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Violences et maltraitances possibles 

en institution pour personnes âgées images/logoPdf8k.jpg 17  pages

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Violence spirituelle - Vulnérabilité - Causes - Formes de violence La personne âgée victime d'autres personnes âgées

L'aide au repas .
Aller au-devant des besoins du patient = récompense.
Faire comme si on ne comprenait pas ce que veut le patient = punition.
Le soignant qui s'assied récompense.
Le soignant qui reste debout punit.
C'est ça aussi la violence !

Au cours d'une journée de travail dans les institutions accueillant des personnes âgées présentant des troubles du comportement, il y a de nombreuses occasions d'être violent avec les aînés sans s'en rendre compte.

Ce soir du 22/12/94, Béatrice a "râlé" devant Denise qui avait renversé par inadvertance sur la table son verre rempli d'eau. Ce "soulagement" de Béatrice a constitué une "violence" pour Denise.
Mais, Béatrice n'a pas eu le sentiment d'avoir exercé une violence et n'en avait d'ailleurs nullement l'intention. Elle a "réagi" sans se rendre compte que son intervention avait aussi un effet de violence sur les autres résidents attablés

Une violence subtile : la violence spirituelle

Si la violence physique est bien visible, il existe des formes de violence qui, renvoyant aux besoins décrits par Maslow (de maintient de la vie, de sécurité, de propriété, d'appartenance, de considération, d'estime de soi et de dépassement), sont "sans traces visibles", notamment pour les trois derniers besoins de développement qui sont d'ordre spirituel.
La définition de ces besoins spirituels est difficile à cataloguer car chaque personne est différente. On peut toutefois chez les personnes âgées retrouver des thèmes constants que J. Vilmort a décrit et qui ont été repris par H. Fagherazi-Pagel dans Mourir en long séjour :

« Quand tu me laisses au lit et que tu fermes la porte de ma chambre, tu fermes les portes de mes sens.
Si tu fermes les portes de mes sens, tu fermes la porte de mon contexte (l'environnement matériel et l'entourage humain qui m'ont fait entrer et me maintiennent en humanitude)
Si tu fermes la porte de mon contexte, tu fermes la porte de mes savoirs (savoir-observer le contexte ; savoir-reconnaître : savoir-percevoir les normes de fonctionnement du vivant ; savoir-organiser : savoir-comparer, savoir-trier, savoir-sélectionner ; savoir-interpréter : donner un sens à partir de ce que j'ai été, ce que je suis, ce que je veux être ; savoir-choisir ; savoir-créer avant de pouvoir échanger ; savoir-exprimer, prendre position par le verbal et le non-verbal.).
Si tu fermes la porte de mes savoirs, tu fermes la porte de mon autonomie (savoir-faire ; savoir-comprendre : savoir entrer en relation, en résonance ; savoir-intégrer : savoir globaliser le réel ; savoir-communiquer : savoir-Être.).
Si tu fermes la porte de mon autonomie, tu fermes la porte de ma structuration mentale.
Si tu fermes la porte de ma structuration mentale, tu fermes la porte de mon ÊTRE, être moi parmi les humains. » Lucien Mias

  Violence et vulnérabilité

La définition de la violence (dictionnaire Robert) : agir sur quelqu'un ou le faire agir contre sa volonté en employant la force ou l'intimidation.
Est violent, tout acte destructif intentionnel ou non qui tend à détruire inutilement les fonctions vitales d'un être humain en lui faisant subir des peines physiques, des angoisses émotives ou des problèmes sociaux.
Cette violence ne peut s'exercer que parce la personne qui la subit est vulnérable, car si elle était forte elle imposerait le respect.

La vulnérabilité peut résulter

Qu'est-ce qui contribue à la pratique de la violence ?

On relève des causes tenant à l'organisation du travail et des causes psychologiques.

Causes organisationnelles.

