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 Havelock Ellis - Études de psychologie sexuelle
Éd. Mercure de France 1964 (1°éd. 1935)
Huit volumes
 L'odorat
L'odorat - chapitre I  - L'odorat - chapitre II - L'odorat - chapitre III - L'odorat - chapitre IV  - L'odorat - chapitre V et VI  
Tome II - Chapitre II  images/logoPdf8k.jpg8  pages,
Les notes de bas de page ont été incluses dans le texte. 
NDA = note de l'auteur en 1935 ; NDÉ : note de l'éditeur en 1964
Impression : 8  pages, en pdf - portrait A4
« Les débuts de l'étude de l'olfaction. Cloquet ; Zwaardemaker. - La théorie de l'odorat. La classification des odeurs. - Les caractères spéciaux de la sensation olfactive chez l'homme. - L'odorat comme sens de l'imagination. Les odeurs comme stimulants nerveux. Leurs effets vasomoteurs et musculaires. Les substances odorantes en pharmacie.
L'étude physiologique et psychologique des sens a reçu un grand élan, pendant le XVIII° siècle, par suite des doctrines philosophiques de Locke et de l'école anglaise en général qui prédominaient alors en Europe. Ces penseurs avaient fait ressortir l'importance de l'information fournie par les sens pour construire l'intelligence. Ainsi l'étude de tous les canaux des sens acquit une importance qu'elle n'avait jamais eue avant. L'odorat partagea cet élan qui fut donné à l'investigation des autres sens. 
Au début du XIX° siècle, un médecin francais distingué, Hippolyte Cloquet, disciple de Cabanis, se consacra plus spécialement à ce sujet. Après avoir publié en 1815 un ouvrage préliminaire, il publia en 1821 son Osphrésiologie, ou Traité des odeurs, du sens et des organes de l'Olfaction, monographie complète de l'anatomie, de la physiologie. de ]a psychologie et de la pathologie de l'organe olfactif et de ses fonctions. C'est un ouvrage qu'on peut toujours consulter avec profit, et il est même douteux qu'il ait été remplacé en tous ses points.
Après Cloquet, il semble que l'étude du sens de l'odorat soit tombée dans un certain degré d'oubli. Pendant plus de cinquante ans, aucun progrès important ne fut fait sur ce terrain. On dirait que les investigateurs sérieux hésitaient à s'occuper des sens primitifs en général, et le sujet de l'odorat était laissé surtout à ceux qui s'intéressent aux sujets «curieux». Pourtant, nombre d'observations intéressantes furent faites fortuitement. Ainsi Laycok, qui fut un pionnier en tant de domaines écartés de la psychologie et de l'anthropologie, s'intéressa tout spécialement au sens olfactif, et fréquemment il en parle (Dans Nervous Diseases of women et d'autres ouvrages)
Mais l'auteur des temps modernes qui a le premier étudié scientifiquement l'odorat en lui reconnaissant toute sa valeur de voie d'investigation fut Zwaardemaker, d'Utrecht. 
L'invention de l'olfactomètre en 1888 et l'apparition en 1895 de son grand ouvrage sur la physiologie de l'odorat (Die Physiologie des Geruchs.) ont donné à cette physiologie une existence assurée et ont ouvert la route à beaucoup de recherches fructueuses. Plusieurs savants dans différents pays ont été conduits ainsi à diriger leur attention sur l'examen de ce sens.
Malgré les nombreux travaux qui ont été publiés sur ce terrain dans les dernières années, on ne peut pas dire que le noyau de conclusions sûres qui a été atteint soit considérable. 
Les principes fondamentaux de la physiologie et de la psychologie olfactives sont toujours quelque peu vagues et incertains. Quelque nombreuses et variées que soient les sensations de l'odorat qui. sous ce rapport, s'approchent des sensations de la vue et de l'ouïe, l'odorat n'en reste pas moins voisin du toucher pour le caractère vague de ses messages (il est, dit Passy, le moins précis, tout en étant le plus sensible des sens), ainsi que pour la difficulté de les classer, et l'impossibilité de les contrôler assez pour fonder sur eux un art quelconque. Pour cette raison, il semble préférable de ne pas placer l'étude présente d'un aspect spécial de l'olfaction dans un schéma général qui peut-être n'est pas réellement solide.
