ont fait plus rarement. 
Zola et Huysmans, les deux romanciers qui ont développé le côté olfactif de la vie de la manière la plus élaborée et avec la plus grande insistance, se sont étendus plus longuement sur les odeurs répulsives que sur celles qui sont agréables. C'est pourquoi il est intéressant de constater que, dans certains romans remarquables des derniers temps, le caractère attrayant de l'odeur personnelle a été accentué. Cela est notamment le cas dans Guerre et Paix, de Tolstoï, où le comte Pierre se décide précipitamnent à épouser la princesse Hélène, après avoir senti son odeur à l'occasion d'un bal. 
Dans Trionfo della Morte de d'Annunzio, l'odeur séduisante et consolante de la peau de la femme aimée est décrite à plusieurs reprises. Ainsi, lorsque Giorgio baise les bras et les épaules d'Ippolita, "il percoit son parfum âpre et pourtant délicat, le parfum de la peau qui, à l'heure de joie, devient énivrant, comme celui de la tubéreuse, et un fouet terrible au désir".  Elle n'était pas seulement agréable à mes yeux et à mes oreilles, dit le jeune et innocent moureux de Pepita Jiménez, dans le romande de ce nom par Valera, mais je m'imaginais même sentir une odeur suave extrêmement subtile, exhalée par son corps pur et qui surpassait l'odeur de la menthe aquatique au bord du fleuve ou l'arôme sylvestre du thym sur les collines". 
Lorsque nous examinons l'importance sexuelle les odeurs personnelles chez l'homme, il y a déjà au début une différence importante à noter, par rapport aux mammifères inférieurs. Non eulement l'importance réelle de l'odeur est beaucoup moindre, mais le foyer de l'attraction olfactive a été déplacé. Le centre de l'attraction olfactive n'est pas, comme il l'est le plus souvent chez les animaux, dans la région sexuelle, mais il est transmis à la partie supérieure du corps. Sous ce rapport, l'attrait sexuel olfactif ressemble, chez l'homme, à ce que nous rencontrons dans la sphère visuelle, car les organes sexuels de l'homme et de la femme ne semblent d'habitude aucunement beaux aux yeux du sexe opposé, et leur exhibition n'est pas considérée parmi nous comme une phase nécessaire de la courtisation. 
L'odeur du corps, comme sa beauté, a été transmise, au cours de l'évolution, aux parties supérieures, pour autant que cette odeur puisse être ressentie comme un attrait sexuel possible. La dissimulation soigneuse de la région sexuelle a sans doute favorisé ce déplacement. Ainsi est-il arrivé que lorsque l'odeur personnelle agit comme un attrait sexuel, c'est dans l'aisselle que cette odeur réside. L'aisselle est le foyer principal de l'odeur corporelle, avec la peau et la chevelure.
Aubert, de Lyon, a observé que, pendant la menstruation, l'odeur des aisselles peut devenir plus forte, et il la décrit comme étant à cette époque une odeur aromatique d'un caractère acidulé ou rappelant le chloroforme. 
Galopin remarque que l'aisselle de certaines femmes sent comme les moutons en rut, tandis que d'autres femmes, lorsqu'elles lèvent le bras, répandent une odeur suave d'ambre gris ou de violette. 
Parfois les personnes brunes - disent Gould et Pyle - exhalent une odeur d'acide prussique, et les blondes plus fréquemment celle de musc. Galopin attribue plus spécialement l'ambre gris aux blondes.
Certains poètes européens ont indiqué que l'aisselle de la femme est le centre de l'attraction sexuelle, mais c'est chez les poètes orientaux que nous pouvons trouver l'idée exprimée d'une manière plus directe et plus naturelle. Ainsi, dans un drame chinois (La Transmigration de Yo-Tcheou, Mercure de France, n° 139 et 140, 1901), un jeune docteur très érudit adresse le poème suivant à sa fiancée :
"Lorsque j'ai grimpé au sommet broussailleux du Mont Chao
Je n'ai pas encore atteint le niveau de tes aisselles odorantes.
Il faut que je monte jusqu au ciel 
Avant que le zéphyr m'apporte 
Le parfum de ce nid embaumé !"
