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PROTOCOLE
18
CONTENTION PHYSIQUE 6 pages
Manuel
RAI p 290
I - PROBLÈME
- Des études
faites dans les "nursing homes" aux Etats-Unis montrent que 30
à 40 % des résidents font l'objet d'une
contention physique. Cette situation est très grave dans la
mesure où les effets négatifs de la contention
entraînent une diminution de l'activité physique
du résident (p . ex. faculté de
déambuler), une détérioration de la
condition musculaire, des rétractions, une incidence accrue
d'infections et le développement d'escarres, delirium,
agitation et incontinence.De plus cette pratique peut, dans certains
cas, augmenter l'incidence des chutes ou d'autres accidents (p. ex.
strangulation).
- Finalement les
résidents qui sont attachés accusent une perte
d'autonomie, de dignité et de respect de soi. En effet,
l'utilisation de contraintes physiques sape les objectifs majeurs du
soin prolongé: augmenter l'indépendance, la
capacité fonctionnelle et la qualité de vie.
- Ainsi l'objectif
de diminuer ou d'éliminer la contention physique est devenu
prioritaire, tant pour la pratique des soins que d'un point de vue
légal.
- La première
justification invoquée pour utiliser ces moyens serait
d'éviter les chutes et accidents. Les
établissements craignent aussi d'éventuelles
poursuites légales et plaintes à la suite de
chutes du résident
- D'autres arguments
sont avancés pour légitimer la contention :
procurer un soutien physique ou assurer le maintien du
résident dans une position, faciliter un traitement (p. ex.,
empêcher le résident d'arracher le
matériel de perfusion ou l'intubation naso-gastrique) et
contrôler des comportements tels que l'errance ou
l'agressivité physique.
- Les soignants savent par
expérience que les objectifs institutionnels peuvent souvent
être atteints sans recourir à la contention
physique avec ses conséquences négatives.
- Ceci implique
d'abord d'identifier et de traiter les problèmes de
santé, fonctionnels ou psychosociaux qui peuvent
entraîner la situation pour laquelle la contention est
ordonnée (p. . ex.:, chutes, errance agitation).
- Limiter
l'utilisation de la contention implique aussi le recours à
des plans de soins alternatifs tels que : modifier l'environnement pour
le rendre plus sûr, faciliter les occupations individuelles
habituelles, utiliser des méthodes moins agressives
d'administration des médicaments et de la nourriture,
reconnaître et répondre aux besoins du
résident en soutien psychosocial, offrir des soins de
santé adéquats, des activités
adaptées, et des exercices physiques réguliers.
II - SIGNAUX D'ALARME
- Définition
- La contention
physique consiste en toute méthode manuelle ou dispositif
physique ou mécanique, matériel ou
équipement attaché ou contigu au corps du
résident, que ce dernier ne peut pas enlever facilement et
qui limite sa liberté de mouvements ou son accès
normal à son propre corps.
- TOUTE utilisation de
moyen de contention au niveau du tronc, des membres, ou par un fauteuil
empêchant le lever. [P3b, P3c ou P3d = 1 ou 2]
III - DIRECTIVES
Dans l'évaluation ou la
réévaluation de l'usage de la contention sur un
résident, considérer les besoins, les
problèmes, les conditions ou les risques (p. ex. de chutes)
qui, si on y répond correctement, peuvent
éliminer le besoin de recourir à la contention.
Référez-vous à la "clé de
lecture du protocole" pour les rubriques spécifiques du
recueil de données concernées, à
mesure que vous passez en revue les éléments
énumérés ci-dessous.
POURQUOI DES MOYENS DE
CONTENTION SONT-ILS UTILISÉS ?
La première étape pour
apprécier si l'utilisation de moyens de contention peut
être réduite ou supprimée consiste
à identifier les raisons qui y ont fait recourir.
- Revoir le dossier du résident
et consulter les soignants afin de préciser les raisons de
la contention.
- Poser les
questions suivantes :
- Pourquoi le résident est-il
attaché ?
- Quel(s) type(s) de moyens de
contention est (sont) utilisé(s) ?
- Durant quelle
période du jour ou de la nuit chaque type de moyen de
contention
est-il utilisé ?
- Où est-il
appliqué (p. ex. au lit, dans la chambre, au fauteuil, dans
le couloir) ?
- Combien de temps le
résident est-il attaché chaque jour ?
- A quelles occasions (p ex.,
quand il est laissé seul, après le
départ de proches,
quand il n'est pas
occupé à des activités
structurées, lors du repas) ?
- Qui a proposé
d'attacher le résident (p. ex., équipe, famille,
résident) ?
PROBLÈMES ASSOCIÉS
À L'UTILISATION DE LA CONTENTION PHYSIQUE
- Il est possible
d'identifier et de résoudre les besoins, risques ou
problèmes de santé, fonctionnels ou
psychosociaux, qui ont motivé l'utilisation de la contention
physique. En étudiant les facteurs ou causes sous-jacents,
l'équipe peut éliminer le besoin apparent de
recourir à la contention.
