Chanter,
c'est une action qui nous offre le plaisir d'être
avec les autres, de respirer, d'articuler et de mémoriser.
C'est le plaisir d'être reconnu dans un groupe
et donc de retrouver son identité, ce qui est valorisant et
entraîne la joie de vivre.
Chanter
demande de bien respirer donc de contrôler le travail des
muscles respiratoires, ce qui augmente l'ampliation thoracique et facilite
l'expectoration des bouchons muqueux.
Respirer,
c'est aussi mobiliser son diaphragme ce qui
produit un brassage abdominal favorable pour le transit
intestinal. De plus, la modification de la
quantité "d'air courant" inspiré durant le chant
améliore l'oxygénation du sang, donc du cerveau.
Chanter,
c'est articuler, moduler sa voix, mettre en jeu des automatismes (le
cortex, les oreilles, le larynx) et les muscles du visage qui
en même temps créent le sourire,
témoin du plaisir de chanter.
Chanter
fait travailler la mémoire auditive, celle de
fixation (apprentissage d'un chant nouveau), celle d'évocation
du temps vécu (avec sa charge
émotionnelle).
Chanter,
c'est être par et avec les autres. C'est utiliser son
instrument musical corporel pour montrer son existence et s'intégrer
dans une communauté de relations.
Le chant met
en relief les voyelles alors que la parole s'appuie sur les consonnes.
C'est de la musique qui est en soi et qui ne demande qu'à en
sortir. Chanter donne de l'assurance à la façon
de parler.
L'ensemble de ces effets favorables
retentit globalement sur la santé. En outre
d'autres effets du chant peuvent être observés,
selon le type de chant : éclat de joie (chansons
entraînantes et humoristiques), orientation temporo-spatiale
(chants saisonniers : Noël ; Le temps des cerises),
affirmation de l'identité (chants patriotiques, religieux),
création d'une communauté (chorale se
préparant pour un événement
précis : la venue du Maire, par ex.).
La voix
est le monde sonore le plus nuancé et le plus riche,
pénétrant le sujet et l'imprégnant
d'une correspondance entre vie rythmique et vie physiologique, vie
mélodique et vie affective, vie harmonique et vie mentale.
La voix est la présentation du "moi", sans vernis culturel ;
elle personnalise.
Quand chanter ?
Comme pour les études scolaires ou
universitaires il semblerait que :
9 h 30 à 10 h 30, soit la tranche
horaire la plus favorable pour l'APPRENTISSAGE de ce qui demande
attention et assimilation intellectuelle ou physique (cerveau
supérieur ou cortex cérébral).
14 h à 15 h, soit une période
d'assoupissement physiologique. Favorable à
l'écoute de la musique classique qui retentit sur l'affectif
(cerveau profond ou limbique) sans lasser, car elle imprègne
sans demander attention.
15 h à 16 h, soit la période
favorable aux RÉMINISCENCES et aux
RÉPÉTITIONS.
Le choix des chants : fond commun +
histoire collective des générations par
décades
Nous utilisons le fond culturel commun dont liste est accessible ici.
Nous avons ajouté aussi des chansons apprises dés
l'école connues des jeunes enfants qui viennent rendre
visite à leur parent afin que les soignants puissent aider
les chères têtes blondes.
Présentes aussi trois fables de La Fontaine
et des chants religieux pour les fêtes...
Les chansons sont écrites en gros
caractère et rassemblées en cahiers ... utiles
aussi aux jeunes soignants pour apprendre le fonds commun culturel.
Musique et Soins de Santé
La thérapie par la musique ou
musicothérapie - qui sous entend l'expression orale
après écoute d'une oeuvre - ne peut
être envisagée, étant donné
le degré habituel de détérioration,
qui ne permet pas l'expression verbale après audition.
Nous parlons de Musique
et Soins de Santé, la musique
s'intégrant dans le cadre global des soins
dépassant le cadre de la guérison d'une maladie.
La musique doit s'intégrer dans le
cadre d'un art de soigner différent : relations
soignants-soignés, soignants-soignants, rapports
soignants-médicaments, soignants-thérapeutiques
non médicamenteuses.