Il semble pourtant que le poète se soit laissé entraîner à un degré d'enthousiasme qui était extraordinaire même en Chine, car sa future belle-mère, après avoir exprimé son admiration pour le poème, remarque : « Mais qui eût pensé qu'on pût trouver tant de belles choses sous l'aisselle de ma fille ! » 
L'odeur de l'aisselle est l'odeur la plus forte du corps. Elle est assez forte pour agir comme un stimulus musculaire, même en l'absence de toute association sexuelle directe. Cela est indiqué par une observation faite par Féré, qui, habitant en face d'une blanchisserie, remarqua qu'une vieille femme, qui travaillait près de la fenêtre, introduisait vers la fin des journées sa main droite sous l'aisselle gauche pour porter ensuite la main à son nez. Elle répétait ce geste à peu près toutes les cinq minutes. Il était évident que l'odeur agissait comme un stimulus pour les énergies défaillantes. Féré a été informé par d'autres, qui fréquentaient des ateliers, que ce procédé n'est pas du tout rare chez les personnes des deux sexes. J'ai vu faire le même geste dans la rue, d'une manière très délibérée, par une jeune femme anglaise de la classe ouvrière, dans des circonstances qui me donnèrent la conviction que c'était pour servir de stimulus immédiat contre la fatigue.
 (En l'occurrence, il paraît s'agir d'un équivalent auto érotique : les composantes narcissiques de la libido, préentes chez tout sujet même normal, sont exacerbées par le travail, surtout quand celui-ci est solitaire et peu intéressant, et il n'est pas rare en de telles circonstances de voir signalé un besoin de masturbation. On peut légitimement supposer que des fantasmes sexuels habitaient alors L'imagination de cetto femme (N. D. É.)).
Huysmans a insisté, dans ses romans, sur les odeurs, autant sur celles d'une origine personnelle que sur les parfums. Il en parle avec une grande précision. Il a consacré, en outre, un de ses Croquis parisiens (1880), celui qui porte le titre « Le Gousset », aux odeurs multiples des aisselles des femmes. Il raconte qu'il a observé cette odeur à la campagne, derrière un groupe de glaneuses sous le soleil ardent. Le parfum est excessif et terrible, il attaque les narines comme une bouteille débouchée de chlore ; on en est saisi, les membranes muqueuses sont irritées par cette odeur rude qui a quelque ressemblance avec le parfum du canard sauvage assaisonné d'olives et avec l'odeur âpre de l'échalote. « En somme, l'émanation n'était pas mauvaise ou répugnante ; elle se joignait, comme une chose anticipée, aux odeurs formidables du paysage ; c'était la note pure qui, avec le cri de chaleur des animaux humains, complétait la mélodie odorante des animaux et des bois. » 
Le même auteur parle ensuite du parfum des bras féminins au bal. « Là, l'arôme est celui de la valériane ammoniacée, de l'urine chlorinée, parfois accentué d'une manière brutale, et même avec un faible parfum d'acide prussique, avec une légère bouffée de pêches trop mûres. » Mais ces « boîtes à épices », dit Huysmans en continuant, sontl plus séduisantes lorsque leur parfum est filtré par les vêtements. Alors l'impression du baume de leurs bras est moins insolente, moins cynique qu'au bal, où elles sont plus nues, mais ce parfum filtré déchaîne plus facilement l'animal dans l'homme. 
Autant la couleur des cheveux peut changer, autant varie l'odeur de l'aisselle ; sa gamme couvre la série entière des odeurs, atteint le parfum obstiné du seringa et du sureau, et rappelle parfois le doux parfum des doigts qui ont tenu une cigarette. L'aisselle est audacieuse et parfois fatigante chez la brune et la femme noire, elle est impétueuse et pénétrante chez la rousse, elle est capiteuse comme certains vins sucrés chez les blondes. On observera que cette description très exacte de Huysmans correspond sur plusieurs points aux remarques des observateurs scientifiques.
L'effet érotique de l'odeur de l'aisselle est reconnu dans le folklore. On dit que des jeunes filles wallones, pour se faire aimer d'un homme, lui donnent un bonbon qu'elles ont conservé pendant un certain temps sous l'aisselle. 
Parfois l'odeur de l'aisselle peut même devenir une sorte de fétiche qu'on désire pour sa propre valeur, et qui suffit en soi-même pour donner du plaisir. 