La première tendance et la plus générale par rapport à la théorie de l'odorat fut de le regarder comme une sorte de sens chimique, directement stimulé par des particules infimes de substance solide. Mais une théorie vibratoire de l'odorat, qui le rendrait en une certaine mesure analogue à l'ouïe, se présente aisément. Lorsque je débutai dans l'étude de la physiologie, en 1881, une telle spéculation se présenta à ma réflexion. Longtemps avant, Philipp von Walther, un professeur de Landshut, avait avancé une théorie dynamique de l'olfaction ( Physiologie des Menschen,1807-8,t.II, p 278). « C'est une opération purement dynamique des substances odorantes dans l'organe olfactif », déclara-t-il. Il s'imaginait que l'odeur est véhiculée par l'air de la même manière que la chaleur. Il faut ajouter que ses raisons en faveur de sa théorie ne résistent pas toujours à l'examen. 
Plus récemment une théorie analogue a été sérieusement avancée dans plusieurs milieux. Sir William Ramsay a essayé de suggérer une théorie semblable (Nature, t. XXV, p. 187) en se référant à la lumière et au son. 
Haycraft (Proceedings of the Royal SoCiefy oSÆdinburg 1883,8), qui prit surtout comme point de départ la loi de Mendéléiev de la périodicité, a aussi tenté de mettre l'odorat en rapport avec les sens supérieurs, en admettant que les molécules qui ont la même vibration possèdent la même odeur. 
Rutherford (Nature, 11 août 1892, p. 343) attache de l'importance aux faits avancés par von Brunn pour prouver que les cellules olfactives se terminent par des poils courts et très délicats, et il affirme que les différentes qualités d'odorat résultent des différences dans la fréquence et dans la forme des vibrations causées par l'action des molécules chimiques sur ces cellules olfactives, bien qu'il admette qu'une telle conception implique une notion très subtile de la vibration moléculaire. 
Vaschide et Van Melle (Académie des Sciences, Paris, 26 décembre 1899) ont fait ressortir que l'odorat est produit par des rayons à courte ondulation, analogues aux rayons lumineux, aux rayons Roentgen, etc. Pourtant l'action chimique constitue un facteur très important dans la production des odeurs. Cela a été démontré par Ayrton (Nature, 8 septembre 1898). Il semble que nous soyons conduits à la théorie chimico-vibratoire qui est exposée par Southerden (Nature, 26 mars 1903), car les cellules olfactives sont stimulées directement, non pas par les vibrations ordinaires des molécules, mais par les agitations qui accompagnent des modifications chimiques. 
L'hypothèse vibratoire de l'action des odeurs a exercé une certaine influence sur les physiologistes récents qui se sont occupés principalement de l'olfaction. «Il est probable, dit Zwaardemaker (L'Année psychologique, 1898), que l'arôme est un attribut physicochimique des molécules.» démontre qu'il y a une analogie intime entre la couleur et l'odeur, et il fait remarquer que cette analogie nous amène à supposer dans un arôme des vibrations de l'éther dont la période est déterminée par la structure des molécules. La physiologie de l'olfaction étant à tel point obscure, il n'est pas surprenant qu'il n'existe aucune classification bien scientifique des odeurs, malgré les multiples tentatives qui ont été faites dans cette voie. Celle qui a été adoptée par Zwaardemaker est fondée sur le vieux schème de Linné. Elle mérite d'être reproduite ici :
I.- Odeurs éthérées (surtout éthers, la série des fruits de Rimmel).
II.- Odeurs aromatiques (terpènes, camphres, et les séries des épices, herbacée, rosacée et amande ; les types chimiques sont bien déterminés: cinéol, engénol, anéthol, géraniol, benzaldéhyde).
III. - Les odeurs balsamiques (surtout des aldéhydes. Ies séries jasmin, violette et balsamique de Rimmel, avec les types chimiques : terpinéol, ionone, vanilline).
IV. - Les odeurs ambrosiaques (ambre et musc).
V. - Les odeurs aliacées, avec le groupe cacodylique (assa fÏtida, ichthyol, etc.).
VI. - Les odeurs empyreumatiques.
VII. - Les odeurs valérianacées (les odores hircint de Linné, le groupe capryle, en grande partie composé d'odeurs sexuelles).