Une équipe en soins de longue
durée ne peut survivre, vu les contraintes
économiques...
que par l'ouverture de toutes les
activités à tous les soignants.
En effet si on spécialise telle
activité, dans un tel lieu, pratiqué par tel
spécialiste, on assistera au niveau des soignants
à un déplacement du vécu et
à la remise en cause de ce qui peut se passer dans le lieu
"musique" par exemple. Exclusion
démotivante.L'authenticité d'une
équipe se mesure au vécu, à
l'implication, à l'investissement, aux retombées
à partager.
que par la reconnaissance de la
différence, donc de la compétence.
La musique
seule ne peut rien. Elle est au contraire
néfaste, car elle masque le problème, n'est qu'un
faire-valoir commercial si elle est isolée d'un projet
global
C'est cette utilisation type supermarché qui
dans le cadre d'un budget est la plus facile à faire passer,
car elle n'implique aucun investissement personnel et permet
de dire " il y a de la musique" comme jadis on disait "il y a l'eau
courante". Cette musique cache-misère, retarde
les vrais solutions.
Il en est de même des
différentes activités quotidiennes prises
isolément (habillement quotidien ; repas servi par
un tiers ; activités d'éveil ; sourires et
câlins ; bonne humeur ; locaux entretenus) : ce sont des
ingrédients de la vie quotidienne, qui pris
isolément ne font pas une vie à savourer.
Nous retrouvons le même problème
en cuisine ou le safran ... et le reste font la paella ; alors que le
safran seul ne peut donner qu'une couleur-paella ; et le reste seul, un
riz pilaf !
En EHPAD soins de longue durée...
La musique fonctionne comme un parfum, elle
couvre le parfum de trépas qui flotte dans l'air du temps
qui passe.
L'action de la musique procure rêve et
évasion vers un ailleurs possible, procure une
présence, une compagnie, un exutoire à la
solitude.
Le vieillard peut difficilement vivre seul,
supporter le silence, car celui-ci renvoie toujours à la
mort. L'adulte aussi d'ailleurs, qui supporte difficilement le silence
total car surgit la question existentielle "Qui suis-je ? Où
vais-je ?".
La musique occupe le volume et donne
du relief au temps qui passe, en plus des impacts affectifs du temps
passé.
Dans la triple relation
soignant-musique-résident, elle établit un pont
relationnel. Facilitant et suscitant la communication
verbale, la musique crée la parole, l'expression.Soit
les maux ont la parole, soit la parole atténue les maux...
Le comment et le pourquoi de l'action des vibrations
sonores relève certes de la culture mais en
deçà de celle-ci d'une participation individuelle
du neurologique et de l'affectif avec son aura. De même,
empathie, sympathie, antipathie sont le reflet d'un tout qui se base
sur des riens.
Du chant de la nature à Roch Voisine en
passant par Mozart et les chants de Noël, son action sur
l'esprit est comparable à celle du micro-onde sur la
matière : invisible, impalpable... mais
ça chauffe !
Musique et thérapie
L'irruption de la musique dans la vie quotidienne est
récente, puisque c'est la radio qui, à partir de
1930 surtout, a permis sa diffusion hors concert. Diffusion mondiale
depuis que le transistor a remplacé les lampes.
Curieusement la musique est arrivée
alors que la motorisation du monde changeait la perception de la
"musique du monde environnant". Le monde sonore de la France rurale
était fait de sons de la nature ou émanant du
travail de l'homme, qui structuraient l'espace et le temps. Le bruit du
moteur a brouillé la réception de cette source
d'information et d'évocation, en dehors de lieux
particulièrement protégés. Lieux qui
ont disparu depuis que le 4x4 vocalise en montagne.
L'exclusion de la mort de la vie quotidienne est elle
aussi récente et en rapport avec le changement de style de
vie.
Le glas qu'on entendait centrait
régulièrement le sujet de la mort. On en parlait,
de la "camarde" avec sa faux, car on en portait le deuil des
années durant. On sonne toujours le glas, mais il se noie
dans le bruissement de la ville et n'a plus l'impact premier.