Féré a décrit un cas de ce genre, celui d'un de ses amis personnels âgé de soixante ans, avec lequel il avait la coutume d'aller à la chasse. C'était un homme de santé robuste et appartenant à une famille saine. Pendant les parties de chasse, il avait l'habitude de lutiner d'une manière surprenante les jeunes filles et les femmes (et parfois même des vieilles femmes) qu'il rencontrait dans les champs et qui portaient des manches courtes. Lorsqu'il avait réussi à introduire sa main sous l'aisselle de la femme il s'éloignait satisfait, et souvent il portait sa main au nez avec un plaisir évident. Après de longues hésitations, Féré demanda une explication, qui lui fut donnée franchement. Tout enfant, cethomme avait déjà aimé cette odeur, sans qu il sût pourquoi. Jeune homme, des femmes aux odeurs fortes l'avaient stimulé à des exploits sexuels extraordinaires et maintenant celles-là seules avaient de l'influence sur lui. Il affirma posséder la faculté de reconnaitre la continence par l'odeur, aussi bien que le moment le plus propice pour aborder une femme. Toute sa vie, ses rhumes de cerveau avaient toujours été accompagnés d'excitation générale persistante. (Féré, L'instinct sexuel, 1902, p 134)
Nous n'avons pas seulement à admettre qu'au cours de l'évolution les odeurs spécifiques de la région sexuelle ont reculé à l'arrière-plan en tant que source d'attrait sexuel, mais nous avons encore à reconnaître le fait important que même les odeurs personnelles, qui sont surtout capables, dans des circonstances normales d'entrer à l'ocasion dans la sphère sexuelle consciente, n'exercent aucune influence, mais sont plutôt une cause d'antipathie, sauf si un certain degré de tumescence a déjà été atteint. C'est-à-dire que nos expériences olfactives du corps humain s'approchent plutôt de nos expériences tactiles de ce corps que de nos expériences visuelles. 
La vue est notre sens le plus intellectuel, et nous mettons notre confiance dans ce sens avec une assurance relative sans trop craindre que ses messages puissent nous choquer par leur intimité personnelle. Nous recherchons même les expériences du sens visuel, car c'est l'organe principal de notre curiosité, comme l'odorat l'est pour un chien. Mais pour nous l'odorat a cessé d'être un canal principal de la curiosité intellectuelle. Les odeurs personnelles n'offrent pas, comme la vue, des informations très largement intellectuelles; elles font une impression qui est surtout d'un caractère intime, émotionnel et imaginatif. Ainsi ces odeurs tendent à éveiller, lorsque nous nous trouvons dans des conditions normales, ce que James intitule l'instinct antisexuel. « Je ne comprends pas pourquoi les gens ne se rendent pas compte combien les sens sont liés l'un à l'autre, dit Jenny Lind chez J.A. Symonds ) : combien le sens de l'odorat m'a fait souffrir ! Ma jeunesse fut misérable, à cause de ma sensibilité (olfactive) aiguë. » (Horatio Brown, J.A. Symonds, t. 1, p. 207
Mantegazza examine la force des antipathies olfactives (Mantegazza, Fisiologia dell'Odio, p. 101), et il rapporte qu'étant un jour malade au Paraguay il fut soigné par une jeune fille indienne de seize ans, fraîche comme une pêche et extrêmement propre, mais dont l'odeur - "un mélange de tanière d'animal sauvage et d'oignons pourris" - lui causa des nausées et lui fit presque perdre connaissance.
Moll décrit le cas d'un homme neuropathe qui fut chaque fois rendu impuissant par son antipathie pour des odeurs corporelles. Très souvent il fut attiré par la figure et les formes d'une jeune fille, mais au dernier moment la puissance virile était anéantie par la perception d'une odeur personnelle.(Moll, Untersuchungen über die Libido sexualis, t. 1, p. 135) 
 Guttceit (Dreissig Jahre Praxis, t. Il, p. 315) parle d'un homme de cinquante ans, qui aimait les femmes, mais qui devenait impuissant chaque fois qu'une femme avait la moindre odeur, et il affirma que la plupart des femmes en ont. Bérillon connaît plusieurs hommes qui, dès le début, ont éprouvé de l'antipathie pour leurs femmes à cause de leur odeur.
Je connais un homme de facultés distinguées appartenant à une famille un peu neuropathique, qui est doué d'une sensibilité extrême pour l'odeur de la femme. Cette odeur est souvent pour lui le caractère le plus évident d'une femme. Il a rarement rencontré une femme dont le parfum naturel fût entièrement à son goût et ses impressions olfactives ont fréquemment éte la cause immédiate d'une rupture de relations.
On cherchait autrefois à savoir si une forte odeur personnelle constituait une raison suffisante pour obtenir le divorce. Hagen (Sexuelle Osphresiologie, pp 75-83), qui a réuni des témoignages sur ce point, considère que les odeurs corporelles sont normalement et naturellement répulsives parce qu'elles sont intimement liées au groupe des odeurs capryles, qui sont celles de plusieurs excrétions. 
