Le chatouillement serait
donc une
survivance d'une expérience tentaculaire ancestrale depuis
longtemps perdue, qui, après avoir
été, à
l'origine, une stimulation produisant une agitation et une frayeur
intenses est devenue maintenant une simple activité de jeu
et
une source de vif plaisir (H. M.Stanley,
Remarks on
tickling and laughter, Américan journal of
Psychologie, t
IX,
janvier 1898).
Mais nous n'avons pas besoin de remonter tellement la
série
des êtres pour expliquer l'origine et la signification du
chatouillement pour l'espèce humaine.
Sir J.-Y. Simpson a
avancé dans une étude
détaillée sur la
position de l'enfant dans la matrice, que la sensibilité
excito-motrice extrême de la peau en plusieurs endroits,
comme
la plante du pied, le genou, les côtés,
sensibilité qui existe déjà avant la
naissance a
pour objet la formation et la préservation des mouvements
musculaires qui sont nécessaires pour conserver le
fÏtus dans
la position la plus favorable dans la matrice
(Sirnpson,
On the attitude of the
fÏtus in utero, Obstetric
Memoirs,1856, t II).
Il est en effet certain
que la
stimulation de toutes les parties du corps sensibles au
chatouillement tend à produire exactement la position
courbée de flexion musculaire extrême et de forme
générale ovoïde qui constitue la
position normale
du foetus dans la matrice. Nous sommes en droit de croire que,
dans
cette activité réflexe developpée de
bonne
heure, nous tenons la base de la sensibilité au
chatouillement, phénomène plus
compliqué et qui
fait son apparition plus tard.
L'élément mental
dans le
chatouillement est indiqué par le fait que même un
enfant, dont la sensibilité pour le chatouillement
est
très développée, ne peut pas se
chatouiller
lui-même. Le chatouillement n'est donc pas un simple
réflexe.
Il y a longtemps que ce fait a
été
mentionné par Erasme Darwin, qui l'expliqua en supposant que
l'activité volontaire diminue l'énergie de la
sensation (Erasmus Darwin, Zoonomia,
sect. XVII, 4.).
Cette explication n'est pourtant pas admissible, car, tout en ne
pouvant facilement nous chatouiller nous-mêmes par le contact
de la peau et de nos doigts, nous pouvons le faire à l'aide
d'un objet étranger, par exemple d'une plume. On peut
supposer
que la sensibilité au chatouillement s'est
developpée
probablement sous l'influence d'une sélection naturelle
comme
une méthode de protection contre l'attaque et
d'avertissement
de l'approche de corps étrangers, et que son but serait
manqué s'il impliquait une simple réaction au
contact
de l'organisme avec soi-même
(Ce point de vuc a
été développé par Louis
Robinson, North
Américan Review, août 1907, sur la
base de
nombreuses
expérimentations sur les animaux. Il considère
que le
chatouillement est un combat "pour rire", et que les régions
les
plus sensibles au chatouillement sont celles qui, dans un combat
réel, seraient les plus vulnérables. Ainsi le
jeune
chien, le singe ou l'enfant qui apprend a défendre des
régions chatouilleuses fait l'apprentissage d'un art quil
pourra lui rendre de grands services dans la vie ultérieure
(N. D. A.)).
C'est
par cette
méthode que ces
personnes sont détournées des risques d'une
détumescence plus spécifiquement
sexuelle.
J'ai
constaté
souvent chez les aliénés, surtout dans des cas de
manie
chez des jeunes filles adolescentes, que les sujets sont
très
chatouilleux.
Dans la pratique
ordinaire, j'ai observé que
les
femmes mariées ne sont pas chatouilleuses pendant
l'auscultation et la percussion de la poitrine, mais que chez des
jeunes filles il en est souvent autrement. La sensibilité
chez
les vierges est peut-être l'auto-protection de la nature
contre
la séduction et les propositions sexuelles, et la jeune
fille
qui, par instinct, désire cacher ses aisselles, ses seins et
d'autres endroits sensibles, fait son possible pour éviter
qu'on touche à ces endroits. La femme mariée qui
aime
un homme ne cache pas ces parties du corps, car elle répond
aux propositions que l'homme lui fait ; elle n'a plus besoin
d'être chatouilleuse comme une protection contre l'agression
sexuelle »