Comportements
perturbateurs... 4 pages
- Quelques
exemples de comportements qui perturbent la vie en institution
- - M. B. répand ses matières
fécales sur son corps, ses vêtements, les met dans
le lavabo.
- - Mme C. mastique tout ce qu'elle peut prendre avec ses
mains.
- - M. D. se masturbe en présence d'autres
malades.
- - Mme E. est portée à circuler nue
dans le couloir.
- - M. F. se déplace en fauteuil roulant, et
crache sur le sol.
- - Mme G. est alitée et crie
« maman » presque toute la journée.
- - M. H. chante le même fado du matin au soir en
marchant.
- - Mme I. suit un soignant pas à pas tout le
temps de son travail.
- - S'aider parfois pour déterminer le caractère pathologique du comportement du questionnaire de Schalder
- Pourquoi
les personnes démentes agissent elles de la sorte ?
- • Comment expliquer de tels gestes ?
- Et surtout que faire lorsqu'ils se produisent car ils sont
particulièrement perturbateurs?
- Se rappeler au préalable que...
- - Les lésions cérébrales
n'expliquent pas à elles seules les comportements
- - D'autres facteurs comme les caractéristiques
de l'environnement, la personnalité antérieure,
les habitudes de vie, peuvent influer sur le développement
de ces comportements. Il est possible...
- - Que les lésions
cérébrales présentes chez Mme E., qui
circule nue et chez M. F., qui crache par terre, soient plus
marquées dans le lobe frontal ce qui supprime leurs
inhibitions.
- - Mais il se peut aussi que Mme E. n'arrive pas
à trouver ses vêtements parce qu'ils sont
rangés dans le placard hors de sa vue
- Que M. F. n'ait pas de mouchoir sous la main.
- Que M. B., qui répand ses matières
fécales, et M. D. qui se masturbe libèrent,
peut-être, chacun à sa façon, une
tension et expriment leur inconfort d'une façon
quelconque.
- Certains facteurs qui influent sur les comportements,
peuvent donner lieu à des comportements
différents chez la même personne.
- Mme I. n'a peut-être commencé
à crier «maman» qu'à partir
du moment où elle a été
confinée à sa chambre à la suite d'une
fracture de la hanche. Le hurlement peut donc être pour elle
la seule forme de communiquer sa peur, son inconfort, son isolement.
- Mais le hurlement peut aussi être le fait de
lésions cérébrales.
- Considérer le malade comme une personne, qui a
les mêmes besoins que tous les autres malgré ses
comportements perturbateurs et ses altérations cognitives.
Conséquences
- Ces comportements irritent, agacent et dérangent
l'entourage, les pairs, la famille et les soignants.
- Nous sommes portés à isoler ces
Résidents, à nous éloigner d'eux,
à juger leurs gestes comme
prémédités, à les
considérer comme « déviants
».
- Ces comportements défient les normes sociales
apprises.
- Nous tentons souvent de diminuer l'agacement ou le
dérangement en leur imposant des contraintes physiques et
chimiques.
- Pour certains, le recours aux médicaments peut
momentanément donner des résultats. Mais produire
de nouveaux comportements dysfonctionnels, des épisodes de
délirium...
- Il est possible...
- de retenir Mme E., qui circule nue, mais les contentions
n'élimineront pas son comportement, elles vont le limiter.
- que les médicaments peuvent provisoirement diminuer la
libido de M. D., mais les effets secondaires dûs à
la médication mais ils entraînent habituellement
d'autres problèmes.
- Comment
réagir à ces problèmes et comment
organiser notre approche ?
- Il n'existe pas de solution toute faite.
- Il faut utiliser le processus de
résolution de problèmes en
équipe :
- 1 - analyse du comportement,
- 2 - remue méninges,
- 3 - choix d'une solution,
- 4 - anticipation mentale de la solution,
- 5 - application de la solution,
- 6 - évaluation du résultat.
- Ex. : M.B. qui arrache son sac de colostomie
- Vers 11 h, un membre du personnel trouve M. B. seul
dans sa chambre qui s'essuie les mains, enduites de matières
fécales, sur tout ce qu'il touche : corps,
vêtements, lit, murs. Il a arraché son sac de
colostomie. C'est le troisième matin consécutif
où cette situation est signalée.
- Elle ne se reproduit pas à un autre moment
de la journée.
- Le quatrième jour un membre de
l'équipe soignante se rend près de la chambre du
maladé vers 10 h 45 et l'observe pour définir le
problème.
- Définition
du problème.
- M. B. porte une blouse d'hôpital et n'a
aucun sous-vêtement. Il se lève et s'assoit
constamment, il parle seul, touche plusieurs fois son sac collecteur
qui fait une saillie importante sous sa blouse. Puis, il saisit le sac
et tente de l'arracher. Le soignant observe alors que le sac est
très gonflé, en raison de gaz intestinaux.
- Antécédents
immédiats
- Port de la blouse d'hôpital
(accès facile au sac),
- Gaz intestinaux (inconfort).
- Conséquences
- nettoyage rapide,
- commentaires négatifs,
- mise en place d'un nouveau sac collecteur,
- habillage du malade avec ses vêtements.
- Remue-méninges.
Les solutions envisagéesÉ
- 1) Expliquer au Résident qu'il ne doit
pas enlever son sac.
- 2) Lui attacher les mains lorsqu'il est seul dans
sa chambre.
- 3) Le garder à portée de vue,
près de la salle de soins.
- 4) Le faire habiller dès son lever,
vérifier le sac régulièrement et, si
celui-ci est gonflé, le piquer avec une aiguilte
très fine pour faire évacuer les gaz (diminuer
l'inconfort), et modifier le régime alimentaire (diminuer
les gaz intestinaux).