Mais les antipathies olfactives sont souvent strictement subordonnées à l'attitude émotionnelle générale de l'individu vis-à-vis de l'objet dont l'odeur émane. Ce fait est illustré par le cas suivant, que je connais. Un homme entra un jour qu'il faisait très chaud dans un bateau à vapeur avec une femme à laquelle il était très attaché. Il s'assit entre cette femme et un homme qu'il ne connaissait pas. Bientôt il eut conscience d'une forte odeur axillaire qu'il s'imagina provenir de l'homme et qu'il trouvait désagréable. Mais un peu plus tard il comprit que l'odeur provenait de sa compagne, et avec cette découverte l'odeur perdit aussitôt son caractère désagréable.
Sous ce rapport, une odeur personnelle ressemble à un attouchement personnel. Deux attouchements intimes de la main, bien que d'une qualité physique absolument similaire, peuvent être séparés dans leurs effets émotionnels par un intervalle incommensurable, en dépendance avec notre attitude vis-à-vis de la personne dont ils proviennent. Pour faire ressentir son attrait, et pour ne pas éveiller l'antipathie, l'odeur personnelle doit, chez les personnes normales, avoir été précédée par des conditions qui ont empêché le jeu de l'instinct antisexuel. Un certain degré de tumescence doit avoir été déjà atteint. Il est même possible, lorsque nous nous souvenons de la sympathie intime entre la sphère sexuelle et le nez, que l'organe olfactif exige que sa sensibilité soit modifiée sous une forme susceptible de recevoir des impressions sexuelles. Mais cette supposition n'est nullement nécessaire. C'est lorsqu'un faible degré préliminaire de tumescence a été atteint qu'une odeur sympathique personnelle peut produire une impression. Les manières d'obtenir cette tumescence sont différentes ; les méthodes de la tumescence sont - comme nous le savons - innombrables. En analysant les cas où les perceptions olfactives se sont trouvées puissantes dans l'amour, nous découvrirons presque toujours qu'elles ont été éprouvées sous des circonstances favorables à la tumescence. Où cela n'est pas, nous pouvons raisonnablement supposer la présence d'un certain degré de perversion.
Dans le cas souvent cité du paysan autrichien qui découvrit qu'il était aidé dans la séduction des jeunes femmes en dansant avec elles et en leur essuyant la figure avec un mouchoir qu'il aurait gardé sous son aisselle, nous pouvons sans doute regarder l'excitation préliminaire de la danse comme un facteur essentiel de tumescence.
Je connais le cas d'une dame, non excessivement sensible aux odeurs corporelles simples (mais très affectée par les parfums et les fleurs), qui, comme elle se trouvait déjà dans un état d'éréthisme sexuel, fut fortement excitée par la perception de l'odeur des aisselles de son amant.
On trouve la même influence d'une excitation préliminaire dans un autre cas que je connais, celui d'un homme qui, voyageant à l'étranger, entra en compagnie de trois charmantes jeunes filles dans un compartiment de chemin de fer. Il prit conscience d'une excitation agréable à cause de l'intimité prolongée du voyage, mais cette excitation ne devint définitivement sexuelle qu'au moment où la plus jeune des jeunes filles se pencha devant lui, pour regarder dehors, et, en se tenant au filet, mit par hasard son aisselle tout près de la figure de l'homme. À ce moment, une érection eut lieu, bien que cet homme considérat les odeurs personnelles comme indifférentes ou répulsives, tout au moins lorsque ces odeurs émanent de personnes qui lui sont étrangères.
Un correspondant médical, parlant du fait que chez tant d'hommes (et chez des femmes aussi) l'excitation sexuelle se produit après qu'on a dansé très longtemps, considère que l'odeur de la sueur de la femme (ou de l'homme) constitue un facteur érotique important. 
Les caractères de l'olfaction que notre examen nous a révélés jusqu'ici ne sont, en général, pas favorables à l'influence des odeurs personnelles en tant qu'attraction sexuelle chez l'homme civilisé. C'est un sens primitif, qui a été à son apogée avant l'existence de l'homme. C'est un sens relativement non esthétique. C'est un sens quelque peu obtus, qui, chez les Européens, est d'habitude incapable de percevoir l'odeur de la "fleur lumaine", pour emprunter la phrase de Goethe, sauf en cas de contact très intime.
