L'errance avec but et comportement de recherche ; avec but et comportement d'occupation ; sans but apparent ; liée aux neuroleptiques.
Une personne peut présenter plus d'un type d'errance.
Le plan d'intervention variera en fonction du sens attribué au comportement.
Observer
et analyser pour en comprendre le sens,
connaître les facteurs modifiables qui le
déclenchent.
L'analyse du comportement sera suivie de l'examen des facteurs
déclenchants et des conséquences pour
déboucher sur la conduite à tenir.
Analyse du comportement
Examen des facteurs déclenchants :
- Facteurs environnementaux.
- D'abord les caractéristiques sociales de l'environnement au moment où survient l'épisode d'errance. Noter les événements et les activités en cours, le nombre de personnes présentes, l'arrivée ou le départ de personnes en particulier, les gestes et les paroles des personnes en interaction.
- Puis les caractéristiques physiques de l'environnement au moment où survient l'épisode d'errance. Noter le degré de luminosité (errance du crépuscule), bruit, points de repère. Savoir que des chaussures, des manteaux et des valises, font parfois germer l'idée de partir.
Examen des conséquences
Piège à éviter : présumer que l'errance est toujours un problème pour le Résident. C'est parfois le contraire.
Ex. : Une résidante erre en disant
qu'elle veut quitter le service pour aller préparer le repas
de ses enfants.
- Si cette
façon de procéder ne réussit pas
à la distraire de son désir d'aller
préparer le repas de ses enfants, l'accompagner dans sa
marche, continuer à répéter les
phrases ou mots qu'elle prononce, lui refléter les
émotions que vous percevez,
et la faire parler davantage de cette époque pour mieux
saisir la situation,
- Éviter de lui faire entendre raison ou de la resituer
brutalement dans la réalité en disant que ses
enfants ne vivent plus avec elle,
- À différents moments, tenter gentiment de
diriger la personne
vers sa chambre ou son unité en lui disant : On va de ce
côté maintenant .
Lorsque ces tentatives échouent, continuer de marcher
à côté d'elle, en lui permettant de
choisir la direction. A un moment donné, la personne
deviendra plus réceptive et l'intervenant pourra la diriger
vers sa chambre.
- Une fois revenue à sa chambre, demeurer quelque temps avec
elle pour l'écouter ou lui proposer une activité
réconfortante telle que prendre une boisson.
Remplacer les souliers (stimuli invitant la personne à
errer) par des pantoufles.
- Tout au long de la conversation, le ton de la voix est important :
parler calmement, d'une façon chaleureuse et rassurante.
La personne abandonne d'elle-même la poursuite de son plan,
c'est-à-dire de son ordre du jour, si le personnel la laisse
agir tout en l'accompagnant ce qui lui donne un sentiment de
sécurité.
Ces mesures sont plus efficaces et moins traumatisantes que
d'empêcher sur-le-champ la poursuite du plan de la personne.
Lorsque le soignant ne reconnaît pas et ne respecte pas le
plan de la personne, cette dernière risque fort de rejeter
les demandes qui lui sont adressées et une escalade s'amorce
entre les deux parties qui donne lieu
à des comportements d'agitation, de non-collaboration et
d'agressivité, de menaces, de reproches de la part du
résident...et de brimades de la part du soignant
(résident attaché au fauteuil, prescription de
neuroleptiques)
Planification d'activités dirigées durant la journée
- Ne pas préjuger
que les Résidents ne peuvent participer sous
prétexte qu'ils souffrent de troubles démentiels
: éviter la ségrégation
injustifiée.
- Base individuelle ou en groupe.
- Intégration graduelle.
- Permettre de se familiariser avec les lieux, en les visitant, en les
découvrant lors des activités.
- Proposer d'effectuer l'activité qui l'intéresse.
- Objectifs réalistes convenant aux capacités
- Offrir des activités simples, concrètes,
répétitives, de courte durée, qui ne
demandent pas une concentration élevée.
- Donner des consignes simples. Type activités
"pédagogie Ramain" qui privilégient la recherche
de solutions, la gymnastique mentale plutôt que le
résultat.
- Nous n'utilisons pas le terme "fugue" lorsque les résidents partent du service car...
- - la volonté consciente de fuir n'est pas présente chez les résidents présentant des déficits cognitifs ;
- - le terme "fugue" a une connotation péjorative pour les familles et la population en général.
- Qu'est-ce qui m'arrive ? Où suis-je ?
- À quel moment ma famille vient-elle me chercher ? Les résidents qui parlent de retourner chez eux, s'habillent pour quitter l'unité, font la valise tant bien que mal ne sont pas des "fugueurs". Il leur paraît normal de vouloir retourner à la maison...
- Mais pour un soignant entendre de façon répétée " Je veux retourner chez moi " distille un sentiment de culpabilité, amène un questionnement : "N'est-on pas en train de le constituer prisonnier ?"
- Pour que ce sentiment disparaisse de l'esprit et du coeur du soignant, une observation attentive du résident par tous les acteurs de l'équipe soignante est impérative. Pour être performante cette observation doit déboucher sur une "démarche de soins écrite". Celle-ci (en croisant les informations recueillies) permettra d'évaluer l'importance du déficit cognitif et de formaliser un plan de soins cohérent, positivant l'action soignante.