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Crise d'adolescence
Recettes
pour les
parents 2 pages
Extrait de L'école de
Palo Alto, E. Marc, D. Picard, Retz, Paris, 1992
- « Bien des
difficultés relationnelles ne persistent que parce qu'elles
sont entretenues par ceux-là mêmes qui cherchent
sincèrement à y remédier.
-
- Un des exemples les
plus courants en est sans doute les relations qui
s'établissent entre parents et enfants au moment de la
« crise » d'adolescence de ces derniers : les
enfants éprouvent le besoin d'affirmer leur
individualité contre leurs parents et ceux-ci croient de
leur devoir de raffermir leur autorité pour continuer
à jouer leur rôle d'éducateur et ne pas
donner l'impression de démissionner à la
première alerte. On assiste alors à l'escalade
des provocations et de la répression :
Les parents n'osent pas
relâcher leur contrainte car ils " savent " que leur enfant
aurait alors une conduite complètement
incontrôlable mais pour le jeune, la rébellion est
le seul moyen de survivre psychologiquement contre les exigences
toujours plus fortes de ses parents.
- Pour rompre ce jeu relationnel, on peut conseiller aux
parents un « sabotage bienveillant »
- Le sabotage
bienveillant
- Prendre la
position « faible ».
- Avouer
franchement à l'enfant qu'on est incapabIe d'avoir prise sur
son comportement. « Nous voulons que tu sois
rentré à 11 heures - mais si tu ne rentres pas,
nous ne pouvons rien y faire. » Voilà le genre de
propos que peuvent tenir des parents.
- Dans ce
nouveau cadre, l'adolescent découvre très vite
que l'affirmation et le défi n'ont plus guère de
sens. Il est très difficile de défier une
personne faible.
- Utiliser
quelques « recettes » faciles à
réaliser.
- Si votre enfant
rentre systématiquement à 2 heures du matin
malgré la permission de 11 heures et les punitions
répétitives, vous pouvez fermer la porte
à 11 heures et faire ensuite semblant de dormir. Lorsque
votre enfant rentrera, il devra sonner. Faites-le alors patienter un
peu (comme s'il vous fallait un certain temps pour vous tirer d'un
sommeil profond) puis ouvrez-lui en prenant bien soin de vous excuser
de l'avoir fait attendre dans le froid du petit matin (n'oubliez pas
d'assortir ces paroles d un air confus).
- Ou bien, si
votre enfant ne fait pas son lit (uniquement, d'ailleurs, parce que
vous lui demandez cette participation aux tâches de la
maison), au lieu de hurler et de le laisser dormir dans des draps
frippés (ce qu'il considère comme une victoire
personnelle et lui fait plutôt plaisir, le lit «
fait » étant considéré par
lui comme un problème ressortant exclusivement de
l'esthétique maternelle), faites tranquillement le lit
lorsqu'il est parti pour le collège en prenant soin d'y
répandre consciencieusement quelques miettes de pain bien
dures qui ne manqueront pas de le gratter la nuit suivante. S'il s'en
plaint (et il le fera si l'opération se
répète), prenez un air confus en expliquant que
vous avez fait le lit en mangeant un sandwich et n'oubliez pas de vous
excuser platement.
- On peut aussi
mettre de l'amidon dans son linge, du sel dans son flan, renverser du
lait ou du sirop sur lui au moment ouil doit rejoindre son flirt...
- Tout est possible.
Dans le cas de
fugues, la
stratégie peut changer : il ne s'agira plus de saboter, mais
de feindre l'indifférence. En effet, certaines fugues
d'adolescents ne sont que des appels détournés
à l'affection des parents (« cours
après moi pour me prouver que tu m aimes »). Les
parents entrent d'ailleurs d'autant plus facilement dans ce jeu qu'ils
sont profondément et réellement inquiets lors de
la disparition de leur enfant.
- Et les
voilà qui donnent des coups de
téléphone à tous les amis de leur
fils... qu'ils finissent par aller dénicher dans sa cachette.
- S'ils jouent les
indifférents, s'ils ne cherchent pas à joindre
leur enfant, il y a de fortes chances pour ce soit lui qui finisse par
les contacter.
- L'effet est le
même (le retour au foyer) mais dans le second cas, on a des
chances de pas voir la fugue se renouveler alors que dans le premier
cas fugue n'est souvent que la première d'une longue
série, l'adolescent ayant trouvé un moyen
excellent de se réassurer dans l'affection ses parents.
- Les
adolescents portent un très grand
intérêt à
l'intérêt qu'on manifeste pour leur disparition.
Par conséquent le
manque d'intérêt évident constitue pour
eux le motif puissant de reprise de contact avec leurs parents alors
que la conscience d'être l'objet d'une recherche anxieuse les
pousserait à prolonger une situation qui n'est,
après tout, qu'une variante du « jeu »
relationnel qu'ils jouent d'habitude avec ceux-ci .
- Ces exemples
plus ou moins teintés d'humour (qui lui aussi peut être un moyen
de changement et une façon efficace de sortir du cadre
habituel) ne sont que des illustrations d'attitudes
stratégiques que l'on retrouve
systématisées dans la pratique
thérapeutique de Palo Alto »
- mars1995
- Dr Lucien Mias
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