Mais ce trouble (déficit cognitif parcellaire
ou Mild Cognitve Impairment) n'évoluera pas obligatoirement
vers la démence, tout comme l'essoufflement d'effort ne
conduit pas forcément à l'insuffisance cardiaque
globale.
« Fou, aliéné, démence, Alzheimer...
Au XIII° siècle apparaissent les termes d'aliénation et d'aliéné, qui peu à peu doublent et écartent folie et fou. Dément serait du XV° siècle mais ne s'installe vraiment qu'au XIX° siècle. Il a remplacé et éliminé, comme terme scientifique, les termes dérivés de folie et d'aliénation, qui demeurent dans le langage commun avec des sens figurés ne renvoyant pas à des maladies. Il est légitime de penser que les termes de dément et de démence garderont la connotation scientifique qui les a substitués à folie et aliénation, le langage commun ayant adopté en cette fin du XX° siècle, le terme Alzheimer, du fait de sa médiatisation. Les scientifiques et les médecins parlent de démences (au pluriel), de syndrome démentiel. La démence n'est pas une maladie : il y a des démences comme des cancers, maladies différentes les unes des autres, par leurs causes et leur mécanisme, par leur gravité, leur traitement, leur pronostic.On estime que sur cent diagnostics de démence, dix à quarante pour cent seraient des diagnostics faux, de fausses démences.»
- Magazine Québec Science, mai 2003 - Article "À côté de la plaque" « Faudrait-il revoir tout ce que l'on croit savoir sur la maladie d'Alzheimer ? par Isabelle Cuchet .../... L'hypothèse la plus communément répandue date du milieu des années 1980. Elle a fait de l'accumulation des plaques, constatée presque systématiquement dans le cerveau des patients décédés, les coupables idéales. Selon cette théorie, les amas qui se forment spontanément détruiraient les neurones et provoqueraient la démence. À l'intérieur de ces plaques, on retrouve un peptide appelé bêta-amyloïde, constitué de 39 à 42 acides aminés. « La plupart des chercheurs et des laboratoires pharmaceutiques tentent d'éliminer cette substance du cerveau », dit André Delacourte, directeur de recherche à l'Institut National Français de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), à Lille. "Ils ont tort", affirme-t-il, en mettant en cause plusieurs idées reçues sur cette question. D'abord, on ne comprend toujours pas comment les plaques provoquent la démence. On a même découvert récemment des personnes atteintes d'Alzheimer et dont les cerveaux étaient exempts d'amyloïde. « Dans une étude parue en septembre 2001 dans "Nature Neuroscience", le biologiste Lars Lannfelt, du Karolinska Institute en Suède présente une nouvelle forme familiale de la maladie, sans formation de plaques séniles », dit Judes Poirier, directeur du centre de vieillissement de l'Université McGill, à Montréal. Le contraire existe aussi. Dès 1991, d'autres travaux notaient l'existence de patients sains et à l'esprit vif dont les cerveaux montraient une forte accumulation d'amas de bêta-amyloïde à l'autopsie. Personne n'a jamais pu expliquer le phénomène. Autre argument, « la théorie a été élaborée à partir de très mauvais modèles », dit André Delacourte. Le problème avec alzheimer, c'est que l'on ne peut être certain du diagnostic qu'après le décès du patient, au moment où l'on pratique l'autopsie de son cerveau..../... Alors, s'ils ne sont pas coupables, que font ces amas de bêta-amyloïde dans le cerveau de la majorité des malades ? Pour André Delacourte, ils seraient un marqueur de la maladie, une sorte d'effet secondaire inoffensif d'un dysfonctionnement plus profond et nocif, celui du gène codant pour la protéine APP, précurseur de la bêta-amyloïde. Ce dysfonctionnement conduirait à la maladie de façon encore inconnue, et provoquerait en outre la formation des plaques de bêta-amyloïde; ces dernières étant en quelque sorte l'arbre qui cache la forêt. D'autres chercheurs vont plus loin : la prolifération du peptide serait, en réalité, un système interne de défense contre une maladie, dont on ignore tout. Il y a un an, le laboratoire pharmaceutique Élan a testé un vaccin thérapeutique chez les humains pour soigner la maladie d'Alzheimer. Trois cent-soixante patients ont reçu par injection des doses de bêta-amyloïde dans le cerveau dans le but de favoriser une réponse immunitaire - c'est-à-dire qu'ils en viennent à se débarrasser par eux-mêmes des plaques dans le cerveau. Les essais ont dû être interrompus d'urgence, car 19 personnes ont développé des encéphalites. Élan a divulgué fin mars les résultats de l'autopsie d'un patient qui a reçu le vaccin, une femme britannique décédée en février dernier. Les médecins ont trouvé moins de plaques dans son cerveau que dans celui d'autres malades qui n'ont pas reçu le traitement. Le vaccin aurait-il trop bien marché ? La disparition de la bêta-amyloïde a-t-elle pu déclencher l'inflammation du cerveau des patients ? Est-ce que les plaques ne seraient pas un neuroprotecteur d'une maladie inconnue ? Ces questions font beaucoup de bruit dans le milieu de la lutte contre la maladie d'Alzheimer. »
- http://www.cybersciences.com/cyber/4.0/2003/05/alzheimer.asp
Les symptômes de début sont si minimes que rien de vraiment anormal n'est décelé par l'entourage ou la personne, alerte quinquagénaire qui poursuit son travail.