VIII. - Les odeurs narcotiques (les odores tetri de Linné).
IX. - Les puanteurs.
(On trouvera un mémoire de valeur, Revue générale sur les sensations olfactives par J. Passy, l'autorité française principale sur ce terrain, dans le second volume dc L'Année psychologique, 1895. Dans le cinquième volume de la même publication (pour 1898), Zwaardemaker présente un résumé complet de ses travaux et de son opinion : Les sensations olfactives, leurs combinaisons et leurs compensations. - Il y a un résumé utile, mais avec moins d'autorité, dans un petit volume de la série « Actualités médicales »: Dr Collet L'Odorat et ses troubles, 1904. - Dans un petit livre : Wegweiser einer Psychologie des Geruches, 1894, Giessler a cherché à déterminer une psychologie de l'odorat mais son esquisse ne peut être regardée que comme une tentative provisoire (N. D. A.)).
Pourtant il serait utile que nous eussions, au début au moins, une certaine idée des caractères spéciaux qui distinguent la masse, si grande et si variée, des sensations qui atteignent le cerveau par l'organe olfactif. Le caractère spécial le plus important des images olfactives paraît être conditionné par le fait qu'elles sont d'un caractère intermédiaire entre celles du toucher ou du goût et celles de la vue ou de l'ouïe, qu'elles possèdent beaucoup du caractère vague des premières et quelque chose de la richesse et de la variété des dernières. 
D'un point de vue esthétique aussi, elles occupent une position intermédiaire entre les sens inférieurs et les sens supérieurs (J.V. Volkelt, Der Æsthetische Wert der niederen Sinne, Zeitschrift für Psychologie und Physiologie der Sinnes organe. 1902. fasc. 3, a réuni et examiné les opinions des psychologues sur l'importance esthétique de l'odorat, et ces opinions ne sont pas toujours très favorables (N D. A.)). 
Elles offrent en même temps moins d'utilité pratique qu'aucun de ces deux groupes de sens. Elles nous fournissent beaucoup de ce qu'on pourrait appeler des sensations secondaires, qui sont d'une utilité pratique minime, mais qui se mélangent inévitablement et intimement avec les expériences de la vie par l'association, et qui acquièrent ainsi une importance émotionnelle devenant souvent très considérable. Il est possible que leur force émotionnelle se rapporte au fait que leur siège anatomique est la partie la plus ancienne du cerveau (La psychanalyste Dr. F. Dolto et son élève This ajoutent aux stades freudiens classiques (oral, anal, génital), un « stade olfactif » très primitif et contemporain de la phase anale précoce. Cf. This B., La Psvchanalyse, Casterman Paris (N.D.É)). 
Elles se trouvent dans une région distante et presque en dehors de notre intelligence et elles font partie de l'attrait ou de la nature repoussante de toutes les choses vagues et distantes. Pour ce motif, elles sont sujettes à l'influence des associations affectives, et cela à un degré considérable, si nous considérons qu'elles sont beaucoup plus précises que les sensations tactiles. Une même odeur peut, à un moment, être très agréable et au moment suivant devenir très désagréable, selon l'attitude émotionnelle qui résulte de ses associations.
Les images visuelles ne possèdent pas une flexibilité aussi extrême ; elles sont trop définies pour être si facilement influencées. Nos sentiments sur la beauté d'une fleur ne peuvent pas osciller si facilement ou aussi loin que nos sentiments sur la nature agréable de l'odeur de cette fleur. Nos expériences olfactives constituent ainsi une série plus ou moins continue de sensations secondaires, qui nous accompagnent à travers la vie, qui n'ont pas une grande importance pratique, mais qui possèdent une importance affective considérable à cause de leur variété, de leur intimité, de leur facilité à s'associer, de leurs survivances ancestrales lointaines dans notre cerveau. C'est l'existence de ces caractères si vagues et pourtant si spéciaux, si dénués d'utilité et pourtant si intimes qui a amené plusieurs auteurs à appeler le sens de l'odorat, plus que tous les autres, un sens d'imagination. 