  1. absence de projet de soins : qui sommes-nous, où voulons-nous aller, qu'y gagnerons-nous ? établi en commun par les soignants (rôle du groupe de pilotage) ; 
  2. absence de discussion en équipe des problèmes rencontrés qui permet à chacun de se former au cas par cas ; absence de formation et de sélection. Les plus mauvais traitements se sont produits quand les soignants étaient mal préparés ou avaient à s'occuper à regret et à contrecoeur des personnes âgées.
  3. absence d'une organisation concertée du travail privilégiant le résident mais aussi l'autonomie et la responsabilité du soignant quant à l'accomplissement du travail dans le cadre de rôles définis ;
« Le travail en série que l'on peut percevoir dans les applications du système taylorien nous mènera d'une souffrance physique à la désorientation sociale, par la prise de conscience de ce qui est fait sur le sujet handicapé, par sa transformation en objet, en «corps-matière»
Face à l'incompréhensible, cette désorientation s'accentue du sentiment d'impuissance et de la perte des significations des actions des soignants.La perte d'initiative qui en résulte modifie la personnalité du soignant ; il perd, soumis à cette violence à son égard, la conscience des priorités humaines pour ne plus devenir qu'un «corps-outil».
La haine devant le corps du sujet fragile, vu comme une simple addition d'organes, devient possible. Elle est source de révoltes et autres violences. » Michel Personne , La désorientation sociale des personnes âgées, Erès, 1996.
Causes psychologiques.
  1. Le stress associé à la tâche de soignant, de même que les frustrations engendrées par les relations résidents-soignants (puisque la réponse en gériatrie est quantitativement et qualitativement telle que ce n'est jamais possible) sont des facteurs qui peuvent amener un état de fatigue physique et psychologique et ainsi contribuer à développer chez un intervenant des attitudes agressives inhabituelles dans d'autres circonstances. 
  2. La confrontation perpétuelle à la vieillesse, à la mort omniprésente, à l'impossibilité par le soignant de vivre un deuil normal suite au décès d'un résident avec lequel des liens affectifs existaient, sont également des facteurs qui peuvent contribuer aux attitudes déshumanisantes du personnel. Une inversion des rôles quant à la relation "parent-enfant".
Le Dr Ploton, psycho-gériatre, dans le livre La personne âgée , édition Chronique sociale, 1990 note :  
« Si on admet qu'au contact d'une personne âgée se développe l'équivalent d'une relation parents-enfants, la situation thérapeutique va introduire dans cette relation une inversion des rôles doublée du renversement absolue des rapports de force, le plus âgé étant apparemment à la merci intégrale du plus jeune.
Ceci ne peut que renvoyer aux souvenirs enfouis de la petite enfance avec des relents de situation de revanche par rapport aux traumatismes et aux frustrations encaissés alors. Inconsciemment risque, c'est évident, d'apparaître le désir, ou la peur du désir, de faire du mal au patient âgé.
Notons que chacun de nous, enfant, a vraisemblablement imaginé des situations d'inversion des rôles, mais l'esprit pouvait alors cheminer bon train puisque l'enfant est protégé du risque de faire du mal par les limites concrètes que constitue la force physique des adultes, force qui exerce une assurance face aux pulsions agressives, que l'enfant grâce à elle est certain de ne pas pouvoir assouvir.
Rien de tel face au vieillard, là, le thérapeute peut ressentir une sensation de toute puissance, le soigné peut lui sembler entièrement en son pouvoir, d'un geste, d'une erreur, de la qualité d'un soin peut en apparence dépendre la survie du patient presque en toute impunité.
Les seules limites, le seul rempart possible à l'agressivité du soignant sont les valeurs plus ou moins exigeantes qu'il a pu intérioriser. La montée de pulsions agressives ne sera donc contenable que grâce à un conflit intra-psychique chez le professionnel, mais qui dit conflit intra-psychique dit introduction plus ou moins intense d'angoisse, ou encore, selon la structure psychique de l'intéressé, la survenue par exemple de troubles psycho-somatiques.
Le renversement des rôles passe par une phase particulièrement critique lorsque l'adulte jeune est confronté, non seulement à l'impotence du vieillard mais aussi à son incontinence. Là risquent plus particulièrement de surgir des mécanismes d'intolérance, et des pulsions sadiques, qui puisent leurs racines dans les aléas de l'éducation sphinctérienne à laquelle le soignant a été soumis par ses parents.»