Le bruit de la ville nous place dans un
"silence de l'environnement naturel", sauf des bruits de notre corps. Bruits
dont la moindre modification renvoie à la peur de la panne
irréparable, qui doit survenir un jour. Aussi le
réflexe anti-stress est-il de créer un
environnement sonore, qui au fil des ans donne une culture de
l'oreille, abstraite. Substitut de la culture concrète de la
vie de la nature, qu'ont connu les cohortes de
générations précédentes.
La musicothérapie a pris
son envol dans ce contexte, aux alentours des
années 50 sous l'impulsion de J. Jost et a
défini progressivement sa place. Utilisée, sous
forme vocale et surtout rythmique, depuis des millénaires,
des études sur l'action de la musique avaient
été réalisées au
XIX° siècle, mais les difficultés
techniques d'audition, rendaient son utilisation ponctuelle.
Mais qu'est-ce que la musique, cette vibration
qui nous sort du réel pour nous y laisser replonger ensuite ?
Est-elle une illusion magique ou une sublimation
des bruits de la nature ? Une émanation de "l'esprit de
l'univers" ou de "l'amour créateur" ? Mirage ou
réalité tangible des vibrations cosmiques ? Avec
l'influence du niveau culturel musical en prime pour magnifier ou
masquer les réactions.
Beethoven, sourd, composait des
oeuvres sans les entendre ensuite. Sa musique était donc
intérieure, reflet du retentissement
cérébral de son affectivité, de son
senti, de son âme.
L'élan
vital puisant sa source dans l'affectivité, ce serait
dommage de se priver d'un outil, parmi d'autres, susceptible de
réveiller des énergies potentielles.
La musique considérée comme
un facteur d'activation des énergies restantes, devient, ce
faisant, un générateur d'initiatives rentrant
dans la chaîne :
sensibilisation-activation-stimulation-incitation à
l'action. Un système nerveux ca ne sert qu'à
agir, dit Laborit
Les modalités d'application de la
musiquesont un domaine où tout le monde
à un trousseau de clés sans savoir qu'elle est la
bonne. Certes il y a des serruriers compétents
mais aucun n'a la maîtrise de toutes les serrures.
Pour l'enfant et l'adulte, qui
répondent par le verbe à l'analyse et
à l'induction, l'approche technique est
précisée. L'adulte
détérioré, par contre, n'incite
guère les thérapeutes à l'approche.
Ils n'ont pas fini d'explorer le plus simple.
Notre problème :nous sommes confrontés
d'entrée de jeu au "complexe".
Sans clé disponible.
Ouverts à toute recherche, nous avons convenu de
procéder en ce domaine comme nous l'avons fait pour les
activités d'éveil :
Encourager d'abord la
spontanéité, la libre proposition,
l'improvisation, la prospection dégagée de toute
entrave. Nous avons débuté en 1988.
Dans un deuxième temps, essayer de
structurer les acquis, d'organiser l'utilisation, tout en
étant perméable à de nouvelles
acquisitions.
Notre opinion de ce jour : la recherche
d'efficacité dans la restructuration des
détériorés doit associer à
l'écoute d'oeuvres musicales, la participation au travail du
chant et du rythme.
Auditions d'oeuvres musicales : stimulation
sensorielle, affective et motrice.
Objectif thérapeutique : stimuler,
mobiliser, au niveau sensoriel, corporel, affectif, social et
parallèlement maintenir les acquis.
Place de la musique : utilisée sous la
forme d'audition d'oeuvres musicales.
Cadre : bain musical.
Mode d'intervention des soignants : choix des
oeuvres et mémorisation des réactions des
soignés et des soignants.
Utilisation du rythme : implication
corporelle du rythme.
Objectif thérapeutique : modifier la
rigidité de fonctionnement mental à partir d'une
mobilisation corporelle rythmique.
Place du rythme : le rythme constitue l'amorce
corporelle du fonctionnement de la pensée logique.
Cadre : séances courtes et
répétées associées aux
gestes.
Protocole : actions en groupe, rythmées
par l'utilisation du tambourin, du bongo, des cymbalettes, du
métronome, des grelots, des lames musicales.
Utilisation du chant : implication
physiologique (respiration), mentale et affective.
Objectif thérapeutique : la voix est un
instrument de musique. Chanter c'est à la fois : soustraire
de soi - redonner à soi - donner au désir auditif
de l'autre.
