- Retour au management Aller
à
l'arrêté du 26/04/99 Aller
au questionnaire
d'évaluation
Note
Dr Mias : Ce texte est un " document d'appui technique"
aux
recommandations exposées dans
l'arrêté
du
26/04/99, JO 98, sur la prise en charge des personnes
âgées dépendantes. Axé sur
les Cantous.
MINISTÈRE DE
L'EMPLOI ET DE LA
SOLIDARITÉ
« Adaptation des
établissements
d'hébergement
pour personnes âgées en
vue d'une amélioration
de la qualité de la vie des
résidents présentant
une détérioration
intellectuelle5 pages
1999
- Les hébergements collectifs doivent proposer un
mode de vie, avec une qualité de relation et une
organisation des espaces appropriées pour l'ensemble des
résidents hébergés. Ce document traite
uniquement les spécificités de la population
présentant une détérioration
intellectuelle.
- (Note de renvoi
: Parmi les résidents des établissements pour
personnes âgées, deux personnes sur cinq
présentent une détérioration
intellectuelle, c'est à dire un comportement partiellement
ou totalement inadapté, associé à une
désorientation dans le temps et l'espace - source :
enquête effectuée dans les
établissements d'hébergement pour personnes
âgées (EHPA) effectuée par le SESI au
31/12/94)
- Il a pour vocation de proposer des pistes de
réflexion pour une prise en charge spécifique,
visant à une amélioration de l'accueil de ces
personnes à partir des moyens humains et architecturaux
existants dans la structure.
- Tous les établissements accueillant des
personnes présentant une détérioration
intellectuelle voire une démence doivent proposer aux
résidents et à leurs familles une prise en charge
spécifique. Celle-ci fait partie des orientations
définies par le projet d'établissement. Elle
induit alors une organisation de certaines activités autour
de ces résidents, que celles-ci se déroulent dans
un lieu spécifique ou non. La
préférence est souvent donnée
à la création d'accueils de jour voire
d'unités de vie, parfois dénommées "cantou".
- Ce dernier terme désigne classiquement le
regroupement d'une douzaine de résidents
présentant une détérioration
intellectuelle dans une unité de vie de type communautaire
sous la responsabilité d'une maîtresse de maison.
Actuellement, ce vocable recouvre des concepts très
variés selon les institutions. Les constantes restent la
petite taille, le regroupement d'une douzaine de personnes dans un
même lieu et généralement la
présence d'activités de préparation,
même très partielle, des repas. Ici, nous
parlerons donc plutôt d'unité de vie, qu'elle soit
de jour ou permanente sur les 24 heures.
- La comparaison des populations et des divers aspects de
leur suivi dans des cantous et des unités de long
séjour la mis en
évidence la présence de populations accueillies
très similaires, avec des courbes de survie parfaitement
superposables. L'évaluation de la qualité de vie
des résidents, au travers d'observations de leur
comportement, a révélé des
différences nettes en faveur des cantous. La satisfaction
des familles y était meilleure, comme celle du personnel.
- (Note de renvoi : Cantou et Long
séjour hospitalier, évaluation comparative de
deux modes de prise en charge de la démence
sénile - A. Colvez, K. Ritchie, B. Ldesert, J. Ankri, H.
Gardent, A. Fontaine, Éditions INSERM, 1984)
- Une étude du réseau de consultants de
la Fondation de France, fait apparaître une
répartition des cantous selon quatre types.
- (Note de renvoi : Vivre au Cantou,
exploration d'un mode d'accueil et d'accompagnement pour personnes
âgées, cahiers n° 7, Fondation de France,
1993.)
- - Le premier consiste en une simple
garderie, modèle le plus négatif, avec une
surveillance des entrées et sorties, cherchant ainsi
à éviter tout risque de fugue ; l'attention
portée au résident affecté d'une
détérioration mentale se limite alors
à l'aide à la toilette, l'habillage et
l'alimentation, ignorant souvent les activités de la vie
quotidienne. Il protège les personnes qui ont
conservé intactes leurs facultés intellectuelles.
- - Le second modèle est
celui des petites unités où le concept "petit"
est idéalisé, sublimé, comme si cette
notion pouvait à elle seule régler l'ensemble des
problèmes posés par ce type de population.