- Choix de la solution.
- La première solution est
écartée en raison des troubles cognitifs.
- Les deuxième et troisième
sont rejetées parce qu'elles sont restrictives et risquent
de causer d'autres problèmes d'agitation.
- Le choix se porte sur la quatrième
solution d'application facile : elle ne limite en rien le malade dans
ses déplacements et elle représente une conduite
véritablement thérapeutique.
- Anticipation de la
solution.
- Prévoir les difficultés qui
peuvent se présenter.
- non-collaboration lors de l'habillage,
- tentative pour arracher la poche durant
l'habillage,
- refus de laisser la poche percer, etc.
- Anticiper.
- attirer l'attention de M. B. sur autre chose,
- recouvrir le sac de colosomie d'une enveloppe
en tissu, etc.
- Application de la
solution.
- Le malade a mis ses vêtements au lever.
- La diététicienne a
modifié le régime alimentaire.
- Le sac a été percé
avec une aiguille deux fois durant la journée.
- Évaluation
du résultat.
- Le malade n'a pas arraché son sac, mais il a
touché sa chemise à plusieurs reprises lorsque le
sac se gonflait. Nous pouvons donc appliquer la solution en surveillant
étroitement le régime alimentaire du malade.
- Dans cette situation, la première
étape fournit suffisamment d'éléments
ou d'indices pour guider le personnel soignant dans son chc de
solutions.
- Le processus de résolution de
problème fournit une méthode
systématique pour l'élaboration de conduites
adaptées.
- Survenue
d'un nouveau comporement perturbateur
- En plus du processus de
résolution de problèmes vu
antérieurement, il est utile d'utiliser le Processus des 5 R
(Mace, 1985 :
- Réévaluer -
Reconsidérer - Réorienter - Rediriger - Rassurer.
)
- Réévaluer
- Lorsqu'un nouveau
comportement perturbateur survient, réévaluer
l'état général du malade et de son
environnement.
- - Une infection,
- - Un déséquilibre
électrolytique,
- - Des effets
secondaires ou toxiques de médicaments, peuvent provoquer
des comportements dysfonctionnels variés.
- Reconsidérer
- Se demander si le
comportement en cause
représente une menace ou un danger pour la personne qui le
manifeste ou pour celles qui l'entourent.
- Réorienter
- Consiste à amener la personne vers une
activité moins perturbatrice.
- Ex : pour remédier à
l'hyperoralité de Mme C. il convient de lui offrir des
objets à mastiquer ou de lui présenter lors des
collations, des aliments qui exigent une bonne mastication comme les
fruits.
- Rediriger
- Lors de situations tendues, de danger imminent, lorsque le
malade est sur le point d'éclater, donner une nouvelle
direction au comportement en changeant les idées du malade
ou en attirant son attention sur autre chose.
- Rassurer
- La personne démente est de moins en moins
capable de se rasurer elle-même, perd peu à peu
ses points de repère, son monde lui devient chaque jour plus
étrange...
- Elle a donc besoin de chaleur, d'affection, de contact.
Suggestions de conduites à tenir ... 27 pages
- Bibliographie- Berger L., Mailloux D., Personnes âgées, une approche globale, Maloine, Paris, 1989. 585 p.
- Collière M-F., Promouvoir la vie, Interéditions, Paris, 1982, 391 p.
- Collière M-F., Soigner... le premier art de la vie, Interéditions, Paris, 1996, 440 p.
- Ducharme F., Principes généraux d'interventions
auprès des personnes âgées atteintes de
déficits cognitifs irréversibles, LICACD,
Montréal, 1987.
- Hesbeen W., Prendre soin à l'hôpital. Inscrire le soin
infirmier dans une perspective soignante, Masson, Paris, 1997, 194 p.
- Levesque, C. Roux, S. Lauzon, Alzheimer Comprendre pour mieux aider; ERPI, Montréal, 1991
- Maisondieu J., Le crépuscule de la raison, Centurion, Paris, 1989, 222 p.
- Messy J., La personne âgée n'existe pas : une approche psychanalyste de la vieillesse, Rivages, 1992, 192 p
- Mias L., Decourt E., Pour un art de vivre en Long séjour, Bayard, Paris, 1993, 252 p
- Micas M. , Comment vivre avec un Alzheimer, éd Josette Lion, 7508 Paris, 2000, 159 p.
- Muyard J-P., Pourquoi tombons-nous malades. Pour une médecine de la personne, Fayard, 2009, 389 p.
- Personne M., Soigner les personnes âgées à l'hôpital, Privat, Toulouse, 1991, 239 p.
- Phaneuf M., Démarche de soins face au vieillissement perturbé, Masson, Paris, 1998, 290 p.
- Personne M., Prendre en charge les personnes âgées dépendantes, Dunod, Paris,1998
- Ploton L., La personne âgée, Chronique sociale, Lyon, 1990, 244 p.
- Poletti R., L'enrichissement des interventions, Centurion, Paris, 1980, 132 p.
- Poletti R., Les soins infirmiers, théories et concepts, Centurion, Paris, 1989, 175 p.
- Riopelle L., Soins infirmiers, modèle centré sur les soins de la personne, Hill, Québec, 1984, 354p
- Ylieff M. , Prise en charge et accompagnement de la personne
démente, Cahiers du troisième âge, éd
Kluwert, (avenue Louise 326, Bte 56, 1050 Bruxelles), 2000, 127 p
- mars 1994 et mai 2009
- Dr Lucien Mias
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