- De plus, l'examen
des besoins, risques ou problèmes sous-jacents peut aider
à identifier d'autres modalités
thérapeutiques.
- Après avoir
précisé pourquoi et comment la contention est
utilisée, passez en revue les éléments
décrits ci- dessous.
Troubles du comportement
- Pour préciser
l'existence d'un trouble du comportement, revoir le recueil de
données. Si le comportement pour lequel le
résident est attaché n'existait pas dans les 7
derniers jours, est-ce parce que la contention en empêchait
l'expression (p, ex : le résident était
attaché et ne pouvait pas errer) ?
- Si le trouble du
comportement existait durant les 7 derniers jours ou si le
résident était attaché pour
éviter un trouble du comportement, considérez que
le résident a un trouble du comportement et revoyez le
"Protocole Troubles du comportement".
-
Plusieurs troubles du
comportement peuvent provenir de la non-réponse à
des besoins de santé fonctionnels ou psychosociaux qui sont
susceptibles d'être réduits, supprimés
ou maîtrisés en réglant les
problèmes qui les ont engendrés (voir le
Protocole "Troubles du comportement"). Les affections
associées aux troubles du comportement et pouvant
découler de l'utilisation des moyens de contention sont
notamment:
- Delirium (état confusionnel
aigu)
- Affaiblissement cognitif
- Altération de
la communication (p.
ex. difficulté à être compris d'autrui
ou à comprendre autrui dans ses besoins/désirs)
- Insatisfaction de besoins
psycho-sociaux (c-à-d.
isolement social, changement des habitudes, conflit avec des proches)
- Tristesse ou
anxiété
- Résistance aux
soins, refus des médicaments, de l'alimentation
- Effets
indésirables d'un psychotrope (p. ex. agitation motrice, confusion,
perturbation de la marche)
-
Si un programme de maîtrise du comportement est mis en
oeuvre, est-il adapté aux causes de perturbation propres au
résident ?
• Risque de chutes
Bien
qu'il ne soit pas démontré que la contention
protège les résidents des accidents, la
prévention des chutes est une des raisons les plus
couramment avancées dans les services pour attacher des
résidents. Il a pu être
démontré que l'usage de moyens de contentions
physiques peut entraîner des chutes et blessures.
Devant les complications
liées à cette pratique, bien des
médecins et soignants en gériatrie recommandent,
pour prévenir les chutes, la recherche d'alternatives telles
que le traitement des problèmes de santé et la
modification de l'environnement
-
Revoyez les facteurs de risque de chutes de la "clé de
lecture du protocole". Référez-vous au protocole
"Chutes" si ces risques existent ou si la contention est
utilisée pour prévenir des chutes.
Traitements.
- Une autre raison
avancée pour utiliser des moyens de contention est
d'empêcher le résident d'arracher des tuyaux.
- Si le
résident est attaché pour l'empêcher de
s'opposer à la pose d'un quelconque type d'intubation ou
autre appareillage (p, ex. cathéter interne/externe, sonde
d'alimentation, tubulure intraveineuse, canule/masque
d'oxygénothérapie, pansements), revoir les
éléments décisionnels suivants.
-
La sonde ou l'appareillage sont-ils utilisés pour traiter
une situation où la vie du résident est en danger
?
- L'état du
résident justifie-t-il réellement ce mode
d'action potentiellement perturbant pour lui/elle ?
- Existe-t-il des
possibilités thérapeutiques moins agressives ?
- Pourquoi le résident
réagit-il contre ce traitement ? (p ex., le dispositif
entraîne-t-il inconfort ou irritation ? Le
résident résiste t-il ou est-il seulement
agacé par ce matériel ? Le traitement
correspond-il aux attentes du résident ? Le
résident comprend-il les raisons du choix de telle
méthode de traitement ? Le résident/la famille
ont-ils été informés des risques et
bénéfices respectifs des différentes
options thérapeutiques ?)
Recommandations de l'administration américaine
«
En cas de manifestations pathologiques menaçant la vie (p.
ex., déshydratation, déséquilibre
électrolytique, obstruction des voies urinaires), une
contention physique est temporairement légitime pour fournir
le traitement salvateur nécessaire. Une contention physique
durant des périodes brèves, est
légitime pour permettre de procéder au traitement
médical, si le consentement au traitement par le
résident ou son tuteur est acquis et
documenté» (Recommandation de l'administration
américaine).
-
Lorsque se pose un problème de sonde urinaire, revoir le
Protocole "Incontinence urinaire" afin de rechercher des alternatives.
- En présence d'une sonde
gastrique, revoir le Protocole "Alimentation par sonde".
Indépendance dans les AVQ.
Autres
facteurs.
Tableau
récapitulatif
- 23 juin 2009
Éditique : Dr Lucien Mias
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