- - Le modèle suivant est
celui de l'unité médicalisée,
développant des objectifs thérapeutiques afin
d'essayer de diminuer les troubles et de
réinsérer la personne âgée
dans son milieu de vie habituel.
- - Le dernier modèle se
réfère à une approche globale du
résident : il existe une réorganisation
complète de la structure traditionnelle autour du groupe de
personnes âgées
présentant une détérioration
intellectuelle. Une telle organisation peut d'ailleurs être
envisagée pour des résidents non
affectés d'un tel handicap.
- L'établissement doit impérativement
s'inscrire dans un réseau afin d'assurer dans tous les cas
un suivi des résidents. La présence d'un
médecin coordonnateur, compétent en
gérontologie, permet de proposer une prise en charge
adaptée au résident dés
l'entrée dans l'institution ainsi que lors du
séjour, surtout en cas d'affections intercurrentes. Il a un
rôle important en matière d'information, voire de
formation, des personnels de l'institution. À
défaut, un conventionnement avec un service de
gériatrie peut permettre de répondre aux besoins
des résidents.
- Par ailleurs, une convention avec le secteur psychiatrique
s'avère indispensable tant pour un suivi des
résidents que pour un soutien psychologique du personnel.
Afin de rendre plus opérationnelle l'activité des
équipes de secteur psychiatrique auprès des
personnes âgées, tant à domicile qu'en
établissement, il semblerait opportun de formaliser une
organisation inter-sectorielle en géronto-psychiatrie,
s'appuyant sur les équipes les plus
intéressées par cette population.
- Dans la palette des aides et soutiens
nécessaires pour les familles dont un des leurs
présente une détérioration
intellectuelle, trois sont à mentionner ici : l'accueil de
jour, l'accueil de nuit et l'hébergement temporaire ; ils
peuvent être isolés, ou faire partie d'un
établissement d'hébergement.
Dans ce dernier cas, l'accueil de jour, peut recevoir des
résidents de l'institution, des personnes vivant
à leur domicile, ou les deux. Isolé, il
nécessite une forte densité de personnes
âgées dans un périmètre
relativement restreint autour du lieu d'implantation de la structure,
afin que les transports soient aisés surtout lorsque la
famille les assure elle-même ; le coût doit
être accessible pour une fréquentation
régulière.
I -
Caractéristiques de la population accueillie
- Il s'agit de personnes atteintes de
détérioration intellectuelle, voire de
démence (maladie d'Alzheimer ou autres troubles
apparentés). Le diagnostic du type de
détérioration intellectuelle, voire de
démence doit avoir été
confirmé par un médecin qualifié
(gériatre, neurologue, psychiatre...) permettant notamment
d'exclure les troubles relevant d'étiologies
curables, les états dépressifs purs, les
états névrotiques et psychotiques vieillis.
- Il convient de ne pas oublier que la démence est
une maladie de la communication et de l'adaptation,
nécessitant de ce fait que ce soit l'institution qui
s'organise et s'adapte aux résidents qui en sont
affectés, afin notamment de renforcer les
potentialités qui leur restent. Le fait qu'il s'agisse d'une
maladie ne doit pas pour autant entraîner une organisation
hospitalière. Médecins et soignants seront
présents mais de façon discrète.
Ainsi, le port systématique d'une blouse blanche,
très symbolique et essentiellement reflet d'une culture
hospitalière, devra être
évité, en dehors de la réalisation de
certains actes techniques spécifiques infirmiers. Pour
certaines activités (culinaires, peinture...), une blouse ou
un tablier, parfois utile, sera choisi, de
préférence, de couleur.
- Chaque institution se doit de définir son projet
d'établissement pour préciser son mode de
fonctionnement et ses limites éventuelles. Ainsi,
l'instauration de visites de pré-admission comportant un
véritable entretien avec la personne
âgée et sa famille prépare
réellement l'entrée du futur résident
; ce type de visite peut être formalisé au travers
d'une charte. Chaque résident doit
bénéficier d'un projet de vie
individualisé dés l'entrée dans la
structure.
