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Lève toi et marche !
Pour le grand âge : une médecine de la personne debout

Yves Gineste , Rosette Marescotti, (CEC)   avec la collaboration de Lucien Mias
 I - Données physiologiques et préalables
II - S'inspirer des couples d'équilibre du judo pour s'aider à aider

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I - Données physiologiques
et préalables images/logoPdf8k.jpg11 pages
- Effets systémiques de la verticalisation et de la marche 
- La personne est valide si elle est capable de porter son poids
-
Les amplitudes articulaires fonctionnellement utiles 
- Particularités propres à la réhabilitation des personnes âgées

La plupart des grabataires, dont l'univers se réduit au lit et au fauteuil, soignés à l'heure actuelle ont une invalidité « iatrogène » due à notre incapacité culturelle de nous appuyer sur les capacités restantes de la personne âgée (sans démarche de soins, nous ne voyons que les manques) et à notre paresse intellectuelle (l'idée reçue socio-professionnelle « il n'y a rien à faire », nous absout).

Si nous nous écartons un peu du schéma gériatrique (guérir la vieillesse) et que simplement nous souhaitions que le processus de vieillissement puisse permettre à la vie de la personne de s'accomplir jusqu'à la mort, nous allons quitter le perfectionnisme technique de la rééducation des adultes jeunes pour résoudre globalement le problème par une approche gérontologique : nous n'aurons jamais de champion olympique mais toujours des vivants en état d'humanitude.

Les pertes d'autonomie liées à l'alitement, voire à l'immobilisation au fauteuil, s'installent en quelques jours et évoluent d'une façon exponentielle : au grand âge l'équilibre physiologique, équilibre instable, bascule à la moindre brise. Pour pallier à ces pertes, les méthodes de prise en charge habituelles en postopératoire, voire en rééducation de syndromes neurologiques sont d'un perfectionnisme qui tue l'action en gériatrie.

Pour exemple nous citerons le cas de cet hémiplégique de 92 ans qui s'est vu refuser une verticalisation pourtant salutaire, à cause d'une contre-indication relevée par "un ingénieur en machinerie humaine" qui avait oublié qu'il était médecin : «possible survenue d'un récurvatum» ; trois ans près son A.V.C !
Valait-il mieux qu'il marche mal, ou qu'il ne marche pas du tout ? Assumer le risque de vivre debout, ou avoir comme objectif la certitude de le transformer en grabataire, objet de soins ?
Notre réponse sera celle que donnait déjà R.Grumbach en 1978 « Le syndrome d'immobilisation est l'opprobre de la médecine. La gériatrie est une médecine debout.».

La personne âgée conserve suffisamment d'énergie et de capacités physiques pour aller jusqu'à son dernier jour debout, et assurer de courts déplacements aidés. Or ces trajets même courts ont un rôle majeur sur plusieurs fonctions de l'organisme : sensorielle, musculaire, retour veineux, ossification ; mais aussi image de soi, narcissisme.

 A - Effets systémiques de la verticalisation et de la marche

La marche est une activité capitale : elle sollicite toutes les fonctions de l'organisme. Or l'utilisation des fonctions prévient "le vieillissement immérité, le vieillissement de surcroît".

Rappelons quelques rôles connus mais oubliés au quotidien : la marche est si banale qu'on la sous-estime, ne lui attribuant aucune vertu "médicale".
Et pourtant, le système osseux, les cartilages, les muscles, les tendons et ligaments, la circulation veineuse, la ventilation respiratoire, l'équilibre, le système nerveux périphérique et le système nerveux central bénéficient de la verticalisation et de la marche, même si la marche à lieu à petits pas.

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Dépourvus de vascularisation, les cartilages se "nourrissent" grâce aux échanges d'eau avec les épiphyses osseuses. Ces échanges se produisent lors des phases mise en charge/décharge, facteurs observés au cours des mouvements mais surtout lors de la verticalisation et de la marche.

Incidence sur les soins : la verticalisation et la marche sont favorables pour la conservation d'un cartilage physiologique.

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Le retour veineux s'effectue entre autres grâce à la «pompe veineuse plantaire », important réseau de veines sous le pied dont le sang est chassé à chaque pas, ce qui lui donne la poussée suffisante pour monter jusqu'au mollet. À ce niveau la contraction du triceps sural va à son tour pousser le sang par action sur la veine, etc.

Incidence sur les soins : La marche quotidienne est le principal moyen de prévention des phlébites du lit et du fauteuil.

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La verticalisation et la marche favorisent le recrutement des unités motrices.

Le nerf moteur, arrivé au voisinage du muscle se ramifie en fibres terminées par une "plaque motrice" induisant la contraction d'un faisceau de fibres musculaires. L'ensemble, plaque motrice-faisceau musculaire, est appelé « unité motrice ».
Lors d'un effort, les différentes unités motrices d'un muscle sont progressivement «recrutées» pour adapter l'effort à demande.
La pauvreté de la demande aboutit progressivement à la perte de fonction des unités motrices.
Chez le vieillard, l'absence de sollicitation du muscle limite rapidement sa force et donc l'amplitude des mouvements volontaires.
Incidence sur les soins :
La marche sollicite le plus grand nombre d'articulations, contribue à la conservation des potentialités d'action neuro-musculaire.

Exemple de deux modules cérébraux constitués l'un par une voie motrice et l'autre par une voie sensorielle.

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B - La personne est valide si elle est capable de porter son poids...

C - Les amplitudes articulaires fonctionnellement utiles

La raideur d'une articulation est souvent évoquée pour "ne rien faire"Éce qui augmente l'ankylose !
La physiologie articulaire, montre qu'il existe une amplitude minima de fonction, une amplitude utile et une amplitude de luxe.
Ce sont les arcs fonctionnellement utiles qui sont employés lors de la réalisation des actes de la vie quotidienne.
L'examen des amplitudes nécessaires pour réaliser les gestes de la vie quotidienne, permet de constater que les personnes âgées gardent les amplitudes nécessaires et suffisantes.
Nous précisons les amplitudes nécessaires et suffisantes.

D - Particularités propres à la réhabilitation motrice des personnes âgées

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Le polygone de sustentation est l'empreinte de la surface du pied pour un patient qui ne dispose que d'un appui ; des deux pieds plus la surface interpodale pour les autres.

Chez l'homme debout, le centre de gravité est légèrement en avant du promontoire sacré.

Chez le sujet âgé, le centre de gravité est modifié par la position du corps incliné vers l'avant, ou en extension arrière, ou penché sur le coté.
Il sera nécessaire d'en tenir compte lors de la verticalisation.

Conclusion

L'aide à la marche chez la personne âgée ne vise pas que la recherche de l'autonomie de déplacement, nous venons de le voir. C'est un soin préventif et curatif.
Même pour des patients autonomes, elle reste parfois un soin de santé, sous la forme d'aide manuelle à la marche sur des parcours variés (escaliers, gravillons ...).
En ce sens cette aide n'est pas l'affaire de spécialistes, mais concerne tout le personnel de l'établissement d'accueil ; et les familles.

Les études d'infirmières depuis le décret du 25 mars 1992 fixant programme, incluent l'étude de la marche, ainsi que la participation à la rééducation et à la réadaptation des personnes âgées.

Mais comment aider au mieux ?

II - S'inspirer des couples d'équilibre du judo pour s'aider à aider

Yves Gineste , Rosette Marescotti, (CEC)
avec la collaboration du Dr Lucien Mias
et de l’Équipe soignante USLD - CH Mazamet
1992
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