Le cri.
Son utilisation a des fins religieuses ou
guerrières remonte à l'antiquité.
C'est le stade antérieur au langage que pratique le
bébé pour demander. Il représente une
décharge émotionnelle sans contrôle de
soi. C'est le stade primal de la communication, c'est l'être
entier qui se manifeste.
Le choix d'instruments pour le travail du rythme :
simplicité primitive
Exercices utilisant les cymbalettes
:
Rôle thérapeutique :
favorisent la coordination et l'indépendance des mains.
Permettent l'utilisation et la mobilisation des doigts.
Exercices utilisant les grelots :
Les grelots agissent sur l'imaginaire (rappel de
souvenirs anciens : galop joyeux).
Rôle thérapeutique : ils ont
un effet structurant et permettent de différencier les
différentes parties du corps, selon le type d'utilisation.
Exercices utilisant les maracas :
Nécessitent des mouvements des mains et
des bras qui peuvent être faits en alternance.
Rôle thérapeutique : ils ont
une action sur la coordination, la vigilance, la
latéralité
Exercices utilisant le tambourin :
(tambour de basque + ou - cymbalettes)
Le tambourin est le plus complet des instruments
rythmiques, car en plus des effets précédemment
notés, il associe les couleurs sonores (selon le point de
frappe et la manière de frapper).
Rôle thérapeutique : action
équilibrante. Le tambourin émettant un son
puissant peut être l'instrument de choix pour
réaliser les exercices portant sur l'orientation
(orientation sonore)
Exercices utilisant le bongo :
Le son produit est profond et très
pénétrant.
Rôle thérapeutique :
structurant. C'est l'instrument de choix pour les exercices recherchant
le calme, l'attention. Permet aussi l'utilisation
indépendante successive ou répétitive
des mains (droite, gauche)
Exercices utilisant le métronome
:
Rôle thérapeutique : notion de
temps, équilibre.
Exercices utilisant tous les instruments
:
Les instruments peuvent être
utilisés seuls ou combinés.
Rôle thérapeutique :
l'utilisation combiné dans le groupe permet de travailler
sur l'identité des personnes.
Le choix des oeuvres musicales à
écouter : complexe
À qui doivent-elle plaire ?
Aux Résidents et aux Soignants !
Qui choisit ? En dehors de demande
précise de Résidents, à exaucer, c'est
un soignant qui choisit.
Comment choisit-on ?
Choisit-on une musique comme son conjoint, homologue ou
complémentaire ? Choisit-on une musique qui correspond
à son état d'âme du moment ou
à son antidote et celui-ci existe-t-il ?
C'est ici qu'intervient la
nécessité d'avoir des
références, afin de ne pas perdre du temps
à redécouvrir des évidences.
Références argumentées et
validées.
Utilisée selon quelle technique ?
Individuelle ou de groupe; active ou
d'écoute (passive au niveau du corps mais non au niveau
psychique).
Actuellement nous réalisons une "Thérapie
Institutionnelle" par diffusion musicale dans les deux
unités en nous basant sur des expériences
citées par Guilhot, Jost et Lecourt,"La
musicothérapie et les méthodes d'association des
techniques".
Celle d'Altshuler à l'Hôpital
Eloïse aux USA en 1948, en fonction du pouvoir
spécifique attribué au rythme, à la
mélodie, à l'harmonie, etc...
Les séances quotidiennes se
déroulaient dans tout l'hôpital
(Thérapie institutionnelle) selon le schéma
suivant :
1°. une musique rythmée (de
type marche).
2°. une musique mélodique
(intermezzo)
3°. une musique harmonique
4°. une musique à
prédominance affective (but : modifier l'humeur):
- un morceau correspondant à
l'état affectif du patient,
- un morceau orienté dans le
sens thérapeutique souhaité
- une musique qui stimule l'imagination et
les associations.
Celle de Van de Wall, Ruiz et Pierce et de Shapiro,
USA : la musique réactive, revitalise, provoque une reprise
des contacts sociaux et de nouvelles motivations.
La musique peut être
l'intermédiaire d'une reprise de contact avec la
réalité, le rétablissement de la
communication interpersonnelle, pour les sujets au contact difficile,
très inhibés ou opposants. De même pour
les psychotiques.