- Le projet d'établissement doit
préciser les conditions permettant de maintenir dans
l'unité les résidents devenus grabataires, afin
que toute décision puisse être
justifiée par des critères objectifs
préalablement définis. On peut ainsi concevoir
que seuls les résidents ayant conservé leur
autonomie motrice soient maintenus au sein de l'unité.
Dans ce cas, les résidents devenus grabataires sont
généralement accueillis dans un autre secteur de
la même institution, dans les meilleures conditions possibles
pour le résident et sa famille. L'option consistant
à garder les résidents dans l'unité,
même devenus grabataires, correspond en particulier aux
petites unités isolées
spécialisées dans l'accueil des
résidents détériorés sur le
plan mental et ayant choisi de les accompagner jusqu'à la
fin de leur vie.
II -
Objectifs de la prise en charge
- 1 - pour la personne âgée
Il importe de préserver le plus longtemps possible
l'autonomie physique et psychique des personnes accueillies
grâce à l'écoute active, la
résolution des tensions internes de ces
résidents, l'entretien, voire la stimulation de leurs
fonctions cognitives et il faut se garder de faire de l'animation un
impératif artificiel.
- Pour de nombreux résidents, le temps de la
toilette et de l'habillage constitue une phase essentielle de relation
privilégiée, permettant en particulier de
favoriser la parole, l'enchaînement des gestes et le maintien
des repères. Il convient en outre de développer
toutes les possibilités de communication non verbale,
surtout aux stades avancés de la maladie. Le toucher,
particulièrement présent dans les soins
d'hygiène, en constitue une base simple.
- Le maintien de relations, par le biais de
différents ateliers à caractère
souvent ludique (cuisine, lecture de journaux, musique, jeux..) voire
d'activités spécifiques (art-thérapie,
musicothérapie...), sera formalisé dans le cadre
de la mise en place d'un projet personnalisé pour chacun des
résidents de l'unité.
- 2 - pour la famille.
Il convient d'intégrer la famille au projet
thérapeutique par un travail de soutien et de conseil en
l'associant parfois aux activités dans la
journée. Sa participation commence dès la visite
de pré admission.
III -
Conception et organisation des lieux
- Dans chaque institution, deux systèmes
d'organisation existent, parfois conjointement:
- - un accueil de jour spécifique,
- - une unité spécifique
fonctionnant 24 heures sur 24, où le plus souvent les
chambres individuelle sont. regroupées autour d'un espace de
vie collectif, le séjour.
Dans les deux cas, l'unité regroupe 10 à 15
personnes environ.
- Le projet institutionnel doit être clair et
concilier deux objectifs essentiels : sécurité et
liberté, tout en rappelant à la famille que le
risque "zéro" n'existe pas.
- Le soin apporté à l'environnement
familier des résidents (qualité des espaces,
choix des matériaux, des couleurs, de
l'éclairage, etc...) doit contribuer à la
réussite de cet équilibre.
- L'organisation de l'espace, composante essentielle de
la bonne mise en oeuvre du projet de vie, facilite voire optimise
celui-ci. Une attention particulière doit y être
portée.
- Dans une cuisine aménagée avec
des éléments uniquement muraux, le responsable
des activités culinaires et les personnes
âgées se tournent le dos ; dans une cuisine
aménagée avec des éléments
centraux, ils se font face.
- Sécurité :
quelques principes :
- - Concevoir une structure géographiquement
identifiable,
- - Sécuriser : l'accès aux
ascenseurs, aux locaux de soins, voire aux fenêtres, lorsque
l'unité d'accueil n'est pas implantée en
rez-de-chaussée ; l'utilisation des espaces et des
équipements sanitaires : mitigeurs lavabos et douches
bloqués, évitant que les résidents ne
s'ébouillantent, dispositif coupe-eau...
- - Certains projets institutionnels reposent sur une
organisation "sécurisante" du fait par exemple de codes
d'accès électroniques. Dans d'autres
établissements, l'accès est libre. Dans tous les
cas, il est fondamental d'expliquer ces choix aux familles et de les
associer au fonctionnement de la structure d'accueil.
- Liberté : quelques
propositions...