Pour cette raison, et, aussi à cause du fait que c'est un sens surtout émotionnel, les odeurs personnelles sont, dans les rapports sociaux ordinaires, moins susceptibles d'éveiller l'instinct sexuel que d'éveiller l'instinct antisexuel. 
Si un certain degré de tumescence est nécessaire avant que l'odeur personnelle puisse exercer une influence attractive, une forte odeur personnelle, assez puissante pour être perçue avant qu'aucun degré de tumescence soit atteint, aura une tendance à causer de la répulsion, et par suite à produire, consciemment ou non, un préjugé contre les odeurs personnelles en général. Cela est réellement vrai dans la civilisation, et il semble que la plupart des hommes considèrent avec une antipathie plus ou moins grande les odeurs personnelles des personnes vers lesquelles ils ne sont pas attirés sexuellement, tandis que leur attitude est neutre, sous cet aspect, vis-à-vis des individus vers lesquels ils sont sexuellement attirés.
 (L'enquête de Moll chez des personnes normales a prouvé aussi que peu de gens sont conscients de l'odeur comme attraction sexuelle, Untersuchungen uber die Libido sexualis, t. 1, p. 133 (N. D. A.)).
Il me semble que le récit suivant d'un correspondant exprime l'expérience de la majorité des hommes sous ce rapport : « Je ne me rends pas compte que des personnes différentes possèdent des odeurs différentes. J'ai connu certaines femmes qui avaient l'habitude de se servir de parfums particuliers, mais aucune association d'idées ne pourrait être éveillée si je sentais le même parfum maintenant, car je ne pourrais pas l'identifier. Jeune garçon, j'étais très passionné pour tous les parfums, ce que j'associe avec mes penchants sexuels marqués. J'aime qu'une femme se serve d'un peu de parfum. Cela éveille mes sensations sexuelles, mais non à un fort degré. L'odeur du vagin me déplaît. » 
La dernière affirmation semble exprimer le sentiment d'un grand nombre d'hommes, sinon de la plupart. Il faut pourtant ajouter qu'il n'y a aucune raison naturelle pour que l'odeur vaginale d'une femme propre et saine ne soit pas agréable pour un homme normal qui est l'amant de cette femme. Dans la littérature, c'est de l'odeur naturelle de la femme qu'il est parlé plutôt que de celle de l'homme. Cela ne peut pas nous étonner, du moment que la littérature est produite principalement par les hommes. Nous ne pouvons donc pas trancher la question si les hommes ou les femmes sont plus capables d'être sexuellement influencés de cette manière. 
Chez les animaux, il semble probable que les deux sexes sont également influencés par les odeurs car, tandis que c'est ordinairement le mâle dont la région sexuelle est pourvue de glandes d'odeur spéciale, l'odeur particulière de la femelle pendant la saison sexuelle n'est certainement pas moins efficace dans ce cas en tant qu'attrait pour le mâle. 
Si nous comparons la sensibilité des hommes et des femmes pour les odeurs agréables en faisant abstraction de l'attrait sexuel, il est peu douteux que cette sensibilité soit le plus marquée chez les femmes.
Groos a démontré que, même chez les enfants, les filles montrent un plus grand intérêt pour les odeurs que les garçons, et les recherches de plusieurs investigateurs, spécialement de Garbini, ont démontré que la faculté de distinguer les odeurs est réellement plus grande chez les filles que chez les garçons. 
Marro est allé plus loin, et dans une série étendue d'observations sur les filles avant et après le commencement de la puberté - ce qui est d'une importance considérable au point de vue de la signification sexuelle de l'olfaction - il a démontré qu'il y a lieu de croire que les filles acquièrent une sensibilité accrue aux odeurs lorsque la vie sexuelle débute, quoiqu'elles ne montrent pas des facultés augmentées par rapport aux autres sens 
(Marro, La Pubertà, 1898, chap. II. Tardif a trouvé chez des garçons que les parfums exerçaient peu ou aucune influence sur la circulation et la respiration avant la puberté mais ses observations sur ce point ont été trop peu nombreuses pour avoir de la valeur (N. D. A.)). 
On a encore découvert que les filles de huit à douze ans s'intéressent plus aux odeurs que les garçons d'âge moyen. 
Alice Thayer affirme que, par rapport aux fleurs, les odeurs comme raison de préférence et de dégoût dépassent, chez les filles, dans la proportion d'environ 10 %, les mêmes cas chez les garçons (Alice Thayer, A study of children's interest in flowers, Pedagocical seminary, 1905,p.109)
Somme toute il paraîtrait que les femmes ne sont pas susceptibles d'être sérieusement affectées par des odeurs corporelles fortes, en l'absence de toute excitation préliminaire, mais qu'elles ne sont aucunement insensibles à l'influence sexuelle des impressions olfactives. il est même probable qu'elles sont plus affectées, et plus fréquemment, de cette manière que les hommes.
