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 Quelques exemples de comportements qui perturbent la vie en institution 
- M. B. répand ses matières fécales sur son corps, ses vêtements, les met dans le lavabo.
- Mme C. mastique tout ce qu'elle peut prendre avec ses mains.
- M. D. se masturbe en présence d'autres malades.
- Mme E. est portée à circuler nue dans le couloir.
- M. F. se déplace en fauteuil roulant, et crache sur le sol.
- Mme G. est alitée et crie « maman » presque toute la journée.
- M. H. chante le même fado du matin au soir en marchant.
- Mme I. suit un soignant pas à pas tout le temps de son travail. 
- S'aider parfois pour déterminer le caractère pathologique du comportement du questionnaire de Schalder
 Pourquoi les personnes démentes agissent elles de la sorte ?
• Comment expliquer de tels gestes ?
Et surtout que faire lorsqu'ils se produisent car ils sont particulièrement perturbateurs? 
Se rappeler au préalable que...
- Les lésions cérébrales n'expliquent pas à elles seules les comportements
- D'autres facteurs comme les caractéristiques de l'environnement, la personnalité antérieure, les habitudes de vie, peuvent influer sur le développement de ces comportements. Il est possible...
- Que les lésions cérébrales présentes chez Mme E., qui circule nue et chez M. F., qui crache par terre, soient plus marquées dans le lobe frontal ce qui supprime leurs inhibitions.
- Mais il se peut aussi que Mme E. n'arrive pas à trouver ses vêtements parce qu'ils sont rangés dans le placard hors de sa vue
- Que M. F. n'ait pas de mouchoir sous la main.
- Que M. B., qui répand ses matières fécales, et M. D. qui se masturbe libèrent, peut-être, chacun à sa façon, une tension et expriment leur inconfort d'une façon quelconque. 
Certains facteurs qui influent sur les comportements, peuvent donner lieu à des comportements différents chez la même personne.
Mme I. n'a peut-être commencé à crier «maman» qu'à partir du moment où elle a été confinée à sa chambre à la suite d'une fracture de la hanche. Le hurlement peut donc être pour elle la seule forme de communiquer sa peur, son inconfort, son isolement.
Mais le hurlement peut aussi être le fait de lésions cérébrales.
Considérer le malade comme une personne, qui a les mêmes besoins que tous les autres malgré ses comportements perturbateurs et ses altérations cognitives. 
 Conséquences
Ces comportements irritent, agacent et dérangent l'entourage, les pairs, la famille et les soignants.
Nous sommes portés à isoler ces Résidents, à nous éloigner d'eux, à juger leurs gestes comme prémédités, à les considérer comme « déviants ».
Ces comportements défient les normes sociales apprises.
Nous tentons souvent de diminuer l'agacement ou le dérangement en leur imposant des contraintes physiques et chimiques.
Pour certains, le recours aux médicaments peut momentanément donner des résultats. Mais produire de nouveaux comportements dysfonctionnels, des épisodes de délirium...  
 Comment réagir à ces problèmes et comment organiser notre approche ?
 Survenue d'un nouveau comporement perturbateur 
En plus du processus de résolution de problèmes vu antérieurement, il est utile d'utiliser le Processus des 5 R (Mace, 1985 :
 Réévaluer - Reconsidérer - Réorienter - Rediriger - Rassurer. ) 
Réévaluer
Lorsqu'un nouveau comportement perturbateur survient, réévaluer l'état général du malade et de son environnement.
- Une infection,
- Un déséquilibre électrolytique,
- Des effets secondaires ou toxiques de médicaments, peuvent provoquer des comportements dysfonctionnels variés.
Reconsidérer
Se demander si le comportement en cause représente une menace ou un danger pour la personne qui le manifeste ou pour celles qui l'entourent.
Réorienter
Consiste à amener la personne vers une activité moins perturbatrice.
Ex : pour remédier à l'hyperoralité de Mme C. il convient de lui offrir des objets à mastiquer ou de lui présenter lors des collations, des aliments qui exigent une bonne mastication comme les fruits.
Rediriger
Lors de situations tendues, de danger imminent, lorsque le malade est sur le point d'éclater, donner une nouvelle direction au comportement en changeant les idées du malade ou en attirant son attention sur autre chose.
Rassurer
La personne démente est de moins en moins capable de se rasurer elle-même, perd peu à peu ses points de repère, son monde lui devient chaque jour plus étrange...
Elle a donc besoin de chaleur, d'affection, de contact.
 Suggestions de conduites à tenir ...   images/logoPdf8k.jpg27 pages

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mars 1994 et mai 2009
Dr Lucien Mias

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