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Accompagnement interculturel
des mourants et de leurs proches 

- I - Savoir pour mieux aider - II - Savoir maîtriser la douleur - III - Savoir être et savoir faire 
- IV - Savoir percevoir la détresse de la famille 
 IV - Savoir percevoir la détresse de la famille images/logoPdf8k.jpg   11  pages
Il faut lutter contre l'opinion du rejet de l'aîné, émise par ceux qui n'ont jamais été placés en situation de vivre l'angoisse créée par les phénomènes de désorientation et de comportement.

  La famille et son chagrin

De nombreux sentiments : isolement, culpabilité, inquiétude, gêne, habitent la famille qui ne peut accepter la déchéance de son parent.
Éprouvée, cette famille
est en désarroi, en peine, et cherche le chemin d'une véritable communication avec l'équipe soignante.

« Cette voie passe aussi par le toucher : savoir prendre un bras, une main, offrir une épaule seront peut-être les seules réponses à donner, celles qui seront les plus propices à l'apaisement. Le fait de reconnaître le chagrin par le toucher et l'attention, crée un climat de confiance où le Résident et ses proches peuvent s'extérioriser. 
Support à notre simple présence, la communication tactile, bien que silencieuse, est une aide précieuse pour la famille désorganisée et ébranlée. Cela lui permet de se sentir soutenue à travers la souffranceM. Zambon

  Comment aider mon parent en fin de vie ?

  Le moment du trépas

La famille est soumise à des tensions internes lors de la mort d'un proche. Elle aura besoin de soutien pour traverser cette étape difficile. Les comportements recommandés à l'égard de la famille sont les mêmes qu'à l'égard de la personne mourante.

L'intervenant doit :
- Être désireux d'aider la famille
- Prendre le temps d'écouter
La famille pose souvent des questions dont elle connaît la réponse. Dans la plupart des cas, elle ne recherche pas des réponses professionnelles. mais une écoute.
- Essayer de comprendre ce que chacun des membres de la famille vit ...  ... et accomplir des actes concrets pour les aider.
- Être authentique
Ne pas avoir peur de dire ce que l'on pense, ce que l'on sent : « ça me fait de la peine... je me sens impuissant ... je ne suis pas disponible présentement. etc. ».
- Tenir compte des modes de communication à l'intérieur de la famille
- Être disponible
- Respecter le rythme de la famille dans les étapes de résolution du deuil... ... ne jamais la devancer ;
- Mettre en évidence le potentiel de chacun
Offrir son soutien.
La famille est très vulnérable en ces moments difficiles. Les paroles et les gestes des intervenants peuvent avoir une influence sur chacun d'eux. Le discernement est de rigueur pour répondre au besoin, au bon moment.

  Le travail de deuil

« Un seul être vous manque.
S'il est présent, le monde à mes yeux est présent.
Que le monde soit là et lui seul est absent,
L'univers devient invisible »
Méléagre, Anthologie grecque 
Parfois, la protestation et la tristesse sont mêlées, l'une stimulant l'expression de l'autre.
La tristesse se complique souvent de regrets, de culpabilité.
- Pourquoi n'ai je pas su voir ou prévoir ce qui allait se passer ?
- Si j'avais su, j'aurais passé plus de temps avec lui ?
- Je ne l'ai pas comprise !
- J'aurais dû faire ceci ou cela !
- Ah ! si je pouvais être avec lui ou elle encore une heure ou un mois !
Avoir fait plus et mieux, prévaut lorsque la mort a été subite. Il y a souvent tant de non-dits et de situations non terminées qui pèsent très lourds à cette phase-là.
Il arrive que de l'angoisse se précise : angoisse de mourir soi-même, peur de vivre et peur de mourir.
C'est à cette étape-là, - de durée variable selon le caractère des personnes et selon le type de perte - que la personne en deuil a le plus besoin du soutien de l'affection de parents ou d'amis proches. D'amis capables de comprendre la complexité de ce qu'il est en train de vivre et de lui offrir l'écoute chaleureuse nécessaire.
Tout le cheminement décrit ci-dessus a lieu aussi lors de pertes autres que des pertes de personnes.
Il faut aussi se souvenir que les phases ne sont jamais claires et précises et souvent il y a des retours en arrière, des hauts et des bas.
Dans la plupart des cas de décès d'un conjoint, les veufs et veuves ont besoin de trois à quatre ans pour retrouver la stabilité dans leur vie.» Rosette Poletti et Barbara Dobbs, Vivre son deuil et croître, édition Jouvence, Genève, 1993.