Edmond de Goncourt a écrit un roman, Chérie, histoire intime d'une jeune fille. Ce roman était fondé, l'auteur l'assure, sur beaucoup d'observations personnelles. Dans le chapitre LXXXV, on trouve la description des plaisirs que les jeunes filles chastes, mais sensuelles, trouvent souvent aux parfums forts. Les parfums et l'amour, dit l'auteur, donnent des plaisirs qui sont intimement liés. Dans un autre chapitre (XLIV), il raconte de son héroïne, lorsqu'elle avait quinze ans : "Les émotions intimement heureuses que la jeune fille éprouvait par la lecture de Paul et Virginie et d'autres livres honnêtement amoureux, elle cherchait à les rendre plus complètes, et intenses et pénétrantes, en imprégnant le livre de parfum, et le récit amoureux aborda ses sens et son imagination à travers les pages humides de parfum liquide". 
Garbinia trouvé, après une étude minutieuse d'un grand nombre d'enfants, que les premières sensations osmo-gustatives avaient lieu dans la quatrième semaine chez les filles et dans la cinquième semaine chez les garçons.  (Archivio per l'Antropologia, 1896, fasc 111)
Les premières sensations olfactives réelles et définies avaient lieu dans le quinzième mois chez les filles, dans le seizième mois chez les garçons. Des expérimentations sur plusieurs centaines d'enfants de trois à six ans démontrèrent que les filles surpassaient un peu, mais distinctement, les garçons. Naturellement on peut avancer que ces résultats ne démontrent qu'une précocité quelque peu plus grande chez les filles (J'ai résumé les principales recherches sur ce probleme dans Man and Woman, édition revue et augmentée, 1904 pp. 134-138 (N. D. A.))
À tout prendre, ces résultats semblent démontrer une subtilité olfactive supérieure chez les femmes, mais les témoignages à ce sujet sont loin d'être concluants. L'opinion populaire et l'opinion scientifique générale ne sont pas toujours en harmonie. Ainsi Tardif, dans un livre sur les odeurs par rapport à l'instinct sexuel, suppose partout comme un axiome que le sens de l'odorat serait le plus développé chez les hommes, tandis que, dans une brochure de M. Martin Perls, un fabricant de parfums, il est affirmé avec une assurance égale : "C'est un fait bien connu que, même en l'absence d'une longue habitude, les dames ont le sens de l'odorat plus développé que les hommes", et pour cette raison ce fabricant emploie des dames pour essayer des parfums par l'odorat, dans son laboratoire, à l'aide de l'épreuve du papier poli.
On dit parfois que l'usage de parfums forts indique, chez les femmes, un organe olfactif affaibli. D'autre part on prétend que l'emploi du tabac annihile la sensibilité du nez masculin. Il parait que ces deux affirmations sont également sans fondement. L'emploi d'une grande quantité de parfum est plutôt une question de goût qu'une question de subtilité des sens (chacun sait, en effet, que les gens qui vivent dans une atmosphère de parfums n'en sont, comme de juste, que faiblement conscients). 
Le chimiste entouré dans son laboratoire de fortes odeurs peut les distinguer toutes avec une grande précision. Quant au tabac les cigarreras d'Espagne, femmes et jeune filles, vivent continuellement dans une atmsphère de tabac, et Mme Pardo Bazan, qui les connaît bien, remarque, dans son roman La Tribuna, qui traite de la vie dans une manufacture, que "la subtilité du sens de l'odorat est considérable chez les cigarreras, et qu'on dirait que le tabac rend plus sensibles les nerfs olfactifs au lieu d'émousser la membrane; nasale ".
« C'était comme si j'étais dans une douce pommeraie, tant la douceur venait vers moi lorsque le vent léger passait sur eux et agitait leurs vêtements », dit une femme dans une légende irlandaise, en parlant d'une troupe de beaux hommes (Cuchulain of Muirthemne, p. 161). 
Le plaisir et l'excitation causés à une femme par l'odeur de son amant ressemblent le plus souvent à une odeur vague et mélangée, qui peut être caractéristique, mais qu'on ne peut pas rattacher définitivement à une odeur sexuelle corporelle spécifique. L'odeur générale de l'homme qu'elle aime, déclare une femme, est très attractive pour elle et parfois même accablante ; mais l'odeur spécifique des organes sexuels mâles, qu'elle décrit comme une odeur de poisson, n'offre pas d'attraction. 