Nous orienterons notre action vers l'ajout de
techniques d'audition individualisées... en fonction des
possibilités économiques. Les temps sont durs...
Notre tempo...
Dans ce Service de soins de longue durée qui
a choisi une orientation gérontologique, nous
privilégions l'occupation de l'espace visuel et sonore pour
favoriser "l'ici et maintenant". La musique, nous la jugeons favorable
pour créer une réaction de détente ou
procurer du plaisir ; inciter naturellement le corps à
bouger ; éveiller des réactions
émotionnelles ; renforcer le rappel des rythmes temporels
(saisons), culturels et cultuels (les fêtes religieuses)
marqués en utilisant des objets médiateurs
(fleurs, feuilles, nappes blanches, décor, etc.) qui
permettent de se situer.
Pour rythmer le temps du quotidien nous
avons décidé de prévoir une
idée directrice -
sans être sûrs d'avoir raison et en laissant des
plages de silence - pour chaque jour, de la
façon décrite ci-dessous.
Pour chaque plage horaire nous respectons le style
de musique définie (l'esprit, pas la forme) dans les
critères, pour une action chrono-neuro-psychologique
éventuelle. Éventuelle car nous ne pouvons pas
mesurer le retentissement sur des personnes très
âgées qui ne verbalisent pas facilement. Pour les
soignés notre impression est que l'effet est favorable ;
pour les soignants ce n'est plus une impression mais une certitude. Or
il ne faut pas oublier la "souffrance" des soignants en Service de
soins de longue duréeÉ
7 h-8 h. DEBOUT
Le passage sommeil-réveil
s'accompagne d'une période crépusculaire et le
Résident doit rassembler son moi, se situer dans le temps et
l'espace.
Objectif : stimuler le réveil.
Placer en lecteur 1 une musique douce ou allant
du doux au tonique (type : Vivre debout) et en lecteur 2 une musique
tonique (type : Sun Tonic). Ou en lecteur 1 une musique douce et en
lecteur 2 des morceaux de plus en plus toniques (type : Mozart debout 1
et Mozart debout 2).
Toutes les cassettes
préparées ont dans le titre : "debout".
À condition que le
déroulement aille du doux au tonique, on peut faire tous les
essais qui paraissent favorables, pour évaluation.
9 h 30-10 h 30. VOIX HUMAINE
Pour qu'il y ait toujours une
présence humaine pendant que les agents effectuent
l'entretien des chambres des enregistrements parlés sont
diffusés.
Objectif : "on me parle, donc j'existe".
Les mêmes contes ou fables sont
rediffusés régulièrement. ( Les trois
messes basses ; fables ; la vie de la forêt...)
10 h 30. VARIÉTÉS ANCIENNES
ET RÉCENTES pour intégrer le présent
Objectif : éveil de la mouvance
corporelle, invitation à la danse.
11 h. CHANTS en commun
Objectif : exister par et avec les autres.
Un recueil de chants a
été créé et il est
disponible en plusieurs exemplaires pour que les jeunes soignants
suivent les paroles.
Étudier un chant peu connu permet de
travailler la mémoire récente.
11 h 30. INFOS
Diffuser la cassette "Autour des infos"
(Symphonie des jouets) permet chaque jour de situer le moment des
informations loco régionales. Elles sont dites len-te-ment,
avec un longue pause entre les phrases et suivies de musique
"classique" pour laisser remémorer les informations ou
discuter sur les faits divers, le menu.
11 h 30. REPAS
Objectif : faciliter la convivialité
et la digestion.
Silence ou musique non vocale, classique mais
légère, prodiguée par des instruments
à corde : divertissements, sarabande, valses, concerto pour
mandoline de Vivaldi. Mozart...
14 h 30 - 16 h. RELAX
Objectif : faciliter la conversation dans un
état d'attention flottante. Détente.
Il ne faut pas que la musique gêne
les discussions déjà difficiles entre la famille
et le Résident. Pas de musique à phrases
musicales connues ou répétitives ni
d'intensité fort-faible. Utiliser les musiques d'ambiance
relaxante, la musique alternative ou "new-âge" (Spectrum
suite - Dawn - Légend - Solace - Anciens echoes - Starborn
suite - Jost ambiance - Silver Wings - Retour à la vie ...).