  Savoir vivre la culture des autres, pour accompagner

Les us et coutumes
L'accompagné en plus de sa particularité en tant que personne, son âge, son état de conscience (déficits cognitifs, démences) peut différer aussi par la culture de son terroir, ces us et coutumes dont il a été imprégné dans sa jeunesse et qui induisent bon nombre de ses comportements : la perception du territoire, l'utilisation des "bulles" d'espaces entourant le corps, la façon de parler, de s'alimenter, de s'habiller, de marcher, de parler avec les autres... 
La classification des us et coutumes est impossible, tellement ils sont variés. Observer et écouter la personne permet de les reconnaître ; les respecter permet de lui manifester de l'intérêt.
Les comportements sont souvent modifiés par la vie en institution : on ne meurt peut-être pas de la même façon à son domicile qu'en Soins de Longue Durée.
La synthèse d'une première Table ronde qui a eu lieu à l'Institut en Soins Infirmiers de Castres le 16/09/94, montre qu'il faut parfois peu de choses pour froisser les gens : leur toucher la tête...
Cette table ronde réunissait des intervenants représentant l'Europe, l'Afrique et l'Asie.
« - A quel âge est-on considéré comme une personne âgée ?
Le passage à la condition de personne âgée varie selon les cultures.
En Occident (dans une société où le culte de la jeunesse est prépondérant, c'est "le regard des autres" qui conditionne le statut de personne âgée.
En Asie, cela coïncide avec la cessation d'activité.
En Afrique Noire, au Maghreb, lorsque les personnes deviennent grands-parents.
- Existe-t-il des attitudes différentes par rapport aux personnes âgées valides ou invalides ?
En France, il existe une séparation entre personnes âgées psychiques et physiques.
Dans les autres cultures (juive, africaine, asiatique, maghrébine) la famille est sacrée et les personnes âgées invalides sont intégrées au groupe. A noter qu'en Afrique, la personne âgée malade perturbe le groupe et pour le rétablir, on fait appel au sorcier.
- Quels sont les gestes tabous pouvant être vécus comme une agression ?
En Afrique noire, la relation au corps est vécue très librement dès le plus jeune âge. Les soins donnés aux personnes âgées sont marqués par le respect et expliqués.
Lorsque les soins sont effectués auprès de personnes maghrébines faire attention de rester dans une relation duelle en présence des membres du groupe (séparer les hommes des femmes ; ne pas parler de sexualité, de menstrues).
Auprès des personnes âgées de la communauté asiatique, toucher la tête est un manque de respect.
Une règle à retenir : demander le consentement de la personne âgée lorsque l'on va effectuer un soin.
- Quel symbole représentent les personnes âgées dans les cultures ?
Être personne âgée est synonyme de sagesse, de savoir, de pouvoir dans les sociétés non industrialisées. De ce fait elle a droit au respect.
La personne âgée a un rôle social : c'est elle qui transmet les traditions aux enfants.
Comme l'enfant, la personne âgée est liée au cosmos : l'un de par sa naissance, l'autre de par sa mort.
La mort est vécue comme une suite, alors que dans les sociétés industrialisées, la mort est une fin en soi.
- La société a-t-elle une attitude d'acceptation ou d'exclusion vis-à-vis des personnes âgées, plus particulièrement marquée en fonction des tranches d'âge ?
Alors que les personnes âgées sont plus ou moins rejetées dans notre société, dans les autres cultures, les personnes âgées sont intégrées à la famille et respectées.
Chez les juifs, les jeunes resserrent les liens avec leurs grands-parents;
Chez les maghrébins, les enfants sont proches des grands-parents. Ainsi les parents sont appelés par leur prénom et les grands-parents, par respect, père et mère.
En Afrique noire, être l'aîné d'une fratrie ou d'une famille confère le respect.
- Être un homme âgé ou une femme âgée, est-ce différent ?
Chez les musulmans, être grand-parent, confère à l'homme le droit à la prière. Le statut de grand-mère, confère à la femme du respect de la part de toute la communauté » 
La religion du mourant, référence à respecter
Aider le mourant, demande de connaître ses références sacrées afin de pouvoir satisfaire le besoin de salut de son âme.
Chaque personne est différente. Elle trouve de l'aide à sa façon, selon ses ressources propres, et fixe elle-même l'ordre des gens susceptibles de l'aider.
Les quatre sources d'aide le plus souvent mentionnées sont 