Aucun sens n'a une si forte puissance de suggestion, aucun n'a la force d'évoquer des souvenirs anciens avec une réverbération émotionnelle plus large et plus profonde, tandis qu'en même temps aucun sens ne fournit des impressions qui modifient aussi facilement leur couleur et leur ton affectifs, en harmonie avec l'attitude générale du patient. 
Les odeurs sont ainsi spécialement appropriées tant à contrôler la vie émotionnelle qu'à en devenir les esclaves. Par l'usage de l'encens, les religions ont utilisé les vertus imaginatives et symboliques des odeurs agréables. Toutes les légendes des saints ont insisté sur l'odeur de sainteté qu'exhalent les corps des personnes saintes, surtout au moment de la mort. 
Dans les conditions de notre civilisation, ces associations affectives primitives de l'odeur ont une tendance à se dissiper, mais, d'autre part, le côté imaginatif du sens olfactif s'accentue, et des idiosyncrasies personnelles de toute nature se manifestent dans la sphère de l'odorat. Rousseau regardait l'odorat comme le sens de l'imagination. Ce sens fut appelé de même dans une période antérieure par Cardano (comme le rapporte Cloquet). 
Cloquet a fréquemment insisté sur les qualités des odeurs, qui sont cause qu'elles font impression sur l'imagination ; sur leur caractère irrégulier et inconstant ; sur leur faculté d'intoxiquer l'intelligence sous certaines conditions ; sur les préférences curieuses des individus et des races en matière d'odeurs. Il a noté le fait que les Persans se servaient d'assa fÏtida comme d'un assaisonnement et que la valériane était considérée comme un parfum dans l'Antiquités. 
Il faut ajouter, comme un exemple curieux de la dépendance du caractère affectif d'une odeur de ses associations, que les odeurs émises par d'autres personnes nous sont généralement désagréables, tandis que cela n'est pas le cas avec celles de notre propre corps. Cela a été exprimé dans un dicton cru et grossier du poète Marston, du temps de la reine Elisabeth : "Every mans dung smells sweet i'his own nose. " (Les excréments de chaque homme ont une odeur suave pour son propre nez.) Cette constatation renferme sans doute plusieurs inductions, tant morales que psychologiques. 
Les autorités modernes sur l'olfaction.Passy et Zwaardemaker insistent tous les deux sur les mêmes caractères du sens de l'odorat : son acuité extrême et en même temps sa nature vague. "Nous vivons dans un monde d'odeurs, remarque Zwaardemaker (L'Année psychologique, 1898, p. 203), comme nous vivons dans un monde de lumière et de sons. Mais l'odorat ne nous fournit pas d'idées distinctes groupées en ordre régulier, et moins encore des idées qui sont fixées dans la mémoire comme une discipline grammaticale. Les sensations olfactives éveillent des perceptions vagues et à moitié comprises, qui sont accompagnées d'une émotion très forte. L'émotion nous domine mais la sensation qui en était la cause demeure inaperçue."
Même chez le même individu, il y a des variations très grandes dans la susceptibilité aux odeurs à des époques différentes, surtout par rapport aux odeurs faibles. Passy a publié quelques observations sur ce sujet. (L'Année psychologique, 1895, p. 387).
Maudsley a noté la faculté suggestive particulière des odeurs. "Il y a certaines odeurs, dit-il, qui ne manquent jamais de réveiller pour moi l'image immédiate et visible de scènes de ma jeunesse." Probablement plusieurs d'entre nous pourraient en dire autant. Un autre auteur fait remarquer qu'aucun sens n'a une puissance suggestive plus grande (E. Dillon, A neglected Sense, Nineteenth Century, avril 1894).
Ribot a fait une enquête intéressante sur l'existence générale et sur la nature de la mémoire affective des odeurs (Psychologie des sentiments, chap. XI)
Par mémoire affective, on entend l'aptitude à revivre, spontanée ou volontaire, de l'image olfactive ou autre (Pour la question générale, voir un article par F. Pillon, La Mémoire affective, son importance théorique et pratique, Revue philosophique, février 1901. Paulhan, Sur la mémoire affective, Revue philosophique, déc. 1902 et janvier 1903)
Ribot a trouvé que 40% des personnes sont incapables d'évoquer une image de goût ou d'odorat ; 48 % peuvent en évoquer ; 12 % affirment qu'ils peuvent les évoquer toutes, ou presque toutes, à volonté. Chez certaines personnes il n'y a pas nécessairement en même temps un réveil de représentations visuelles ou tactiles ; mais chez la majorité l'odeur évoquée excite à son tour, à la fin, une image visuelle correspondante. Les odeurs évoquées le plus souvent ont été : lila, musc, violette, héliotrope, acide phénique, l'odeur de la campagne, des herbes. etc. 