Six formes de violence

1° Forme de violence : mauvais traitements psychologiques.
2° Forme de violence : mauvais traitements matériels.
3° Forme de violence : mauvais traitement physique
Types
    Alimentation inadéquate
- les forcer à manger rapidement ;
- mauvaise installation ;
- acharnement sur la stricte observance diététique.
Surveillance, soins médicaux, soins infirmiers non donnés lorsque nécessaires :
- Non respect de l'intimité lors des soins du corps ;
- Négliger de soulager une douleur exprimée.
- Négliger ou refuser des soins de première nécessité ;
- Ne pas répondre (volontairement ou non) aux besoins d'une personne handicapée, compromettant ainsi sa santé ou sa sécurité ;
- Manque d'écoute et d'attention
- Interventions basées exclusivement sur un modèle médical (surmédication et médicalisation des soins)
Violences à l'image de soi
- Infliger sciemment ou non des souffrances corporelles ou interdire l'accés à des soins de qualité pour... gagner du temps
- Infliger sciemment ou non des souffrances psychologiques à la personne âgée et à sa famille. Les mots peuvent causer des maux.
Ligotement à un lit, à une chaise
Six fausses raisons pour tenter de justifier les contraintes :
Blessures infligées délibérément.
- Gifle, pincement, tape, ongles longs, bagues
- Bousculades, rudoiements
- Une douleur physique, une blessure
- Une douleur engendrée par le port d'un vêtement serré.
Assaut grave, viol, meurtre
Modalités d'intervention
- Dénonciation de la situation et retrait définitif de l'intervenant.
- Faire connaître aux personnes âgées les formes de recours existantes.
- Faire rapport aux autorités policières.
Principe de base : protection de la personne
Facteur contribuant : soignant mal préparé ou qui travaille à contre-coeur
4° Forme de violence : la violation des droits
Types
Violation du droit à la liberté
- empêcher une personne âgée d'exercer un contrôle normal sur sa vie ;
- non respect du rythme de la personne âgée ;
- non respect des droits et des besoins ;
- manque d'écoute et d'attention. Médicaments ou prothèses non fournis. 
- mise en place et entretien quotidien des dentiers, etc. Obligation de consommer des médicaments dans un but non thérapeutique
- faire des essais pour un laboratoire avant la mise sur le marché du médicament.
    5° Forme de violence : mauvaises conditions de l'environnement
   
Types
Chauffage inadéquat.
Interdiction de personnaliser l'environnement.
- Suppression ou déplacement de ses objets personnels sans son consentement ;
- Espace mal adapté aux conditions particulières (fauteuil roulant) ;
- Lit trop haut ;
- Changement de chambre imposé sans consultation ni préavis ;
- Négation des besoins de la personne : du fait du pouvoir que donne le port de la blouse blanche et en fonction de nos idées reçues, persuader la personne que ce qu'elle fait lui est néfaste
- Mixité dans une même chambre ;
- Absence de lieu pour recevoir en privé
Modalités d'intervention 
- Se questionner sur la politique en place et apporter des suggestions de changement.
Principe de base : Promotion de la qualité de la vie.
Facteur contribuant : les différentes sources de stress (travail et relations) 
        Reliées à la tâche de l'intervenant :
- ambiguïté de rôle, manque de récompenses et/ou de conditions positives, surcharge de travail, horaires difficiles, manque d'autonomie et de contrôle sur les décisions concernant la charge et le déroulement du travail.
      Reliées à la relation résidents/intervenants
    - maternage (aide qui accroît la dépendance au soignant)

    6° Forme de violence : mauvaises organisation des soins et/ou des services prestataires.

   La personne âgée victime d'autres personnes âgées

Les soignants intervenant auprès de ces personnes âgées handicapées physiquement et psychiquement sont quant à eux remis en cause dans leur pouvoir de guérir et expriment parfois un certain désarroi face aux difficultés ressenties devant une personne âgée apparaissant comme dangereuse.

CONCLUSION

Sites internet à voir
- ALMA France - BP1526 - 35025 Grenoble Cedex - Tél : 04 76 84 20 40 - Fax 04 76 21 81 38 - Courriel : asso.alma@wanadoo.fr - Site internet : www.alma-france.org
- RIFVEL, Le Réseau Internet Francophone, Vieillir en Liberté. 
 Le Réseau RIFVEL est un réseau de partenaires en France, en Belgique, au Québec et en Suisse regroupant des associations et des organismes privés et publics qui ont pour mission la concertation des ressources pour une offre de services plus ajustée au signalement et à la prévention des abus à l'égard des aînés.

Bibliographie
- Couture M., Beauvais D. , Violence aux personnes âgées, Nursing Québec, vol 7, n°2, 1987.
- Fagherazzi-Pagel H., Mourir en long séjour, P.U. de Nancy, 1993, 248 p.
- Hugonot R., Violence contre les vieux, ÉRÉS, Toulouse, 1990, 144 p.
- Hugonot R., La vieillesse maltraitée, Dunod, Paris, 1998, 236 p.
- Personne M., La désorientation sociale des personnes âgées, Erès, 1996.
- Ploton L., La personne âgée, Chronique sociale, Lyon, 1990, 244 p.
Violence spirituelle - Vulnérabilité - Causes - Formes - . La personne âgée victime d'autres personnes âgées

Dr Lucien Mias - 17 décembre 94
Actualisé en mai 2009
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