Un homme écrit que, dans ses rapports avec les femmes, il n'avait jamais pu découvrir qu'elles fussent influencées par l'odeur axillaire ou par d'autres odeurs spécifiques. 
Une femme écrit : "Pour moi, toute odeur personnelle, comme par exemple celle de la sudation, est très désagréable et le corps humain sain, à l'état de nudité, est sans aucune odeur. La transsudation fraîche n'a pas d'odeur désagréable ; ce n'est qu'en adhérant aux vêtements qu'elle devient blessante. Le parfum faible de fumée qui plane autour des hommes qui fument est pour moi assez excitant, mais uniquement lorsqu'il est très faible. Aussitôt qu'il est fort, il devient désagréable. Comme la plupart des hommes vers lesquels je me suis sentie attirée ont été de forts fumeurs, il y a sans doute une association directe d'idées. Il ne m'est arrivé qu'une fois qu'une odeur indifférente, désagréable, devînt attractive par rapport à une personne particulière. En ce cas, ce fut l'odeur de vieux tabac, de bouts de cigares ou de cigarettes. Cette odeur était pour moi très désagréable, et l'est toujours, mais temporairement et par rapport à une personne particulière, cette odeur me fit l'impression d'être plus délicieuse et plus excitante que le parfum le plus suave. Il me semble que seule une attraction très forte pourrait surmonter une pareille aversion, et je doute que j'aurais éprouvé le même revirement pour une odeur personnelle. Du vieux tabac, tout en étant déplaisant, ne représente pas une idée mentalement désagréable de malpropreté, ou d'absence de santé". 
Il est probablement important pour le rôle assez considérable que, d'une manière ou de l'autre, l'odeur et les parfums jouent dans la vie émotionnelle des femmes, que les quatre femmes dont les biographies sont données à l'appendice B de la troisième partie de ces Études sont toutes les quatre sensibles aux effets sexuels des stimuli olfactifs, et trois d'entre elles aux odeurs personnelles (bien que ce fait ne soit pas dans chaque cas mentionné dans les biographies comme je les publie). Sur les huit hommes, aucun n'a considéré que ses expériences olfactives sexuelles méritent d'être mentionnées.
Il paraît que des hommes du peuple, dans différents pays, ont découvert l'influence sexuelle de l'odeur axillaire sur les femmes. L'exemple du paysan autrichien a été cité plus haut. 
On m'a raconté à Sydney, en Australie, que certains jockeys avaient découvert que, lorsqu'ils gardaient une grande pomme rouge toute une journée jusqu'à ce qu'elle fût saturée de sueur (ils considéraient la couleur rouge comme essentielle) et donnaient cette pomme à une jeune fille, cette dernière devait suivre celui qui avait donné la pomme. 
La fascination sexuelle très marquée que l'odeur associée à l'homme aimé exerce sur les femmes a pu facilement passer inaperçue parce que les femmes ne sont pas portées à en parler. Mais, dans l'inversion sexuelle, où la femme joue un rôle plus actif et plus avoué que dans l'amour normal, on peut clairement suivre cette fascination. Là elle est même fréquemment exagérée, par suite de la tendance commune des personnes neurotiques et neurasthéniques à être plus que normalement sensibles à l'influence des odeurs. Chez la majorité des femmes inverties, on peut affirrner que l'odeur de la personne aimée joue un rôle très considérable. 
Une femme homosexuelle par exemple, prie la femme qu'elle aime de lui faire parvenir une mèche de ses cheveux, afin qu'elle puisse s'enivrer de son parfum dans la solitude (Archivio di Psicopatia sessuale, t. I, fasc. III, p. 36). 
Une jeune fille à tendances homosexuelles était capable d'éprouver des émotions sexuelles lorsqu'elle se trouvait en contact avec des camarades d'école dont l'odeur corporelle était forte (Féré, L'Instinct sexuel, p. 260). Ces exemples sont assez typiques.
Les témoignages des hommes invertis prouvent que l'odeur corporelle des hommes peut devenir, dans un grand nombre de cas, très agréable et sexuellement attractive. Il existe des témoignages abondants dans ce sens. 