Piéron a décrit la faculté spéciale, possédée par les odeurs vagues, dans son propre cas, d'évoquer des impressions anciennes.
J.-N. Mackenzie considère que la civilisation exerce une influence pour augmenter ou encourager l'influence de l'olfaction qui affecte nos émotions et notre jugement, et que plus nous montons l'échelle sociale, plus notre intelligence est influencée et peut être pervertie par des impressions reçues par l'organe de l'odorat. (J.N. Mackenzie, American Journal of the medical sciences, janvier 1886.)
Les odeurs sont des stimulants puissants pour le système nerveux tout entier. Comme les autres stimulants, elles provoquent une augmentation d'énergie qui, si elle est excessive ou prolongée, entraîne l'épuisement nerveux. 
La médecine reconnaît que les aromatiques qui contiennent de l'huile volatile, comme le lis, le cinnamome, le cardamome, les clous de girofle, la coriandre, la menthe, sont antispasmodiques et anesthésiques et qu'ils stimulent la digestion, la circulation et le système nerveux, tandis qu'à grandes doses ils produisent de la dépression. 
Les expérimentations phéthysmographiques de Shields, conduites avec soin à l'université Johns Hopkins, ont prouvé que les sensations olfactives, par leur action sur le système vasomoteur, causent une augmentation de sang dans le cerveau, et que parfois elles stimulent encore le coeur. Le musc, le pyrola, la violette des bois et surtout l'héliotrope ont été reconnus comme agissant très fortement de cette manière. 
(T-E. Shields, The Etlect of odors, etc., upon tlle blood-flow, jcurnal of experimental medicine, t. I, novembre 1896. - En France, C. Henry et Tardif ont fait presquc les mêmes expériences au sujet de la respiration et de la circulation. Voir Tardif, Les Odeurs et les Parfums chap. III)
Les expériences de Féré avec le dynamomètre et l'ergographe ont contribué beaucoup à l'illustration des effets stimulants des odeurs. Il a trouvé, par exemple, que l'odeur du musc suffit pour doubler l'effort musculaire. Féré a trouvé que nombre de substances odorantes augmentent temporairement l'effort musculaire. En ajoutant la stimulation du goût, notamment par l'usage du citron. l'augmentation de l'énergie fut "colossale". 
Par l'inhalation des odeurs, on pourrait produire une espèce d'intoxication des sens en stimulant le système tout entier à une activité plus grande ; l'acuité visuelle fut ainsi augmentée, ainsi que la susceptibilité électrique et générale (Féré, Sensation et Mouvement chap, VI ; le même Comprtes rendus de la Société de Biologie, 3 novembre, 15 et 22 décembre 1900). 
On peut obtenir ces effets chez des personnes parfaitement saines, bien que Shields et Féré aient découvert que, chez les personnes très nerveuses. les effets peuvent être beaucoup plus grands. C'est sans doute pourquoi, chez les peuples civilisés, on s'intéresse beaucoup aux parfums, et pourquoi l'olfaction et son étude se sont ranimées sous l'influence de la vie moderne.
Ce sont les qualités stimulantes réelles des substances odorantes qui ont conduit à l'usage très répandu des plus fortes parmi ces substances chez les médecins de l'Antiquité, et qui ont amené un certain nombre de médecins modernes à les employer toujours. Ainsi la vanille, dit Eloy, mérite un usage thérapeutique plus fréquent qu'elle ne reçoit, à cause de ses propriétés excitomotrices. Cet auteur affirme que ses propriétés excitantes du désir sexuel ont été connues depuis longtemps ; Fonsagrives avait l'habitude de prescrire la vanille dans des cas de frigidité sexuelle. 
(Eloy, article « Vanille », dans Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales.) »
Éditique : Dr Lucien Mias  - 22 juin 2009
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