Lentement mais inexorablement la maladie évolue et des troubles deviennent évidents, notamment au niveau de la mémoire. " Je ne sais plus où j'ai mis..." , "On me raconte ou on m'explique quelque chose et dans les trois secondes qui suivent, j'ai déjà oublié".
Phénomène qui conduit à des répétitions incessantes, de plus en plus pénibles à supporter pour l'entourage. Ces troubles de la mémoire des faits récents s'accompagnent souvent et assez vite de troubles de la mémoire des faits anciens. Il devient difficile pour le patient de se souvenir du nom de son école, des personnes de son entourage, à l'époque scolaire, ou du président de la République après la guerre, etc.Apparaissent aussi des troubles :
- de l'orientation dans l'espace.
- "Je suis perdue, je ne sais plus quelle rue il me faut prendre pour retourner chez moi", dit une malade qui vient de faire son marché.) ;
- de l'orientation dans le temps.
- Une personne ne sait plus, à dix ans près, en quelle année elle vit. Chacun peut se tromper au début d'une nouvelle année et écrire ou dire 98 au lieu de 99. Mais si cette personne affirme être en 82, voire, pire en 40, ça ne trompe pas beaucoup.
- Une personne, un jour de janvier sec et froid, vous annonce que nous sommes le 13 août, ce qui montre aussi les troubles du raisonnement.
- de la pensée abstraite.
- La résolution d'un problème simple devient impossible. Une personne subitement ne reconnaît plus ce qu'elle appelle « tous ses papiers » et ne parvient plus, comme auparavant, à remplir ses documents administratifs.
- du jugement.
- Une personne commence à se livrer à des dépenses inconsidérées, hors de ses moyens, alors qu'elle gérait jusque-là son budget avec un grand bon sens.
- du langage, se traduisant par un manque du mot.
- Nous nous plaignons presque tous de ne pas toujours retrouver un mot ou un nom. Rien d'alarmant. Il s'agit ici d'une personne qui se montre incapable de nommer des objets usuels posés devant elle sur une table. D'un crayon, elle dira : « Ça, c'est pour écrire ». Elle ne retrouvera pas le mot crayon.
- de la reconnaissance des objets, l'agnosie.
- Quand on lui montre un crayon, la personne, non seulement ne peut pas le nommer, mais ne le reconnaît plus et ne sait plus déterminer sa fonction.
- de la reconnaissance des visages.
- Au fur et à mesure que la maladie évolue, le patient n'identifie plus les visages, en particulier les visages de ses proches, et au pire son propre visage dans un miroir. Au point qu'il se plaindra de ne pas se sentir seul dans sa salle de bains et priera « l'étranger » de sortir.
- L'ensemble de ces symptômes n'apparaît pas au tout début de la maladie, mais d'une manière progressive.
- Remarquez aussi que je décris des troubles que nous rencontrons tous, à tout âge : "J'ai oublié d'acheter le pain", "Quel jour sommes nous ?", "Comment s'appelle cette personne, je la connais mais je ne peux pas y mettre un nom dessus ?". Mais ça ne nous arrive pas tous les jours, ni pour tous les actes de la journée.
Le diagnostic différentiel entre les nombreuses causes susceptibles de donner un état démentiel nécessite de faire des examens biologiques, radiologiques, psychologiques, dont il ne sera pas fait état dans cet exposé
Quand la diminution des performances dans les situations professionnelles difficiles intervient, le retentissement social attire l'attention : la maladie est déjà à un stade plus avancé.
La personne ne se "sentant" pas physiquement malade, se défend d'abord en évoquant "la faute des autres" mais une anxiété s'installe. Peu à peu, la personne prend conscience des troubles : l'anxiété augmente, prélude à une dépression réactionnelle, toujours présente même si elle est plus ou moins masquée.
Ensuite s'installent des troubles du langage, du raisonnement logique, du jugement, toujours plus ou moins insidieusement ; mais toujours en progression constante.
Puis surviennent des troubles de la réalisation des actes de la vie quotidienne plus ou moins associés à une déambulation permanente, à de l'agressivité.
L'évolution conduit à l'incontinence et la dépendance totale jusqu'au jour où la personne ne sait même plus marcher, devient alitée en permanence, meurt. (cf échelle de Reisberg)
Si nous avons insisté pour différencier la maladie d'Alzheimer de la démence sénile qui atteint le vieillard, c'est parce que nous savons par expérience qu'il est possible d'obtenir des résultats étonnants chez les personnes âgées en agissant sur l'ambiance de vie en institution (environnement matériel et entourage humain), alors que nos résultats sont moindre sur l'Alzheimer jeune, dont l'évolution nous prend de court.
• Les recommandations 2011 de la Haute Autorité de Santé comportent de nombreuses autres indications et précisions pour les professionnels de santé, vous pouvez les découvrir dans leur intégralité en téléchargeant le fichier sur le site de la HAS (PDF de 48 pages).