Raffalovitch (Uranisme et l'Unisexualité, p. 126.) insiste sur l'importance des odeurs corporelles comme attrait sexuel pour l'homme inverti, et il incline à penser que l'odeur accrue de son propre corps pendant l'excitation sexuelle peut avoir un effet autoaphrodisiaque, qui se reflète dans l'image de la personne aimée. L'odeur des paysans, des hommes qui travaillent au grand air, est spécialement susceptible d'être attractive. 
Moll mentionne le cas d'un homme inverti, qui était attiré d'une manière irrésistible par  "l'odeur de forêt ou de mousse" d'un camarade d'école.
On m'a communiqué le passage suivant d'une lettre écrite par un marquis italien: « Un soir, Bonifazio se déshabilla pour me donner du plaisir. Il a les chairs pleines et rondes, couleur d'ambre, que les peintres de l'école de Giorgione donnent à leurs saint Sébastien. Lorsqu'il commença à s'habiller, je pris dans la main une vieille "fascia", une ceinture de soie, qui se trouvait en dessous de son pantalon, et qui conservait encore la chaleur de son corps. J'y cachai mon visage et je fus à demi énivré par son arôme exquis de jeune virilité et de foin frais. Il me raconta qu'il portait cette ceinture depuis deux ans. Il n'était pas étrange que son odeur y adhérât. Je lui demandai de me donner cette ceinture comme un souvenir. Il sourit et dit : "Vous la désirez, parce qu'elle a été si longtemps sur ma pancia." - "Oui, répliquai-je, et chaque fois que je l'embrasserai, ainsi et ainsi, je me souviendrai de toi." Depuis j'attache parfois cette ceinture à ma taille nue avant de me coucher. L'odeur suffit pour produire une forte érection, et le contact des franges avec mes testicules et avec mon phallus a produit une ou deux fois une émission involontaire. »
Je puis reproduire ici une communication que j'ai reçue sur l'attrait, pour les invertis, de l'odeur des paysans : "Une attraction prédominante de ces hommes, c'est qu'ils sont purs et propres ; leurs corps sont dans un état de fonction normale et saine. Ensuite, s'ils sont tempérés, ils possèdent ce que le poète grec Straton a appelé le (mot grec)(qualité qui, d'après cette autorité n'est jamais rencontrée chez les femmes)". Ce "parfum naturel de la chair" est un attribut particulier des jeunes hommes qui vivent au grand air et qui s'occupent des objets de la nature. Même leur transpiration a une odeur toute différente de celle des jeunes dames au bal ; plus raffinée, éthérée, pénétrante, délicate et difficile à saisir. 
Lorsqu'ils ont manipulé du foin, "soit en été, soit en hiver, lorsqu'ils transportent le foin des cabanes dans les montagnes, les jeunes paysans ont avec eux "l'odeur d'un champ que le Seigneur a béni". De leur corps et de leurs vêtements émane une odeur exquise, indéfinissable, de pureté et de sexe combinés. Chaque glande du corps robuste paraît avoir accumulé du parfum des herbes, et ce parfum exsude lentement de ]a peau fraîche du jeune homme. Dans une chambre on ne l'aperçoit pas. Il faut prendre la main du jeune homme et s'en couvrir la figure, ou bien se trouver avec lui dans un même lit pour se rendre compte de cet arôme Aucune impression sensuelle sur les nerfs olfactifs n'est plus vivement imprégnée de poésie spirituelle de la poésie de l'adolescence des heures matinales sur les collines, du labeur gaiement accompli et de la moisson des dons de Dieu à l'homme récoltés par l'industrie humaine.
Il convient de rappeler qu'Aristophane dans sa description de l'Athénien parfait éphèbe insiste sur le fait qu'il était "odorant de parfums naturels". 
Gorthe paraît avoir éprouvé un intérêt considérable pour la psychologie de l'odorat. Dans un passage de la seconde partie de Faust il fait parler trois femmes de l'odeur délicieuse des jeunes hommes. Enfin, il y a aussi un passage de Appleton House du poète anglais Marvell qui mérite d'être cité :
« Les vainqueurs insouciants dansent les triomphes du foin, et la chaleur saine de chaque faucheur sent comme la sueur d'un Alexandre. Leurs femmes ont une odeur suave comme le pré qu'elles piétinent en cercles magiques, et lorsqu'elles donnent un baiser à la fin de la danse, leur foin fraichement fauché n'est pas plus suave que ce baiser »
L'odorat - chapitre I texte de 26 k. - L'odorat - chapitre II texte de 26 k. - L'odorat - chapitre III texte de 111 k. - L'odorat - chapitre IV texte de 51 k. - L'odorat - chapitre V et VI texte de 17 k.
       Retour