16 h. PERCUSSIONS - CLASSIQUE et/ou
VARIÉTÉS ANCIENNES ou RÉCENTES
Objectif : stimuler la mémoire
ancienne, animer le corps, audition interâge et
entrée dans le présent.
Au choix des soignants et des
soignés pour se remémorer : Tino, Compagnie
Créole, Roch Voisine, LantierÉ Chansons se
rapportant à des fêtes religieuses,
saisonnières...
19 h. LE COUCHER
Objectif : induire le passage au calme et
bercer l'esprit.
Type : "Une île nommée
paradis" avec ses bruits de vagues, berceuses.
Dans cette même optique, la diffusion du
Requiem de Fauré ou de Mozart lors d'un
décès, annonce à tout le service que
l'un de nous nous a quittés.
Une
évaluation globale a été
réalisée à l'impromptu.
Lors d'un stage de musicothérapie
effectué par deux soignants à Dijon, nos
pratiques ont été jugées "caserne" par
certains formateurs. Aussi, peu après le retour de ces
soignants et en accord avec eux, nous avons remis en cause notre
utilisation de la musique : sa diffusion a été
interrompue sans concertation ni avertissement, le médecin
signalant que l'arrêt était définitif,
car les musicothérapeutes avaient parlé !
le premier jour, les soignants
ont passé une journée mal à l'aise ;
le second jour, les familles
ont indiqué l'impression de tristesse qui régnait
dans le service ;
le troisième jour, des Résidents
ont parlé de l'absence de musique ;
le quatrième jour, au cours de la
réunion hebdomadaire, les soignants ont signalé
que la poursuite de l'expérience allait conduire
à la détérioration du climat
du service et provoquer un glissement
irrécupérable des Résidents.
Les raisons invoquées faisaient
état de la détérioration de la
qualité du travail individuel et en équipe des
soignants ; de l'apparition de tristesse chez les Résidents
; d'une probable réduction de la fréquence de
venue des familles, sensibles au climat de l'accueil.
L'expérience
de tous les acteurs du quotidien a prévalu sur la
théorie:
la musique a rempli à nouveau l'espace et le temps... et le
ciel est redevenu bleu au-dessus de nos têtes.
Dans quel but ?
Guilhot, Jost et Lecourt mentionnent :
« Les expériences
publiées attribuent à la musique des valeurs
thérapeutiques différentes:
La musique considérée comme un
instrument de discipline de pensée et d'expression des
émotions au travers de la motricité,
est utilisée pour ses qualités
pédagogiques. (Gagnard)
Résultats obtenus chez les
handicapés physiques, sourds, aveugles, débiles
profonds ... chacun développant des exercices
adaptés au cas.
Orchestre de percussion chez les
délinquants, ayant permis une mise en forme des
émotions et une stabilisation des comportements, tout en
apportant une possibilité de valorisation.
La musique facilite le
rétablissement des rythmes fondamentaux de l'organisme et de
leur synchronie. Elle est agent d'homéostasie.
Rôle bienfaisant sur la digestion,
d'une musique populaire non vocale, classique mais
légère et prodiguée par des
instruments à cordes (sarabande, valses, divertissements). (R. Lundin -1953)
La musicothérapie n'est pas
une forme de psychothérapie, mais un moyen de cette
dernière. C'est une forme complexe de relation
thérapeutique ou interviennent plusieurs techniques.Toute
psychothérapie vise essentiellement trois buts:
- Se connaître et se comprendre;
connaître et comprendre l'autre ; s'accepter
soi-même et accepter autrui. Accepter la
réalité humaine, biologique et universelle.
- Éveiller ou réveiller
des énergies positives, les sentiments constructifs,
l'imagination et l'intelligence créatrice.
- Réorganisation de la
personnalité : réorganisation des
désirs, des objectifs poursuivis, des moyens
utilisés. Rectification des attitudes
d'insécurité, de défense devant
l'atroce, l'intolérable, l'inacceptable, l'inadmissible.
Rectification du sentiment d'insatisfaction par modification des
attitudes de conquête et de séduction.
