Notre schéma théorique de progression dans la réhabilitation à la marche se veut une prise en charge globale, à partir de deux facteurs :
gestion de l'équilibre et des déséquilibres,- qualité des saisies pour leur valeur informative.
Les problèmes d'équilibre et de saisie ont été très étudiés dans les sports de combat rapprochés, tels le judo, la lutte.
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Ils sont autonomes :
- en équilibre : leur centre de gravité tombe dans leur polygone de sustentation. - en saisie : ils sont face à face sans se toucher. Cette étape du combat correspond à la dernière étape de la rééducation : la personne autonome. |
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- L'équilibre des lutteurs est
interdépendant. Il s'agit là de l'étape dite d'équilibre de couple.
- Les saisies se cherchent, elles sont moyennes. Elles ne bloquent pas encore l'adversaire, et sont donc insuffisantes pour transmettre la force d'une attaque.
Cette
étape est une phase intermédiaire de la
rééducation : le patient a besoin
d'être tenu, il ne peut gérer seul son
équilibre.
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Un des combattants effectue une saisie totale
de l'adversaire.Rapidement, l'équilibre du perdant devient
entièrement dépendant du vainqueur, c'est
à dire que son centre de gravité tombe
dans le polygone de sustentation de son adversaire.
Cette
étape correspond au début de la
rééducation des personnes
âgées : le soignant effectue une saisie
totale du patient, il est maître de l'équilibre.
Pour le gagnant, il s'agit de la phase dite de l'équilibre maître. |
Dans le judo une personne va, par étapes, vers la perte d'autonomie ; durant la rééducation une personne remonte ces étapes pour aller vers l'autonomie, la liberté en équilibre : en somme, le film déroulé à l'envers !
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Le soignant encadre les genoux du patient dans les siens :
équilibre maître. |
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- 1° étape.
Les aidants sont face à face, de chaque coté du malade. Ils se baissent et glissent une épaule sous l'aisselle du patient, le bras entourant la taille. Leur autre main maintient celle du patient placée sur l'autre épaule du soignant ou fixe le genou. Les aidants basculent vers l'avant, en bloquant la rotule du malade avec l'intérieur du genou, et attendent la verticalisation. La saisie est totale, dite en prise «pompier» et l'équilibre est maître, représenté par la surface encadrant leurs appuis. |
Nous utilisons aussi une saisie de lutte appelée « Bras extérieur » en la modifiant un peu pour assurer la qualité de la douceur.
Même position de départ des soignants, face à face et sur les cotés du patient. La main du patient est saisie de la même façon que pour un «bras de fer», ce qui présente deux avantages : la pression exercée peut être plus forte sans jamais être douloureuse ; les éminences thénars sont en contact.
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Les éminences thénars sont les zones les plus informatives au centimètre carré. Elles correspondent aux plus vastes aires somesthésiques du cortex et font partie de ces zones de contact que l'on pourraient appeler « à renforcement positif ». La mémoire de tous les contacts de ces zones au cours de la vie du patient ne fait appel qu'à des moments de bonheur, de reconnaissances: le bonjour se fait en se serrant la main, la ballade amoureuse aussi. |
Le bras du malade est fléchi, coude vers le bas. Les soignants passent leur bras libre sous l'aisselle sans la toucher, et saisissent le poignet du malade, sans utiliser leur pouce qu'ils gardent collé contre leur main.
La verticalisation du patient répond toujours aux mêmes principes, avec blocage des genoux et bascule avant sans aide de soulèvement.
La rééducation avec aides techniques (cannes, béquilles, etc...) ainsi que la musculation spécifique, est l'affaire des rééducateurs spécialisés.
Un cas particulier : la marche dans les escaliers.
La descente ne se fera en principe que lorsque la montée sera bien maîtrisée. Pour descendre les marches il est préférable de se placer en étape 1 (prise "pompier"), pour rassurer le patient, amortir la pose du pied sur la marche inférieure évitant ainsi chez des patients très fragiles un risque de rupture du col du fémur.
La très grande variété des problèmes rencontrés dans l'aide à la marche doit nous inciter à une grande prudence : chaque individu réclame une attention particulière, et seule une approche globale et humaniste des problèmes nous permettra d'envisager les solutions... souvent les moins "mauvaises".
L'approche économique : une "personne debout" coûte moins cher qu'une personne alitée (temps des aides-soignantes et consommation de linge notamment) ; les compétences d'un kinésithérapeute les destinent à d'autres prises en charge.
L'approche relationnelle, de la relation au corps lors de l'aide à la verticalisation : le soignant engage sa personne et non plus uniquement son savoir dans une relation d'engagement.
Accompagner la vie, à bras le corps, nécessite de revoir les schémas de manutention véhiculés par des décennies d'habitudes d'évitement du corps pour favoriser au quotidien la verticalisation et la marche de toutes les personnes âgées par tous, soignants de base et membres de la famille, accompagnants naturels.
« Pour détruire une habitude mentale sanctifiée par le dogme ou la tradition, il faut surmonter de très redoutables obstacles intellectuels et affectifs. Il est plus difficile de désapprendre que d'apprendre. » (Arthur Koestler)La prise de risque est une composante de la vie.
Le risque de chute est augmenté si la personne ne marche pas tous les jours
(cf données physiologiques)