La conduite de base consiste à proposer au mourant la visite d'un ministre de son culte.
Nous ne devons pas ni ne pouvons pas nous substituer à lui : autant que le lien avec Dieu, c'est le lien avec soi-même que le prêtre peut aider à trouver, son accompagnement étant un acte profondément humain. 
Comment le ministre du culte peut-il aider ?
Les funérailles
Dans chaque religion les funérailles sont un moment important, comme le moment d'une naissance ou d'un mariage. C'est le moment des derniers adieux publics
Ensuite une page est comme tournée, au moins socialement.  
  • Bibliographie
  • - Bacqué M-F., Le deuil à vivre, Odile Jacob, Paris, 1995, 262 p. L'accompagnement des familles
    - Boureau F., Pratique du traitement de la douleur, éd. Doin, Paris
    - Cadart B., En fin de vie, Centurion, Paris, 1991, 247 p.
    - Delisle I., L'intervenant face au mourir, ERPI, Montréal, 1992,155 p
    - Delisle I., Les derniers moments de la vie, ERPI, Montréal, 1993,135 p
    - Fagherazzi-Pagel H., Mourir en long séjour, Presses Universitaires, Nancy, 1993, 248 p.
    - Feillet B., La nuit et le fou, Le centurion, Paris, 1983
    - Gauvin A., Régnier R., L'accompagnement au soir de la vie, Le Jour, Québec, 1992, 134 p.
    - Réponse à des questions pratiques enfants, bénévoles...
    - Govinda A., Le livre Tibétain des morts, Albin Michel, Paris , 1993, 222 p.
    - Hennezel M., Montigny M.(de), L'amour ultime, Hatier, Paris, 1991, 221 p.
    - Hennezel M., (de), La mort intime, Laffont, Paris, 1995, 231 p.
    - Jankélévitch V., La mort, Flammarion, Paris , 1992, 478 p.
    - Jomain C., Mourir dans la tendresse, Centurion, Paris, 1989, 204 p.
    - Kubler-Ross E., Vivre avec la mort et les mourants, Du Rocher, Monaco, 1990, 208 p.
    - Kubler-Ross E., La mort est un nouveau soleil, Du Rocher, Monaco, 1988, 140 p.
    - Lamau M. L. (sous la direction de), Manuel de soins palliatifs, Privat, 1994, 559 p.
    - Levine S., Sur le filÉ Rencontres au seuil de la mort, à l'usage des vivants, Le Souffle d'or, Barret le Bas, 1992, 320p
    - Meurois A. et D., Chronique d'un départ, Amorita, Plazac-Rouffignac, 1993, 214 p.
    - Moffat B., Neuf clés pour vivre la mort, Le Souffle d'or, Barret le Bas, 1990, 300 p.
    - Nathan T. et coll., Rituels de deuil, travail de deuil, Pensée sauvage, 1995, 295 p.
    - Pillot J., Écouter les mourants, JAMALV n° 2.
    - Poletti R., Dobbs B., Vivre son deuil et croître, édition Jouvence, Genève, 1993.
    - Ragueneau P., L'autre côté de la vie, Du Rocher, Monaco, 1995, 210 p.
    - Rimpoché S., Le livre Tibétain de la vie et de la mort, La Table Ronde, Paris , 1993, 574 p.
    - Salamagne M.H., Hirsh E., Jusqu'au bout de la vie, Cerf, Paris, 1993, 143 p.
    - Sebag-Lanoe, Gérontologie et société n° 58, Quitter la vie, 1991
    - Sebag-Lanoë R., Mourir accompagné, Epi-Desclée de Brouwer, 1992.
    - Steinhauss C., L'accompagnement au passage du seuil, mémoire IDE, 1989.
    - Zambon M., La communication tactile, dans "Bilan d'activité 93", Gérontologie Long séjour CH Mazamet.  
    - I - Savoir pour mieux aider - II - Savoir maîtriser la douleur - III - Savoir être et savoir faire - IV - Savoir percevoir la détresse de la famille 
    Éditique : Dr Lucien Mias
    mars 1989 - 29 mai 2009 

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