Cette réorganisation s'effectue
dans les trois champs de la vie : intérieure
(sérénité et paix
intérieure), de relation (domaine de la vie sociale avec les
échanges interhumains), intime (champ où les
pulsions sexuelles viennent se combiner aux mouvements de la vie
affective et aux réactions émotionnelles)
».
Des "activités d'éveil",
corps et vibrations
Dans le cadre du projet de soins nous
réalisons le mardi et le vendredi des activités
d'éveil dont les sujets sont variés.
Un type d'activité tel que
l'écoute des sons, qui a pour but de mobiliser
l'attention et de développer les facultés
perceptives de la personne âgée peut
être réalisée selon
différentes modalités :
- perception de ses propres bruits : respiration,
coeur, mouvements et sons internes ;
- tentative de percevoir les sons de l'autre :
respiration, coeur, voix, son particulier ;
- perception des bruits extérieurs naturels
(pluie, vent, animaux), de la société
(automobiles, motos, enfant qui crie),
événementiels (porte qui claque, ballon qui
éclate) ;
- nommer les bruits que l'on peut entendre à
la montagne, à la mer, dans une maison, ... etc ;
- rechercher les bruits sonores possibles de son corps
; rechercher toutes les possibilités sonores de la
pièce dans laquelle on se trouve, ce qui implique la
découverte de l'espace. Ce qui engage un dialogue, une
discussion, un travail en groupe, en somme une socialisation.
C'est l'occasion aussi de présenter des
situations plus complexes dans lesquelles la personne doit
faire appel à des notions concernant le lieu (corps,
nature...) mais aussi l'intensité (doux, moyen, fort) ou la
durée (bref, long, prolongé), la
temporalité (souvent, toujours, de temps en temps,
rarement), le moment (l'été, le matin, avant,
pendant, après le déjeuner), l'espace (dessus,
dessous, devant, derrière).Cet exercice joue un
rôle dans la conservation des structures mentales, engendre
une série d'intérêts nouveaux
débouchant sur de nouvelles interactions cognitives.
L'animateur soignant, au cours d'un autre type
d'activité, demande au participant selon des consignes
sonores simples et claires, de marcher pieds nus sur des dalles
antidérapantes en feutrine de formes (carrés,
cercles, triangles) et de couleurs différentes : le son doit
permettre à la personne d'identifier soit une forme soit une
couleur. Pour éviter la reconnaissance par la vue,
l'animateur tourne le dos au groupe afin que celui-ci ne voie pas ses
gestes et les instruments nécessaires à la
production du son.
Première possibilité : quatre
sons différents correspondent à quatre
couleurs différentes,
Ex. : "quand vous entendrez ceci (son
émis par une frappe du tambourin par exemple) vous irez sur
la dalle rouge ; quand vous entendrez ceci (maracas par exemple) aller
sur la dalle bleue ; ....(lame musicale)...jaune ; ...(bongo)...
verte".
Deuxième possibilité : un
seul son mais l'action à effectuer est fonction de sa
répétition,
- une seule fois, aller sur le cercle ;
- trois fois, aller sur le triangle (trois
côtés) ;
- quatre fois, aller sur le carré
(quatre côtés).
Il faut laisser du temps aux participants pour
intégrer les consignes et faire la relation entre
répétition du son et nombre de
côtés de la figure
géométrique.
Variantes plus complexes :
demander au participant de croiser les mains dans le dos et dans cette
position de se déplacer vers une dalle ; arrivé
à la dalle, mettre les mains sur la tête...etc.
Autre variante : chaque un, deux ou trois pas,
(le rythme est choisi par l'animateur), le participant émet
un son : inspiration ou expiration forcée ou frappe de
mains.
La stimulation sensorielle (visuelle, tactile,
auditive, proprioceptive) est animée. Par le processus d'une
recherche intérieure, le participant doit trouver la
représentation mentale de l'action à faire. Cela
exige attention, écoute, concentration,
réflexion, la visualisation des actes complexes et
simultanés. Ce travail en "aquarium" (les autres regardent),
où la motilité existe, est valorisant, redonne
confiance en soi.
Lors d'une autre activité, des instruments
musicaux différents sont proposés.
