Concept de
personne
« Le trajet qui
mène de l'individu à la personne est
jalonné par quatre concepts ?
- L'individu se définit comme l'appartenance à un
ordre biologique, et renvoie à la singularité.
- Le sujet relève de l'ordre du symbolique et renvoie
à l'identité du soi.
- La personnalité est ce qui nous inscrit dans un ordre
socio-biographique, dans notre histoire propre.
- La personne, enfin, contient la notion d'obligation et de respect.
De l'individu à la personne, il y a le saut de la conscience
vers la dignité humaine.
C'est la dimension du politique et du social, qui font de nous la
personne que nous sommes. Ce sont des réalités
construites (comités d'éthique, lois...) qui
fondent la notion de personne et la garantissent. Elles seules nous
renvoient à sa dignité, car nous ne sommes pas
des personnes par nature, nous rentrons en "humanitude" par la
société. » Rencontres
philosophiques de l'UNESCO, Lucien Sève rencontre Albert
Jacquard
Du moins faut-il que "les autres" nous
traitent comme une personne, un sujet de droit...
- La personne âgée est une
personne, quels que soient ses handicaps, avant d'être une
"personne âgée". Une personne est un
être indivisible, unique, avec une histoire qui se poursuit
et des projets singuliers.Cette globalité de la personne est
faite de l'entrecroisement des multiples dimensions d'une vie, celle de
son passé certes mais aussi de son présent ;
jusqu'à sa mort. Nous ne pouvons prendre connaissance avec
discrétion de son histoire de vie que si elle nous y
autorise.
- Une personne exprime sa volonté
d'une façon libre et autonome. Elle n'est pas un objet
soumis à la volonté des groupes, mais un sujet
potentiellement capable de gérer sa vie ; et comme tel de
dire "je".
- La personne est un sujet de
prérogatives juridiques.
- Elle est dépositaire de droits
dont rien ne vient entamer l'étendue et le plein exercice,
ni l'âge, ni la pathologie, les seules limites
étant celles posées par le droit d'autrui.
- Elle a des devoirs dont l'affirmation
participe du respect de la dignité à travers la
notion de responsabilité. Cette dualité
droits-devoirs doit être énoncée avec
clarté dans le projet de vie.
- La personne est un être "politique",
c'est-à-dire un citoyen, défini par un
rôle social. Penser "dignité" et "respect" c'est
lui permettre de se réapproprier l'espace social de
l'établissement.
- La personne est aussi un être de
relations dans la mesure ou nous ne sommes devenus humains que par nos
rapports avec les autres. La personne doit cultiver ces rapports, dans
leur diversité, en favorisant les relations familiales.
- La personne est un corps. C'est parfois par
l'atteinte du corps, à travers ses dysfonctionnements et ses
pathologies, qu'elle nous apparaît d'abord. C'est par le
corps qu'elle s'exprime ? par sa voix, ses gestes, ses postures, son regard. Un projet de vie doit magnifier
cette relation au corps.
Afficher nos
valeurs
- - Définir la santé de la
personne âgée par sa capacité de
fonctionner au mieux dans son milieu et non pas par son
hypothétique ou illusoire absence de maladie ;
- - Passer d'une approche "soins de maladie"
individuelle à une approche "soins de santé"
globale, de l'individu bio-mécanique à la
Personne, être bio-psycho-socio-culturel ;
- - Quitter le vocabulaire de la pathologie pour
s'ouvrir à celui des capacités restantes de la
personne tout en sachant aussi et dans le même temps que
c'est accepter qu'il soit hors de notre portée de
guérir la vieillesse ;
- - Prendre le temps de ne pas faire ou
décider à la place de la Personne ;
- - Ne pas oublier que le temps du
départ de la vie est aussi un temps de vie ;
- - Oser......changer de mode de
pensée et de fonctionnement .
Mais, sans oublier que
pour l'équipe soignante :
- "Prendre
soin" peut se révéler souvent physiquement dur
mais aussi et surtout, psychologiquement éprouvant.
- "Prendre soin", c'est accepter de se voir confronter au risque du
sentiment d'échec ou d'inutilité de son geste.
- "Prendre soin", c'est peut-être d'avoir à
supporter l'agressivité
générée par les sentiments de
solitude, de déchéance
éprouvés par la Personne dont on prend soin.
- "Prendre soin", c'est aussi accepter de se trouver
confronté à soi-même à
travers le miroir vivant d'un avenir possible.
- "Prendre soin", c'est enfin, pouvoir disposer de moyens pour se
ressourcer afin de mieux insuffler la chaleur et
l'affectivité qui donnent "l'humanité" au geste
thérapeutique et retrouver ainsi tout son sens à
la relation Personnel soignant et Personne âgée.