- - Garantir à chaque personne un espace
privatif en prévoyant essentiellement des chambres
individuelles ;
- - Concevoir des espaces de déambulation
suffisamment vastes, sans obstacles (pas de porte fermée) ;
- - Différencier les zones utilitaires (espace
de préparation des repas avec stimulations en particulier
olfactives, activités), les zones d'agrément
(aquarium, volière...), et les espaces extérieurs
cour ou jardin clos (d'accès libre et fermé la
nuit) et prévoir des éléments visuels
et temporels (calendriers horloges...) de manière
à faciliter le repérage temporo-spatial.
IV -
Personnel
Le personnel doit prodiguer des soins de qualité, tout en
trouvant une satisfaction dans sa pratique quotidienne.
L'équipe est constituée d'un noyau de base en
contact permanent avec les personnes âgées et
d'intervenants de "seconde ligne", ayant une formation et des fonctions
plu spécialisées, aptes à prendre le
recul nécessaire.
- A - "noyau de base" : différentes
options sont envisageables.
- 1 - Tous les
professionnels de ce cercle sont
titulaires du diplôme professionnel d'aide-soignant (DPAS) ou
du certificat d'aptitude aux fonctions d'aide
médico-psychologique (CAFAMP), ou de tout autre
diplôme donnant compétence à la prise
en charge de la vie quotidienne.
- Il est à noter que les aides
médico-psychologiques bénéficient
d'une formation initiale particulièrement adaptée
à ces résidents.
- 2 - Une partie du
personnel, limitée au
maximum au tiers des effectifs, n'a pas de diplôme attestant
d'une qualification initiale.
- Dans ce cas, comme en Meurthe et Moselle, il
convient de leur apporter une formation, sensibilisaiion rapide et
préalable dans un service hospitalier ou un
établissement médico-social
particulièrement compétent face aux
problèmes soulevés au long cours par
l'hébergement de cette population âgée.
Ce stage permet de tester leurs capacités "humaines" et leur
capacités relationnelles et de vérifier qu'il n'y
a pas de zone de fragilité trop imponante.
- B - "seconde ligne" :
- - qualification initiale systématique,
supérieure à celle des professionnels du noyau de
base ; les infirmiers et médecins notamment appartiennent
à ce cercle
- - à ce niveau se trouvent l'infirmier du
secteur psychiatrique, le psychologue et bien sûr le
gériatre et le psychiatre. Ils constituent un
élément fondamental pour le soutien de
l'équipe de l'établissement
d'hébergement, et permettent ainsi d'éviter des
hospitalisations. L'équipe psychiatrique constitue un
recours possible pour faciliter une hospitalisation lorsque
l'état de la personne le nécessite et que
l'équipe institutionnelle n'est plus en mesure de dispenser
les soins requis. L'existence d'une structure psychiatrique de recours
est donc impérative.
- Par ailleurs, les expériences existantes
permettent d'indiquer que pour un fonctionnement satisfaisant sur 24
heures, il convient d'avoir à côté d'un
responsable qualifié six agents, sans oublier les
intervenants ponctuels ; pour une unité de jour, la
présence permanente de deux agents apparaît
nécessaire.
- L'organisation du travail de ces unités
peut permettre un travail à temps partiel, environ 3/4
temps, lorsque les agents le souhaitent. Cela leur permet une moindre
fatigue et plus grande disponibilité. D'une
manière générale, l'organisation du
temps de travail des personnels doit être conçue
avec énormément de soins afin d'éviter
toute répercussion négative sur les
résidents.
- Des réunions
régulières de l'équipe et des groupes
de parole paraissent souhaitables afin que soient respectés
les objectifs initialement fixés.
- L'élaboration d'un plan de formation
continue pour l'établissement et l'équipe
considérée doit permettre à l'ensemble
des personnels d'acquérir une culture
gérontologique commune. Du fait des difficultés
de déplacement, voire du remplacement de personnel, cette
formation peut s'effectuer in situ, pour une partie au moins.
- Bien entendu, des échanges entre
différentes institutions, y compris de pays
différents, apportent un bénéfice
certain.
- Pierre Gauthier »
- Éditique:Dr Lucien MIAS - Décembre 1999
- Retour au management Aller
à
l'arrêté du 26/04/99 Aller
au questionnaire
d'évaluation