Le soignant commence par les
présenter ou, mieux, les offrir. Le choix de l'instrument
découle de la perception de la qualité du son, de
son timbre mais aussi de la personnalité du
Résident dont il est le reflet.
Après l'exploration et la
découverte de l'instrument, le participant est
invité à l'utiliser et à
émettre des sons.
L'utilisation de divers instruments permet
de faire constater les différences de durée des
sons. Cette durée dépend du corps de l'instrument
mais aussi du matériau qui le compose : les
métaux tels que ceux du triangle, des cymbales, des lames
résonnent plus longtemps que les peaux ou le bois. La
durée du son peut être liée au
participant : l'instrument dans lequel il souffle est un bon moyen de
prise de conscience de ce pouvoir.
La notion de durée est mieux
intégrée par l'utilisation de la voix et du
mouvement. Émettre le son ''A" par exemple, le plus
longtemps possible (on tient le son) ou le plus brièvement
possible et chercher un geste qui corresponde à la
durée demande une certaine coordination. Une variante de cet
exercice : la durée du son doit correspondre au
tracé graphique simple ou complexe que l'animateur dessine
sur le tableau. Cela demande au participant de gérer des
situations concomitantes : regarder, émettre le son,
utiliser le mouvement, s'écouter.
Dans certains exercices où il s'agit
d'associer voix et mouvement.
À l'aide du corps, le Résident reproduit une
lettre majuscule. Par exemple, le "I" correspond à
l'idée de grandir, d'étirer le corps
progressivement vers le haut, d'élever les bras
verticalement ; le "O" s'accompagne d'un arrondi de la bouche, des
bras, du tronc, du dos ; le "A" correspond à une grande
ouverture de la bouche, des bras, des jambes, des mains, à
un déplacement ample dans la salle.
Dans l'emploi du corps, il existe des
réponses instinctives positives. Ainsi les frappés
de mains, instrument corporel, provoquent presque toujours un
écho rythmique.
Les instruments à
percussion simples, les clochettes, les castagnettes, le
triangle, les cymbales, les maracas favorisent le
déplacement et permettent de percevoir les ondes sonores
dans l'espace. Le bongo, plus lourd, est tantôt
frappé avec les mains, tantôt avec un pied (en
position debout ou assis) ou deux pieds (en position assis ou
couché).
N'importe quelle personne
âgée peut tambouriner sur le tambour de basque,
petit et léger. La personne peut le frapper non seulement
avec les mains mais aussi avec le coude, contre les cuisses, les
genoux, la poitrine, décomposant ainsi le rythme d'une
danse. Certains hochets que la personne place autour de ses poignets ou
de ses chevilles et qui accompagnent alors le mouvement des membres,
peuvent également être utilisés.
La danse permet une
expression harmonieuse du corps, guidée par
l'émotion musicale. Il s'agit d'une communication non
verbale à caractère universel qui permet non
seulement une appropriation de l'espace par le mouvement, mais aussi du
temps par le rythme.
La récitation de
poésies, de fables est une autre utilisation de la
voix
Chant et musique, "vitamines du
coeur"
La "musique" permet de rendre plus fluides des canaux de
communication, ce qui conduit à un allégement de
la souffrance, à une meilleure possibilité de
repos, à une stimulation de l'instinct de vie.
Son influence est fondamentale dans
l'économie physique des individus, Résidents ou
soignants. La diffusion dans l'unité de soins est un apport
bénéfique pour chacun de nous... sans oublier les
familles.
Considérer le Résident
âgé (qu'il soit désorienté,
dément par multi infarctus ou de type Alzheimer) comme une
personne à part entière, c'est lui faire sentir
que nous ne sommes pas là pour la juger mais pour
l'épauler à sortir de son isolement, à
être en harmonie avec elle-même et le monde qui
l'entoure.
Développer le sens de l'écoute,
susciter le plaisir d'émettre, éveiller
l'imagination, affiner la sensibilité, arriver à
un meilleur contrôle de soi, avoir la possibilité
de communiquer son vécu et faire participer autrui
à son vécu sont des vertus de la musique,
vitamine du coeur âgé.
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que soin dans les maladies nerveuses, Non Verbal, Parempuyre, 1993, 90
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